GÉDÉON – UN TYPE DU SEIGNEUR ET DE SON ÉGLISE

Listen to this article

Juges 6 et 7

Les actions de Gédéon ont une empreinte spirituelle tellement visible, que l’on doit admettre que son histoire contient des enseignements importants et des illustrations prophétiques pour l’Église.

Après la victoire de Barak sur les Cananéens, au temps de la juge Déborah (Juges 4 et 5), Israël ne resta pas fidèle à Dieu bien longtemps. Très vite, des autels consacrés à Baal et des arbres ou pieux sacrés dédiés aux Astartés s’élevèrent sur toutes les hauteurs, témoignant d’une grave rechute dans le paganisme et l’idolâtrie. L’Éternel livra son peuple entre les mains des Madianites durant sept ans. Et Israël ne se serait pas libéré si rapidement de ses oppresseurs, si Dieu ne lui avait suscité un libérateur en la personne de Gédéon.

Pourtant, Israël n’avait pas mérité cette libération, bien au contraire. Le peuple était servile et sans foi, trop conciliant face à la séduction de son entourage païen et de son abominable culte des idoles. Cependant, lorsqu’ils subirent le pillage de leurs oppresseurs, beaucoup plus nombreux qu’eux, et la terrible ruine qui les guettait, ils crièrent à Jéhovah. Et Dieu eut pitié d’eux. Il leur envoya un prophète qui leur rappela la bonté de Dieu et leurs transgressions, et sut réveiller en eux l’esprit de regret et de repentance.

Alors, Dieu envoya son ange à Gédéon, fils de Joas, de la famille d’Abiézer, à Ophra, pour lui ordonner de libérer Israël. Gédéon manifesta une foi exceptionnelle. Il était convaincu qu’il ne pouvait rien entreprendre sans l’aide de Dieu, mais tout réussir avec son appui. Toutefois, Dieu s’était détourné du peuple, que pouvait-il donc espérer ?

L’ange de l’Eternel fit savoir à Gédéon que Dieu serait avec lui. Si Gédéon pouvait être convaincu de cela, il n’aurait alors aucune raison d’hésiter. Le messager de Dieu salua Gédéon avec ces paroles : « L’Eternel est avec toi, vaillant héros ! » (Juges 6 : 12). D’où venait la vaillance de Gédéon, si ce n’est de la force de sa foi. Cet homme loyal se mit à la disposition de la puissance divine.

Il n’y a aucun héroïsme plus grand aux yeux du Tout-Puissant que la ferme fidélité à son service ; c’est-à-dire être dans la Vérité ! Le plus difficile est de tenir fermement à la Vérité, de rester fidèle dans les pires conditions, face au caractère versatile de la société, mais c’est ce qui apporte aussi le plus de bénédictions. Celui qui mène le combat de la Vérité, lutte à la fois contre les puissances du mensonge et contre les ténèbres ; et il est invincible, s’il s’en tient à la Vérité, sans faillir jusqu’à la fin.

Cet exploit, le plus grand de tous, nous est proposé sur la voie ouverte par Jésus, vers la croix et la mort sur la croix. Comme la carrière de Jésus surpasse de loin tous les autres exploits humains ! Il est impossible de décrire toute la force et la grandeur du comportement héroïque du Seigneur. Bien sûr, le monde ne peut pas mesurer et apprécier cet héroïsme, et combien peu de ceux qui crient « Seigneur, Seigneur ! » en ont-ils saisi la portée ? Les gens considèrent le Sauveur selon l’estime qu’ils Lui accordent traditionnellement, mais ils n’en sont pas touchés.

La tiédeur de leur foi est la preuve qu’ils se sont détournés de Lui. Tandis que nombre d’incrédules ont abandonné Jésus, beaucoup d’autres se sont contentés de Le confesser du bout des lèvres. Ils ont préféré offrir leur vénération à un autre, qui parle et témoigne de lui-même, qui se glorifie de succès et d’actions spectaculaires, comme nous le remarquons aujourd’hui partout, en lui prêtant une oreille complaisante.

LES COMBATS DE GÉDÉON

Gédéon eut trois combats à livrer. D’abord, il dut vaincre l’incertitude dans son propre cœur, puis lutter contre l’incrédulité de son peuple, à commencer par ceux qui lui étaient les plus proches, c’est-à-dire sa famille. Enfin, il fut appelé à livrer bataille contre les nombreux ennemis de son peuple.

C’est assurément la voie de chaque héros de la foi. Avant de combattre vaillamment à l’extérieur, celui-ci doit vaincre l’ennemi dans son propre cœur. Il lui faut se forger une intime conviction par la fidélité et la Vérité. A partir de là, il peut commencer le travail de purification dans un champ plus large. Mais, parallèlement au combat extérieur, la lutte intérieure continue et ne pourra jamais cesser. Toute sa force extérieure découle de sa force de conviction intérieure.

Les difficultés du combat intérieur le préparent à la lutte extérieure. En réalité, c’est le même ennemi qu’il doit vaincre. Il n’y aurait même pas de combat extérieur, s’il n’avait livré bataille contre l’ennemi dans son propre cœur. Après avoir remporté la victoire sur ces deux plans, contre le défi de l’Adversaire de Dieu, son combat s’orientera vers une lutte contre le monde. Le « prince de ce monde » agrandit toujours plus le cercle de l’adversité.

Pour le croyant, le combat de la foi commence dans son propre cœur, puis dans son entourage qui représente son premier terrain de lutte, et finalement dans le monde hostile à la foi. Tout autre processus mènerait à l’échec.

Lorsque Gédéon reçut l’ordre de libérer son peuple, des paroles de doute et de désappointement lui vinrent aux lèvres : « Ah ! Mon seigneur, si l’Éternel est avec nous, pourquoi toutes ces choses nous sont-elles arrivées ? Et où sont tous ces prodiges que nos pères nous racontent, quand ils disent : l’Éternel ne nous a-t-il pas fait monter hors d’Égypte ? Maintenant l’Éternel nous abandonne et il nous livre entre les mains de Madian ! » – Juges 6 : 13.

