PHILIPPE, L’EVANGELISTE

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L’évangéliste Philippe était le diacre Philippe; c’était un des sept diacres choisis par l’Assemblée de Jérusalem, sur le conseil des Apôtres (Actes 6:1-6). Il ne s’agit pas de Philippe l’apôtre, originaire de Bethsaïda.

L’étude de l’activité au service de Dieu de cet homme de foi nous amène aux tout premiers moments de l’Eglise naissante, vers les années 34, 35 de notre ère.

Le Seigneur Jésus, ressuscité, était auprès de son Père Céleste, d’où Il surveillait et dirigeait l’activité de ses disciples. L’Esprit saint avait été envoyé depuis relativement peu de temps. La puissante prédication des Apôtres, accompagnée de miracles, rendus possibles grâce aux dons divers du saint Esprit, dons des langues, des guérisons, etc., amenait à la foi un grand nombre d’habitants de Jérusalem et d’Israélites venus à Jérusalem. Ainsi se forma dans cette ville la première assemblée chrétienne.

La vie étant devenue commune pour un certain temps parmi ces premiers disciples, les Apôtres les convoquèrent pour leur recommander de choisir parmi eux sept diacres, qui s’occuperaient du service aux tables, pour leur permettre à eux, Apôtres, d’être libérés de cette tâche et de persévérer dans la prière et dans le service de la Parole.

Cette proposition plut à l’Assemblée, et ils choisirent sept hommes, dont Philippe, comme l’indique le verset 5 du chapitre 6 des Actes.

Notons en passant la manière dont les Apôtres agirent. Ils n’agirent pas en dominateurs. Ils n’imposèrent pas à l’Assemblée ni ne désignèrent des diacres de leur choix, en se prévalant d’aptitudes plus grandes résultant de leur supériorité d’Apôtres spécialement nommés par le Seigneur. Ils ne firent pas cela, mais ils laissèrent le choix à l’Assemblée, et cela plut aux frères.

Le caractère de Philippe

Du fait de son élection, nous savons que Philippe était rempli de l’Esprit de Dieu et de sagesse, et qu’il jouissait d’une bonne réputation.

Philippe, en grec, signifie “amateur de chevaux”, ou “qui aime les chevaux”, et les chevaux, dans les Saintes Ecritures, symbolisent les “doctrines”. Si ce prénom était prédestiné, nous pourrions y voir le fort attachement de Philippe au pur enseignement de la Parole de Dieu.

Sans nul doute, sa connaissance de la Parole de Dieu était bonne, sinon très bonne. Celle d’Etienne, profonde, précise, vaste, ressortant si magnifiquement du chapitre 7 des Actes, sert de repère dans l’évaluation de ce que pouvait être la connaissance de Philippe, cité après lui dans la liste des diacres.

Quant à son zèle, il se perçoit dans l’activité évangélique déployée par la suite.

En Samarie

Après le témoignage merveilleux rendu par Etienne devant le Sanhédrin, et après son martyre par lapidation, une persécution violente s’abattit sur l’Assemblée de Jérusalem, en sorte que les frères se dispersèrent dans les contrées de la Judée et de la Samarie, et y annoncèrent le salut par Christ, comme l’avait prédit le Seigneur. – Actes 1:8.

Philippe descendit dans une ville de Samarie.

Selon le récit biblique rapporté en Actes, chapitre 8, versets 5 à 25, grande fut la joie qu’il apporta aux habitants de la ville. Tout heureux, ils acceptèrent Christ et le message du Royaume, et se firent baptiser.

Ils virent avec étonnement les miracles et les prodiges opérés par Philippe. Nombre de paralytiques et de boiteux furent guéris, et beaucoup de démoniaques furent libérés des esprits impurs qui sortaient d’eux. Ces miracles et ces prodiges résultaient des dons de l’Esprit accordés aux premiers Chrétiens pour bien marquer qu’une nouvelle ère, un nouvel âge commençait, l’âge de l’appel et de la sélection de disciples de Christ, en vue de leur participation à l’œuvre de bénédiction de toutes les familles de la terre, dans le Royaume prochain.

