« Hommes frères, qu’il me soit permis de vous dire librement, au sujet du patriarche David, qu’il est mort, qu’il a été enseveli, et que son sépulcre existe encore aujourd’hui parmi nous … Car David n’est point monté au ciel. » – Actes 2 : 29, 34.
Considérant le fait certain que le monde entier descend rapidement dans la mort et que l’on peut estimer à vingt milliards ceux de nos semblables et amis qui y sont déjà, chacun conviendra que notre thème est des plus pertinents. N’avoir aucune pensée sur le sujet, ou en discuter avec légèreté, serait le signe d’un manque de bon sens, montrant une capacité de raisonnement aussi faible que celle de la création animale. Quelles que soient nos pensées sur le sujet, nous cherchons tous la Vérité, et nous nous efforçons de garder nos esprits aussi libres que possible de superstitions et d’erreurs. Mais plus que cela, je crois que, vivant dans ce pays béni, si grandement favorisé par Dieu, et ayant une certaine connaissance de son Livre béni, la Bible, nous avons appris à l’apprécier comme étant la révélation divine, capable de nous rendre sages dans la sagesse qui vient d’En-Haut.
Nous espérons, chers amis, que l’esprit croissant du scepticisme n’a pas affecté sérieusement notre foi en ce Livre béni. Nous sommes parfaitement conscients, cependant, qu’aujourd’hui le monde intellectuel sous la direction de la soi-disant « Haute Critique », se précipite dans l’incrédulité, le rejet de la Bible comme révélation inspirée de Dieu. Certes, cette infidélité n’est pas déclamée aussi grossièrement que par Thomas Paine ou Robert Ingersoll, mais elle est d’autant plus puissante à saper la foi chrétienne que ses partisans incluent certains des membres les plus brillants du ministère chrétien et presque tous les professeurs de la quasi-totalité des séminaires et collèges de toutes les dénominations. J’aime à croire qu’en vous présentant le véritable enseignement de la Bible sur le sujet « Où sont les morts ? », vous découvrirez que ce Livre béni a été dénigré et faussement présenté, même par ses amis, et que, correctement compris, raisonnablement interprété, il présente le seul exposé acceptable du sujet, la seule explication satisfaisante.
DOCTRINES DE DÉMONS
L’Apôtre attire notre attention sur le fait que les païens en son temps ont cru à tort à des « doctrines de démons » (1 Timothée 4 : 1). Nous savons ce qu’étaient ces doctrines, car elles prédominent encore dans le monde païen. Platon, un des philosophes dont les enseignements étaient largement acceptés à cette époque, et qui furent rejetés par l’Apôtre comme vaine philosophie, la sagesse des hommes en comparaison de la sagesse de Dieu, enseignait la théorie de l’immortalité (Colossiens 2 : 8). Il prétendait que l’homme avait reçu une étincelle divine des dieux qui ne pouvait jamais s’éteindre, et que dès lors celle-ci devait vivre sans fin au travers de toute l’éternité. Les Grecs adoptèrent les théories de Platon, et étant le peuple le plus éclairé de cette époque – Juifs mis à part – ils propagèrent cette théorie partout où se répandait leur littérature. Il n’est donc pas surprenant qu’ils aient non seulement imprégné la pensée des Païens, mais également jusqu’à un certain degré celle des Juifs – relativement peu nombreux, connus sous le nom d’Esséniens. Ceux-ci, en acceptant la philosophie de Platon, cessèrent d’être Juifs, au sens religieux. Cette théorie Platonicienne, ayant son origine avant le Christianisme, fut à bien des égards en concurrence avec lui, jusqu’à ce que graduellement elle imprégnât différentes parties de la foi chrétienne.
Nous désirons faire remarquer que cette théorie est responsable de l’opinion largement répandue dans le monde que la vie humaine une fois commencée ne peut plus s’éteindre. Avec cette théorie, les peuples de l’Orient ont entretenu leur croyance en la réincarnation de l’âme, prétendant que l’âme humaine est séparée et distincte du corps humain, et que lorsque ce dernier meurt, l’âme en sort et en temps opportun renaît dans un autre corps ‒ peut-être comme homme ou femme, ou comme chien, âne, éléphant ou souris. Les besognes, les privations, les difficultés de tous les animaux inférieurs étant considérées par ces pauvres gens comme leurs futures conditions. Il n’est pas étonnant que leurs visages, indice de leur condition de cœur, soient si tristes et affligés ! D’autres parmi les Païens ont des croyances plus proches de celles entretenues par nombre de personnes de la Chrétienté – que les tortures de la vie dont ils ne peuvent se débarrasser, le seront par le feu, ou la glace, ou d’autres tourments infligés par les démons.
