Dans l’histoire du monde peu de personnes ont pu, avec précision, prévoir la fin de leur propre vie. Heureusement, des millions de personnes ne connaissent pas le moment où interviendra la mort. Jésus-Christ appartient à ceux, peu nombreux, à qui il a été donné de connaître le jour et le moment de leur propre mort.
Il nous est permis de supposer que Jésus, avec les Apôtres, a célébré trois ou quatre fois la Fête de Pâque puisque sa mission sur la terre a duré trois ans et demi. Les premières fêtes célébrées en commun se déroulaient dans une atmosphère calme et agréable et puisqu’elles se ressemblaient, elles ne se sont pas imprégnées particulièrement dans la mémoire des évangélistes et n’ont pas été enregistrées dans leurs écrits.
Par contre la dernière Fête de Pâque a été décrite par tous les écrivains des Evangiles en exprimant l’ambiance qui régnait avant l’arrivée des principales solennités. Ils décrivent l’attitude soucieuse de Christ, plongé dans les prières et les réflexions. Cette attitude chez notre Seigneur ne nous surprend pas. Tel un jeune homme, tout juste âgé de trente trois ans, il était pleinement conscient de la mort qui L’attendait et attendait l’accomplissement de ce jugement sur sa personne. Il savait pertinemment qu’Il était le condamné et chaque jour et chaque heure Le rapprochaient de la mort. Citons quelques versets :
« Il est un baptême dont je dois être baptisé, et combien il me tarde qu’il soit accompli! » – Luc 12 : 50.
« Jésus lui répondit : femme qu’y a-t-il entre moi et toi ? Mon heure n’est pas encore venue » – Jean 2 : 4.
« Ils cherchaient donc à se saisir de lui, et personne ne mit la main sur lui, parce que son heure n’était pas encore venue » – Jean 7 : 30.
« Jésus dit ces paroles, enseignant dans le temple, au lieu où était le trésor ; et personne ne le saisit, parce que son heure n’était pas venue » – Jean 8 : 20.
« Maintenant mon âme est troublée. Et que dirai-je ? … Père, délivre-moi de cette heure ? … Mais c’est pour cela que je suis venu jusqu’à cette heure » – Jean 12 : 27.
« Jésus leur répondit : l’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié » – Jean 12 : 23.
« Avant la fête de Pâque, Jésus sachant que son heure était venue de passer de ce monde au Père, et ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, mit le comble à son amour pour eux » – Jean 13 : 1.
« Car de même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre d’un grand poisson, de même le Fils de l’homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre » – Matthieu12 : 40.
« Mais je vous dis qu’Elie est déjà venu, qu’ils ne l’ont pas reconnu et qu’ils l’ont traité comme ils ont voulu. De même le Fils de l’homme souffrira de leur part » – Matthieu 17 : 12.
« Pendant qu’ils parcouraient la Galilée, Jésus leur dit : Le Fils de l’homme doit être livré entre les mains des hommes » – Matthieu 17 : 22.
« Puis il alla vers ses disciples, et leur dit : Vous dormez maintenant et vous vous reposez ! Voici l’heure est proche, et le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs » – Matthieu 26 : 45.
« A ce moment Jésus dit à la foule : vous êtes venus comme après un brigand, avec des épées et des bâtons, pour vous emparer de moi. J’étais tous les jours assis parmi vous, enseignant dans le temple, et vous ne m’avez pas saisi » – Matthieu 26 : 55.
« Il revint pour la troisième fois, et leur dit : Dormez maintenant et reposez- vous ! C’est assez ! L’heure est venue ; voici, le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs » – Marc 14 : 41.
Les versets énumérés nous montrent clairement que le Seigneur, comme homme, était conscient de la fin de son existence terrestre. Il marchait la tête haute à la rencontre de la mort, bien qu’étant parfait Il aurait pu vivre éternellement. Non seulement Il annonçait sa mort en sacrifice mais Il l’exprimait en paraboles.
« Le royaume des cieux est encore semblable à un trésor caché dans un champ. L’homme qui l’a trouvé le cache ; et, dans sa joie, il va vendre tout ce qu’il a, et achète ce champ » – Matthieu 13 : 44.
