« L’HOMME TE CÉLÈBRE MÊME DANS SA FUREUR »

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Psaume 76 : 11

Depuis que le mal règne sur terre, durant des millénaires, Dieu a laissé l’ensemble des nations suivre leurs propres voies. Malgré tout, le Tout-Puissant a gardé la maîtrise sur tous les grands évènements ; Il a traité, de différentes manières, et à diverses occasions avec des peuples ou des individus. Il intervenait souvent : lorsque la mesure des péchés était à son comble, comme par exemple lors du déluge ou de la destruction de Sodome, et dans bien d’autres cas. Souvent, Il employait des peuples entiers, en l’occurrence le peuple d’Israël, mais aussi des individus pour accomplir une mission spéciale, dans un but particulier, ou pour créer une figure, édifiante pour nous.

Parfois, ces ouvriers accomplissaient de belles œuvres avec reconnaissance, parfois aussi des travaux peu glorieux. Suivant leurs dispositions de cœur, ils devenaient dans la main de Dieu des « vases d’honneur » ou des « vases d’usage vil » – Romains 9 : 21.

Les « vases d’honneur » étaient la plupart du temps des gens, qui connaissaient l’Éternel et qui Le servaient volontiers, tels les fidèles de l’Ancien Testament ou les appelés de l’Âge de l’Évangile. Le roi de Perse, Cyrus, fut aussi un « vase d’honneur », qui servit d’agent pour libérer le peuple de Dieu de la captivité babylonienne, bien qu’il ait été un souverain païen qui ne connaissait pas Dieu : « Pour l’amour de mon serviteur Jacob, et d’Israël mon élu, je t’ai appelé par ton nom, je t’ai parlé avec bienveillance, avant que tu me connusses … c’est afin que l’on sache, du soleil levant au soleil couchant, que hors moi il n’y a point de Dieu : je suis l’Éternel, et il n’y en a point d’autre. Je forme la lumière, et je crée les ténèbres, je donne la prospérité [ou paix], et je crée l’adversité ; moi, l’Éternel, je fais toutes ces choses. » – Ésaïe 45 : 4-7.

Ce n’est pas sans raison que les Écritures insistent sur le fait que Dieu a créé toutes choses et qu’Il les tient fermement en main. Il emploie même les créatures qui ne Le connaissent pas. Toutes les bénédictions que nous recevons viennent de Lui ; Il est le seul qui crée la véritable lumière et la vraie paix.

Les ténèbres aussi, peuvent s’étendre et régner, là où Il l’autorise selon sa sagesse – là où Il lui plait de retenir ou de cacher la lumière. Le malheur – ou le mal, selon certaines versions – ne peut frapper le peuple de Dieu, et plus largement toutes ses créatures, si ce n’est le dessein du Créateur, pour servir directement ou indirectement ses objectifs, s’Il retire sa protection.

Ainsi, les ténèbres spirituelles qui règnent sur terre depuis le péché originel, la misère qu’elles entraînent, sont le jugement de Dieu ; elles sont aussi la cause de nombreuses sanctions, châtiments et autres blâmes. Pourtant, durant toute cette période de colère et de malheur, Dieu n’a jamais lâché totalement les rênes des évènements mondiaux et a laissé, dans certaines limites, agir le mal et ses conséquences pour des desseins précis.

Notons pourtant, que les paroles du prophète, citées plus haut, ne signifient pas que Dieu produise le « mal » dans le sens de méchanceté, de bassesse et de péché. Elles parlent seulement de ténèbres, de malheur ou de mal, en opposition avec la lumière, la paix et le salut. Dieu ne produit pas le mal, cependant la méchanceté, l’injustice, l’anarchie, etc., sont les conséquences naturelles des infractions contre la loi d’amour parfaite de Dieu.

Souvent, Il a utilisé des créatures mal intentionnées comme « vases d’usage vil » ou « vases de la colère » pour réprouver l’injustice, l’arrogance et l’impiété, afin de manifester sa puissance et sa sagesse, surpassant tout entendement, à titre d’avertissement et comme instruction pour toute la création (Romains 9 : 22). Il se servait d’elles aussi pour instruire, éprouver et purifier son peuple d’Israël et pour atteindre divers buts dans le cadre de son divin plan de salut.

« VASES D’HONNEUR » et « VASES D’USAGE VİL »

Dieu, par l’intermédiaire de Moïse, dit au pharaon qui régnait au temps de la sortie d’Israël d’Égypte : « Mais, je t’ai laissé subsister, afin que tu voies ma puissance, et que l’on publie mon nom par toute la terre. » (Exode 9 : 16). Dieu a même contribué à endurcir le cœur de pharaon, notamment en faisant à chaque fois cesser les plaies sur l’Égypte, parce que cela servait ses objectifs (Exode 9 : 35 ; 10 : 1). Ici, il s’agissait surtout de révéler la puissance sans limites du Tout-Puissant, lorsqu’Il délivra Israël de l’Égypte.

