L’Évangile enseigne que nous sommes non seulement morts avec Christ, mais que nous sommes ressuscités avec Lui. Nous lisons : « Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions morts par nos offenses, nous a rendus à la vie avec Christ (c’est par grâce que vous êtes sauvés) ; il nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes, en Jésus-Christ, afin de montrer dans les siècles à venir l’infinie richesse de sa grâce par sa bonté envers nous en Jésus-Christ. Car c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie. » ― Éphésiens 2 : 4-9.
L’apôtre dit ici, que nous ― tous les frères ― étions morts à cause de nos péchés, que nous n’avions aucun droit à la vie, aucun espoir. Mais par la résurrection de Christ, qui a pris sur Lui les péchés du monde et les a payés de sa vie, celui qui accepte ce sacrifice par la foi et commence son pèlerinage sur les traces de Jésus, a en perspective la vie éternelle.
Nous vivons notre espérance dans le nouvel ordre de choses célestes, qui a été fondé par la résurrection de Christ, nous sommes libérés de la brûlante servitude qui règne dans ce monde de péché et de mort.
C’est pourquoi l’apôtre nous recommande : « Si donc vous êtes ressuscités avec Christ, cherchez les choses d’en-haut, où Christ est assis à la droite de Dieu. Affectionnez-vous aux choses d’en-haut, et non à celles qui sont sur la terre. Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec Christ en Dieu. Quand Christ, votre vie, paraîtra, alors vous paraîtrez aussi avec lui dans sa gloire. » ― Colossiens 3 : 1-4.
La pensée est la suivante : si, sachant que nos péchés sont pardonnés, nous sommes spirituellement transposés dans un monde et un ordre de choses plus élevés, il nous appartient de penser, de raisonner et de vivre d’après l’organisation de ce monde élevé et de prendre nos distances avec le monde inférieur terrestre.
Nous retrouvons ce principe en 2 Corinthiens 5 : 14, 15 : « Car l’amour de Christ nous presse, parce que nous estimons que, si un seul est mort pour tous, tous donc sont morts ; et qu’il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. » L’idée centrale est que « par la grâce de Dieu, il souffrît la mort pour tous. » (Hébreux 2 : 9) et qu’Il a payé la dette du péché dans la mort, pour tous, y compris pour ceux qui vivent maintenant.
Mais seuls les disciples de Jésus en retirent déjà des bénédictions dans cette vie ici sur terre, comme il est écrit : « … celui qui écoute ma parole, et qui croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie. » (Jean 5 : 24). Les objectifs, les espoirs de la vie terrestre ne comptent plus pour ceux, qui veulent mettre alors leur vie éphémère au service de Celui qui est mort et ressuscité : Christ.
Celui qui a saisi cela par la foi, est « ressuscité avec Lui ». Mais que nous soyons encore dans la chair n’a plus d’importance ; remercions Dieu qu’elle n’ait plus d’importance, sinon nous serions bien malheureux. Nous sommes ressuscités, et ce qui compte ce n’est plus la chair mais notre vie spirituelle. Et l’apôtre conclut : « Ainsi, dès maintenant, nous ne connaissons personne selon la chair ; et si nous avons connu Christ selon la chair, maintenant nous ne le connaissons plus de cette manière. Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. » ― 2 Corinthiens 5 : 16, 17.
Plus rien de terrestre ne compte ; il n’y a plus ni Grec ni Juif, ni circoncis ni incirconcis, mais il y a une nouvelle Création. Et cette nouvelle Création n’est pas de ce monde. Si le Seigneur n’est pas de ce monde, nous ne sommes pas non plus du monde. « Notre cité à nous est dans les cieux. » (Philippiens 3 : 20). Pourquoi ? Parce que nous sommes « ressuscités ensemble ». C’est ce que dit clairement Jésus à ses disciples : « Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui est à lui ; mais parce que vous n’êtes pas du monde, et que je vous ai choisis du milieu du monde, à cause de cela le monde vous hait. » ― Jean 15 : 19.
Et dans la prière sacerdotale, le Seigneur dit : « Je leur ai donné ta parole ; et le monde les a haïs, parce qu’ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde. » ― Jean 17 : 14.
Lorsque notre Seigneur est monté au ciel, Il n’a pas pris ses disciples avec Lui, Pourquoi ? Ils étaient encore dans ce monde auquel ils n’appartenaient pas. Il a prié, disant : « Je ne te prie pas de les ôter du monde, mais de les préserver du mal. » (Jean 17 : 15). C’est là qu’est le combat, notre combat : ceux qui ne sont pas de ce monde, doivent être dans le monde, pour être une lumière dans le monde, pour répandre le message de Jésus-Christ.
