« IL Y EUT CE JOUR-LA UNE GRANDE PERSECUTION CONTRE L’EGLISE… »

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– Actes 8 : 1 –

HISTORIQUE DE L’ASSEMBLEE DE KOZY (POLOGNE)

« Heureux serez-vous, lorsqu’on vous outragera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre compense sera grande dans les cieux ; c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous ». – Matthieu 5 : 11, 12.

La Vérité est venue à Kozy en Pologne des Etats-Unis, par le frère Falinski qui fut l’un des pionniers. Après avoir gagné un peu d’argent en Amérique, il rentra au pays avec comme bagage « la Vérité ». Chez lui, l’attendaient sa femme et ses deux enfants.

(Après son retour, il fut sans cesse persécuté par sa femme à cause de la Vérité. Il lui laissa alors toute sa fortune et s’expatria chez des frères dans le Sud-est de la Pologne. Il mourut ainsi loin de sa famille. Après sa mort, sa femme accepta la Vérité, se consacra et devint notre sœur fréquentant jusqu’à sa mort l’assemblée de Kozy).

A son retour des Etats-Unis, le frère Falinski ouvrit chez lui une petite épicerie avec l’argent qu’il avait gagné là-bas. En ce temps-là, la misère était très grande car le travail manquait terriblement. Beaucoup de gens venaient faire leurs achats dans son magasin, car le frère leur accordait des facilités de paiement, et soutenait les plus pauvres.

Comme il le pouvait, il annonçait la Parole de Dieu, gagnant ainsi la confiance de nombreuses personnes. Il était calme, effacé et avait une très douce voix. Cela ne l’empêcha pas de faire fortement vibrer les cordes de la Harpe de Dieu dans cette localité, à tel point qu’en 1922 près de 30 membres commencèrent à se réunir régulièrement et constituèrent une petite assemblée de libres Etudiants de la Bible. Ils se réunissaient chez le frère et la sœur Folta.

Leur maison se trouvait non loin de l’église catholique Romaine. Lorsque les frères passaient près de l’église, ils ne voulaient pas ôter leurs chapeaux et se heurtaient alors à une foule de gens hostiles qui les maltraitaient, les injuriaient, enlevaient leurs chapeaux, leur jetaient des pierres, les aspergeaient d’eau, et même de purin. Une fois, une sœur fut même barbouillée d’excréments humains.

Un autre jour, ils barbouillèrent les fenêtres de l’assemblée avec du purin, ce qui obligea les membres de l’assemblée à changer de lieu de réunion. Ils s’assemblèrent alors chez le frère Komendera. Mais ce nouveau point de rencontre les obligeait encore à traverser le village, ce qui ne mit pas fin aux difficultés.

Peu de temps après, arrivèrent au village d’autres frères des Etats-Unis : le frère Karol Juzak, le frère Tomasz Duzniak et sa sœur charnelle. Par la grâce et la providence divine, l’assemblée se développait dans la Vérité, et le nombre de ses membres augmentait ; se joignirent à eux les épouses et leurs enfants, mais aussi d’autres personnes qui venaient d’accepter la Vérité.

Le clergé de Kozy, le curé et les religieuses, voyant le nombre de leurs paroissiens diminuer (car les frères et les sœurs demandaient des certificats de radiation de l’église catholique), se mirent à exciter leurs fidèles pour persécuter davantage ceux qui affichaient une autre religion. Du haut de la chaire tombaient des paroles arrogantes d’excommunications et la haine devenait de plus en plus forte.

Les habitants du village sous la conduite de leur chef spirituel étaient appelés à se soulever. Les frères furent alors fortement persécutés, mal reçus dans les administrations, privés de travail ; on brisait les vitres de leurs maisons afin d’étouffer leur religion.

L’enfant d’une sœur qui était venue d’Amérique mourut en 1926. Lors de l’enterrement, les frères qui se dirigeaient vers le cimetière furent malmenés par les habitants armés de pelles et de bâtons. Ils barricadèrent l’accès au cimetière et s’opposèrent à l’inhumation du corps.

Les frères s’en retournèrent à la maison avec le cercueil, et essayèrent de trouver une solution raisonnable auprès des autorités civiles. Comme la réponse tardait à venir, au bout de trois jours les frères décidèrent avec l’accord du frère Komendera d’enterrer le cercueil dans son champ situé près de la route principale du village.

Les réunions avaient lieu chez le frère Komendera, la campagne de persécutions s’intensifia encore davantage. Ils décidèrent alors, avec l’accord du frère et de la sœur Then de se réunir chez ces derniers. Les choses semblèrent s’arranger car de nombreux frères vivaient à proximité de la forêt, sur les hauteurs, à l’écart du village.