La vente de Joseph par ses frères révélait aussi la méchanceté de leur cœur. Mais le Tout-Puissant en a géré les conséquences de manière que, non seulement Joseph, mais aussi ses frères et tout le pays d’Égypte soient bénis : « Vous aviez médité de me faire du mal : Dieu l’a changé en bien, pour accomplir ce qui arrive aujourd’hui, pour sauver la vie à un peuple nombreux » (Genèse 50 : 20). Les frères de Joseph furent d’abord des « vases de déshonneur », puis des « vases du pardon » ; Dieu leur fit ainsi connaître la richesse de son amour et de sa miséricorde, pour donner en exemple sa manière d’agir au peuple d’Israël et à toute l’humanité déchue – Romains 11 : 30-32.

Attardons-nous un instant sur une image qui nous paraît significative. Alors que le prophète Ésaïe était déjà âgé, régnaient les rois Achaz et Ézéchias. Achaz était un roi impie, complètement tombé dans le culte des idoles, et qui avait largement entraîné le peuple dans l’infidélité (2 Rois 16 : 1-4). Son fils et successeur était par contre un bon roi, qui faisait « ce qui est bien aux yeux de l’Éternel », il mit fin au culte des idoles à Jérusalem et en Juda (2 Rois 18 : 1-6). Mais l’infidélité générale et l’immoralité du peuple exigeaient une correction, que Dieu envoya sur Juda par l’intermédiaire du roi assyrien Sanchérib ; c’était quelques années après que Salmanasar ait emmené les dix tribus du nord en captivité en Assyrie.

Nous lisons à ce sujet en Ésaïe 10 : 5, 6 : « Malheur à l’Assyrien, verge de ma colère ! La verge dans sa main, c’est l’instrument de ma fureur. Je l’ai lâché contre une nation impie, Je l’ai fait marcher contre le peuple de mon courroux, pour qu’il se livre au pillage et fasse du butin, pour qu’il le foule aux pieds comme la boue des rues. »

Le Tout-Puissant se servit donc du roi assyrien comme d’un instrument, bien qu’il fût un ennemi avéré de Dieu et n’envisageait en aucun cas de Le servir : « Mais il n’en juge pas ainsi, et ce n’est pas là la pensée de son cœur ; il ne songe qu’à détruire, qu’à exterminer les nations en foule » (verset 7). Présomptueux, confiant dans la puissance de sa main et en sa sagesse, Sanchérib essayait de conquérir le plus possible de pays, pour développer son puissant royaume (versets 8-11, 13, 14). Avec ses représentants, il ne craignait même pas de se moquer et d’insulter « le Saint d’Israël » – Ésaïe 37 : 23.

Certes, ce n’est pas Dieu qui lui a inspiré ces idées, mais dans sa sagesse, et par sa puissance supérieure, Il se servit de la méchanceté et des ambitions de puissance du souverain païen pour accomplir ses desseins.

À cause de son arrogance et de sa méchanceté, le roi assyrien fut rattrapé par la justice divine après avoir, involontairement, servi la volonté de Dieu (Ésaïe 10 : 12, 16). Les 185 000 hommes de l’armée de Sanchérib furent frappés en une nuit par l’ange de l’Éternel, et lui-même fut assassiné par ses propres fils, quelque temps plus tard (Ésaïe 37 : 36-38). Le fait que Sanchérib ait été frappé d’une sanction si sévère, montre à l’évidence que sa méchanceté et ses péchés avaient dû être grands.

Le cas d’Ésaü est un peu différent. Il fut un « vase de déshonneur », en vendant son droit d’aînesse à son frère Jacob. Ce n’était pas, à proprement parler, sa méchanceté ou ses manquements aux lois qui étaient en cause, mais plutôt un manque d’estime pour les choses éminentes de Dieu. La conduite des deux fils d’Isaac, si différents l’un de l’autre, qui devait nous servir d’exemple, était connue de Dieu avant leur naissance, alors qu’ils n’avaient fait ni bien ni mal. En ce temps-là, l’Éternel annonça à Rebecca : « … le plus grand sera assujetti au plus petit » (Genèse 25 : 23 ; Romains 9 : 10-12). Le « Grand Potier » en avait le droit, comme il est écrit : « O homme, toi plutôt, qui es-tu pour contester avec Dieu ? Le vase d’argile dira-t-il à celui qui l’a formé : Pourquoi m’as-tu fait ainsi ? Le potier n’est-il pas maître de l’argile, pour faire avec la même masse un vase d’honneur et un vase d’un usage vil ? » (Romains 9 : 20, 21). Il s’est manifestement servi de ce droit dans certains cas, pour des objectifs précis.