Ainsi ces Samaritains passaient-ils des ténèbres à la lumière, de Satan à Christ.

L’arrivée de Pierre et de Jean

Quand les Apôtres Pierre et Jean arrivèrent de Jérusalem, envoyés par les autres Apôtres, ils prièrent pour les baptisés, leur imposèrent les mains, et alors seulement ceux-ci reçurent l’Esprit saint.

Ce fait mérite d’être souligné. Pour que les baptisés par Philippe puissent recevoir l’Esprit saint et, avec l’Esprit saint, les dons de l’Esprit, tels les dons de guérison, des langues, des miracles, etc., il a fallu la prière et l’imposition des mains des Apôtres. Philippe n’avait pas ce pouvoir-là. Il possédait l’Esprit saint, et les dons de cet Esprit saint, qu’il utilisait, mais il ne pouvait pas les communiquer à d’autres. Seuls les Apôtres possédaient ce don de transmission.

Cela signifie que ces dons cessèrent d’être transmis à la mort du dernier des douze Apôtres.

Cela signifie aussi qu’ils ont cessé d’opérer à la mort du dernier d’entre ceux à qui ils ont été communiqués. On voit par-là que Dieu a limité sciemment l’utilisation des dons de l’Esprit au début de l’ère chrétienne, pour attirer l’attention, comme nous l’avons déjà signalé, sur le fait qu’un nouvel âge et une nouvelle oeuvre commençaient.

Cela signifie encore que ces dons n’ont pas opéré au cours des siècles qui ont suivi, et cela signifie qu’ils n’opèrent pas non plus de nos jours. En conséquence, les miracles et les dons divers, dont on entend parler à notre époque, si vraiment miracles il y a, ne peuvent avoir une origine divine, d’après les Saintes Ecritures.

Rappelons-nous les paroles suivantes du Seigneur, applicables à notre temps : “Ils s’élèvera de faux Christs et de faux prophètes; ils feront de grands prodiges et des miracles, au point de séduire, s’il était possible, même les élus.” – Matthieu 24 : 24.

Les fruits de l’Esprit

Mais, si les dons de l’Esprit ont cessé, une chose demeure, ce sont les fruits de l’Esprit, mentionnés par l’Apôtre Paul, en Galates, chapitre 5 et verset 22 : “Mais les fruits de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur, la tempérance.”

Le développement de ces fruits de l’Esprit commence en chaque consacré, et ce durant tout l’âge de l’Evangile, du début à sa fin, lors de l’engendrement de l’Esprit. Il se réalise pendant toute la carrière terrestre de chaque disciple, qui forme ainsi en lui un caractère semblable à celui de Christ, et affermit son appel et son élection.

Cela fut également vrai des premiers disciples qui, avec la réception de l’Esprit saint, reçurent les dons de l’Esprit. Ces dons leur permirent d’accomplir des miracles, mais n’assurèrent pas leur salut personnel. Pour parvenir au salut promis, il leur a fallu devenir des copies de Christ, autrement dit, développer en eux dans leur plénitude les fruits de l’Esprit mentionnés également par l’Apôtre Pierre dans sa deuxième épître, chapitre premier et versets 4 à 11.

Simon, le magicien

Un homme est à mentionner en rapport avec la prédication de Philippe à Samarie. C’est Simon le magicien, qui étonnait le peuple de la Samarie par ses actes de magie. Il s’était aussi fait baptiser, mais par intérêt, et ne quittait plus Philippe, qui le supplantait. Lorsqu’il vit que le saint Esprit était accordé par l’imposition des mains des Apôtres Pierre et Jean, il offrit de l’argent à ces derniers pour pouvoir lui aussi communiquer l’Esprit de Dieu aux autres. Il montrait par-là qu’il n’avait vraiment pas compris le sens réel du message de l’Evangile. Aussi Pierre lui signifia que le don de Dieu ne se troquait pas et l’invita à se repentir.