Jésus commente dans ce même chapitre au verset 38 que le champ c’est le monde. Sous la description de « monde » nous comprenons l’humanité entière. Plus loin le Seigneur dit que dans ce champ se trouvait caché un trésor représentant le Royaume des Cieux. Certainement, ce trésor c’est l’Eglise de Dieu – l’ecclésia. Pour Jésus ce trésor représentait une immense valeur. Notre bien-aimé Sauveur « vend tout ce qu’il possède et achète ce champ » avec le trésor.
Le Seigneur délaisse la gloire des cieux, la dignité d’un être spirituel, d’un archange principal, revêt un corps humain terrestre et le sacrifie comme prix du champ et du trésor. C’est pourquoi, plus tard, l’apôtre Paul écrira : « Mais il s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes ; et il a paru comme un vrai homme, il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix » – Philippiens 2 : 7, 8.
Le Seigneur a délaissé la nature spirituelle et est descendu sur la terre des hommes. Il est devenu « semblable aux hommes » avec cette différence, en raison de la paternité de Dieu, qu’Il était un homme parfait, tel qu’était Adam avant sa transgression. Cela devait être ainsi, la justice de Dieu exigeait un tel prix si notre Seigneur devait devenir le propriétaire légal de la famille humaine. Le remplaçant d’Adam ne pouvait pas être un ange car le prix aurait été trop élevé, ni même un homme ordinaire de la race humaine déchue car le prix aurait été trop faible. Ainsi donc pour un homme parfait, Adam, meurt un homme parfait, Jésus-Christ.
Le Seigneur représente sa mort tragique dans la parabole des vignerons en Matthieu 21 : 33 – 39. Les vignerons en ce temps ce sont les Scribes et les Pharisiens, les gardiens du peuple pour le guider vers Dieu et ses promesses. Mais eux, par contre, ont négligé leur devoir et se souciaient davantage des finances du Temple que du peuple. Ils persécutaient les messagers de Dieu et les prophètes qui les sermonnaient. A la fin, quand le temps était venu – « Enfin il envoya vers eux son fils, en disant : Ils auront du respect pour mon fils » (Matthieu 21 : 37). Malgré cela ils n’ont même pas respecté le Fils de Dieu.
« Mais quand les vignerons (Scribes et Pharisiens) virent le fils, ils dirent entre eux : Voici l’héritier ; venez, tuons-le et emparons-nous de son héritage. Et ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne, et le tuèrent » (Matthieu 21 : 38 et 39). Notre Seigneur a décrit une fin semblable de sa mission. Il savait pertinemment que la mort L’attendait et Il savait quand elle interviendrait.
Comment se comporte un homme moyen condamné à la peine de mort en attendant son exécution ? Un jour j’ai lu ceci au sujet d’un jeune homme condamné, pour son attitude patriotique, à la peine de mort : La dernière nuit, sa chevelure devint toute grise, comme celle d’un vieillard. Le matin les prisonniers ne pouvaient pas le reconnaître.
Et nous, comme des personnes croyantes, comment nous comporterions-nous dans de telles situations ?
Nous ne pouvons pas le prévoir car nous ne nous connaissons pas nous-mêmes. Rappelons-nous ce qui survint à Pierre et qui est rapporté dans les pages de l’Evangile. Avec une conviction absolue il affirmait que même si tous reniaient le Seigneur, lui était prêt à Le suivre même jusqu’à la mort. Cette déclaration, en présence de nombreux témoins, raisonnait admirablement. Plus tard la réalité, nous le savons, s’avéra toute autre.
Quelquefois il est préférable de ne pas formuler promptement (sans réfléchir), avec certitude, notre fidélité qui plus tard ne pourra pas être confirmée par notre comportement.
LE PRIX DE LA VIE
Le Seigneur décrit le prix de la vie, dont le sang est le symbole, avec les paroles suivantes : « Et que servirait à un homme de gagner tout le monde, s’il perdait son âme ? Ou, que donnerait un homme en échange de son âme ? » – Matthieu 16 : 26.