LE POINT DE VUE DE LA CHRÉTIENTÉ
Admettant le fait notoire que la Chrétienté dirige le monde de la pensée d’aujourd’hui, nous constatons que la philosophie fondée par Platon – non par Moïse, ni par les Prophètes d’Israël, ni par Jésus ou ses Apôtres ‒ a acquis une solide emprise sur la foi chrétienne, et laissé son horrible empreinte sur pratiquement chaque élément de celle-ci. Presque toutes les grandes dénominations de la Chrétienté souscrivent à la théorie de Platon, quoique la majorité soit totalement ignorante quant à l’origine de celle-ci, beaucoup supposent que c’est l’enseignement de la Bible ‒ qu’elle est soutenue par les divers écrivains des Saintes Écritures. Mais c’est tout le contraire qui est vrai ; et comme nous allons l’exposer sous peu, le témoignage des Écritures est radicalement en opposition à cette théorie, du début à la fin, sans exception, même pour un seul écrivain ou un seul texte.
En tant que plus ancienne dénomination, le Catholicisme devrait être entendu en premier quant à son point de vue sur le sujet « Où sont les morts ? ». Sa réponse est qu’il ignore la théorie païenne de la réincarnation de l’âme, mais qu’il soutient le trait saillant de la philosophie de Platon déclarant que l’âme humaine est immortelle ‒ que l’existence humaine une fois commencée ne peut plus cesser ‒ et donc que les vingt milliards d’êtres humains issus d’Adam qui sont morts ne sont pas réellement morts, mais plus vivants que jamais auparavant, et qu’en dépit de la survenue de la mort, ils connaissent la joie ou la tristesse, le plaisir ou la douleur. En réponse à nos questions plus particulières, on nous répond que les morts se trouvent dans l’un des trois endroits suivants :
1- Un très petit nombre, les saints, est allé au ciel directement après la mort.
2- Un nombre relativement restreint est décédé en-dehors de la foi Catholique Romaine, en opposition délibérée à celle-ci, ce sont donc des hérétiques qui endurent depuis leur mort les tortures d’un enfer sans fin.
3- Une grande masse – tous les autres que ceux énumérés précédemment sont au purgatoire. L’argument invoqué est que pratiquement tous les païens y vont parce qu’ils n’ont pas été jugés dignes de recevoir la bénédiction de la connaissance avant de mourir, et que d’autre part, ils n’ont rien fait pour mériter soit les tortures éternelles de l’enfer soit la paix éternelle du ciel. Ils assignent également au purgatoire presque tous les membres de leur propre église, y compris les évêques, archevêques, cardinaux et papes.
Dante fut un de leurs éminents théologiens, dont la description de l’enfer donne le point de vue catholique du purgatoire. L’artiste Doré, un autre fervent catholique, utilisa son talent remarquable pour illustrer l’œuvre épique de Dante. Nous conseillons à tous d’observer ce remarquable travail ‒ l’enfer de Dante, illustré par Doré ‒ dans quelque bibliothèque publique ou librairie. L’artiste a fidèlement représenté les descriptions du maître, et son œuvre ne peut que toucher de sympathie le cœur le plus endurci. Toutes les formes imaginables de tortures sont représentées, comme rôtir, bouillir, congeler, mutiler ‒ horribles, terribles. Il n’est pas étonnant que nos chers amis catholiques, ayant ces images présentes à l’esprit quant à leur perspective après la mort, n’ont pas seulement triste mine mais une peur terrible de la mort et de l’au-delà.
Que nul ne pense que ces doctrines catholiques du passé ont changé à quelque degré que ce soit aujourd’hui. Actuellement même, les Catholiques ont des tracts pour les enfants décrivant dans un langage vif les tortures les plus atroces qui attendent ceux qui sont irrespectueux ou désobéissants sous une forme ou à un degré quelconque aux prêtres et aux enseignements de l’église catholique. Un de ceux-ci publié récemment en Irlande attira notre attention, il décrivait une petite fille qui avait mal agi et dont le sort après la mort était de vivre dans une pièce dont le sol était chauffé au rouge. En langage solennel le tract exhortait les petits garçons et les petites filles à aimer et servir Dieu de peur qu’ils ne doivent s’attendre à un tel sort. Il est inconcevable qu’un être humain puisse aimer un Dieu qui préparerait de telles tortures pour ses créatures. – Esaïe 29 : 13.