C’était la plainte d’un croyant, lorsque le malheur déborde. Où étaient donc les miracles de Dieu, dont il était question à chaque pas dans l’histoire sainte ? Où était son aide dans le malheur, alors qu’il subissait depuis bien longtemps une intolérable oppression ? Et les choses s’aggravant de jour en jour, il n’avait d’autre perspective que de bientôt succomber à cette tyrannie.

Où était la promesse qu’aucune tentation ne dépasserait ses forces ? Cependant, celle-ci s’en allait en fumée. Les choses suivaient leur cours, et Dieu n’intervenait pas ; pas un miracle, pas de revirement. Le chemin de Dieu conduit-il au doute et à la ruine ? Le blasphémateur, le moqueur, l’incrédule ont raison ; le croyant ne sait plus que penser.

C’est ainsi que nous pourrions nous exprimer, à l’instar de Gédéon, ou comme Job lorsqu’il se plaignit de ne pas comprendre les voies de Dieu. Ce sont assurément des paroles de désarroi, des paroles manquant de foi, mais Dieu connaît nos faiblesses, Il sait que nous sommes faits de chair.

L’impression que Dieu nous abandonne fait partie des expériences du combat de la foi. Le Père ne peut pas toujours l’épargner totalement à ses enfants. Les « pieux » amis de Job qui n’avaient pas part à ces épreuves, n’entendaient pas ses plaintes sans le blâmer avec indignation. Mais Job leur répondit du fond de sa grande détresse : « Que les paroles vraies sont persuasives ! Mais que prouvent vos remontrances ? Voulez-vous donc blâmer ce que j’ai dit, et ne voir que du vent dans les discours d’un désespéré ? » (Job 6 : 25, 26). Le tourment a droit à la parole.

DIEU NE TIENT PAS COMPTE DE NOS OBJECTIONS

Gédéon ne fut pas blâmé pour ses paroles. Mais Jéhovah lui ordonna : « Va avec cette force que tu as, et délivre Israël de la main de Madian ; n’est-ce pas moi qui t’envoie ? » (Verset 14). Mais Gédéon eut encore des objections à formuler : « Avec quoi délivrerai-je Israël ? Voici, ma famille est la plus pauvre en Manassé et je suis le plus petit dans la maison de mon père » (Verset 15).

Pour remplir les missions que Dieu nous confie, nous n’avons besoin d’aucune force, d’aucune ressource ou d’aucune autre condition, que celles dont nous disposons. C’est ce que nous montre David qui, bien qu’étant un jeune homme, combattit sans crainte le géant Goliath et refusa de porter l’armure du roi (1 Samuel 17 : 31-51). Ainsi, dans l’état où nous nous trouvons, nous sommes aptes aux plus hautes missions, lorsque Dieu veut agir par notre entremise. Si ce n’est pas sa volonté, nous ne remporterons aucune victoire pour Dieu, même avec la meilleure armure que le monde pourrait nous donner.

L’Église de Christ pourrait aussi s’exprimer ainsi : Que notre nombre est insignifiant ! Ajoutons à cela que nous ne faisons pas partie des héros de la foi, de ceux qui sont spécialement bénis, dont on nous parle dans les livres. Nous arrivons à peine à nous maintenir à flots, comment pourrions-nous remplir des missions qui sont pour les plus forts et ceux qui ont du succès ?

Mais Jéhovah rassura Gédéon : « Je serai avec toi, et tu battras Madian comme un seul homme » (verset 16), c’est-à-dire comme si un seul homme lui faisait face. Ces paroles firent réfléchir Gédéon. Si Dieu l’interpellait ainsi, il ne pouvait pas refuser.

Mais, était-ce bien Dieu qui parlait ainsi ? N’était-ce pas une autre voix ? La voix de l’arrogance, de la prétention, de la vanité ? Sur ce sujet, il voulut en avoir la certitude : « Si j’ai trouvé grâce à tes yeux, donne-moi un signe pour montrer que c’est toi qui me parle » (verset 17). Et Gédéon prépara un repas de fête à son visiteur. Il apprêta un chevreau et fit des pains sans levain (verset 19).

Ces préparatifs reflétaient son état d’esprit. Bien entendu, Gédéon ne le savait pas, mais le chevreau peut être identifié au sacrifice de Jésus-Christ. Ceci nous illustre que personne ne peut être agréable à Dieu, sans reconnaître le sang de Christ qui justifie. Les pains sans levain représentent le don de soi au Seigneur. Celui qui est justifié par la foi – ce que représentent les pains sans levain – se donne à Dieu par une consécration sincère. Les seuls dons que nous pouvons faire à Dieu et qu’Il peut accepter sont la foi (en la rançon) et la consécration.

Les dons furent placés sur un rocher nu. L’ange de l’Eternel avança son bâton et les toucha. Alors un feu s’éleva du rocher et consuma les dons. « Et l’ange de l’Éternel disparut à ses yeux. Gédéon, voyant que c’était l’ange de l’Eternel, dit : Malheur à moi, Seigneur Eternel ! Car j’ai vu l’ange de l’Eternel face à face. Et l’Eternel lui dit : Sois en paix, ne crains point, tu ne mourras pas. » (versets 21 à 23).

« JE VOUS EXHORTE DONC, FRÈRES » – Romains 12 : 1

Gédéon et sa troupe, comme exposé plus haut, semblent être un type de notre Seigneur et de la véritable Église de Christ. Ils apportent à Dieu les dons déjà cités. Et Dieu montre qu’Il les accepte, en envoyant à ses enfants le Saint Esprit qui les consume. Le Saint Esprit est l’Esprit de Christ, l’Esprit du sacrifice volontaire, l’Esprit de Vérité. Lorsque les consacrés sont remplis de l’Esprit, celui-ci consume ce sacrifice ; non pas en un instant, comme dans le symbole, mais tout au long de leur vie, au service de la Vérité. C’est là le signe de leur acceptation.

Mais, s’ils ne sont pas consumés, s’ils n’ont pas de difficultés, de souffrances, d’épreuves pour la cause de Christ, c’est le signe qu’ils ne sont pas reconnus, car Dieu corrige chaque fils qu’Il accepte. Il ne châtie pas les fils illégitimes (voir Hébreux 12 : 8). Le feu des épreuves montre au consacré qu’il est accepté. C’est pour cela qu’il devrait se réjouir de souffrir pour Christ.

