LA PARABOLE DE L’HOMME RICHE ET DE LAZARE
Thomas : Dis-moi, Pierre, voudrais-tu m’expliquer la parabole de l’homme riche et du pauvre Lazare ? Tu m’as affirmé en maintes occasions que la Bible n’enseignait pas l’existence d’un enfer de feu et de tourments éternels. Or, c’est cette parabole, précisément, qui soutient cet enseignement.
Pierre : Elle se trouve dans l’Evangile selon saint Luc, au chapitre 16, versets 19 à 31. Lisons-la, veux-tu !
Thomas : “ II y avait un homme riche, qui était vêtu de pourpre et de fin lin, et qui chaque jour menait joyeuse et brillante vie. Un pauvre, nommé Lazare, était couché à sa porte, couvert d’ulcères, et désireux de se rassasier de miettes qui tombaient de la table du riche ; et même les chiens venaient encore lécher ses ulcères.
Pierre : Le pauvre mourut, et il fut porté par les anges dans le sein d’Abraham. Le riche mourut aussi, et il fut enseveli. Dans le séjour des morts, il leva les yeux ; et, tandis qu’il était en proie aux tourments, il vit de loin Abraham, et Lazare dans son sein. Il s’écria :
Thomas : Père Abraham, aie pitié de moi, et envoie Lazare, pour qu’il trempe le bout de son doigt dans l’eau et me rafraîchisse la langue ; car je souffre cruellement dans cette flamme. Abraham répondit :
Pierre : Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu tes biens pendant ta vie, et que Lazare a eu les maux pendant la sienne ; maintenant il est ici consolé, et toi tu souffres. D’ailleurs, il y a entre nous et vous un grand abîme, afin que ceux qui voudraient passer d’ici vers vous, ou de là vers nous, ne puissent le faire. Le riche dit :
Thomas : Je te prie donc père Abraham, d’envoyer Lazare dans la maison de mon père ; car j’ai cinq frères. C’est pour qu’il leur atteste ces choses, afin qu’ils ne viennent pas aussi dans ce lieu de tourments. Abraham répondit : Pierre : Ils ont Moïse et les prophètes ; qu’ils les écoutent. Et il dit :
Thomas : Non, père Abraham, mais si quelqu’un des morts va vers eux, ils se repentiront. Et Abraham lui dit :
Pierre : S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne se laisseront pas persuader quand même quelqu’un des morts ressusciterait”.
Thomas : Tu vois, Pierre, c’est clair ! Dans cette parabole, le riche est mort et après, il s’est trouvé dans les flammes où il a souffert cruellement !
Pierre : Cette parabole ne peut pas vouloir dire que tous les riches vont en enfer après leur mort et ‘souffrent pendant toute l’éternité, parce qu’ils ont eu du bonheur sur la terre pendant leur vie, tandis que les pauvres, qui ont eu du malheur, vont au ciel et jouissent d’une félicité sans fin.
Thomas : Mais comment donc peux-tu l’expliquer autrement ?
Pierre : Evidemment, il y a dans cette allégorie des expressions qui laissent supposer l’existence de tourments éternels. Par contre, il existe tant de textes qui s’opposent à l’idée de tortures, après la mort, dans un feu inextinguible, qu’il est nécessaire de sonder davantage les Saintes Ecritures pour savoir la pensée exacte du Seigneur Jésus, auteur de cette allégorie. Lis, par exemple, ce que nous dit au sujet de la condition de mort l’Ecclésiaste Salomon, au chapitre 9 de son livre, versets 5 et 10.
Thomas : “Les vivants, en effet, savent qu’ils mourront ; mais les morts ne savent rien… Tout ce que ta main trouve à faire avec ta force, fais-le : car il n’y a ni œuvre, ni pensée, ni science, ni sagesse, dans le séjour des morts, où tu vas ”. Assurément, si les morts ne savent rien, s’ils ne peuvent rien faire ni penser, ils ne peuvent, en conséquence, ni parler ni souffrir, comme le faisait l’homme riche.
Pierre : De plus, il y a et il y a eu, parmi les riches, beaucoup d’âmes charitables, crois-tu qu’ils méritent des souffrances éternelles uniquement du fait qu’ils sont riches ?