Il n’est pas surprenant, alors, que les Catholiques n’aient pas la prétention d’aimer Dieu. Ils ont peur et sont terrifiés. L’espoir qu’on leur présente est que toute bonne action leur sera créditée et permettra de réduire la durée de leur condamnation à souffrir, la période de leur séjour au purgatoire et leur délivrance pour le ciel. Cette doctrine d’une vie au purgatoire est la base des nombreuses exhortations prêchées du haut des chaires et par les livres catholiques, que la loyauté doit être manifestée par des messes et des pénitences. Un certain nombre de présences à l’église durant la période du carême constituent une pénitence à laquelle sont attachées une bénédiction et la rémission de beaucoup d’années de souffrances au purgatoire. Ceux qui ont de l’argent sont invités à en mettre une bonne partie de côté pour couvrir les dépenses des messes pour leur âme et celles des autres. Le décompte incite à penser que toutes les pénitences et messes imaginables ne pourront solder des années, des dizaines d’années ou des siècles de souffrances pour obtenir la délivrance au ciel. Et cette règle est appliquée indifféremment aux riches comme aux pauvres, au supérieur comme à l’inférieur.
Pour illustrer ceci, lorsque le Pape Pie IX mourut, des messes pour le repos de son âme furent dites dans toutes les églises catholiques romaines du monde. De même, lorsque le Pape Léon XIII mourut, la même injonction pour le repos de son âme fut lancée, et exécutée dans toutes les églises catholiques. On peut donc croire que ces hommes, des hauts fonctionnaires de ces églises, n’étaient pas suffisamment saints ou purs, ou bons pour être admis au ciel ; car assurément ceux qui méritent le ciel n’ont pas besoin de messes pour le repos de leurs âmes. L’expression « repos de l’âme » suppose la torture de cette âme au purgatoire et les suppliques pour essayer d’obtenir de Dieu qu’Il remette une mesure de ces souffrances et abrège la période de tribulations.
Nous ne faisons aucune révélation sur ces affaires. Nous les citons simplement, non pas parce qu’elles ne sont pas connues, mais parce qu’elles sont sous-estimées et mal comprises. Tous les Catholiques, pensons-nous, admettront notre affirmation qu’ils croient que la grande masse de l’humanité se trouve actuellement au purgatoire, un petit nombre dans les tourments éternels, qu’ils appellent l’enfer, et un très petit nombre au ciel. Il convient de rappeler cependant qu’à l’occasion du Jubilé pontifical, il est de coutume pour le Pape d’exercer le pouvoir qu’il prétend posséder, celui de libérer du purgatoire des milliers de condamnés qui n’ont pas accompli leur période de châtiment, même si l’on peut supposer qu’il n’est pas dans son intention de les admettre au ciel incomplètement purifiés.
LE POINT DE VUE DES PROTESTANTS
Les Protestants prétendent être bien plus avancés que les Catholiques Romains quant à leur foi religieuse. Ils parlent souvent des Catholiques Romains comme d’ignorants, de superstitieux, de dupés. Que dirons-nous donc si le point de vue protestant sur le thème de notre discours est encore plus déraisonnable que celui des Catholiques ? Pour le moins, nous serons forcés de dire qu’ils n’ont aucun motif de se vanter.
Les credo protestants, presque tous sans exception, admettent la théorie Platonicienne que l’être humain ne peut mourir ; lorsque les hommes semblent mourir, ils deviennent en réalité instantanément plus vivants qu’ils ne l’ont jamais été auparavant. Nous demandons : Où vont-ils alors ? Ils répondent qu’ils ne peuvent accepter la thèse Catholique Romaine du purgatoire, qu’ils ont suffisamment scruté la Bible pour trouver qu’il n’y a pas un tel enseignement dans les Écritures. Ils nous disent donc qu’ils croient qu’il n’y a que deux endroits pour les morts : le ciel et l’enfer. Nous leur demandons : Qui va au ciel ? Ils répondent : les sanctifiés, les saints, les purs de cœur, le Petit Troupeau, les Élus, ceux qui marchent sur les traces de Jésus. Nous interrogeons à propos des autres, et nous entendons les Protestants (et c’est tout à leur honneur, il faut le dire) contredire l’enseignement de leurs credo alors même qu’ils les affirment, et déclarer que tous les non engendrés du Saint Esprit, les non sanctifiés en Christ, ceux qui ne sont pas saints, vont en enfer.
