DE MECHANTS VIGNERONS

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Matthieu 21 : 33-46

« La pierre qu’ont rejetée ceux qui bâtissaient est devenue la principale de l’angle. » – Matthieu 21 : 42.

Non seulement le Rédempteur enseigna principalement en paraboles, mais, de plus, la plupart de ces paraboles traitaient directement ou indirectement du Royaume. La raison en est simple. Le plan divin proclame l’établissement d’un Royaume de Justice, par la puissance divine, pour supplanter le prince des ténèbres et son règne qui, depuis six mille années, est un règne de péché et de mort. Alors qu’elle ne parle pas directement du Royaume, la leçon d’aujourd’hui le désigne indirectement.

Tandis que le monde entier gisait dans les ténèbres et le péché, sous la sentence divine de l’indignité à la vie, Dieu planta dans le monde une racine de promesse, un espoir. Cette promesse, faite à Abraham, prédisait que sa postérité deviendrait en fin de compte très grande et puissante, et remplirait toute la terre de la bénédiction de Dieu, en lieu et place de la malédiction qu’elle ferait disparaître. Au temps convenable, cette promesse échut à la nation d’Israël laquelle, en tant que postérité naturelle d’Abraham, en était l’héritière. Ainsi Dieu planta une vigne dans le monde, un peuple spécial et particulier, la nation juive, liée à Lui et Lui à elle, par l’Alliance de la Loi négociée par Moïse. Il dressa une haie autour d’elle et la fit bénéficier de sa faveur par des dispositions spéciales prises « de toute manière » (Romains 3 : 1, 2). La haie divine était la promesse de Dieu selon laquelle, aussi longtemps que les Israélites seraient fidèles et loyaux envers Lui, ils seraient complètement protégés contre leurs ennemis.

La vigne avait une tour de garde, comme cela était commun en ces jours-là, de sorte que de cette tour des sentinelles pouvaient assurer la garde contre des voleurs. Ainsi l’Eternel se déclara-t-Il Lui-même être la haute tour d’Israël. Il y plaça des gardiens, les prophètes, qui crièrent à haute voix et avertirent le peuple, de temps à autre, de toute destruction, tout morcellement possible du mur, car cette protection pouvait être abattue du fait de la déloyauté, de la négligence ou du péché, de la part d’Israël. La déclaration que l’Eternel, après avoir conclu cet arrangement avec la postérité d’Abraham, s’en alla dans un pays lointain implique que l’arrangement était prévu pour une longue période de temps.

LES VIGNERONS D’ORIGINE

Tandis que, dans cette parabole, la nation entière d’Israël est représentée par la vigne, les viticulteurs, ceux qui prennent soin de la vigne, étaient les chefs religieux, dont Jésus disait, « les Scribes et les Pharisiens sont assis dans la chaire de Moïse : Faites donc et observez tout ce qu’ils vous disent ; mais n’agissez pas selon leurs œuvres . Car ils disent et ne font pas. » (Matthieu 23 : 2, 3). Ces vignerons devinrent vaniteux, se crurent les propriétaires de la vigne, agirent comme s’ils en étaient les vrais propriétaires, et non simplement les serviteurs du Propriétaire. Même dans leurs paroles, ils se sont habitués à faire référence aux masses d’Israël comme étant des laïques et à eux-mêmes comme étant le clergé. Ils faisaient référence au peuple en disant « notre peuple, mon peuple », etc… En d’autres termes, ils ont manqué de glorifier Dieu correctement et c’est pourquoi, en s’attribuant les honneurs à eux-mêmes, ils se sont sentis plus que des serviteurs de Dieu honorés par la permission d’être des vignerons dans sa vigne.