L’eunuque éthiopien

L’Eternel s’adressa ensuite à Philippe par un ange, et lui dit de partir vers le sud et de rejoindre le chemin désert menant de Jérusalem à Gaza.

Philippe se mit en route sans tarder, rattrapa ce chemin et prit la direction de Gaza. Devant lui apparut un char, et sur ce char un homme lisait à haute voix la prophétie d’Esaïe. C’était un eunuque éthiopien, haut fonctionnaire au service de Candace, reine d’Ethiopie, et surintendant de tous ses trésors.

Philippe rejoignit le char en courant et questionna l’homme :

“Comprends-tu ce que tu lis ?”

“Comment le pourrais-je, si quelqu’un ne me guide ?”, répondit-il.

“Et il invita Philippe à monter s’asseoir avec lui. Le passage de l’Ecriture qu’il lisait était celui-ci : ‘Il a été mené comme une brebis à l’abattoir; et, comme un agneau muet devant celui qui le tond, il n’ouvre pas la bouche… L’eunuque prit la parole et dit à Philippe : Je te prie, de qui le prophète dit-il cela ? De lui-même, ou de quelque autre ? Alors Philippe ouvrit la bouche et, commençant par ce texte, lui annonça la bonne nouvelle de Jésus. Comme ils continuaient leur chemin, ils arrivèrent à un point d’eau. Et l’eunuque dit : Voici de l’eau; qu’est-ce qui m’empêche d’être baptisé ? Philippe dit : Si tu crois de tout ton cœur, cela est possible. L’eunuque répondit : Je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu. Il ordonna d’arrêter le char; tous deux descendirent dans l’eau, Philippe ainsi que l’eunuque, et il le baptisa. Quand ils furent remontés hors de l’eau, l’Esprit du Seigneur enleva Philippe, et l’eunuque ne le vit plus, alors que, joyeux, il poursuivait son chemin. Quant à Philippe, il se trouva dans Azot…” – Selon Actes 8 : 26-40.

Commentaire

Ce récit est magnifique dans sa simplicité, et riche d’enseignement.

Il nous montre la piété profonde et sincère de l’eunuque, qui n’a pas hésité à effectuer en char un très long déplacement, et à affronter les risques du voyage, pour venir adorer l’Eternel à Jérusalem. Sa fidélité, sa droiture, sa probité et son intelligence ont été appréciées de la reine Candace, qui lui a donné ses trésors à gérer.

Il savait mettre à profit le temps libre pour se plonger dans la lecture des Saints Ecrits, et en acquérir une meilleure connaissance.

Philippe, par sa question directe, l’interpella vigoureusement : “Comprends-tu ce que tu lis ?” Il lisait le chapitre 53 d’Esaïe.

Bien humblement, il reconnut qu’il ne savait pas de qui parlait le Prophète, et confessa qu’il avait besoin que quelqu’un le lui explique.

Mais il sentit immédiatement que Philippe serait ce quelqu’un et, sans hésiter, il l’invita à s’asseoir auprès de lui, pour entendre l’explication de sa bouche.

Il ne s’était pas trompé. Philippe lui expliqua ce merveilleux chapitre 53 parlant du Seigneur Jésus, de son sacrifice, de son humiliation et de sa gloire.

L’eunuque fut convaincu que Philippe disait vrai, que Jésus, Fils de Dieu, était mort pour lui-même et le monde entier. Immédiatement, il L’accepta comme son Rédempteur et se sentit prêt à devenir son disciple.

Aussi, à la vue du point d’eau providentiel, il fit arrêter le char, en descendit avec Philippe et demanda à celui-ci de le baptiser, ce qui fut fait.

Quand l’un et l’autre furent remontés hors de l’eau, l’Eternel enleva Philippe par la puissance de son Esprit, et le transporta à Azot. Cet enlèvement fut pour l’eunuque une confirmation venue de Dieu Lui-même et indiquant qu’il avait son approbation.

“Comment le pourrais-je, si quelqu’un ne me guide ?”