Nous cherchons à savoir dans quel genre d’enfer ils sont allés, et nous obtenons diverses réponses. Certains affirment que c’est un lieu de fournaise au sens littéral et de douleurs atroces entre les mains de démons incombustibles ; et ceci est le sort de tous ceux qui y entrent pour toute l’éternité, sans aucun espoir d’en sortir. D’autres, sans être en mesure de donner de raisons particulières, nous disent que dans leur grande sagacité ils sont d’accord avec tout ce qui précède, excepté le genre de châtiment, qui doit être, en déduisent-ils, une angoisse ou une souffrance mentale. Mais de peur que nous pensions qu’ils soient trop compatissants, ils s’empressent d’ajouter que ces souffrances sont en réalité bien plus intenses, pires que celles d’un feu littéral, auquel d’autres croient. Toute la race humaine a entamé le chemin spacieux menant aux tourments éternels par la désobéissance du père Adam, dont la conséquence est que nous sommes nés dans le péché, formés dans l’iniquité. Ceux qui obtiennent le ciel y parviennent grâce à la miséricorde divine et au secours qui leur est accordé pour vaincre le monde, la chair et l’Adversaire.
VENEZ ET PLAIDONS ENSEMBLE
Dans la Bible l’Eternel en appelle à notre raison, disant : « Venez, et plaidons ensemble » (Esaïe 1 : 18). Il ne nous déclare pas que nous devrions raisonner sans Lui et sans sa Parole ; mais Il suggère clairement que nous devrions raisonner, réfléchir sur sa Parole. Quiconque possède une certaine faculté de raisonnement, doit conclure que le point de vue catholique sur la question « Où sont les morts ? » ‒ est à certains égards pire que celui des païens ; que la conception protestante de la mort est encore pire ; qu’aucune de ces perspectives ne semble divine, mais que toutes se condamnent comme étant sataniques. La capacité de raisonner sur des sujets religieux semble être une denrée rare. Nombre de chrétiens semblent comprendre que l’invitation à raisonner avec Dieu signifie qu’Il désire qu’on Lui dise simplement quelles sont leurs préférences ; et que s’ils sont obstinés, tenant à leurs préférences, Il va finalement céder et déclarer que leurs volontés seront faites au ciel et sur la terre.
Que nul ne fasse cette erreur. Souvenons-nous, par ailleurs, de la grandeur de Dieu, de sa sagesse, de sa justice, de son amour et de sa puissance. Songeons à notre propre insignifiance et manque de connaissance. Alors, en accord avec les préceptes du Maître, devenons comme de petits enfants désirant être et agir en harmonie avec le Plan divin, tel que Dieu nous l’a révélé. Ce faisant, chers amis, chacun de nous est assuré d’obtenir la bénédiction divine ‒ de croître en grâce, en connaissance, en amour, envers Dieu et envers nos semblables.
Commençons avec notre texte d’introduction qui déclare que David est mort. Il n’est donc pas vivant, en aucune façon. Il indique qu’il n’est pas au ciel, et nous ne sommes pas tenus d’accepter les vues catholiques ou protestantes qu’il se trouve en enfer, dans les tourments éternels. Que disait l’Apôtre inspiré Pierre quant au lieu où il se trouvait alors ? Il dit dans notre texte : « son sépulcre existe encore aujourd’hui parmi nous ». C’était son sépulcre dans le sens où il y était encore, qu’il le représentait encore. S’il avait commencé une nouvelle existence ailleurs, ce sépulcre, en aucun sens du terme, n’était plus le sien. Nous employons les mots de l’Apôtre exactement dans le même sens que lui. L’Apôtre Pierre venait de citer des Psaumes : « Car tu ne laisseras pas mon âme en enfer » [Hébreu = shéol ; Grec = hadès]. Il faisait remarquer que David ne prononça pas ces paroles pour lui-même, quant à son âme, mais qu’elles concernaient l’âme de Christ ‒ que l’âme de Christ ne serait pas laissée dans l’enfer. L’argument de l’Apôtre est que l’âme de David était encore en enfer, mais que l’âme de Christ avait été délivrée de l’enfer – relevée de la tombe, de l’état de mort, le troisième jour après sa crucifixion.
