« Si de ta bouche tu confesses Jésus pour Seigneur et si dans ton cœur tu crois que Dieu l’a réveillé d’entre les morts tu seras sauvé » – Romains 10 ; 9.
Aujourd’hui toute espèce de foi définie tombe en discrédit ; l’homme aux convictions tenaces passe pour un esprit étroit et sombre dans l’estime de la sagesse mondaine. Du haut des chaires de la chrétienté moderne, il est de bon goût de déclarer directement ou indirectement que l’essence du christianisme, c’est non la foi, mais les œuvres — qu’un homme peut être tour à tour croyant ou incrédule, l’essentiel c’est que sa vie soit exemplaire en tout point, qu’avec une régularité chronométrique il assiste aux assemblées d’une secte quelconque.
L’Ecriture combat ce formalisme stérile et dément ses erreurs pernicieuses, elle enseigne que les œuvres même parfaites sont impossibles dans les conditions présentes, par suite de l’esprit vicié et de la chair corrompue des descendants d’Adam, la Bible nous affirme que Dieu ne juge pas son peuple, pendant cet âge de l’Evangile, d’après des œuvres qui les condamneraient sans espoir, mais il les éprouve et, selon le degré de leur foi, il leur impute la justice et la perfection de leur Rédempteur sans exiger d’eux des sacrifices impossibles.
La foi et les œuvres
Beaucoup semblent perplexes en ce qui concerne la vraie foi et les œuvres de la foi, ils prétendent que saint Jacques est en contradiction avec saint Paul ; nous pouvons certifier cependant qu’ils sont d’accord. Jacques (2 : 18) dit : “ Montre-moi ta foi, sans les œuvres, et moi, par mes œuvres, je te montrerai ma foi ”. Chacun comprend que la foi sans les œuvres est morte et partant sans valeur. Il est évident que notre foi doit se manifester par des œuvres. Paul dit que si Dieu devait nous juger selon nos meilleures actions il ne nous ferait jamais entrer dans le Royaume, mais nous condamnerait tous, chacun étant coupable de transgression.
L’apôtre nous indique toutefois que pour le peuple de Dieu les œuvres imparfaites sont le résultat d’une imperfection héréditaire. Dieu réclame de nous tout ce que nous pouvons faire de bon comme témoignage de notre foi, mais dans sa miséricorde infinie, il ne nous juge pas selon nos œuvres qui toutes laissent à désirer, mais selon le degré de notre foi et la somme de nos efforts.
Cette magnifique promesse est une source intarissable de consolations pour les âmes timorées qui ‘se réclament du nom de Christ. Il faut écarter cette pensée que parmi ces derniers les uns soient plus excellents que les autres en vertu de dispositions natives qui les rendraient plus justes, plus généreux et partant mieux armés pour la lutte. S’il y en a qui sont mieux équilibrés, tous sont flétris et ne ressemblent que de très loin à cette merveilleuse créature parfaite que fut Adam, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. Evidemment plusieurs ont reçu des dons multiples, mais à celui qui a beaucoup reçu, il sera beaucoup redemandé. Réjouissons-nous, car si les mieux doués peuvent par la foi mériter la vie éternelle, la promesse s’étend jusqu’aux plus faibles qui en dépit de leur état d’infériorité seront sauvés par la foi en leur Rédempteur.
Saint Paul explique l’action divine de la grâce en ces termes : “ Où le péché abondait, la grâce a surabondé” (Rom. 5:20).
Supposons que 100 points représentent la perfection et que le meilleur d’entre les hommes en mérite 50, par la chute il en a perdu 50, d’autres ne méritent que 25 points, par la chute ils en ont perdu 75, l’apôtre nous apprend que Dieu fait grâce à l’un comme à l’autre. Où le péché descendrait de 75 points, la grâce surabonderait en proportion à condition qu’on ait accepté Jésus et qu’on soit devenu son disciple en lui emboîtant le pas dans l’étroit chemin qui conduit à la vie.
Le chemin étroit est un privilège
Beaucoup croient que Dieu veut amener les hommes à lui par le chemin étroit en les stimulant par des menaces de tourments éternels, etc… Cette supposition est une insulte à l’Eternel, les Ecritures ne contiennent rien de pareil. Le Tout-Puissant, loin de chercher des adorateurs mus par la frayeur, tient au contraire à ce “ que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit, et en vérité ” — appréciant par le salut en Christ la profondeur de son amour et la sagesse infinie de son plan merveilleux.
Non seulement le Père ne cherche pas à amener à Lui toute l’humanité, mais le Fils dit tout le contraire : “ Nul ne peut venir à moi, si le Père oui m’a envoyé ne l’attire”. “Et je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi (attiré du Père par la vérité)” (Jean 6:44, 37).