Après que Gédéon se fût assuré que Dieu avait accepté et consumé ses dons selon sa volonté, il fut affermi quant à sa tâche, prêt à s’engager dans cette grande mission divine. Lorsqu’il reconnut avoir affaire au Dieu vivant, il fut pris d’une sainte frayeur : « Malheur à moi, Seigneur Éternel ! Car j’ai vu l’ange de l’Éternel face à face » (verset 22).

N’est-ce pas un événement terriblement sérieux que de se trouver en présence du Dieu vivant ? Qui se sentirait toujours disponible, capable de cette gravité, de cette élévation d’esprit, de cette sainte vénération, qu’exige la proximité de Jéhovah ? Quel sujet aimerait être constamment sous les yeux de son roi ? N’est-ce pas plutôt contraire à notre tendance naturelle au laisser-aller, à notre petit confort et à nos aises ? Mais quelle austérité, quelle intégrité, quelle pureté et quelle noblesse, de marcher sous les yeux du Tout-Puissant cela exige-t-il ! Ah, nous devrions disparaître, tous autant que nous sommes, avec un sentiment d’indignité et d’impuissance !

Mais Jéhovah rassura encore une fois Gédéon : « Sois en paix, ne crains point, tu ne mourras pas » (verset 23).

« JE VOUS LAISSE LA PAIX, JE VOUS DONNE MA PAIX » – Jean 14 : 27

La sainte frayeur quitta Gédéon. Le sacrifice du chevreau jeta un pont entre le grand Juge, sa justice absolue et le pécheur, l’accusé tremblant d’effroi. « Le sang de l’agneau » lui a permis de recevoir la filiation. Désormais, il n’y a plus de peur, mais la paix, malgré le sentiment d’indignité. Nous voyons que Gédéon est dans la position de l’Église justifiée. Gédéon a gagné la première bataille. Il a la certitude d’avoir été accepté. Il a la paix de Dieu, il se réjouit de la grâce accordée, et il s’écrie, heureux : Abba, Père !

Dans la nuit, Jéhovah l’informa de son deuxième combat : purifier son sanctuaire. « Prends le jeune taureau de ton père, et un second taureau de sept ans. Renverse l’autel de Baal qui est à ton père et abats le pieu sacré qui est dessus. Tu bâtiras ensuite et tu disposeras, sur le haut de ce rocher [une hauteur difficilement accessible], un autel à l’Éternel, ton Dieu. Tu prendras le second taureau et tu offriras un holocauste, avec le bois de l’idole que tu auras abattue » (versets 25 et 26).

Sans hésiter, Gédéon obéit aux ordres divins. Il se mit en route avec dix serviteurs, détruisit l’autel de Baal sur le rocher de son père et abattit l’idole Astarté. Il érigea un autel à Jéhovah et utilisa le bois de l’idole abattue pour faire un bûcher sur lequel il sacrifia le deuxième taureau, celui de sept ans.

A nouveau, ces actions semblent symboliser une mission divine pour notre Seigneur et pour la véritable Église des élus. Le deuxième taureau, dont il est question ici, semble indiquer que le sacrifice de Jésus-Christ, le Fils de Dieu, doit être suivi du sacrifice de ses saints, non comme un second sacrifice, mais comme le prolongement du sacrifice du premier taureau, car le Seigneur et son « Corps » ne font qu’un, dans la lutte et dans la victoire.

Le véritable devoir de l’appelé est dans le sacrifice, non dans la simple adoration, ni dans un service divin dogmatique, un rituel. Cette purification conduit au sacrifice, de la même façon que Gédéon s’est attiré des ennemis mortels lorsqu’il a abattu l’autel de Baal. Les gens de la ville ordonnèrent au père de Gédéon : « Fais sortir ton fils, et qu’il meure, car il a renversé l’autel de Baal et abattu le pieu sacré qui était dessus » (verset 30).

Un tel devoir se présente aussi à la véritable Église. Plus souvent qu’on ne le croit, la pratique dans les autres religions ressemble à un culte idolâtre. Non seulement l’ancien Israël, mais aussi l’Église, nos assemblées côtoient le danger de retomber dans le culte de Baal et des idoles. Non sans raison, l’apôtre Jean insiste auprès des croyants : « Petits enfants gardez-vous des idoles » – 1 Jean 5 : 21.

LE DANGER DU CULTE DES IDOLES

Si, dans la pratique religieuse, ce qui n’est qu’un moyen devient une fin en soi, alors le culte des idoles est déjà engagé. Ce détournement des choses est un phénomène courant. Ce n’est pas sans raison que l’Ancien Testament insiste sur le fait que les autels de Jéhovah devaient être érigés en pierres non taillées. Si on avait eu le droit d’utiliser des pierres taillées, la démarche suivante aurait été d’élever des constructions prestigieuses et artistiques, avec des statues de pierre, c’est-à-dire des idoles ! La dévotion n’aurait plus été adressée au Créateur, mais à la belle statue, une création humaine.

C’est ainsi que, plus tard, Israël vénéra le magnifique temple de Salomon. Le moyen du culte était devenu peu à peu un objet de vénération et de dévotion. Jérémie se moquait à ce sujet : « Ne vous livrez pas à des espérances trompeuses, en disant : C’est ici le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel ! Si vous réformez vos voies et vos œuvres, si vous pratiquez la justice… Alors je vous laisserai demeurer dans ce lieu, dans le pays que j’ai donné à vos pères » – Jérémie 7 : 4-7.

Pratiquer la justice, servir la Vérité – tout cela signifie sacrifice et combat. Mais on préférait admirer un temple fait de main d’homme qui ornait la ville de Jérusalem, comme nos églises enjolivent nos villes et nos villages. Les adorateurs se disent que c’est merveilleux d’avoir un bâtiment aussi somptueux à disposition. Mais c’est un retour au culte des idoles, c’est vénérer du bois et de la pierre. Étienne l’avait fait remarquer aux zélateurs Juifs, dans son discours, ce qui les avait exaspérés. – Actes 7 : 48-50.