L’ÂME DE CHRIST DÉLIVRÉE DE L’ENFER
Ici, chers amis, nous avons une déclaration suffisamment convaincante que les morts vont en enfer ‒ non pas au purgatoire. De plus, elle nous dit que le prophète David et Jésus-Christ Lui-même allèrent en enfer ‒ que Jésus a été délivré de l’enfer, mais que David y était encore. Si nous avions le temps, il serait facile de faire la preuve que l’ensemble des Écritures démontre que tous ceux qui meurent, bons ou mauvais, vont en enfer ; et que l’unique moyen par lequel ils peuvent être libérés du shéol ou hadès, c’est par une résurrection des morts. Cette présentation scripturaire ne diffère pas seulement du point de vue païen mais aussi de celui des Catholiques ou des Protestants. Plus que toute autre théorie, l’idée commune de l’enfer présente à l’esprit semble encore plus horrible, car les bons comme les mauvais vont dans le shéol ou hadès.
Mais attendons un instant, chers amis, ne concluons pas trop hâtivement que la Bible est déraisonnable dans son exposé. N’essayons pas de l’examiner ou de la mettre à l’épreuve par des théories humaines. Le poète a dit très justement : « Dieu est son propre interprète, et Il le rendra clair »
L’examen détaillé montre que notre difficulté provient de la mauvaise signification associée aux termes bibliques shéol et hadès (enfer). La conception déraisonnable d’un enfer de feu et de tortures que nous avons reçue avec tant de crédulité, nous vient des âges des ténèbres et non pas de la Bible. L’enfer de Dante est aussi différent de l’enfer des Écritures que l’obscurité de la lumière du soleil. Nous ne devons pas reprendre la démonologie des âges des ténèbres pour interpréter la Bible. Si nous le faisons, nous serons dans la confusion totale. Nous devons nous rappeler que ces illustrations effrayantes des âges des ténèbres sont l’œuvre de la classe même de personnes qui, possédant un esprit diabolique, ont brûlé sur le bûcher, supplicié au chevalet, broyé les extrémités des membres, et utilisé d’autres inventions sataniques. Nous réprouvons le caractère immoral de ces hommes, et nous ne devrions pas nous attendre à ce que leurs enseignements doctrinaux soient bien supérieurs à eux-mêmes, ni plus en harmonie avec la vérité et la révélation divine. Examinons donc ce qu’est l’enfer du point de vue biblique. Écoutons ce que Dieu déclare.
Comme chacun sait, notre Bible n’a pas été écrite, à l’origine, en anglais [ni en français, ndlt]. L’Ancien Testament a été écrit en hébreu et le Nouveau Testament en grec ‒ les nôtres sont des traductions. Dans l’Ancien Testament en hébreu, nous trouvons qu’il mentionne deux fois plus le terme ‘shéol’ [enfer] que la version anglaise. En anglais le mot apparaît trente et une fois, et en hébreu soixante-six fois. Comment ce terme hébreu ‘shéol’ a-t-il été traduit dans notre Bible anglaise ? Nous répondons que le terme ‘shéol’ a été traduit trente et une fois par ‘enfer’, deux fois par ‘fosse’ et trente-trois fois par ‘tombe’. De plus, en deux endroits où il a été traduit par ‘enfer’ dans notre version commune, une note en marge indique « en hébreu, la tombe »
Le fait, chers amis, est que tout hébraïsant sait que le terme shéol n’est jamais utilisé pour désigner un endroit de flammes et de tortures. Dans tous les cas, au sens propre comme au figuré, il se rapporte à l’état de mort. De plus, comme nous l’avons déjà mentionné, les bons comme les mauvais sont censés y aller. Selon les Écritures David est allé au shéol, et notre Seigneur Jésus aussi. Nous pourrions citer les paroles du patriarche David, et aussi de plusieurs prophètes, disant combien ils s’attendaient à aller au shéol ‒ dans la tombe, la condition de mort. Non seulement cela, mais ils nous assurent également que Christ nous a rachetés ‒ nous et le monde ‒ du shéol. Nous lisons, par exemple, dans la prophétie d’Osée « Je les rachèterai du shéol ; Ô mort, où sont tes pestes ? O shéol, où est ta destruction ? » (Osée 13 : 14). De plus, nous avons la déclaration biblique qu’il n’y a ni feu ni souffrances dans le shéol, car nous lisons : « Tout ce que ta main trouve à faire, fais-le selon ton pouvoir ; car il n’y a ni œuvre, ni science, ni connaissance, ni sagesse, dans le shéol, où tu vas. » (Ecclésiaste 9 : 10). En d’autres termes, nous devrions être activement engagés à faire le bien selon nos talents et selon les occasions, car nous nous pressons tous vers le shéol – la tombe ‒ la mort, où il n’y a ni sagesse, ni science, ni connaissance ; nous ne pouvons ni aider ni contrecarrer, ni faire le bien ou le mal, lorsque nous aurons atteint « la terre de l’oubli » (Psaume 88 : 13). Le sachant, ceci devrait nous rendre plus diligents dans la vie présente.