Au lieu de contraindre tous les hommes à devenir ses disciples, le Maître met plutôt en garde ceux qui sont par trop empressés : “Les renards ont des tanières et les oiseaux du ciel ont des nids, dit-il, mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête ”. “ Lequel de vous, s’il veut bâtir une tour, ne s’assied d’abord pour calculer la dépense… ”. “ Et quiconque ne porte pas sa croix et ne me suit pas, ne peut être mon disciple ” (Luc 9 :58 ; 14 : 27, 28). Ses discours paraboliques avaient un sens obscur pour ceux qui n’étaient pas dans une bonne condition du cœur, afin qu’ils ne le comprennent et ne le suivent pas. Les chrétiens se trompent lourdement quand ils s’imaginent qu’il faut raser les barrières, flatter les hommes ou les menacer d’un enfer ridicule pour les amener au Seigneur. La vérité est immuable, il faut donc que les erreurs abondent parmi les dogmes humains, au sein des sectes où l’on prétend parler selon le Seigneur ; méfions-nous de ces voies suspectes. Cherchons les anciens sentiers et suivons les traces du Seigneur.
Notre texte observe cette règle en établissant nettement que les païens ne seront pas sauvés à cause de leur ignorance, ni les incroyants à cause de leur incrédulité ; qu’il faut croire non seulement que Dieu a ressuscité Jésus d’entre les morts ; mais qu’il est nécessaire aussi de confesser le Seigneur Jésus comme celui qui mourut et ressuscita pour nous sauver et nous justifier.
Il est bien établi que le salut est limité à ceux qui croient dans cet âge, tous les autres qui ne sont pas sur le chemin étroit de la vie, restent sous la condamnation adamique. Marc (16 :16) est en ce sens vrai, savoir, que seuls ceux qui acceptent le sacrifice de Jésus, croient à sa mort et à sa résurrection, font le sacrifice d’eux-mêmes et sont baptisés — ceux-là seulement disons-nous font partie de la classe élue, du petit troupeau que Dieu sauve maintenant. Nous répétons cependant que la fin de l’Evangile de Marc (ch. XVI, versets 9 à 20) n’est pas inspirée de Dieu, n’est pas de saint Marc, mais a été ajoutée du VIIème au IXème siècle. Ici tous les savants et les traducteurs contemporains du Nouveau Testament sont d’accord.
Les millions des non sauvés
Examinons attentivement les termes de notre texte, puis pénétrons dans les cercles religieux et comparons l’exposé de ce texte avec les sentiments communs de nos contemporains ; presque tous croient que les païens ne sont pas perdus, ce qui veut dire qu’ils sont sauvés. Dieu ne permettrait pas qu’ils soient condamnés à cause de leur ignorance, disent-ils. Cela montre que le cœur des gens est meilleur que leurs dogmes et leurs confessions de foi ; mais nous répondons due rien n’autorise des hypothèses semblables, basées uniquement sur des courtes vues humaines ; cette erreur est la conséquence de l’ignorance, on méconnaît généralement les clauses des testaments divins. Puisque pendant quatre mille ans le monde a pu rester sous la condamnation, sous la sentence de la mort. À cause du péché d’Adam, il pouvait bien encore rester deux mille ans de plus, c’est-à-dire depuis que Christ mourut pour tous. La difficulté réside dans cette pensée anti-scripturaire que n’être pas sauvé c’est être dans les tourments éternels. D’après la Bible, ne pas être sauvé, c’est être dans des conditions radicalement inharmoniques avec celles requises par Dieu pour mériter ses faveurs et son esprit saint.
Dans le sens scripturaire les païens sont actuellement perdus, “ sans espérance et sans Dieu dans le monde” (Eph. 2:12) et restent tels jusqu’au Millénium. Adorer le soleil, Brahma ou Bouddha sont des gestes de foi sans valeur, qui n’assurent aucun salut. Les bonnes œuvres ne sauvent pas ; l’Ecriture est formelle, seule la foi en Christ et en son œuvre rédemptrice assure la vie éternelle, à condition que ceux qui croient confessent haut et clair que Jésus est leur Seigneur et Maître.
Aucune autre porte de salut
II n’y a que la porte de la foi qui ouvre le ciel, Dieu ne reconnaît aucune autre porte. Le chemin étroit prendra fin avec l’âge de l’Evangile, Dieu à dessein l’a rendu difficultueux afin de faire une sélection judicieuse parmi ceux qui cheminent dans ce sentier pénible ; un petit troupeau sera élu pour être l’épouse de Christ et cohéritiers avec lui de la gloire immortelle.