Il existe encore une autre idolâtrie plus récente, la dévotion à l’organisation, qui s’est développée depuis l’Église primitive. Elle ressemble à un royaume humain, ou plutôt à une dictature qui est devenue un but en soi, jusqu’à nos jours. On ne sacrifie que pour l’organisation : église, secte ou assemblée. C’est le « sanctuaire » pour lequel on a inventé le dogmatisme ecclésiastique. L’aspect commercial et le nombre d’adhérents sont essentiels ; le plus important est la gestion de l’église.

Qu’importe le bonheur des individus, ou l’attitude de ses membres envers Dieu et Christ. Seul compte l’aspect financier : ce que font ses membres pour l’entretien et la promotion de l’institution. Qu’ils soient croyants ou non, qu’ils aient une relation vivante avec le Seigneur ou non, n’a aucune importance. Oui, il est même mal vu si quelqu’un exerce la miséricorde ailleurs, et n’offre plus ses dons à l’église. Son action est mal jugée si elle ne bénéficie pas à l’organisation de l’église.

« Petits enfants, gardez-vous des idoles ». Un tel avertissement est toujours d’actualité. Une telle prise de position est un service rendu à l’Église vivante, c’est même un devoir de purifier le temple.

Gédéon mena à bien cette œuvre qui lui attira la haine des idolâtres. Ils voulurent le tuer, mais ils n’en avaient pas le droit. Le père de Gédéon le prit sous sa protection : « Est-ce à vous de prendre parti pour Baal ? » (verset 31).

C’est en effet ce qu’ils réclamaient. Ils défendaient avec d’autant plus d’énergie les idoles, qu’ils ne connaissaient plus le Dieu vivant et ne cherchaient pas à Le connaître. Ils avaient besoin de ces idoles, car ils étaient impuissants et incapables de se défendre seuls. Le père de Gédéon expliqua cela avec subtilité aux amis de Baal : « Si Baal est un dieu, qu’il plaide lui-même sa cause, puisqu’on a renversé son autel » (verset 31).

Ainsi donc, comme le père de Gédéon le protégeait, ils ne purent rien lui faire. Ils attendirent et lui donnèrent un autre nom : « Jerubbaal » c’est-à-dire « que Baal plaide contre lui ». Mais peu lui importait, Baal restait muet !

De tout temps, l’Église vivante a eu pour mission de rester pure face à l’église nominale. Jésus Lui-même a combattu le commerce dans le temple. La Réformation a rempli une mission semblable et beaucoup de gens depuis ont essayé d’éradiquer les idoles. Mais sans cesse, des assemblées vivantes sont devenues des sectes institutionnelles, et ont vécu une prospérité illusoire, ont augmenté leurs biens et leur fortune, parce que les « morts » sont nettement plus attirés par les morts que par les vivants. La victoire des vivants est d’autant plus sûre que par Lui, le « Jerubbaal antitypique », « La mort a été engloutie dans la victoire » – 1 Corinthiens 15 : 54.

LE DERNIER COMBAT DE GÉDÉON

Nous abordons maintenant le troisième combat de Gédéon contre les ennemis de son peuple, contre une puissante alliance d’ennemis : Madian, Amalek et les « fils de l’Orient ». « Ils étaient innombrables, eux et leurs chameaux » (Juges 6 : 5), ils étaient : « … comme une multitude de sauterelles, et leurs chameaux étaient innombrables comme le sable qui est sur le bord de la mer » – Juges 7 : 12.

L’attaque vint de l’ennemi. Mais, « Gédéon fut revêtu de l’esprit de l’Éternel ; il sonna de la trompette et Abiézer fut convoqué pour marcher à sa suite » (Juges 6 : 34). Abiézer désigne ici les membres de sa famille, un nom qui signifie « père du secours ». Gédéon envoya ensuite des messagers aux autres tribus, à Manassé, à Aser, à Zabulon et à Nephtali.

32.000 hommes répondirent à l’appel (Juges 7 : 3). Sur le nombre des ennemis, nous n’avons d’autre information que celle disant qu’ils étaient aussi nombreux que « le sable sur le bord de la mer ». Des 120.000 victimes faites par l’armée de Gédéon (Juges 8 : 10), on peut déduire que ses 32.000 hommes représentaient une petite armée, en comparaison. Gédéon pouvait-il risquer l’engagement face à des effectifs si disproportionnés ? Pouvait-il prendre la responsabilité de lancer ses hommes à l’assaut d’ennemis si nombreux ? Si Dieu combattait à ses côtés, il n’aurait pas d’hésitation. Cependant, Gédéon devait en avoir une totale certitude.

Il alla donc tenir conseil avec l’Eternel. Il Lui demanda une manifestation de sa volonté – un oracle – pour ainsi dire. Il étendit, pendant la nuit, une toison de laine sur l’aire, devant la maison, la place plane sur laquelle on battait le blé ; au matin, si la toison était mouillée et le sol sec tout autour, ce serait un signe que Dieu approuvait ses actions.

Et c’est ce qui arriva. La toison fut tellement humide, qu’on obtint une coupe pleine d’eau en l’essorant, alors que le sol de l’aire autour de la toison était tout sec. Aucune confusion n’était possible quant à la réponse de Dieu. Mais les doutes de Gédéon n’étaient pas complètement apaisés. Il savait aussi que le cœur humain avait tendance à interpréter n’importe quel signe selon ses vœux. N’était-ce pas le fruit du hasard ? Des situations dues aux circonstances n’ont-elles pas été souvent interprétées selon les souhaits de chacun ? Est-ce qu’un seul témoin et une seule preuve pouvaient suffire au juge d’Israël ? La Loi ne préconisait-elle pas la concordance de deux témoignages, pour lever tous les doutes ? (cf Deutéronome 17 : 6 ; 19 : 15).

Il faut rendre hommage au sens des responsabilités de Gédéon, car il ne s’engagea pas à la légère dans ce combat et demanda à Jéhovah une deuxième réponse. Une fois encore, il étendit la toison sur l’aire. Cette fois, elle devait rester sèche et le sol devait être mouillé tout autour. C’est la réponse raisonnable qu’il attendait de Dieu. C’est exactement ce qui se passa le lendemain matin ; la toison était sèche et le sol autour était couvert de rosée.