LA RÉDEMPTION DU SHÉOL
Nous venons de voir que par le Prophète, Dieu déclare qu’Il rachèterait nos âmes du shéol, et que celui-ci serait détruit. Que signifie cela ? Nous répondons que le père Adam, par sa désobéissance, a entraîné lui-même et toute la race humaine dans ce que les Écritures appellent une « malédiction » ou condamnation ‒ non pas aux tourments éternels, mais à la peine de mort. La déclaration divine pour le châtiment d’Adam ne fut pas « brûlant, tu brûleras » mais « mourant, tu mourras ». Et encore, « C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu’à ce que tu retournes dans la terre, d’où tu as été pris ; car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière » (Genèse 3 : 19). Il n’est pas écrit : « tu seras renvoyé aux tourments éternels ». Dieu a exprimé cela d’une manière suffisamment explicite, mais nos pauvres têtes ont été embrouillées par les doctrines de démons héritées des âges des ténèbres, par de très bonnes personnes, bien intentionnées, parmi lesquelles nos parents.
Voyons ce que dit l’Apôtre à ce propos, et remarquons à quel point ceci corrobore la déclaration de l’Ancien Testament. Il déclare : « C’est pourquoi, comme par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et qu’ainsi la mort a passé à tous les hommes, en ce que tous ont péché » (Romains 5 : 12). C’est très clair ! Pas un seul mot à propos de tourments éternels comme châtiment pour nos péchés hérités du père Adam. Bien au contraire, ce fut une condamnation à mort, une peine juste, raisonnable. Dieu, qui avait accordé la vie éternelle, avait le plein droit, le plein pouvoir, de mettre fin à cette vie si elle était employée contrairement à son injonction.
S’il n’y avait pas eu la miséricorde divine, le point de vue incrédule sur ce sujet aurait été exact ‒ que la mort de l’homme serait semblable à celle de l’animal ‒ qu’il n’y aurait plus rien après, aucun futur. Mais tout en nous disant cela (Ecclésiaste 3 : 20), dans sa grâce, Dieu nous informe qu’Il a pourvu à un Rédempteur pour Adam et sa race. Les Écritures nous orientent vers Jésus et l’œuvre qu’Il a accomplie en notre faveur. Il mourut, Lui juste pour des injustes (1 Pierre 3 : 18) afin de nous réconcilier avec Dieu. Puisque nous sommes tous sous la condamnation à mort par notre père Adam, lorsque Jésus, par sa mort, a payé la rançon pour Adam, ce fut le prix compté suffisant pour les péchés du monde entier. Ainsi l’Apôtre déclare que Jésus « s’est donné Lui-même en rançon pour tous » et qu’« il goûtât la mort pour tous » (1 Timothée 2 : 6 ; Hébreux 2 : 9). Notons bien qu’il ne dit pas que Jésus a goûté les tourments éternels pour tous. Les tourments éternels n’étaient pas la sanction. La Bible est précise. La mort est le châtiment qui s’étend à toute la race humaine. Mais tout le genre humain a été racheté, aussi, au temps prévu par Dieu, viendra la bénédiction de la résurrection, le réveil de la mort, qui aura lieu pour chaque être humain. C’est ainsi que le shéol sera détruit ‒ il n’y aura plus de tombe ou de condition de mort ; tous seront libérés de cette condition, réveillés du sommeil de la mort.