Le calme et l’atmosphère sereine qui en résulta, attira de plus en plus d’intéressés, venant même de la contrée voisine de Lipnik. Les enfants se levaient très tôt le dimanche matin pour arriver à 8 heures et assister à une réunion organisée à leur intention. Quelles qu’aient été les conditions, ils devaient parcourir 9 Km de sentiers parfois très difficiles, dans la neige et la boue (parmi ces jeunes il y avait notre sœur Urszula Suchanek, les frères et sœurs Then, Byrda et d’autres). De plus en plus d’enfants de frères vinrent assister à ces réunions.

De ce fait, les persécutions s’intensifièrent de plus en plus à leur égard. A l’école ils étaient battus, surtout lorsqu’ils essayaient d’échapper au cours d’éducation religieuse. La paroisse de Kozy avait son curé attitré et c’est lui qui administrait l’école. Il était alcoolique et ce fut le plus raffiné des oppresseurs de nos enfants à l’école. Il incitait les élèves à battre ceux qui avaient une autre foi, sur le chemin de l’école. Il leur fit croire que « ceux qui avaient une foi de chat » (c’est ainsi qu’il désignait les frères) et les Juifs avaient crucifié notre Seigneur Jésus.

Pendant les récréations, il poussait les élèves à mettre discrètement leurs affaires sur les tables de nos enfants. Il sema ainsi le trouble, accusant nos enfants de vol. Après de tels incidents il donnait l’ordre à tous les élèves d’aller s’agenouiller devant la croix et déclarer les mains tendues vers le ciel :« Nous, nous ne dérobons pas ! ». Trois de nos enfants refusèrent de s’agenouiller devant la croix et furent donc accusés injustement de vol.

Son désir de nuire se manifestait également en ce qu’il déplaçait à son gré les heures d’instruction religieuse. L’institutrice se pliait toujours à ses exigences. Il apparaissait à la porte et de ses lourdes mains barricadait l’entrée avec l’intention de bousculer ceux qui voudraient s’échapper. Un jour, il saisit le jeune Karol Sablic par les oreilles et le souleva de tout son poids, lui causant des blessures. Après l’intervention du père auprès des autorités locales, ces atrocités cessèrent. (Le frère Jean Zuber peut encore aujourd’hui témoigner comment à l’époque, le curé du village l’a saisi plusieurs fois par le col de sa chemise, l’amenant au confessionnal pour l’obliger à se confesser. Comme il parvenait à chaque fois à s’échapper, il reçut à la fin de nombreux coups de pieds).

Pendant toute cette période les plaintes auprès du directeur et de l’institutrice n’eurent aucun effet. La situation changea un peu sous l’occupation allemande. Les persécutions des enfants cessèrent. Mais l’accalmie fut de courte durée. Tous les nouveaux et bons instituteurs furent déportés au camp d’extermination d’Auschwitz. C’est alors que les tyrans d’autrefois, curé en tête, reprirent leur place, ayant demandé la nationalité allemande.

Pendant l’occupation allemande, il était interdit de se rassembler et d’entreprendre une activité religieuse. Même le clergé ne pouvait plus faire ce qu’il voulait. De ce fait, il ne pouvait plus interdire l’enterrement des frères dans le cimetière catholique, car il n’y en avait pas d’autre.

Au cours de l’été 1945 le frère Andrzej Niesyty, âgé de 51 ans, décéda. Il s’était consacré au Seigneur en 1926. Son épouse était aussi notre sœur, elle se consacra en 1936.

Commencèrent alors de nouveaux problèmes liés aux enterrements. Le fossoyeur avait déjà creusé la tombe. Le curé l’ayant appris, fit savoir par le fossoyeur le vendredi soir qu’il n’était pas question d’enterrer « celui qui avait une foi de chat » dans son cimetière catholique. Le samedi matin, l’épouse du défunt se rendit auprès de l’administration communale. Malgré les promesses, rien ne fut arrangé pour l’enterrement.

Beaucoup de frères avaient déjà été informés du décès. Lorsqu’ils arrivèrent, ils se concertèrent et pour ne pas créer de trouble, ils enterrèrent le frère dans le champ du frère Komendera, à côté de la tombe de l’enfant déjà inhumé précédemment.

Le frère Mikolaj Grudzien fit l’exposé de circonstance. L’enterrement se déroula alors sans autre incident. Un an après, mourut la fille du frère Niesyty, âgée de 18 ans. Le cimetière communal n’étant pas encore définitivement délimité, un emplacement fut assigné loin du cimetière catholique. L’année suivante, la moitié de celui-ci fut labouré, y compris la tombe de la fille, pour y semer du blé (tous ceux qui possédaient des terres devaient rendre par obligation à l’administration communale une partie des récoltes). Un cimetière fut alors délimité, afin que tous ceux qui avaient une autre foi puissent y être inhumés.