Il y a eu, pendant un certain temps, des croyants qui ont essayé de vivre en ermites, séparés du monde. Mais le Seigneur n’avait pas déclaré cela ; Il dit clairement dans sa prière sacerdotale : « Comme tu m’as envoyé dans le monde, je les ai aussi envoyés dans le monde. » (Jean 17 : 18). « Je ne suis plus dans le monde, et ils sont dans le monde, et je vais à toi. Père saint, garde en ton nom ceux que tu m’as donnés, afin qu’ils soient un comme nous. » – Jean 17 : 11.
L’apôtre Paul dit la même chose : « Je vous ai écrit dans ma lettre de ne pas avoir des relations avec les impudiques, – non pas d’une manière absolue avec les impudiques de ce monde, ou avec les cupides et les ravisseurs, ou avec les idolâtres ; autrement, il vous faudrait sortir du monde. Maintenant, ce que je vous ai écrit, c’est de ne pas avoir de relations avec quelqu’un qui, se nommant frère, est impudique, ou cupide, ou idolâtre, ou outrageux, ou ivrogne ou ravisseur, de ne pas même manger avec un tel homme. Qu’ai-je, en effet, à juger ceux du dehors ?… Pour ceux du dehors, Dieu les juge. » ― 1 Corinthiens 5 : 9-13.
Nous ne devons donc pas sortir du monde, nous isoler, nous mettre à l’écart. C’est pourquoi nous avons un combat à mener, un combat permanent. Si nous sommes pris dans un tourbillon de difficultés, nous devrions maintenir de toutes nos forces notre tête hors de l’eau et tenir bon avec l’aide du Seigneur.
Les incroyants se trouvent à l’aise dans cette situation. Les gens du monde sont dans leur milieu, dans le monde. Mais nous, nous sommes « ressuscités » et nous ne sommes plus spirituellement parlant dans le monde. Notre point de vue est diamétralement opposé à celui des gens du monde.
La crucifixion de notre Seigneur est un fait incontestable. Un Juif orthodoxe, qui pense encore être sous la loi, approuvera la crucifixion. Un idéaliste moderne dira : c’était un homme merveilleux, mais le Fils de Dieu… ? Mais pour nous, c’est un exemple clair. Il s’humilia en se soumettant parfaitement à la volonté de son Père céleste, et nous devrions suivre son exemple. Nous voyons dans cet événement le sacrifice le plus élevé, l’œuvre juste de Dieu, infinie et ayant un objectif précis. Nous comprenons cela parce que nos yeux se sont ouverts et nous sommes en-dehors de la confusion du monde. Pour les Juifs, la croix est un scandale, une folie pour les nations, mais puissance de Dieu pour nous. (voir 1 Corinthiens 1 : 18, 19).
Un autre regard qui change tout
Considérant ainsi la croix de Christ, le sentiment oppressant d’injustice et de meurtre judiciaire impuni disparaît. Nous voyons la main de Dieu dans cet acte. Nous comprenons que cela devait avoir lieu, et que ceci ne serait jamais arrivé si ce n’était la volonté de Dieu. Nous comprenons que si cela ne s’était pas produit, nous n’aurions aucune espérance ; notre cœur exulte, plein de reconnaissance, parce que nous avons pu jeter un regard sur le merveilleux plan de Dieu. Nous n’y voyons pas seulement de la souffrance et de la tristesse, mais aussi la grâce de Dieu, là où l’incroyant ne voit que de l’infamie, de la brutalité et de la violence révoltante, qui lui font dire : « S’il y avait un Dieu, il n’aurait pas permis un tel forfait ! »
L’homme du monde ne voit que son propre intérêt. Quand Jésus parut devant Pilate, Il ne lui répondit pas. Étonné, Pilate lui demanda : « Est-ce à moi que tu ne parles pas ? Ne sais-tu pas que j’ai le pouvoir de te crucifier, et que j’ai le pouvoir de te relâcher ? » Mais le Seigneur lui apprit quelque chose : « Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir, s’il ne t’avait été donné d’en-haut. » ― Jean 19 : 10-11.
Jésus voyait les choses sous un autre angle. Il voyait partout et toujours la vigilance de Dieu ; c’est pourquoi Il alla son chemin en paix et se laissa mener sans ouvrir la bouche.
Un incident donna l’occasion d’une leçon en Jean 9 : 1-3. Les disciples, en croisant un aveugle de naissance, demandèrent au Seigneur : « Rabbi, qui a péché, cet homme ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? Jésus répondit : Ce n’est pas que lui ou ses parents aient péché ; mais c’est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui. » Les disciples ne voyaient que l’aveugle. Mais Jésus avait là une occasion évidente de mettre Dieu au centre de l’épisode et de Le glorifier, en rendant la vue à l’aveugle.
Certains objecteraient que ce pauvre homme aurait donc vécu aveugle toute sa vie, pour qu’un jour, Jésus ait l’occasion de glorifier Dieu en le guérissant ! Quel rude destin ! Mais c’est un mauvais jugement : l’aveugle, ayant recouvré la vue grâce au Seigneur, s’est sans doute senti mille fois dédommagé de tout ce qu’il avait perdu à cause de sa cécité. C’est bien sûr difficile à comprendre pour les gens du monde.