Les croyants aussi, dans une situation problématique, devraient rechercher une information divine. Ils peuvent scruter la Parole de Dieu et chercher un passage adéquat dans les Saintes Écritures. Ils peuvent aussi demander à d’autres personnes un avis judicieux pour savoir si les circonstances sont favorables ou non, et donnent une raison valable d’entreprendre leur projet. « Si quelqu’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu, qui donne à tous simplement et sans reproche, et elle lui sera donnée. Mais qu’il la demande avec foi » (Jacques 1 : 5, 6). Personne ne devrait entreprendre quelque chose, s’il a un doute dans le cœur.

L’oracle de Gédéon semble, en outre, avoir une signification cachée. La toison pourrait être une image du peuple d’Israël, et la rosée un symbole des bénédictions divines. Le premier signe de Dieu montre que les bénédictions divines étaient d’abord exclusivement réservées au peuple d’Israël, tandis que les nations alentour n’étaient « pas arrosées », exclues des bénédictions divines. Puis, le deuxième oracle symbolise l’Âge de l’Évangile, durant lequel les nations sont bénies – le sol mouillé tout autour – alors que la toison, Israël, est exclue de la bénédiction (voir le lien entre Psaume 147 : 19, 20 et Romains 11 : 25 – les deux périodes de salut y sont signalées).

Gédéon avait vaincu ses doutes. Mais à son tour, Dieu le mit à l’épreuve. Supposons qu’il se soit dit : Si Dieu est à nos côtés, on pourra vaincre avec trente-deux mille hommes ; il aurait fait preuve de foi, mais seulement d’une toute petite foi. Dieu va lui donner une leçon, et l’occasion de prouver une grande foi, oui, une foi inconditionnelle.

Car Dieu intervient et ordonne : « Le peuple que tu as avec toi est trop nombreux pour que je livre Madian entre ses mains ; il pourrait en tirer gloire contre moi et dire : c’est ma main qui m’a délivré » (7 : 2). Tout se joue sur la manifestation de la puissance du Dieu vivant. La foi d’Israël en son Sauveur invisible doit en ressortir fortifiée, et le peuple admettre, une fois pour toutes, sa dépendance envers Lui. Si l’issue de cette guerre contre Madian doit être à l’honneur de Jéhovah, il faut prévenir tout malentendu au sujet de la victoire. La mission de Gédéon consista donc à renvoyer tous ceux qui étaient craintifs ou peureux. Ils furent plus des deux tiers, soit 22.000 hommes.

La situation devint plus claire. Pour les dix mille qui restaient, le sentiment d’honneur et l’exemple devaient être un puissant motif de se maintenir dans les rangs des guerriers. La perspective de faire du butin était une autre importante raison de persister. Si malgré tout, vingt-deux mille hommes s’étaient retirés, c’est que la situation semblait délicate, voire totalement sans espoir, pour tout esprit « humain sain ».

Le fait que Jéhovah ait demandé de renvoyer les plus craintifs, nous révèle un des principes divins en ce qui concerne le « petit troupeau », l’Ecclésia. En sonnant de la trompette, Gédéon a appelé beaucoup de gens à l’honneur de combattre pour délivrer la nation. Ainsi, la trompette de la Vérité appelle beaucoup de personnes sous le drapeau du Gédéon antitypique. Dans cette dernière image, Gédéon semble représenter le Seigneur de retour pour conduire sa lutte et libérer l’humanité de la tyrannie du « prince de ce monde ». Les élus, et eux seuls, sont admis à participer au combat. Ils ont le droit de lutter aux côtés du Seigneur, de souffrir et de vaincre avec Lui.

Seuls les élus ont droit à ce grand honneur. Dieu soumet le peuple fidèle à de nombreuses épreuves de criblage, et la plus grande partie est exclue de l’armée parce qu’inapte. Le premier criblage exclut tous les peureux. La peur n’est rien d’autre que de l’indécision ou une foi faible. Comme le Seigneur a beaucoup de patience, Il donne de nombreuses occasions à ses appelés de surmonter leurs frayeurs et de fortifier leur foi ; mais vient le jour où ils sont obligés de faire leurs preuves et où l’indulgence n’est plus possible pour leur manque de foi.

Le Seigneur a les moyens de repousser ceux qui se montrent indignes. Leur peur est d’ailleurs une offense à Gédéon ; cela montre le peu de confiance qu’ils ont dans leur Chef. S’ils ne Lui font pas confiance, c’est qu’ils cherchent leur sécurité ailleurs ; s’ils n’ont pas confiance en Dieu, alors ils font confiance au monde. Ils se fient aux choses visibles.

Ce qui nous étonne encore plus que ce nombre, c’est qu’il en resta encore dix mille auprès de Gédéon malgré le départ des deux tiers des combattants. Ceux-là montrèrent une admirable confiance en leur chef ; ils le suivaient partout où il allait. On pourrait penser que c’était un laissez-passer suffisant pour participer à la grande guerre de libération, mais Jéhovah était d’un autre avis : « Le peuple est encore trop nombreux » expliqua-t-Il. Cependant, Il ne fit aucun reproche à ceux qui étaient restés. Dieu n’en voulait tout simplement pas autant, et Il donna une méthode à Gédéon pour les trier encore : « Fais les descendre vers l’eau, et là je t’en ferai le triage … Tous ceux qui laperont l’eau avec la langue comme lape le chien, tu les sépareras de tous ceux qui se mettront à genoux pour boire » – Juges 7 : 4, 5.

Finalement, seuls trois cents hommes puisèrent l’eau avec leur main et burent à petites gorgées ; tous les autres s’étaient agenouillés au bord du fleuve pour boire de grandes quantités d’eau comme les bœufs et les chameaux. Dieu déclara que tous ceux-là – soit 9.700 combattants – étaient inaptes, et qu’il fallait les écarter. Toutefois, on garda leurs provisions et les trompettes pour ceux qui restaient.