A mesure que les siècles passaient, il était tout à fait convenable de s’attendre à ce que la mise en oeuvre de l’Alliance de Loi produise de bons fruits parmi le peuple – à ce que, du fait de leur incapacité à garder la Loi, les Israélites deviennent plus forts de caractère ; à ce que, aussi, leurs épreuves réunies les rendent plus révérencieux, plus fidèles à Dieu, plus sincèrement désireux que le royaume typique fasse place au royaume réel, quand le Propriétaire serait présent, soit personnellement, soit par l’intermédiaire d’un représentant spécialement désigné. Au fil du temps, le Propriétaire, Jéhovah, envoya ses serviteurs, les prophètes, vers Israël, parfois avec un message, parfois avec un autre. Ces serviteurs et leurs messages devinrent des tests sur le plan de l’amour, du dévouement et de la fidélité des vignerons ; ils devinrent également des tests relatifs au développement du caractère du peuple d’Israël.

Mais hélas ! ceux-là mêmes qui auraient dû accueillir avec joie les représentants du Propriétaire et se réjouir de voir manifestés envers eux les fruits de la sainteté parmi le peuple, ceux-là démontrèrent leur propre infidélité en maltraitant les serviteurs. Ils se dirent que reconnaître ces serviteurs et leurs reproches signifierait reconnaître qu’ils n’étaient eux-mêmes que de simples vignerons et, en aucun sens du terme, les propriétaires de la vigne ou une classe particulièrement préférée, non tenue pour responsable sous la Loi commune à laquelle tous étaient assujettis. En cela, leur orgueil et leur désir de faire parade devant le peuple ont conduit aux mauvais traitements infligés aux représentants spéciaux du Propriétaire, les prophètes. Comme la parabole le montre, certains de ces derniers ont été battus, d’autres tués, d’autres lapidés.

« ELLE A PRODUIT DES RAISINS SAUVAGES »

Finalement le Propriétaire de la vigne envoya son Fils, en se disant qu’ils Le respecteraient certainement. En fait, la Bible nous informe que Dieu savait que les dirigeants d’Israël ne respecteraient pas son Fils, mais Le crucifieraient ; et Il L’envoya, connaissant d’avance leur intention.

Mais la parabole présente le sujet d’un point de vue différent, comme si le propriétaire avait dit, (comme Il aurait très bien pu dire) : « ils révéreront mon Fils ». Assurément, les dirigeants des Juifs auraient dû révérer l’Etre Parfait, qui était « saint, innocent, sans souillure et séparé des pécheurs ». Assurément, ils auraient dû reconnaître Celui à propos duquel le peuple déclara : « Jamais homme n’a parlé comme cet Homme ». Assurément, ils auraient dû prêter l’oreille à son Message, se repentir de leurs péchés, revenir par Lui en harmonie avec le Père et obtenir ainsi le pardon et une bénédiction. Quelles que puissent être les raisons qui sembleraient les avoir amenés à penser qu’Esaïe, Jérémie, Habacuc, Malachie et d’autres prophètes étaient des trompeurs, aucun de ces arguments-là ne résisterait au Fils du Propriétaire, dont les lettres de créance étaient manifestes dans sa sainteté, ses miracles et ses oeuvres puissantes, ainsi que dans ses paroles de vie, plus puissantes encore.

Cependant, l’esprit d’égoïsme et de vanité est puissant et mène souvent ceux qui le possèdent à des actes monstrueux, qui les consternent eux-mêmes par la suite. Les docteurs juifs, le clergé de cette époque, s’aperçurent que, par ses paroles et par ses actes, Jésus, le Fils de Dieu, le Représentant du Propriétaire de la vigne, exerçait une influence puissante sur le peuple. Sa déclaration d’être le Fils du Propriétaire était soutenue par de nombreux signes que le peuple était disposé à reconnaître. Nous avons lu que le Seigneur se retira seul sur une montagne quand le peuple voulait Le prendre par la force pour Le proclamer Roi. La classe cléricale raisonnait se disant que si sa cause devait prévaloir, dans quelque mesure que ce soit, leur ascendant sur le peuple, leur influence, leurs titres, les honneurs que leur rendaient les hommes diminueraient en importance.

