– Matthieu 26 : 36-46 –
« Le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs. » – verset 45.
Après que le Maître et ses disciples, en tant que Juifs, eurent célébré le souper pascal, que Judas soit sorti pour Le trahir, après qu’Il eut ensuite institué la commémoration de sa mort avec le pain et la coupe, Jésus et les onze qui restaient quittèrent la chambre haute de Jérusalem, traversèrent la ville en direction de la porte, et de là, passèrent la vallée du Cédron, puis montèrent sur le côté en pente du mont des Oliviers vers le jardin de Gethsémané. Le mot Gethsémané signifie pressoir. La tradition raconte que ce jardin appartenait à la famille dont les apôtres Jean et Jacques faisaient partie, et c’est pour cette raison que le Seigneur et ses disciples avaient eu le privilège de se sentir comme chez eux à cet endroit. Marc, l’auteur de l’un des Évangiles, qui n’est pas au nombre des apôtres, est crédité d’avoir été membre de la même famille. L’un des récits de l’arrestation du Maître raconte que, parmi ceux qui L’avaient suivi, était un jeune homme enveloppé d’un drap, qui s’enfuit nu lorsque certains membres de la bande tentèrent de s’emparer de lui. Ce jeune homme, dit la tradition, fut connu des années plus tard sous le nom de Saint Marc.
Ce fut la nuit la plus mémorable de l’expérience du Maître. Il connaissait parfaitement la signification de chaque trait de la Pâque. Il savait qu’Il était l’Agneau de Dieu antitypique, qui devait mourir par crucifixion le jour suivant. Cependant ses pensées étaient pour ses chers disciples. Il devait leur donner les dernières paroles d’encouragement et d’instruction. Et c’est ce qu’Il fit. Trois chapitres de l’Évangile de Jean rapportent les évènements qui se produisirent dans cet intervalle de temps entre la sortie de la chambre haute et l’arrivée à Gethsémané, l’endroit du pressoir. « Judas, qui le livrait, connaissait ce lieu, parce que Jésus et ses disciples s’y étaient souvent réunis. » (Jean 18 : 2). Dans Jean chapitre 14, le Maître parle à ses disciples de l’endroit qu’Il irait leur préparer, Il dit qu’Il leur enverrait l’Esprit de Vérité pour qu’il soit leur consolateur, et leur montrerait les choses à venir. Dans le quinzième chapitre, Il leur donna la parabole de la vigne et des sarments, les assurant qu’ils ne seraient plus des serviteurs, mais des amis, « Car toutes les choses que j’ai appris de mon Père, je vous les ai fait connaître. » (Jean 15 : 15). Dans le seizième chapitre, Il leur expliqua qu’ils devaient s’attendre à des persécutions, s’ils partageaient ses souffrances et voulaient être prêts à partager sa gloire.
Encore un peu de temps et ils ne Le verraient plus ; puis encore un peu de temps et ils Le verraient. Du point de vue divin, comparé à l’éternité, toute la durée de son absence ne serait qu’un peu de temps. Ensuite, en vertu du changement par la résurrection, ils Le verraient, parce qu’ils seraient semblables à Lui. « Vous aurez des tribulations dans le monde ; mais prenez courage, j’ai vaincu le monde. » « Je vous ai dit ces choses, afin que vous ayez la paix en moi. » (Jean 16 : 33). Dans le dix-septième chapitre est enregistrée sa magnifique prière adressée au Père, en faveur de ses disciples – non seulement pour les Apôtres, mais aussi pour tous ceux qui croiraient en Lui par leur parole.
DANS LE JARDIN DE GETHSÉMANÉ
Ainsi conversant, ils atteignirent le jardin, ou l’oliveraie, où se trouvait la presse pour extraire l’huile des olives. Quelque part près de l’entrée huit des disciples reçurent l’instruction de rester pour veiller tandis que Jésus, avec les particulièrement bien-aimés Pierre, Jacques et Jean, allèrent un peu plus loin. Et puis, se rendant compte de l’impossibilité pour ses amis les plus chers d’apprécier son état de tristesse, Il alla encore plus loin, seul, pour parler avec le Père. Les disciples, perplexes, abasourdis par les choses qu’ils avaient entendues de sa bouche, ne comprenaient pas la situation réelle. Ils pensaient manifestement qu’il devait y avoir encore quelque chose de parabolique dans ses déclarations. Ils auraient dû en effet veiller avec Lui, mais ils étaient fatigués et sombrèrent dans le sommeil. L’esprit est bien disposé, mais la chair est faible.