Des millions d’hommes souffrent actuellement, mais nous ne devons surtout pas croire qu’un seul d’entre eux souffre inutilement. Tout cela servira la gloire de Dieu. Le Seigneur les dédommagera tous, de façon inespérée. Et ce que dit l’apôtre Paul : « Les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir » (Romains 8 : 18), sera aussi valable, dans une certaine mesure, pour les souffrances actuelles de tous les humains. Lorsqu’ils comprendront la merveilleuse sagesse des arrangements divins, ils seront même reconnaissants en se souvenant des temps actuels où le mal est permis.
L’homme naturel ne voit que ce qui l’entoure ; l’homme spirituel voit la protection divine, il voit au-delà du présent, il voit le grand arc-en-ciel des promesses divines.
« Voici, je fais toutes choses nouvelles » ― Apocalypse 21 : 5.
Ces « choses nouvelles » sont-elles encore futures pour l’humanité ? Pour la plupart, oui ; pour les Saints, pour les disciples du Seigneur, pour ceux qui sont « ressuscités », non !
Mais y a-t-il quelque chose de changé pour eux ? Ne souffrent-ils pas toujours, n’ont-ils pas des maladies, des soucis ? Ne subissent-ils pas des dommages de la part de leurs proches, ne regardent-ils pas avec peine, la détresse qui progresse irrémédiablement et influence tous les domaines de la vie présente ? Qu’est-ce qui a changé par rapport au reste de l’humanité ?
Il n’y a qu’une réponse : Tout a changé, tout est nouveau pour un enfant de Dieu. Un profond inversement de toutes les valeurs s’est accompli.
Imaginons une comparaison (mal choisie, peut-être) : nous sommes transportés sur la lune et de là-haut nous essayons d’observer ce qui se passe sur notre vieille terre avec les yeux de Dieu. Nous apercevons notre belle planète bleue ― un minuscule grain de poussière dans le gigantesque univers de notre Créateur. C’est pourtant cet endroit insignifiant que Dieu a choisi pour héberger le commencement de sa création terrestre intelligente. Nous suivons avec attention le combat spirituel du mal et du bien, du mensonge et de la vérité, de la mort contre la vie, de l’adversaire face à notre Sauveur. Nous savons que sur notre terre se joue un drame dont le « monde » ignore tout, et dont la signification universelle est à peine connue de quelques-uns mais que nous vivons dans toute son effrayante évidence. Nous ne sommes pas des spectateurs indifférents, nous sommes impliqués ; nous sommes dans la mêlée et nous savons qu’elle a une portée universelle, exceptionnelle et décisive.
Les troubles actuels, les difficultés et les maladies, qui sont prétexte pour le monde de se plaindre et de considérer que Dieu est cruel, ne sont pas moindres pour nous. Mais nous discernons le sens profond des évènements ; nous savons dès à présent pourquoi ces choses sont permises et nous connaissons la valeur de ces expériences. Le monde comprendra peu à peu la situation quand la détresse s’intensifiera, et remerciera finalement le Créateur d’être passé par l’expérience du mal. L’esprit de Dieu, qui a été généreusement répandu sur nous après la glorification du Seigneur, nous enseigne, par les événements présents, une merveilleuse et indispensable leçon, valable pour l’éternité.
« Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. » (2 Corinthiens 5 : 17). La vérité est spirituelle et ne concerne donc pas ce qui se voit. Mais la vie intime du croyant est totalement bouleversée. Le sens de la souffrance et de la mort a été inversé : le châtiment de nos péchés s’est transformé en moyen pour achever dans notre chair « ce qui manque aux souffrances de Christ … pour son corps, qui est l’Église » (Colossiens 1 : 24), et en une précieuse occasion de modifier notre état d’esprit. Paul se réjouissait de pouvoir partager ces afflictions : « Nous nous glorifions même des afflictions, sachant que l’affliction produit la persévérance. » ― Romains 5 : 3.
Dieu « nous a ressuscités ensemble ». Ne nous a-t-II pas déjà « fait asseoir ensemble dans les lieux célestes » ? Nous sommes sauvés par la grâce, en raison de notre foi. Pourtant nous vivons « dans » le monde, mais nous ne sommes pas « du » monde. Grâce au don du Saint Esprit, nous avons le privilège d’être les « envoyés de Christ » soutenus par un « esprit de sobre bon sens ». L’Esprit de Dieu nous permet de considérer les temps actuels d’un point de vue totalement opposé à celui du monde.
Dans la perspective de « ressusciter ensemble » avec Jésus-Christ, notre Seigneur, lisons avec humilité le Psaume 119 : 98-100 : « Tes commandements me rendent plus sage que mes ennemis, car je les ai toujours avec moi. Je suis plus instruit que tous mes maîtres, car tes préceptes sont l’objet de ma méditation. J’ai plus d’intelligence que les vieillards, car j’observe tes ordonnances. »
TA – mai-juin 1998