Ce fut une étrange épreuve de caractère. Nous croyons comprendre sa signification concernant le choix du peuple antitypique de la fin de cet Âge. Ce comportement illustre le fait si le croyant agit avec raison et minutie pour édifier sa foi, ou s’il « avale » tout sans analyser ce qu’on lui offre comme enseignement religieux pour son édification. L’eau représente la Vérité, une nourriture spirituelle. Souvent, nous voyons chez les croyants une étonnante indifférence pour les mets spirituels qu’ils absorbent. Ils semblent penser « l’eau est toujours de l’eau », et avalent tout ce qui ressemble à quelque chose de biblique. D’autres encore ne se basent pas sur leur jugement, mais ont des préjugés. Ils pensent n’avoir aucun besoin de mettre à l’épreuve l’eau qui leur parvient par les « canaux autorisés », et refusent aussi ce qui coule dans d’autres ruisseaux.

Ces personnes sont peu soucieuses de ce qui concerne le développement de leurs connaissances. Ils n’utilisent pas ce qui nous différencie précisément des animaux : le bon sens et la capacité de jugement. Ils admettent tout sans esprit critique – avec toutes les impuretés que peut contenir l’eau. C’est ce qu’évitent ceux qui puisent avec la main, non sans avoir vérifié que l’eau soit propre et saine. (Voir Romains 12 : 2 ; 1 Timothée 1 : 10 ; 2 Timothée 1 : 13 ; Tite 2 : 1).

Notre Père cherche ceux qui L’adorent en esprit et en vérité. Pour être en communion avec le Seigneur et l’Éternel, nous ne pouvons passer que par la Vérité. L’erreur ne nous rapproche pas de Dieu, mais nous en éloigne. C’est pourquoi l’Apôtre nous incite à bâtir sur le fondement de la foi en Jésus-Christ en utilisant pour cela des matériaux imputrescibles, comme l’or, l’argent et les pierres précieuses. Les autres matériaux, tels le bois, la paille, le chaume, se consument lorsque le feu des épreuves s’abat sur nous et sur le monde, et il ne reste alors que des ruines qui n’apporteront plus de protection dans les tourments de ce jour-là. – 1 Corinthiens 3 : 10-15.

Il arrive aussi qu’on surestime l’enseignement chrétien. Si l’amour de Christ brûle dans un cœur, c’est d’autant mieux. Cet amour possède la véritable connaissance qui l’empêche de commettre des erreurs. Certaines personnes pourraient avoir appris des erreurs théoriques qui ne leur causeront aucun dommage, car l’amour est puissant, et c’est lui qui décide et agit loyalement en toutes choses.

Par exemple, des hommes en pleine santé peuvent être porteurs de toutes sortes de microbes dangereux, qui sont neutralisés par l’organisme d’étonnante façon, si bien que grâce à des défenses saines, aucune maladie ne se manifeste ; de même le véritable amour peut déraciner certaines erreurs. Mais cela n’empêche pas d’étudier avec soin. Et si cette minutie est surestimée, il arrive plus fréquemment le contraire, qu’on ne prenne pas de précautions pour édifier sa foi. Et certains sont insatiables, justement parce qu’ils ne boivent pas de l’eau pure.

Enfin, la sélection de l’armée de Gédéon fut terminée. Tous ceux qui entendirent l’appel de Gédéon pour marcher à sa suite ne répondirent pas à celui-ci. Ne vinrent que 32.000 hommes, dont 22.000 furent écartés, puis encore 9.700. Gédéon devait donc livrer bataille avec les 300 hommes qui lui restaient. On pourrait penser qu’il équiperait cette troupe avec les meilleures armes de ceux qui s’étaient retirés, mais il donna simplement à chaque guerrier un flambeau, une cruche en terre cuite, et une trompette dans l’autre main. Tout cela indiquait qu’il n’y aurait pas de guerre avec des armes terrestres, mais avec des armes spirituelles. (Voir Josué 1 : 7 ; Zacharie 4 : 6).

Gédéon fut soumis à une rude épreuve de foi, devant la réduction de sa force à trois cents hommes. Pourtant, il n’exprima aucun souci ni aucune crainte. Il fit entièrement confiance à Dieu. Oui, sa confiance avait grandi au fur et à mesure que les possibilités d’arriver au but par des moyens humains diminuaient.

Cependant, Jéhovah savait que Gédéon n’était qu’un être humain. Ce n’est pas sans avoir le cœur qui bat que l’on constate la suppression de tout soutien extérieur rassurant. C’est pourquoi Dieu lui donna un encouragement spirituel, sans qu’il l’eût demandé. Il lui suggéra de se glisser près du camp des ennemis afin de les espionner. Gédéon s’exécuta, et entendit un Madianite raconter le rêve extraordinaire qu’il avait fait, à son camarade : un pain d’orge, venu de nulle part, roula dans le camp de Madian jusqu’à la tente du général qui, sous l’impact, se renversa sens dessus dessous. (Cela nous rappelle la parabole de Daniel 2 : 34-44). L’auditeur interpréta ce rêve ainsi : « Ce n’est pas autre chose que l’épée de Gédéon, fils de Joas, homme d’Israël ; Dieu a livré entre ses mains Madian et tout le camp » (Juges 7 : 14).

LE PAIN D’ORGE

Vraiment un drôle de rêve ! L’image de l’orge, du pain d’orge, suscite quelques pensées en liaison avec le salut, selon le langage symbolique, merveilleux et mystérieux de la Bible. L’orge était la première céréale récoltée dans l’année en Israël, environ mi-avril, à l’époque de la Pâque. Le pain d’orge était les prémices du pain, c’était aussi le pain des pauvres, parce que c’était la céréale la moins chère.

C’est ainsi que nous voyons Ruth, la Moabite, s’attacher au peuple d’Israël et à son Dieu, comment elle – la plus pauvre parmi les pauvres – entra en relation avec Boaz, le Seigneur de la moisson en train de vanner l’orge sur l’aire (Ruth 3 : 2). Boaz versa six mesures d’orge dans son manteau, pour elle et sa pauvre belle-mère Naomi. – Ruth 3 : 17.

En 2 Rois 4 : 38-44, nous rencontrons à nouveau l’orge, sous la forme de pains d’orge. C’était au temps d’Élisée, le prophète. Le frère Russell écrit qu’on peut voir vraisemblablement dans ses actes, un symbole de la Grande Multitude et des vainqueurs de l’Ancien Testament.