« VOICI L’OPPRESSION – VOICI UN CRI »

Les chefs dans la vigne, désignés selon la description de Jésus comme étant les Pharisiens et les Sadducéens, en vinrent à ne pas croire du tout à la déclaration des prophètes selon laquelle le Roi enverrait finalement le Messie, avec de grandes bénédictions et une grande puissance, pour glorifier cette vigne et étendre son influence au monde entier. Les Sadducéens, comprenant de nombreux Scribes, formaient une classe d’agnostiques ; ils ne croyaient pas en l’inspiration des promesses et des prophéties. Le même esprit affectait les Pharisiens dans une très grande mesure. Tous étaient égoïstes. Jésus les qualifia d’hommes « adonnés à l’argent » et déclara qu’ils recherchaient principalement l’honneur de la part des hommes plutôt que celui qui vient seulement de Dieu.

Dans leur exaspération contre Jésus, réalisant que sa victoire signifiait leur défaite et la défaite de toutes les institutions qui représentaient leur sagesse et leurs enseignements, ils décidèrent qu’il était nécessaire qu’Il meure. Par cette décision, ils voulurent dire que sa mort était nécessaire pour le succès de leurs théories et de leurs plans, parce que ses théories, ses enseignements différaient tant des leurs. Ils ne pouvaient pas supporter la pensée que les grandes institutions qu’ils avaient bâties si laborieusement, au moyen de traditions humaines qui rendaient nulle la Parole de Dieu, devraient toutes disparaître. Il leur semblait qu’abandonner leurs plans et laisser Jésus réaliser ceux qu’Il prêchait, signifierait la ruine de la vigne, de la nation. Ils ne se rendaient pas compte que la voie qu’ils prenaient était celle-là même qui conduirait à la destruction de ce royaume typique de Dieu, cette vigne typique.

Jésus développa la parabole jusqu’à son propre temps et prédit sa propre mort, qui devait être violente et qui serait l’œuvre de ces méchants vignerons qui traitaient l’héritage de l’Eternel comme s’il était à eux. Puis, en guise de conclusion, Jésus demanda à ses auditeurs ce que, selon eux, le propriétaire de cette vigne ferait à ces méchants viticulteurs quand Il viendrait pour en prendre possession et demander réparation des torts subis. La réponse était qu’Il détruirait misérablement ces méchants vignerons et laisserait sa vigne à d’autres viticulteurs, qui Lui apporteraient les fruits appropriés au temps convenable.

Jésus, Lui-même, ne donna pas de réponse, mais son silence confirmait la réponse du peuple. Et la parabole s’est accomplie de cette façon. Les jugements de Dieu s’abattirent sur la nation juive, avec pour conséquence un renversement complet en l’année 70 A.D. Parlant de ce renversement, Saint Paul indique que la « colère a fini par les atteindre » (1 Thessaloniciens 2 : 16), que toutes les choses écrites dans la loi et les prophètes à leur sujet devaient se réaliser. Leur nationalité* fut complètement renversée et n’a jamais été restaurée depuis, ni ne le sera avant le temps annoncé par les prophètes, quand le Messie élevé à la gloire établira son règne de Justice. Alors, sous son royaume, à ces fidèles serviteurs, les prophètes, qui furent tués, lapidés à mort, etc., il sera donné autorité et puissance, et ils seront associés comme représentants du Messie sur la terre. – Psaume 45 : 16.