Le cas de l’eunuque est caractéristique. Il nous montre qu’un être humain, livré à sa raison, à son intelligence, fût-elle hors-pair, ne peut parvenir seul à la connaissance de la Parole de Dieu. Il a besoin d’être aidé. Ce besoin ressort clairement de la réponse de l’eunuque : “Comment le pourrais-je [c’est-à-dire : Comment pourrais-je comprendre ce que je lis], si quelqu’un ne me guide.” Aussi, comprenons-nous pourquoi l’Eternel a préparé pour son peuple des guides spéciaux tout au long de l’ère chrétienne.

Pour notre temps, temps de la fin, temps de la moisson de l’âge de l’Evangile, nous constatons que le guide spécial est le Pasteur Russell, le Serviteur fidèle et prudent mentionné en Matthieu 24 : 45, au moyen duquel le Seigneur revenu a préparé pour les Siens une nourriture spéciale, la nourriture au temps convenable.

Suivant l’exemple de l’eunuque, figurativement parlant, il y a lieu de faire monter ce guide dans notre char, de l’accepter comme Serviteur spécial de Dieu, pour l’écouter ensuite attentivement et humblement, par la lecture de ses ouvrages, si nous voulons tirer profit de la bénédiction divine préparée pour nous, par son entremise. En ce qui concerne les autres guides de l’ère chrétienne, citons, outre les Apôtres, Arius, Valdo, Wiclef, Hus, Luther, etc.

D’Azot à Césarée

D’Azot, Philippe partit en direction du Nord, le long de la côte méditerranéenne. Il annonça l’Evangile dans les villes qu’il traversait  et arriva à Césarée, où il s’établit.

Il y arriva vers les années 35, 36, selon toute vraisemblance avant la conversion de Corneille.

Lorsque l’Apôtre Paul et ses compagnons s’arrêtèrent quelques jours à Césarée, au retour du troisième voyage missionnaire, c’était chez Philippe. L’événement se situait vers l’an 58, soit environ vingt-trois années après l’arrivée de Philippe dans la ville. Celui-ci avait alors quatre filles.

Les quatre filles vierges qui “prophétisaient”

A propos des quatre filles de Philippe, Luc précise qu’elles “prophétisaient”.

“Prophétiser”, dans le Nouveau Testament, signifie parler publiquement. Cela pouvait être pour annoncer des événements à venir, mais aussi pour informer, enseigner, instruire.

Si c’était des sœurs en Christ, elles ont pu avoir de nombreuses occasions de parler de Christ et de la Parole de Dieu dans leur entourage ou lors de leurs occupations, ou de leurs déplacements.

Mais nous pouvons être certains qu’elles ne s’adressaient pas publiquement aux frères et sœurs dans l’Assemblée, pour les enseigner ou les exhorter, comme font les frères orateurs.

Ce serait contraire à l’injonction apostolique rapportée en 1Timothée 2:12, et qui se lit comme suit : “Je ne permets pas à la femme d’enseigner, ni de prendre autorité sur l’homme…”

Il paraît évident que cette règle était scrupuleusement observée dans les assemblées au début du développement de l’Eglise. C’est d’ailleurs en ce temps-là qu’elle a été instituée.

Elle ne l’est plus de nos jours dans certaines factions de la Chrétienté, où des femmes sont nommées pasteurs et enseignent publiquement. Nous constatons que cette pratique n’est pas conforme aux instructions laissées par l’Apôtre Paul.

Par contre, si ces quatre filles n’étaient pas consacrées à Dieu, elles auraient pu avoir une occupation qui les aurait obligées à parler à un auditoire. Le savoir, en ce temps-là, ne se transmettait pas au moyen de livres, comme de nos jours, mais par des exposés oraux, des “prophéties”.

Pour clore, remercions l’Eternel de nous avoir permis de connaître de plus près Philippe, l’évangéliste, le diacre.

Puisse son exemple contribuer à notre développement spirituel ! Amen !

Fr. A. D.

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