Contrairement à Sanchérib, Ésaü n’a subi aucun châtiment. Il perdit uniquement son droit d’aînesse, dont il faisait peu de cas, et la bénédiction de son père. Il fut cependant richement béni en biens terrestres. La vie de Jacob et d’Ésaü se déroula selon le plan de Dieu, comme nous l’avons mentionné, pour servir de type aux futurs disciples du Seigneur. Il est ainsi démontré que Dieu se tourne d’abord vers ceux qui acceptent avec foi et reconnaissance ses dispositions et ses promesses, Il veille sur eux ; tandis que d’autres préfèrent les avantages temporels du « plat de lentilles » et se privent de sa grâce et de son aide particulière – Voir Malachie 1 : 2, 3 ; Romains 9 : 13.

Cela montre aussi que le Créateur choisit en totale liberté à qui Il accordera sa grâce ; qu’Il ne tient compte ni de la personne, ni de la logique d’une naissance ou d’autres droits réels ou supposés (Romains 9 : 15). C’est ce qui s’est réalisé lorsque la nation d’Israël fut rejetée, et que la faveur de la grâce fut offerte aux élus, juifs et païens. Romains 9 : 23, 24 met cela en évidence : « … et s’il a voulu faire connaître la richesse de sa gloire envers des vases de miséricorde qu’il a d’avance préparés pour la gloire ? Ainsi nous a-t-il appelés, non seulement d’entre les Juifs, mais encore d’entre les païens. »

Il est intéressant de comparer Sanchérib et l’apôtre Paul. Tous deux étaient des instruments dans la main de Dieu, mais d’une façon très différente. Sanchérib servait sans le savoir et sans le vouloir, tandis que Paul – même en tant que Saul – s’efforçait de tout son cœur de plaire à Dieu et de faire sa volonté. Dieu s’est servi de la méchanceté de Sanchérib ; au contraire, ce sont son amour et son zèle qui firent de Paul un serviteur richement béni. Sanchérib était non seulement un « vase de déshonneur », mais aussi un « vase de colère », que Dieu a manifestement condamné. Paul était un « vase d’honneur » et aussi un « vase de grâce », assuré d’avoir la « couronne de justice » à la fin de son pèlerinage – 2 Timothée 4 : 8.

Qu’une personne serve d’instrument au Seigneur ne permet donc pas de conclure qu’Il l’accepte ; les raisons pour lesquelles Dieu accepte ou condamne sont déterminées par le comportement et les dispositions de cœur de celui à qui le Tout-Puissant confie une mission précise.

Le cas de Sanchérib est un excellent cas d’école qui montre avec quelle maîtrise absolue notre grand Dieu Jéhovah utilise les méchantes dispositions de ses ennemis pour servir sa cause. Son exemple ne nous montre pas moins que Dieu fixe un temps pour punir l’infamie de tels instruments.

Nébucadnetsar, le roi de Babylone, fut aussi un tel instrument. Avec son armée, il exécuta la justice de Dieu contre Jérusalem et son roi infidèle, lorsque la pleine mesure des péchés en Juda fut atteinte (2 Rois 24 : 1-4). Quelques siècles plus tard, l’empereur romain Titus remplit une mission semblable ; environ quarante ans après la crucifixion de Jésus, en accomplissement de la parole du Seigneur, il fit détruire Jérusalem et tout Juda, tandis que le reste du peuple fut dispersé parmi toutes les nations – Luc 21 : 24.

Dans un autre sens encore, non pas comme une punition, mais pour mener à bien un autre projet de Dieu, les sacrificateurs, les scribes et les pharisiens du temps de Jésus furent de tels instruments, car ils furent les principaux responsables de la crucifixion de notre Maître. En révélant leurs mauvaises intentions, ils réalisèrent aussi sans le savoir et sans le vouloir, une œuvre qui devait être accomplie selon les résolutions d’amour de Dieu, pour sauver l’humanité de la puissance du péché et de la mort. Ici aussi, les paroles, que Joseph adressait à ses frères, ont une résonance particulière : « Vous avez médité de me faire du mal : Dieu l’a changé en bien. » – Genèse 50 : 20.

Durant tout l’Âge de l’Évangile, les puissances prédominantes opposées à Dieu accomplirent également sans le savoir, un travail imposé par Dieu : elles persécutèrent et combattirent la véritable Église de Christ, afin de mettre à l’épreuve ses membres, de les purifier et de les préparer à leur future et noble mission ; car ils devaient atteindre la perfection par la souffrance, comme leur Seigneur et Maître – Hébreux 2 : 10 ; Romains 8 : 17.