Thomas : Je ne le pense pas. Dans le même ordre d’idées, on peut dire que, parmi les pauvres, il y en a dont le caractère laisse beaucoup à désirer ; ils sont loin d’être des saints et on ne saurait admettre qu’ils méritent le ciel pour la seule raison qu’ils sont pauvres.
Pierre : De plus, depuis la création du monde, les pauvres se comptent par millions, sinon par milliards. Crois-tu que ces milliards d’êtres puissent être placés tous en même temps dans le sein, c’est-à-dire sur la poitrine d’un seul homme, d’Abraham ?
Thomas : C’est physiquement impossible. En outre, il nous faudrait admettre que la félicité des uns pourrait s’accommoder du spectacle permanent de la torture des autres, dont ils seraient rapprochés au point de pouvoir lier conversation, malgré un abîme infranchissable.
Pierre : Ce ne serait plus une félicité, car comment veux-tu être heureux si tu as sous les yeux, pour seul tableau, une fournaise où des millions de tes compatriotes se tordent, en proie à des souffrances indescriptibles.
Thomas : Moi qui suis extrêmement sensible, je ne saurais pas regarder. Je souffrirais tout autant qu’eux ; j’en deviendrais malade, c’est sûr. Non, vraiment, ce ne serait pas une félicité ! A n’en pas douter, nous sommes ici en présence d’une parabole !
Pierre : Ce qui veut dire que l’homme riche, le pauvre Lazare, le sein d’Abraham, l’abîme, mais aussi, et j’insiste ‘sur ce point, mais aussi le feu, les tourments et les souffrances, ne doivent pas être pris à la lettre. Ils constituent des images sous ‘lesquelles ‘se cache un enseignement qu’il nous faut découvrir.
Thomas : Et quel est cet enseignement ?
Pierre : Le riche, c’est le peuple juif, et en particulier les Juifs issus des deux tribus de Juda et de Benjamin. C’étaient principalement eux qui constituaient la nation juive vivant en Palestine du temps de Jésus.
Thomas : S’il en est ainsi, chacun des cinq frères de l’homme riche représenterait aussi deux tribus, et ensemble ils représenteraient les dix autres tribus d’Israël ?
Pierre : C’est exact.
Thomas : Le fait qu’il s’agisse vraiment des Israélites paraît être confirmé dans cette réponse d’Abraham : “ Ils ont Moïse et les prophètes, qu’ils les écoutent ”. Effectivement, seuls les Israélites avaient Moïse et les prophètes. Mais, dis-moi, en quoi consistaient les richesses de l’homme décrit par Jésus ?
Pierre : Ces richesses représentaient les grâces, les bénédictions, les promesses accordées par Dieu au peuple juif. Le peuple juif était le peuple élu, celui que Dieu s’était choisi parmi toutes les nations de la terre. Il avait reçu du Créateur, par Moïse, une loi dont la puissance éducative était unique et qui lui conféra une supériorité morale et civilisatrice sur tous les autres peuples de la terre, et Dieu lui donna, pour habitation, la Terre Promise qui était un pays ruisselant de lait et de miel. C’était un peuple vraiment riche, à tous égards.
Thomas : Et Lazare, qui représentait-il ?
Pierre : Lazare représentait ceux d’entre les nations païennes qui languissaient après Dieu et qui recherchaient sa grâce et ses bénédictions mais ne pouvaient les obtenir pendant un certain temps, parce que, pendant un certain temps, elles étaient réservées aux Israélites exclusivement. Tout au plus, recevaient-ils quelques miettes de temps à autre.
Thomas : Et pourquoi Lazare était-il couvert d’ulcères ?
Pierre : Ces ulcères figuraient les tares qui ont affecté les hommes de tous temps. Ce sont les plaies morales, dues au péché, à la vie dissolue.
Thomas : Mais comment comprendre le changement de situation intervenu avec la mort de Lazare et de l’homme riche ?
Pierre : Un changement radical intervint dans l’histoire de la nation juive avec la venue de Christ, le Messie.
Thomas : En effet, dans leur ensemble, les Israélites rejetèrent leur Messie et le firent crucifier.
Pierre : En conséquence, Dieu leur ôta ses grâces et ses bénédictions et se tournant vers les autres nations, les accorda à ceux d’entre elles qui acceptèrent Christ et ‘s’engagèrent sur ses traces.
