« Or le juste vivra de foi ; et, si quelqu’un se retire, mon âme ne prend point plaisir en lui. Mais pour nous, nous ne sommes pas de ceux qui se retirent pour la perdition, mais de ceux qui croient pour la conservation de l’âme. » -Hébreux 10 : 38, 39 – Darby.
Ces paroles de l’Apôtre ont une signification solennelle que le Chrétien réfléchi ne manquera pas de percevoir. Les destinataires ne sont pas des gens du monde, mais des croyants consacrés, justifiés par la foi en Christ comme leur Rédempteur. Par la foi, ils sont passés de la mort à la vie ; pour eux, les choses anciennes sont passées et toutes choses sont devenues nouvelles : ils sont de nouvelles créatures en Jésus-Christ (2 Corinthiens 5 : 17) ; ils sont fils et héritiers de Dieu, et cohéritiers de Jésus-Christ, si toutefois ils souffrent avec Lui, en suivant ses traces du sacrifice de soi, même jusqu’à la mort (Romains 8 : 17). Ils sont engendrés de nouveau, pour une espérance de vie (éternelle), pour un héritage incorruptible, sans souillure et qui ne peut se flétrir – un héritage, cependant, dans lequel ils ne sont pas immédiatement introduits, mais lequel leur est réservé dans les cieux. – 1 Pierre 1 : 4.
Les promesses de Dieu faites à cette classe sont excessivement grandes et précieuses, et si elles sont vraiment acceptées elles ne peuvent manquer d’influencer fortement la vie ; mais si elles ne sont pas reçues, il est manifeste qu’elles ne peuvent avoir aucun effet sur la vie. Et de plus, si elles ne sont pas pleinement acceptées, si elles ne sont pas personnellement appropriées, elles ne peuvent pas être appliquées, et personne ne peut espérer quelque chose d’elles. Ceci est clairement exprimé dans les paroles de l’Apôtre mentionnées ci-dessus – « Or le juste vivra de foi. » Il ne nous suffit pas de recevoir, par la foi, la première impulsion de vie, mais, étant par le même moyen passé de la mort à la vie, nous devons continuer à recevoir de la nourriture spirituelle et l’assimiler afin de croître ; il faut que nous marchions par la foi, en suivant la direction du saint Esprit par la Parole de vérité.
Dans ce chemin de foi, il y a beaucoup de privilèges présents, aussi bien que de perspectives d’avenir. C’est le chemin dans lequel nous pouvons bénéficier de la communion et de la présence constante de notre Seigneur Jésus et de notre Père céleste, dans lequel nous pouvons avoir une communion personnelle et intime avec eux, et dans lequel nous pouvons aussi avoir le témoignage de l’Esprit saint de notre adoption et de notre acceptation en tant que fils de Dieu, le réconfort des Écritures, la communion des saints, l’inspiration bénie, l’aide et les encouragements de tous les moyens de la grâce. Ces privilèges présents, ainsi que les glorieuses espérances qu’elles nous inspirent et gardent vivantes en nous, sont la nourriture qu’il nous faut manger, nourriture que le monde ne connait pas, mais qui nous permet de vivre une vie nouvelle en dehors du monde – en dehors de son esprit et de sa communion. C’est cela marcher par la foi. Cela signifie un mode de vie tout à fait contraire au cours habituel du monde, qui est de marcher par la vue et selon les désirs de la chair. Les gens du monde regardent aux choses visibles : ils jugent de leurs valeurs relatives, simplement pour des intérêts temporels, ignorant totalement leurs intérêts éternels et les exigences du Créateur les concernant. Manquant de foi dans la Parole divine, ils n’ont pas d’espérance substantielle au-delà du présent ; et selon leur propre jugement de la valeur relative des récompenses terrestres et de leur espoir à les obtenir, ils s’activent dans leur quête, ne tenant pratiquement pas compte des questions du futur et de la responsabilité actuelle envers Dieu.
Mais il n’en est pas ainsi du véritable enfant de Dieu. Lui marche par la foi et non par la vue : il regarde, non point aux choses visibles, mais à celles qui sont invisibles (2 Corinthiens 4 : 18), gardant toujours à l’esprit que les choses visibles sont passagères, incertaines et décevantes, tandis que les choses invisibles sont éternelles, certaines pour les fidèles, et d’une valeur inestimable. Il vit, non pour le présent, mais pour l’avenir – pour les choses révélées à l’œil de la foi dans les promesses de Dieu, qui sont toutes oui et amen en Jésus-Christ (1 Corinthiens 1 : 20), pour ceux qui croient. Dans cette vie de foi les motifs, les espoirs, les objectifs, les ambitions et les joies sont tous d’un ordre plus noble, plus élevé que ceux du monde ; mais ils sont tels qu’ils dépendent entièrement de la foi. Si la foi du chrétien est renversée, il doit nécessairement de ce fait cesser de vivre la vie de la foi ; c’est à dire, qu’il cessera d’être animé par les mêmes motifs, etc., que sa foi inspirait auparavant. Et si, par infidélité, sa vision spirituelle s’est obscurcie de sorte qu’il ne puisse plus voir ou évaluer correctement la valeur des choses spirituelles, le monde, la chair et le diable sont toujours à l’œuvre pour présenter séductions et tromperies afin de le conduire de plus en plus loin de Dieu, dont seule la faveur donne la vie.