50 ans après (en l’an 2000), la tombe de cette jeune fille fut retrouvée dans une propriété privée. Alors que le nouveau propriétaire procédait à la mise en place d’une clôture, il exhuma un cercueil. Le fossoyeur fut averti, et vint se rendre compte de la découverte. Intrigué, il alerta le service de police. Le bruit se répandit très rapidement, et de nombreux curieux accoururent. Arriva alors l’équipe du service des enquêtes. Ils rassemblèrent les restes des ossements pour les faire analyser par le service de médecine criminelle. Ils interrogèrent aussi les curieux, pour savoir ce qui avait bien pu se passer à cet endroit, suspectant un assassinat. Une femme avait appris de sa mère que le curé de la paroisse n’avait pas permis de l’enterrer dans le cimetière à cause de sa croyance.

Une fois l’affaire élucidée par le service de médecine criminelle, le curé de la paroisse fut contraint de payer tous les frais d’expertise et d’inhumation des restes de la dépouille à l’endroit souhaité par la famille.

L’assemblée de Kozy continuait à se développer. Les frères plus âgés rencontraient régulièrement les jeunes chaque dimanche après-midi, jusqu’au coucher du soleil. Beaucoup de jeunes se consacraient. Par manque de place, les frères de Lipnik constituèrent leur propre assemblée, alors que les frères de Kozy se rassemblaient chez le frère et la sœur Then.

Ce frère et cette sœur ne disposaient que d’une pièce et d’une cuisine. Dans une autre pièce vivait leur fille, qui devint l’épouse du frère Téofil Mateja. C’est dans cette pièce qu’avaient lieu les réunions. Il n’y avait là qu’un lit et un banc près d’un feu en fonte. Chaque dimanche et chaque jeudi, ils déménageaient tout ce qui se trouvait dans la pièce et descendaient les chaises du grenier pour recevoir les frères. Ils firent cela de nombreuses années durant.

Lorsque le frère et la sœur Kos agrandirent leur maison, ils reçurent l’assemblée chez eux. Ce fut un endroit de rêve et de calme à l’orée du bois. Dieu bénit cet endroit, où se déroulèrent 3 conférences sitôt après la guerre. Plus tard, de nombreuses conférences y furent encore organisées. Le photodrame y fut même projeté par le frère Mikolaj Grudzien.

Dans les années 1950, les jeunes frères furent appelés à effectuer leur service militaire actif. Selon leur conscience ils refusèrent de prendre les armes. Pour leur désobéissance, ils furent condamnés à de longues et terribles années de prison. Le frère Tadeusz Kos fut condamné à un emprisonnement de 3 ans et demi. Il vécut durant 3 mois dans une sorte d’excavation d’environ 3 m sur 2,70m. De l’eau y stagnait au fond. Sa condition physique se dégrada très rapidement, ses pieds se mirent à gonfler. Il devait faire face à ses besoins naturels sans pouvoir en sortir. Quelque temps plus tard son gardien lui jeta des gros bouts de bois avec des nœuds apparents, pour lui permettre de ne pas rester à même le sol. Les trois premiers jours il ne reçut aucune nourriture. (Le frère Tadeusz Kos accepta d’enregistrer ses épreuves sur cassette vidéo.)

Les frères Jean Zuber et Franciszek Kuc furent eux aussi condamnés à de lourdes peines de prison (5 années chacun). D’autres frères subirent le même sort : les frères Stanislaw Honkisz, Stéfan Wawrzuta, Czeslaw Sablik, Stanislaw Skoczylas, Joseph Kwiecinski et l’ami de la vérité Roman Honkisz. Généralement, avec leur accord, ces peines de prison furent transformées en pénible travail au fond de la mine ou dans les carrières (une année à la mine équivalait à deux années de prison).

Notre destinée nous conduisit par la force des choses à diviser notre assemblée en deux. Ceci à cause du fait que le frère et la sœur Kos vendirent leur maison pour en construire une nouvelle. Leur gendre, le frère Krysztof Kwasnik et son épouse construisirent sur le site une salle destinée à l’assemblée de Kozy (au bas du village). Les frères habitant le haut du village à l’orée de la forêt, se réunissent chez le frère Aloiz et la sœur Bronislawa Honkisz. (Cette assemblée est connue sous le nom de « Kozy du haut », tandis que l’assemblée se tenant chez le frère Kos est celle de « Kozy du bas ».

C’est dans une atmosphère très agréable et fraternelle que nous nous réunissons ensemble une fois par mois.

Ce récit authentique a été écrit par la sœur Stanislawa Olek.

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