Thomas : Et c’est ce transfert de la grâce divine, des uns aux autres, qui est montré dans notre parabole ?
Pierre : Absolument ! Lazare mourut. Il mourut à l’état de disgrâce, de privation dans lequel il se trouvait, pour autant que cela concernait les bénédictions divines, et il fut transféré à l’état de la grâce divine, dont il jouit dorénavant, ce qui était représenté par sa nouvelle position, la position dans le sein d’Abraham. Abraham, ici, représente Dieu.
Thomas : Si je comprends bien, cela signifie que Dieu, ayant écarté la nation juive, admit dans sa faveur, comme ses fils et ses filles, ceux d’entre les nations qui acceptèrent le message de l’Evangile. Ceux-là moururent à leur état de disgrâce, furent recueillis dans la faveur divine et remplacèrent les Juifs défaillants, en devenant enfants de Dieu.
Pierre : C’est tout à fait cela. Inversement, la grâce divine fut ôtée à la nation d’Israël dans son ensemble. Comme conséquence de leur rejet de Christ, les Juifs moururent à leur état de grâce spéciale. C’est ce que signifie la mort de l’homme riche.
Thomas : L’homme riche, une fois mort, fut enseveli, alla en enfer, ou plus précisément, dans le séjour des morts.
Pierre : Cela signifie que la nation d’Israël, privée de la grâce divine, cessa d’exister comme Etat, comme société organisée, quand en l’an 70 de notre ère, Titus le général romain, mata dans un bain de sang la révolte des Juifs, détruisit le Temple et la ville de Jérusalem et obligea les survivants à fuir aux quatre coins du monde. Alors, l’homme riche, la nation juive entra dans le séjour des morts.
Thomas : Et, si je suis bien ton raisonnement, ce sont ces Juifs dispersés, privés de patrie, errant ça et là au cours des siècles passés, allant de ville en ville et de pays en pays, qui sont représentés par l’homme riche dans le séjour des morts, en proie aux tourments dans les flammes ?
Pierre : Absolument ! Ici les flammes et les tourments représentent les souffrances, les persécutions et les épreuves subies par ces Juifs dispersés pendant l’ère chrétienne. Et comme nous l’apprend l’histoire, ces épreuves furent parfois extrêmement sévères. Les flammes ont parfois brûlé intensément.
Thomas : C’est bien vrai, ce que tu dis. L’histoire le prouve, véritablement. Mais, dis-moi, que représente cet abîme infranchissable qui séparait Abraham et Lazare de l’homme riche ?
Pierre : Cet abîme, c’est tout l’abîme qui sépare le christianisme du judaïsme. Une phrase prononcée par Jésus, résume cet abîme : “ Nul ne peut venir au Père que par moi ”. Les Juifs s’en tiennent uniquement à la loi reçue par Moïse ; ils pensent qu’ils pourront obtenir le salut en s’y conformant et rejettent Christ et son sacrifice expiatoire. Cela leur a valu et leur vaut la séparation d’avec Dieu.
Thomas : Oui, je vois ! Les chrétiens, par contre, savent que toutes les bénédictions leur viennent en raison de leur acceptation de Christ comme leur Rédempteur et Maître. Jamais, ils ne rejetteront le Sauveur pour embrasser le judaïsme. Ce serait se priver de la grâce d’En-Haut.
Pierre : Exactement !
Thomas : Mais dis-moi, est-ce que cet abîme existera toujours ?
Pierre : Non, viendra un jour où il disparaîtra. Ce sera quand, selon la prophétie de Zacharie, chapitre 12 et verset 10, les Juifs accepteront Christ comme leur Messie et Rédempteur. Alors, et ce sera dans le Royaume de Christ, toutes les nations, les Juifs y compris, seront unies par une même foi et une même compréhension de la Parole de Dieu et rien ne les séparera plus.
Thomas : Ce sera merveilleux ! Et je comprends maintenant que l’enfer, comme on l’enseigne communément, n’existe vraiment pas.
Pierre : Des informations complémentaires sur ce sujet se trouvent dans la brochure “ Où sont les morts?”. Nous pouvons vous en faire parvenir une gratuitement sur simple demande.