« Il y avait une famine dans le pays. Comme les fils des prophètes étaient assis devant lui (Élisée) … Un homme arriva de Baal-Schalischa. Il apporta du pain des prémices à l’homme de Dieu, vingt pains d’orge, et des épis nouveaux dans son sac. Élisée dit : donne à ces hommes et qu’ils mangent. Son serviteur répondit : comment pourrais-je en donner à cent personnes ? Mais Élisée dit : Donne à ces gens et qu’ils mangent ; car ainsi parle l’Éternel : on mangera, et on en aura de reste. Il mit alors les pains devant eux ; et ils mangèrent et en eurent de reste, selon la parole de l’Éternel » – 2 Rois 4 : 38, 42-44.

On pense immédiatement à la multiplication des pains, les cinq pains et les deux poissons. « Ils les ramassèrent donc, et ils remplirent douze paniers avec les morceaux qui restèrent des cinq pains d’orge, après que tous eurent mangé » (Jean 6 : 13) « Or, la Pâque était proche … » (v.4).

Le pain d’orge – le pain des pauvres et des petits. Dieu n’avait-t-Il pas dit aux enfants d’Israël par l’intermédiaire de Moïse : « Ce n’est point parce que vous surpassez en nombre tous les peuples, que l’Éternel s’est attaché à vous et qu’il vous a choisis, car vous êtes le moindre de tous les peuples. » – Deutéronome 7 : 7.

Il n’est donc pas étonnant que ce Madianite, qui expliquait à son camarade le rêve du pain d’orge – reconnaisse immédiatement Gédéon et ses guerriers, ce petit peuple qu’ils opprimaient et méprisaient. Gédéon lui-même avait répondu à l’ange du Seigneur : « Avec quoi délivrerai-je Israël ? Voici, ma famille est la plus pauvre en Manassé, et je suis le plus petit dans la maison de mon père. »

On peut conclure de tous ces exemples, que ce pain d’orge qui frappa la tente du Madianite, était une image du peuple d’Israël, la semence terrestre d’Abraham.

Comme les semences terrestres et célestes d’Abraham sont si merveilleusement associées dans les ordonnances de Dieu, de même, l’histoire de Gédéon plonge jusqu’au cœur des évènements spirituels et divins. Rappelons-nous des paroles de l’apôtre Paul disant que toutes les choses qui sont arrivées aux hommes de l’Ancien Testament sont des exemples et qu’elles ont été écrites pour notre instruction (1 Corinthiens 10 : 11). Une autre parole de l’Apôtre est importante pour comprendre ce qui est écrit, en 1 Corinthiens 15 : 46 : « Mais ce qui est spirituel n’est pas le premier, c’est ce qui est animal ; ce qui est spirituel vient ensuite. »

Nous voyons donc dans le pain d’orge, le pain des prémices, une illustration du petit peuple d’Israël que Dieu désigne ainsi : « Israël est mon fils, mon premier-né » (Exode 4 : 22). Et dans Osée 11 : 1, Jéhovah dit au prophète : « Quand Israël était jeune, je l’aimais, et j’appelais mon fils hors d’Égypte ». Israël fut appelée en tant que première et unique nation parmi tous les peuples, pour être « un royaume de sacrificateurs et une nation sainte » (Exode 19 : 6). Mais l’offre était conditionnelle.

La « moisson de l’orge » passa sur Israël et n’apporta pas les « prémices » souhaitées. Jésus, le Seigneur de la moisson vint chez les siens, et les siens ne Le reçurent point. Dieu n’accorda le privilège de devenir ses enfants ou fils, qu’à ceux qui Le reçurent. À l’époque de la Pâque, lorsque l’orge fut moissonnée, Israël rejeta son Messie et Le crucifia.

Jésus, qui avait prévu cette « moisson méprisée » d’Israël, dit au peuple : « C’est pourquoi, je vous le dis, le royaume de Dieu vous sera enlevé, et sera donné à une nation qui en rendra les fruits » (Matthieu 21 : 43). Cinquante jours après la Pâque, lors de la fête de la moisson du blé, commençait l’engendrement de la véritable Église de Christ, « la nation qui rendrait les fruits ». C’est pourquoi, à la fin de l’Âge évangélique, le Seigneur de la moisson, notre Seigneur glorifié, rassemble son blé dans son grenier. Et il est dit de ce « blé » : « Et Dieu a choisi les choses viles du monde et celles qu’on méprise, celles qui ne sont point, pour réduire à néant celles qui sont, afin que nulle chair ne se glorifie devant Dieu » – 1 Corinthiens 1 : 28, 29.

L’ULTIME COMBAT DE GÉDÉON

La confiance de Gédéon se trouva considérablement renforcée par la prédiction de l’ennemi. Il répartit ses trois cents hommes en trois groupes, selon les indications de Dieu et leur dit : « Vous me regarderez et vous ferez comme moi. Dès que j’aborderai le camp, vous ferez ce que je ferai » (Juges 7 : 17). Et il les plaça, discrètement, à la faveur de la nuit, autour du camp de l’armée Madianite. Au signal donné, tous ensemble cassèrent leurs cruches avec fracas, brandissant les torches cachées à l’intérieur pour aveugler l’ennemi. Le son retentissant des trois cents trompettes et le cri de guerre « Épée pour l’Éternel et pour Gédéon ! » (Juges 7 : 20) augmentèrent encore l’effet de surprise.

« Et tout le camp se mit à courir, à pousser des cris, et à prendre la fuite. Les trois cents hommes sonnèrent encore de la trompette ; et, dans tout le camp, l’Éternel leur fit tourner l’épée les uns contre les autres. Le camp s’enfuit jusqu’à Beth-Schitta vers Tseréra, jusqu’au bord d’Abel-Mehola près de Tabbath.» (Juges 7 : 21, 22). Gédéon et sa troupe remportèrent la victoire et prirent le camp Madianite sans porter le moindre coup d’épée.

Il nous semble, avec raison, que cette scène illustre prophétiquement la grande bataille d’Harmaguédon. Gédéon représente le Seigneur de retour, Christ, « Fidèle et Véritable » selon Apocalypse 19 : 11. Les « trois cents » représentent les élus qui, dans les derniers jours, seront encore dans la chair, de ce côté du voile et auront une certaine part aux préparatifs de la bataille de Christ. Leur courage au combat est la preuve, qu’ils ont affermi leur vocation et leur élection. Ils sont élus pour participer avec l’armée de « Gédéon », à cette dernière bataille : c’est l’Ecclésia dans la chair.