Si certains se sont demandés pourquoi le Maître préférait si souvent être seul pour prier, la réponse est : « J’ai été seul à fouler au pressoir, et nul homme d’entre les peuples n’était avec moi. » (Ésaïe 63 : 3). Ses disciples L’aimaient tendrement. Pourtant, Il fut seul, parce que Lui seul avait été engendré de l’Esprit Saint. Ses disciples ne pouvaient pas se sentir autant bénis ni être engendrés de l’Esprit avant que son sacrifice ne soit achevé, ni avant qu’Il paraisse en la présence de Dieu pour eux afin de leur imputer son mérite ; pour leur permettre de se joindre à Lui en sacrifice dans les souffrances du temps présent, afin qu’ils puissent partager aussi avec Lui les gloires à venir.
Paul (Hébreux 5 : 7), se référant à l’expérience de notre Seigneur dont nous venons de parler, déclare qu’Il a adressé de grands cris et des larmes à Celui qui pouvait Le sauver de la mort, et Il a été exaucé quant à ce qu’Il craignait. Pourquoi avait-Il peur ? N’est-ce pas le cas de toute l’humanité face à la mort, certains parmi elle avec beaucoup de courage et d’autres avec bravade ? Ah, il y a une grande différence entre le point de vue du Maître et le nôtre concernant la mort. Nous sommes nés mourants. Nous n’avons jamais connu la vie parfaite. Nous avons toujours su qu’on ne pouvait pas échapper à la mort. C’était différent avec Lui. Ses expériences sur le plan spirituel, avant de venir dans le monde, étaient toutes en association avec la vie, la perfection de la vie. « En lui était la vie » non contaminée, parce qu’Il était saint, innocent, sans souillure et séparé des pécheurs, sa vie ne provenait pas d’Adam.
Il savait que, dans sa perfection, Il avait droit à la vie, s’Il vivait en parfaite conformité avec les exigences divines. Mais Il savait aussi que du fait d’une alliance spéciale avec Dieu, « une alliance par le sacrifice », Il avait accepté l’abandon de tous ses droits terrestres et permis que sa vie Lui soit ôtée. Le Père Lui avait promis une grande récompense : la gloire, l’honneur et l’immortalité par la résurrection d’entre les morts, mais cela dépendait de son obéissance absolue en tous points – en parole, en pensée, en action. La question était, avait-Il été absolument fidèle à Dieu en tous points ? Si non, la mort signifierait pour Lui l’anéantissement éternel de l’être ; non seulement la perte de la gloire céleste promise comme récompense, mais la perte de tout. Faut-il donc s’étonner s’Il ne comprenait pas ? L’heure semblait si sombre qu’Il dit : « Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort. » (Matthieu 26 : 38 – DARBY). Il savait qu’Il allait mourir. Il savait que la mort était nécessaire. Mais ici, à présent, surgissait devant Lui pour le lendemain une exécution honteuse comme un blasphémateur, un criminel, un violateur de la loi divine. Serait-il possible que, en quoi que ce soit, même légèrement, Il se serait attribué l’honneur dû à son Père ? Serait-il possible qu’à un quelconque degré Il se serait retenu, même en pensée, d’obéir pleinement à la volonté du Père ? Cette crucifixion comme un criminel pouvait-elle signifier la perte de la faveur divine ? Était-il nécessaire de mourir ainsi ? Cette coupe d’ignominie ne pouvait-elle pas s’éloigner ? Ainsi Il priait dans une grande agonie. Et bien que les manuscrits grecs anciens ne contiennent pas l’affirmation selon laquelle Il sua de grosses gouttes de sang, la médecine nous dit qu’une telle réaction aurait été tout à fait possible lors d’une agonie nerveuse, tendue, mentale. Mais nous notons la magnifique simplicité de la déclaration avec laquelle Il conclut sa prière – « Toutefois, Père, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. » – Matthieu 26 : 39.