Il n’y a pas plus grande valeur que la vie. Chaque homme normal connaît le prix de sa vie. Souvent dans les maux, les souffrances, l’inconfort, les personnes veulent vivre à tout prix et de toutes leurs forces. Ils consultent les médecins, absorbent des médicaments, dépensent d’importantes sommes d’argent et tout cela dans le but de vivre !
Il me vient en mémoire un fragment de l’histoire de la reine d’Angleterre qui, comme une digne protestante, a régné après Marie la Sanguinaire, une catholique fanatique, qui persécutait les chrétiens. Elisabeth a assuré le développement économique du pays et a élevé à un haut niveau la vie chrétienne. Avant sa mort elle a dit : « Je céderais tous mes trésors pour vivre encore pendant une heure ».
Mazarin a agi de même ; homme d’état, gouverneur de France, il emmagasina durant sa vie une fortune colossale et à la dernière heure de sa vie, il cria aux médecins qui le soignaient : « Prenez tout ce que vous voudrez, mais donnez-moi la vie ».
Nous pourrions citer des milliers d’exemples semblables. Les personnes se cramponnent à la dernière planche de salut pour vivre. Sans compter les frais de déplacements (pour les consultations), l’argent ne représente pas de valeur, ils donnent le dernier sou de leur modeste rente pour des médicaments, ils vont de médecin en médecin pour uniquement prolonger leur vie.
La vie est dans le sang, il est donc d’une valeur inestimable. Le sang est un don, il sauve des vies et il est actuellement très largement administré en médecine. Le sang a déjà ramené à la vie plus d’une personne agonisante.
Dans l’antiquité on déposait des sacrifices sanguinaires qui symboliquement devaient effacer les péchés des Israélites. Le fait que le sang a de l’importance aux yeux de Dieu est démontré dans l’interdiction de le consommer. Il a été dit à Noé, après le déluge, qu’il peut manger tout se qui se meut et qui vit. Mais aussi ceci : « Tout ce qui se meut et qui a vie vous servira de nourriture ; je vous donne tout cela comme herbe verte. Seulement vous ne mangerez point de chair avec son âme, avec son sang » – Genèse 9 : 3, 4.
Dans la Loi mosaïque la consommation de sang était interdite et punie de mort. – Lévitique 7 : 26, 27 ; 17 : 10 – 14 ; 19 : 26 ; Deutéronome 12 : 16 – 23 ; 15 : 23.
Il était sévèrement interdit à ceux qui vivaient avant Christ de manger du sang. Les Apôtres ont recommandé de se conformer fidèlement à cette interdiction même aux frères provenant des païens (Actes 15 : 28, 29). Pourquoi cette interdiction a-t-elle été donnée ? Nous répondons : Car le sang a été donné pour la purification des péchés. L’Apôtre Paul dit : « Et presque tout, d’après la loi, est purifié avec du sang, et sans effusion de sang il n’y a pas de pardon » – Hébreux 9 : 22.
Le sang qui purifiait les péchés des Juifs, bien qu’il ne pût pas complètement les faire disparaître, était le symbole du sang parfait de notre Sauveur Jésus-Christ versé pour l’humanité. Il a consenti librement à racheter l’humanité pécheresse de la condamnation divine qu’Adam a attirée sur lui-même et sur sa descendance. Le sacrifice déposé par le Fils de Dieu a eu une valeur incommensurable aux yeux de Dieu. C’est un grand prix payé (« déposé », au lieu de « payé » suivant la « Préface de l’Auteur » figurant dans le Volume 5) à Golgotha. Là-bas l’humanité a été rachetée de l’éternelle condamnation et ainsi renaissait l’espoir d’être libéré des liens du péché et de la mort.
Nous vivons avant le temps de la commémoration. Ayons en mémoire les nombreux efforts que notre Seigneur a dû déployer pour reconnaître la volonté de Dieu et l’accomplir jusqu’au bout, jusqu’à la mort ; grâce à ce sacrifice nous avons l’espérance de la résurrection. Ayons en mémoire ces moments et ce geste héroïque du Fils de Dieu qui, connaissant l’heure de sa mort, est allé à sa rencontre en donnant son corps humain parfait en sacrifice pour que le monde ait la vie.
Sujet du frère R. R.
Traduit du polonais « Na Strazy » 2/2002 p. 68 à 70