Au delà du chemin étroit, par delà l’ère de l’Evangile, avec ses épaisses ténèbres couvrant peuples païens et civilisés ; par delà nous attend la nouvelle dispensation, l’âge millénaire, le glorieux règne de Dieu, le Désiré de tous les peuples.
Pendant ce Règne, qui est si proche et dont l’aube blanchit déjà l’horizon, il y aura une démonstration si simple, si claire du caractère et du plan de Dieu, expliquant la mort et la résurrection de Christ, et le salut qui en découle, que personne — pas même les insensés .(Es. 35 : 8) — ne pourront s’y tromper. Au lieu de la nuit présente qui rend indispensable la parole de Dieu. comme une lampe à nos pieds, il y aura le glorieux lever du Soleil de Justice apportant dans ses rayons la guérison et la santé pour toute l’humanité malade et pécheresse ; — sa condition de condamnée prendra fin, tous acquerront la certitude qu’ils ont été sauvés (1 Tim. 2:4). Seuls les pervers volontaires et irréductibles. qui rejetteront le Royaume, périront mur toujours ; c’est, non pas la vie éternelle dans des tourments, mais c’est la seconde mort, l’anéantissement. c’est-à-dire une destruction ou extinction complète, éternelle.
C’est la foi en la résurrection qui décide
Notre texte s’appesantit sur la foi en la résurrection et paraît y attacher une importance capitale. Il y a certainement d’autres choses qu’il faut croire. Pourquoi Paul ne dit-il pas plutôt la foi dans le Royaume à venir, ou la foi dans la mort de Christ, la foi dans l’amour, la justice, la sagesse et la puissance de Dieu ?
Il y a une raison que nous démontrerons tout à l’heure. Les Juifs parlaient du royaume de Dieu comme d’un règne idéal où tout le monde serait béni ; pendant plus de seize siècles ils ont cru cela, et leur foi fut vivifiée par les types de la Loi, par les déclarations diverses des prophètes et davantage encore par les enseignements de Christ — Quand ce dernier vint sur la terre ils croyaient ce règne tout proche. De tout temps les hommes espérèrent un âge d’or. futur, un royaume universel ; les hommes primitifs fondèrent leur espérance sur les promesses faites à Israël. Les Chaldéens crurent voir en Nébucadnetsar le premier monarque de ce royaume. Les Mèdes et les Perses détrônèrent ce soi-disant gouverneur suprême de la terre et prétendirent conduire le monde mieux que lui. A leur tour les Grecs, sous Alexandre le Grand, ambitionnèrent la domination universelle et rêvèrent un royaume idéal pour le bonheur de l’humanité. Puis vinrent les Romains dont l’empire approcha plus qu’aucun autre de l’universalité.
Ensuite vint la Papauté, elle prétendit que ce royaume devait être spirituel et que conséquemment les papes seraient les chefs de tous les royaumes terrestres ; et malgré leur déchéance notoire ces prélats maintiennent leurs prétentions. Ils affirment que les papes du passé régnèrent comme vicaires ou vice-rois de Christ et que les papes des temps modernes ont été frustrés de leur autorité et dignité. De nos jours, un peu partout, des gens à l’esprit social et idéaliste prétendent être les organisateurs de ce royaume de Dieu dont l’établissement réalisera les espérances de six mille ans d’attente. Les chrétiens, tant soit peu éclairés et versés dans la Bible, ont toujours cru au témoignage de la loi et des prophètes, de Jésus et des apôtres, savoir, qu’au temps marqué par Dieu, Jésus de retour, sa seconde présence sera marquée par la destruction de tout obstacle, le renversement de tous les trônes et gouvernements et un règne comme souverain universel. On voit que ce n’est pas en cela que la foi est éprouvée.
Quant à la mort de Christ personne ne la nie. Les Juifs mêmes admettaient sa crucifixion. Mais sa résurrection fut un événement unique, apprécié à sa juste valeur par ses disciples seulement, qui, différemment de tout autre homme, prétendirent que Jésus était mort comme un pécheur, tout en n’ayant commis aucune faute ; que sa mort avait été voulue de Dieu, prédite par les prophètes et devant être le prix de la rançon pour Adam et ses descendants condamnés à mort. L’Eglise ‘primitive voyait en la résurrection de Christ la démonstration divine de sa sainteté et de sa pureté. de ce chef il ne méritait pas la mort. Le Père l’a aimé et l’a ressuscité d’entre les morts, créature nouvelle, permettant à sa nature humaine parfaite de constituer la Rédemption d’Adam corrompu. Dieu a ressuscité Jésus corps spirituel, “ esprit vivifiant (c’est-à-dire un être divin avec corps ou organisme de matière, d’esprit) ”, le restaurant ainsi dans une existence ou nature spirituelle supérieure même à celle qu’il possédait avant de devenir homme, notre Sauveur. Ainsi tout le christianisme repose sur la doctrine de la résurrection de Jésus.