Quelle admirable foi et confiance filiale, même au milieu d’une intense agitation ! L’apôtre Paul dit qu’Il a été entendu concernant la chose qu’Il craignait. Comment ? La réponse de Dieu est venue par des mains angéliques. Un ange est apparu et L’a servi – pourvoyant à ses besoins. « Ne sont-ils pas tous des esprits au service de Dieu, envoyés pour exercer un ministère en faveur de ceux qui doivent hériter du salut ? » (Hébreux 1 : 14). Nous ne sommes pas informés par quels mots ce ministère céleste a été exprimé au Maître abattu et triste, mais nous savons que cela a dû être avec une pleine assurance de la faveur, de la sympathie et de l’amour du Père céleste. Il a été entendu en ce qui concerne les choses qu’Il craignait. Il a reçu l’assurance qu’Il était bien agréable au Père, qu’Il avait été fidèle à son alliance, et qu’Il aurait la résurrection promise.
A partir de ce moment-là, le Maître fut le plus calme d’entre tous ceux qui avaient quelque chose à voir avec les grands événements de cette nuit-là et du lendemain. Fonctionnaires, serviteurs, Sanhédrin, sacrificateurs, Hérode et ses hommes de guerre, Pilate et ses soldats, et la populace criante – tous étaient excités, tous étaient angoissés. Jésus seul était calme. C’était parce qu’Il avait l’assurance du Père que tout allait bien entre eux. De même que cette assurance bénie a donné du courage au Maître, ainsi ses disciples ont pu constater depuis que, « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » Si la paix de Dieu règne dans nos cœurs, celle-ci dépasse toute compréhension humaine.
JUDAS L’APOSTAT INGRAT
Il y a beaucoup de caractères pitoyablement décevants dans le monde. Nous échouons tous dans beaucoup de choses. L’égoïsme, la méchanceté, la perversité, l’orgueil, etc., marquent lamentablement la famille humaine. Mais en même temps, peut-on trouver quelque chose de plus répréhensible que l’ingrat qui trahit son meilleur ami ?
Le monde est d’un même avis à l’égard de caractères tels que celui de Judas. Et quoiqu’il soit un exemple notable, il est loin d’être une exception ; ils sont nombreux. Certains d’entre eux vivent de nos jours. Mais celui qui peut voir la bassesse d’une telle disposition avec une raisonnablement bonne acuité sera sûrement épargné de manifester un tel caractère, bien que cela puisse être sa disposition. Il est juste que l’homme qui a pu vendre son Maître pour trente pièces d’argent soit méprisé de toute l’humanité. Ce n’était pas simplement les trente pièces qui ont influencé l’ingrat. Il s’agissait plutôt d’orgueil. Il avait pensé être associé au Maître sur un trône terrestre. Il avait placé sa foi en cette attente. Maintenant ce même Maître expliquait plus en détail que le trône n’était pas encore en vue, qu’il appartenait à un âge à venir, et qu’il serait accordé uniquement à ceux qui se révèleraient loyaux et fidèles jusqu’à la mort. Dans l’esprit de Judas l’affaire ne prit pas le chemin le plus sage ni le meilleur. Méprisant le Grand Maître, celui qui fut induit en erreur avait sans doute en vue que le fait de Le livrer ne devait être que temporaire – ce devait être une leçon donnée au Maître pour ne pas parler de cette façon, ne pas pousser les choses trop loin – un encouragement, L’obligeant à exercer son pouvoir pour résister à ceux qui en voulaient à sa vie et, ainsi, en s’élevant, permettre à ses disciples d’avoir part au Royaume qu’Il avait promis, ou, à défaut de cela, de détruire l’ensemble du projet. Hélas, l’amour de l’argent, l’amour du pouvoir, enflent et font délirer ceux qui se grisent de cette ambition. Oh combien il est nécessaire que tous les disciples du Seigneur se souviennent du message : « Celui qui s’abaisse sera élevé, et celui qui s’élève sera abaissé ! » « Humiliez-vous donc sous la puissante main de Dieu, afin qu’il vous élève au temps convenable. » – Matthieu 23 : 12 ; 1 Pierre 5 : 6.
WT1910 p4707