La lassitude à bien faire et le désir pour les avantages de l’infidélité sont les premiers pas de recul du chemin de la foi et aussi de la faveur de Dieu. À la lumière de notre texte, ce retrait est d’une gravité extrême. Le verset 39 donne à entendre que c’est un retrait vers la perdition, la destruction : « Si quelqu’un se retire, mon âme ne prend pas plaisir en lui. Mais nous ne sommes pas de ceux qui se retirent pour se perdre, mais de ceux qui croient au salut de l’âme. »
Le recul peut n’être tout d’abord qu’un très léger écart de la voie étroite du sacrifice : rien qu’un regard en arrière, avec peut-être un soupir pour les choses abandonnées, un peu de relâchement dans la course placée devant nous ; puis une légère inclination à compromettre la vérité en faveur des désirs de la nature déchue. Ainsi la voie est préparée pour les artifices du tentateur, qui voit promptement nos points faibles, et s’en sert de la manière qui convient le plus avantageusement à notre cas. De subtiles erreurs faussent notre jugement ; d’agréables séductions, ayant une apparence de justice, sont présentées à l’esprit charnel ; et, presque imperceptiblement, l’âme oublie son « premier amour » pour le Seigneur, et son premier zèle pour son service, et s’éloigne de la vérité et de son esprit, l’Esprit saint de Dieu cessant de la diriger.
Rares sont les enfants de Dieu qui n’ont jamais été tentés dans cette direction ; car nous avons tous le trésor de la nouvelle nature « dans des vases de terre » (2 Corinthiens 4 : 7), et entre la nouvelle nature et l’ancienne il y a une lutte continuelle ; et seule une vigilance constante peut permettre à la nouvelle nature de garder l’ancienne en suspens. Dans la lutte permanente et éprouvante nous avons souvent besoin de la main qui châtie de notre Père pour nous guider et nous garder dans le chemin. « Quel est le fils que le Père ne châtie pas? » (Hébreux 12 : 7). Par l’instruction, la discipline, l’expérience, Il nous conduit, et si du fond du cœur nous sommes disposés à être conduits par l’Esprit – pour recevoir l’instruction avec gratitude, accepter humblement la discipline, et profiter docilement de l’expérience, alors le Seigneur sera heureux de nous conduire de grâce en grâce et de victoire en victoire. Se tenir simplement debout et combattre sur la défensive est très épuisant, et ne procure aucune victoire. Pour gagner la victoire, non seulement nous devons revêtir l’armure de Dieu, mais être des héros dans la lutte, et engager une bataille agressive contre les désirs des yeux et de la chair, l’orgueil de la vie et tous les ennemis de la justice et de la pureté. L’amour – l’amour pour le Seigneur, pour la vérité et pour la justice – doit nous inspirer, ou nous ne serons jamais victorieux. L’amour seul nous gardera fidèles jusqu’à la mort, et nous rendra propres pour l’héritage des saints dans la lumière. Lorsqu’un amour fervent gouverne le cœur, cela implique que celui-ci est complétement soumis au Seigneur, et que la bataille est déjà gagnée aux neuf-dixièmes. Mais même alors, comme le dit l’Apôtre (Jude 21), nous devons nous maintenir dans l’amour de Dieu avec zèle, en veillant et priant. La grâce abondera où l’amour abonde.
Par une telle obéissance fidèle à la vérité, et un effort sérieux pour se conformer à ses principes, le chemin et la vérité deviennent de plus en plus précieux, et nos pieds bien disposés avec joie sont conduits dans les sentiers de la justice et de la paix – dans la vie éternelle.
La vie de la foi est une chose personnelle aussi bien du cœur que de la tête. C’est beaucoup plus qu’une acceptation de doctrines que nous considérons conformes aux Écritures et par conséquent vraies ; c’est une assimilation de ce que nous avons reconnu être la Vérité, à tel point que ses principes deviennent nos principes, et ses promesses notre inspiration. C’est cela « croire pour la conservation de l’âme. » (Hébreux 10 : 39 – Darby). « Tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont les fils de Dieu. » (Romains 8 : 14 – Darby). Et pourtant, nous pouvons réaliser notre insuffisance à vaincre le monde, la chair et le diable dans ce combat en apparence inégal, rappelons-nous, pour notre encouragement, que Celui qui a commencé en nous une bonne œuvre l’achèvera (Philippiens 1 : 6), si nous nous soumettons humblement à sa direction et à sa discipline. La promesse de Dieu est qu’Il ne permettra pas que nous soyons tentés au-delà de ce que nous pouvons supporter. Retenons fermement notre foi et notre confiance dans sa parole sûre de la promesse – maintenons la vérité dans la justice et la fidélité, et nous ne serons pas de ceux qui se retirent et qui pensent aux choses terrestres.
WT1895 p1798