La foi en la résurrection — pierre de touche
Ceux qui acceptent la résurrection de Jésus d’entre les morts doivent avouer qu’il était mort effectivement. Ils doivent convenir aussi qu’étant sans péché, “ saint, innocent, sans tache, séparé des pécheurs” (Hébr. 7 :26), il ne devait pas mourir, sinon le Père ne l’eût jamais réveillé. Cela démontre clairement que le Christ ne mourut pas pour lui, mais pour tous les pécheurs indistinctement, comme l’enseigne l’Ecriture sainte. “ II a répandu (Cr. livré) son âme dans la mort ” (Laus.) Pour l’amour de l’humanité. Cette dernière était donc sous la sentence de mort, Christ en acceptant de mourir pour nous, s’est placé sous les coups de cette sentence (Esaïe 53 :10 à 12 ; 1 Cor. 15 :3).
Il résulte de ce qui précède que la foi en la résurrection signifie la foi dans le plan entier de Dieu, tel qu’il est exposé dans la Bible. Rien d’étonnant alors que l’apôtre des nations en parle comme de la véritable pierre de touche : “ Si tu confesses de ta bouche Jésus, comme Seigneur, et si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a réveillé d’entre l’es morts tu seras sauvé ; autrement, tu restes captif dans la prison d’amertume et ligoté des liens de la mort, tes péchés demeurent et ta condamnation aussi.
Dans la même épître (aux Romains) nous voyons que Paul écrit à ceux qui selon la religion juive veulent être sauvés en observant la loi. Il dit que Moïse déclare que ceux oui pratiquent les choses de la loi vivront par elle (Rom. 10 : 5). Mais, ajoute l’apôtre, la justification que Dieu nous offre maintenant n’est pas possible à obtenir par la loi. Sous la nouvelle disposition, c’est la foi qui sauve, il n’y a plus ni Juifs, ni Gentils ; et le langage de la foi n’est certes pas celui des sceptiques qui disent (v. 6, 7) : “ Comment quelqu’un pourrait-il monter au ciel et inviter le Fils de Dieu à descendre pour être le Sauveur ? ou : Qui pourrait descendre dans les profondeurs, dans la mort, pour ressusciter Christ d’entre les morts ? ”.
Comment parlent donc les croyants ? Ah ! Dit l’apôtre, vous qui êtes chrétiens vous connaissez ce langage ; il est continuellement dans vos bouches et dans vos cœurs ; il est le message que nous avons prêché. La foi accepte que Dieu fut ému de compassion et envoya son Fils et que ce Fils fut Jésus, qu’il fut crucifié pour les péchés du monde, que Dieu par sa propre puissance le releva d’entre les morts et qu’il vit à jamais. Voilà ce qu’il faut confesser pour être classé parmi les vrais croyants. “Car du cœur on croit à la justice (justification) et de la bouche on fait confession à salut (D.)… Quiconque croit en lui n’aura point honte de lui (litt.) ” (versets 10 et 11).
Celui qui a honte de Jésus, de sa parole et du plan général du salut en sorte qu’il refuse de confesser la vérité, n’est pas digne de la vérité, il ne peut être sauvé. Ceux qui maintenant croient et confessent sont comptés comme sauvés ; et leur salut est spécial, il n’est acessible que pendant l’âge de l’Evangile ; ceux qui l’acceptent seront les élus, le “ petit troupeau ”.
Mais nous l’avons souvent montré, il y a un autre salut d’une nature terrestre qui appartient à l’âge du Millénium, où certaines conditions seront autres, seront très différentes. La foi sera requise aussi et l’obéissance exigée, mais la lumière et la connaissance rempliront toute la terre, de sorte que la foi sera plus facile. D’autre part Satan, le prince du mal, sera dans l’abîme, Christ régnera à sa place, la justice prévaudra ; le chemin sera donc plus spacieux et l’obéissance s’obtiendra aisément.
Chers bien aimés, nous qui avons fui le péché, qui allons avec Christ, par l’étroit et difficultueux chemin d’à présent, soyons tenaces, confessons hardiment notre Seigneur, car si nous souffrons avec lui sur la terre, nous régnerons avec lui dans les cieux.
T.G. 4-1908.