De nos jours, tout à la fin de l’Âge, nous serons confrontés, comme le dit la parole prophétique, au point culminant de l’action du mal, quand le puissant antichrist célèbrera, semble-t-il, son plus grand triomphe. Mais le Tout-Puissant saura se servir de la méchanceté de ses puissants ennemis pour mener à bien ses desseins. Souvenons-nous de la prophétie de Jérémie 16 : 16 concernant les Juifs qui fut réalisée il y a peu de temps : « Voici, j’envoie une multitude de pêcheurs, dit l’Éternel, et ils les pêcheront ; et après cela j’enverrai une multitude de chasseurs, et ils les chasseront de toutes les montagnes et de toutes les collines, et des fentes des rochers. »

La prophétie d’Ézéchiel 20 : 32-34 ne s’est-elle pas déjà partiellement accomplie ? « On ne verra pas s’accomplir ce que vous imaginez, quand vous dites : nous voulons être comme les nations, comme les familles des autres pays, nous voulons servir le bois et la pierre. Je suis vivant ! dit le Seigneur, l’Éternel, je régnerai sur vous, à main forte et à bras étendu, et en répandant ma fureur. Je vous ferai sortir du milieu des peuples, et je vous rassemblerai des pays où vous êtes dispersés, à main forte et à bras étendu, et en répandant ma fureur. Je vous amènerai dans le désert des peuples, et là je vous jugerai face à face. » Et celle de « la vallée des ossements » (Ézéchiel 37) est en relation étroite avec la précédente. Nous avons pu voir de nos propres yeux ces choses, annoncées depuis des millénaires.

Pensons également au jugement de « Babylone », pour lequel les dix rois et la « bête » ont été prévus : « … car Dieu a mis dans leurs cœurs d’exécuter son dessein. » (Apocalypse 17 : 16, 17). Là aussi, l’action des puissances du mal sont utilisées pour accomplir – malgré elles – les merveilleuses résolutions divines de salut. En outre, ces situations servent à éprouver une dernière fois la véritable Église et démontrer sa fidélité.

Naturellement, ces instruments inconscients n’ont aucunement l’intention de rendre le moindre service au vivant Créateur du ciel et de la terre. Il en est d’eux comme de Sanchérib : « Mais il n’en juge pas ainsi, et ce n’est pas là la pensée de son cœur » (Ésaïe 10 : 7). Quand le temps sera venu, ils seront concernés par le jugement divin, tout comme Sanchérib – Voir 2 Thessaloniciens 2 : 8-10 ; Apocalypse 19 : 20, 21.

Il y aurait bien d’autres choses à dire, en particulier de Satan, le grand adversaire de Dieu, la force motrice de toutes les mauvaises puissances humaines, dont Dieu se servira encore, à la fin du Millénium pour éprouver une fois encore l’humanité rétablie – Apocalypse 20 : 7-10.

« TES ŒUVRES SONT GRANDES ET ADMİRABLES »

Notre Créateur est infiniment grand ; Il surpasse toutes ses créatures à l’infini. Tant sa puissance et sa sagesse, que son amour et sa justice, se révèlent également dans sa manière de se servir des représentants du mal pour accomplir ses sages résolutions avec amour.

La haine et la méchanceté des hommes et des puissances ennemies de Dieu, vont un jour contribuer, sous la direction du Tout-Puissant, à mettre en lumière sa grandeur et sa gloire devant toutes les créatures douées de raison. Quand elle sera arrivée à la perfection, toute la création vivante s’inclinera devant l’Éternel, L’adorera et Le vénérera du fond du cœur, elle admirera et glorifiera ses actes sages et justes.

« Et ils chantent le cantique de Moïse, le serviteur de Dieu, et le cantique de l’agneau, en disant : Tes œuvres sont grandes et admirables, Seigneur Dieu tout-puissant ! Tes voies sont justes et véritables, roi des nations ! Qui ne craindrait, Seigneur, et ne glorifierait ton nom ? Car seul tu es saint. Et toutes les nations viendront, et se prosterneront devant toi, parce que tes jugements ont été manifestés. » – Apocalypse 15 : 3, 4.

« Et toutes les créatures qui sont dans le ciel, sur la terre, … sur la mer, et tout ce qui s’y trouve, je les entendis qui disaient : À celui qui est assis sur le trône, et à l’agneau, soient la louange, l’honneur, la gloire, et la force, aux siècles des siècles ! » – Apocalypse 5 : 13.

TA Janvier-février 1998

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