LES NOUVEAUX VIGNERONS

Le Seigneur déclara que les vignerons désignés à l’origine étaient de méchants vignerons. Il en nomma de nouveaux, à savoir, les douze Apôtres, Saint Paul remplaçant Judas. De plus, Il entreprit un nouveau vignoble, en n’y mettant que la vraie vigne, inspirée par la foi et la fidélité envers Dieu. Ces serviteurs fidèles, bien qu’ils se soient endormis il y a longtemps, continuent par leurs paroles, leurs enseignements, à influencer, à garder, à veiller sur la vraie vigne du Seigneur – l’Eglise, le Corps de Christ. Parlant de ce vignoble, notre Seigneur déclare : « Je suis la vraie vigne ; vous êtes les sarments ». Siècle après siècle, ces véritables sarments de la vraie vigne sont plantés par le baptême en la mort avec leur Maître et portent les fruits paisibles de la justice. Nous croyons que bientôt cette production de fruits sera recueillie et changée par la résurrection, étant transplantée dans la condition céleste.

Dans l’intervalle, cependant, l’esprit que manifestèrent les vignerons de l’âge judaïque s’est manifesté de nouveau. D’autres vignobles ont vu le jour. En nombre, en richesse, en influence et en éclat, ils surpassent, et de beaucoup, le vignoble du Seigneur qui, lui seul, porte le fruit précieux qu’Il désire. Les deux vignes sont mentionnées dans la Bible. De l’une il est dit qu’elle est « plantée par la main droite de mon Père ». L’autre est nommée « la vigne de la terre ». Le fruit de l’une se manifeste dans un caractère semblable à celui de Christ : la fidélité jusqu’à la mort. Le fruit de l’autre est manifesté dans la vantardise, l’orgueil, dans une piété simulée – une apparence de piété en reniant ce qui en fait la force.

Il doit y avoir un rassemblement du fruit de la vigne de la terre à la Seconde Venue du Maître. Nous lisons qu’il doit avoir affaire avec le pressoir à vin de la colère de Dieu, dans le grand Temps de Trouble au cours duquel cet Age prendra fin, laissant place aux mille ans du royaume du Messie pour le relèvement de l’humanité.

LA PRINCIPALE PIERRE D’ANGLE

Les Ecritures nous font comprendre que l’Eglise de Christ est représentée par une pyramide, qui a cinq pierres angulaires, la principale étant celle du sommet – une pyramide parfaite en soi, dont les lignes contrôlent la structure toute entière. Jésus, rejeté par les Juifs, crucifié, est la principale pierre angulaire de ce grand Temple de Dieu qu’est l’Eglise. Il est déjà glorifié. Pendant cet âge, ses disciples, marchant sur ses traces, modelés pour avoir un caractère semblable au sien, sont préparés pour être unis à Lui dans la gloire céleste.

Ainsi, comme le déclara notre Seigneur, le Royaume de Dieu fut enlevé à Israël – la postérité naturelle d’Abraham – pour être donné à l’Israël spirituel. Dieu est de cette manière en train de développer ou de créer une nouvelle nation, une nation sainte, un peuple particulier, séparé et distinct de tous les autres, issu des Juifs et des Païens et composé d’esclaves et d’hommes libres, de toutes les nations et dénominations.

Christ Jésus, la pierre du sommet, est en vérité « une pierre d’achoppement » pour beaucoup. En trébuchant sur Lui ils se blessent ; mais s’Il tombait sur eux, dans le sens de les condamner, cela signifierait leur destruction totale, leur disparition dans la seconde mort.

Les souverains sacrificateurs et les Pharisiens entendirent les paraboles du Maître et comprirent qu’Il parlait d’eux, en les qualifiant de méchants vignerons. Ils cherchèrent à se saisir de Lui et à Le faire mourir immédiatement ; mais ils craignaient la multitude qui, bien qu’elle ne L’ait pas reconnu comme Fils de Dieu, L’estimait comme grand Prophète, ou Maître.

* Note : La nationalité des Israélites, renversée en l’an 70 de notre ère, n’était pas encore rétablie en 1914, date de la rédaction de cet article. Mais elle le fut en 1948, date de la création, de la résurrection pourrions-nous dire, de l’Etat d’Israël. Ce fait ne pouvait alors être connu de l’auteur de l’article, qui termina sa course terrestre en 1916.

WT 1914 p.5504

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