Les « cruches » illustrent leurs corps terrestres, les flambeaux leur lumière spirituelle – le « trésor dans des vases de terre » (2 Corinthiens 4 : 7). On ne voit pas encore les « flambeaux », bien qu’ils brillent déjà, à cause de nos vases terrestres. Les « trompettes » montrent qu’ils ne combattent pas avec des armes charnelles, mais uniquement à travers le son clair de la Vérité : « Épée pour l’Éternel et pour Gédéon ! », c’est-à-dire la Parole de Dieu. Casser les cruches représente le dépôt de leurs corps terrestres lorsque le dernier membre sera entré dans l’Église de Christ. Ce sera peu de temps avant la bataille d’Harmaguédon.

« Vous me regarderez et vous ferez comme moi », dit Gédéon à ses fidèles. Paul écrivait aux disciples de Christ à Corinthe : « Soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même de Christ » (1 Corinthiens 11 : 1) ; et aux croyants de Rome : « Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable » (Romains 12 : 1). Jésus dit à ses disciples : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive. Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui la perdra à cause de moi, la trouvera. » (Matthieu 16 : 24, 25). « Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie. » – Jean 8 : 12.

Le désordre dans le camp de l’ennemi montre qu’il s’agit d’un trouble de l’esprit provoquant ce combat des uns contre les autres, mais pas d’une défaite causée par des armes terrestres. De même, les grandes calamités, provoquées par l’effondrement des systèmes terrestres, ne viennent pas de Dieu.

A cause de la permission du mal, le « prince de ce monde » a influencé et dirigé les nations, si bien qu’en fin de compte, elles récolteront ce qu’elles ont semé. La transgression des lois divines réclame logiquement un tribut.

Le Seigneur dit bien en Matthieu 12 : 25 : « Tout royaume divisé contre lui-même est dévasté, et toute ville ou maison divisée contre elle-même ne peut subsister ». Chaque guerre, chaque querelle, chaque mésentente parmi les hommes porte en elle le germe de la destruction.

Dieu, le Créateur et Seigneur de l’Univers dit : « Ce n’est ni par la puissance ni par la force, mais c’est par mon esprit, dit l’Eternel des armées. Qui es-tu, grande montagne, devant Zorobabel ? Tu seras aplanie. Il posera la pierre principale au milieu des acclamations : Grâce, grâce pour elle ! » – Zacharie 4 : 6, 7.

La traduction de « Naftali Herz Tur-Sinai » formule ce verset comme suit : « Ni par la puissance, ni par la force, seulement par mon Esprit, dit l’Éternel des armées. Qui es-tu, grande montagne ? Devant Zorobabel en une plaine ! Pour qu’il cherche la pierre des chefs, lui, qui l’a donné, pour créer la grâce, oui, la grâce ! » (Trad. littérale). D’autres versets montrent le même mode opératoire du Tout-Puissant en 1 Samuel 17 : 47 ; Josué 1 : 7 ; Esaïe 11 : 4 ; Apocalypse 19 : 15.

Après la destruction du quartier général de l’ennemi, après la fuite de l’armée – dissoute dans une grande panique – Gédéon et ses trois cents hommes (type du Seigneur glorifié et de ses membres) arrêtèrent la poursuite. D’autres troupes se joignirent aussitôt à eux : « Les hommes d’Israël se rassemblèrent, ceux de Nephtali, d’Aser et de tout Manassé, et ils poursuivirent Madian » (v. 23). Qui étaient-ils ? Étaient-ce les 9.700 hommes qui furent renvoyés (peut-être la Grande Multitude), qui se mirent aussitôt en action, prenant part à la destruction définitive de l’armée ennemie ? Y a-t-il un symbole spirituel pour eux ? La question reste ouverte.

« ÉPÉE POUR L’ETERNEL ET POUR GÉDÉON »

Se pourrait-il que le monde soit entièrement transformé, uniquement par la Parole de Dieu, que les ténèbres deviennent lumière ? L’homme ne peut imaginer cela. Pourtant, ce sera ainsi. La Parole de Dieu ne retourne pas à Lui sans effet, sans avoir exécuté sa volonté (Esaïe 55 : 11). Beaucoup de choses se sont déjà réalisées avec précision, en effet, choses prédites par la Parole inspirée de Dieu, il y a des milliers d’années. Tout s’accomplira de même, et deviendra réalité.

L’apôtre Jean vit le Seigneur glorifié, tenant dans sa main droite sept étoiles, « De sa bouche sortait une épée aiguë, à deux tranchants » (Apocalypse 1 : 16). Dans la vision de Jean, le Seigneur dit à l’ange de l’Église de Pergame : « Repens-toi donc ; sinon, je viendrai à toi bientôt, et je les combattrai avec l’épée de ma bouche. » – Apocalypse 2 : 16.

En Apocalypse 19 : 13, 15, 21 nous voyons à nouveau le Seigneur glorifié : « Son nom est LA PAROLE DE DIEU … De sa bouche sortait une épée aiguë, pour frapper les nations … Et les autres furent tués par l’épée qui sortait de la bouche de celui qui était assis sur le cheval. »

C’est uniquement « par le souffle de sa bouche » que le Gédéon antitypique – Christ et son Église -, détruit l’Adversaire de Dieu et ses anges (voir 2 Thessaloniciens 2 : 8 ; Esaïe 59 : 19) ; comme les vaillants soldats de Gédéon qui ont provoqué les troubles mortels dans le camp de l’ennemi, uniquement avec le son des trompettes, les torches allumées et les cris de guerre. En vérité, c’est une bataille de l’esprit et non de la chair ; un combat de Dieu et non des hommes.

Cette histoire révèle magnifiquement la puissance invincible de l’Esprit de Dieu, la glorieuse victoire de tous ceux qui font confiance à l’esprit de Vérité et qui ne se laissent détourner du Seigneur et Maitre dans les cieux, par rien au monde.

TA – Janvier-Février-Mars-Avril 1996