LE HADÈS DOIT ÊTRE DÉTRUIT
Le terme grec équivalent du mot hébreu shéol, comme nous l’avons déjà mentionné, est hadès, que nous trouvons dans le Nouveau Testament, écrit en grec. Comme preuve de cela, considérons le contexte et notons les paroles de l’Apôtre Pierre qu’il cite du Psaume 16, verset 10 : « Car tu n’abandonneras pas mon âme au shéol », et restituées en grec « Il n’a pas été laissé dans le hadès » en Actes 2 : 31. En résumé, l’Ancien Testament déclare que Jésus est allé dans le shéol, et que son âme n’y fut pas abandonnée, mais relevée de la mort, tandis que le Nouveau Testament reprend cela avec le terme hadès. Ce que nous disons est nouveau pour la majorité des profanes, mais absolument pas nouveau pour les gens instruits du clergé, qui savent tous, s’ils veulent bien l’admettre, que shéol comme hadès ne renferment pas l’idée de feu, de tourments ou d’affliction, mais représentent simplement l’état ou condition de mort ‒ que nous exprimons par le terme « tombe ».
Ce grand monde souterrain des morts, la tombe, shéol, hadès, a de très nombreuses cités appelées cimetières. Mais selon le symbolisme des Écritures c’est une grande prison. On peut estimer qu’elle renferme vingt milliards de morts. On les appelle dans les Écritures « captifs de l’espérance » parce que le Seigneur a promis que finalement la grande prison sera démolie et tous les prisonniers relâchés, ramenés de nouveau à la conscience sous de meilleures conditions que celles qui prévalent aujourd’hui. Cette assurance de la résurrection dont nous parle l’Apôtre est à la fois pour les justes et pour les injustes. Tous ne recevront pas la même mesure de bénédictions lorsqu’ils sortiront de la tombe au matin Millénaire ; car les Écritures déclarent que certains ressusciteront pour la vie et les autres pour le jugement ‒ pour être soumis à la discipline, aux corrections qui, reçues convenablement, les aideront à les relever graduellement de leur dégradation à une condition dans laquelle Dieu sera heureux de leur permettre de vivre éternellement. – Zacharie 9 : 12 ; 1 Pierre 3 : 18.
Les Écritures sont très claires en déclarant que tout cet espoir d’une résurrection repose sur le fait que Christ est mort pour les péchés du monde et que sans sa mort, il ne pourrait y avoir de résurrection – tous les prisonniers resteraient dans la grande prison. En vérité, on ne pourrait pas dire qu’ils sont en prison s’il n’y avait pas l’arrangement divin pour leur réveil. Écoutons le Prophète annonçant cette bénédiction à venir sur les prisonniers. Parlant de Christ et de son œuvre durant l’Âge Millénaire, il déclare que le Seigneur dira : « aux captifs : Sortez ! Et à ceux qui sont dans les ténèbres : Paraissez ! » (Esaïe 49 : 9). Leur retour leur permettra de manifester leurs véritables sentiments pour la justice ou pour l’injustice quand ils auront une pleine occasion de choisir. Ceux qui choisiront la justice auront par cela choisi la vie éternelle selon l’arrangement de Dieu, et ceux qui choisiront l’injustice auront choisi la Seconde Mort, l’extinction de laquelle il n’y a plus aucun espoir de retour. « Christ ne meurt plus » (Romains 6 : 9). Il n’y aura pas de résurrection de la Seconde Mort.
Tous sont rachetés de la première mort ou mort Adamique car Christ a pris la place d’Adam et a racheté l’humanité, en vue de donner à chaque être humain une occasion individuelle de retour à la faveur divine. Notons encore la déclaration du Prophète (Esaïe 61 : 1). Elle nous fait connaître la mission de Christ de « guérir ceux qui ont le cœur brisé, proclamer la liberté aux captifs, et aux prisonniers la délivrance ».
Combien l’image est belle ! Vingt milliards de prisonniers, esclaves du péché ! Le grand Libérateur a fourni leur rançon en mourant pour eux. En raison de sa fidélité, Il a été récompensé par une vie sur un plan encore plus élevé, et Il est ainsi devenu l’Auteur du salut pour tous ceux qui Lui obéiront (Hébreux 5 : 9). Quelques-uns ont, au temps présent, des oreilles pour entendre, et ont le grand privilège d’entendre la voix du Rédempteur et de devenir son « Épouse » fidèle en souffrant avec Lui pour la cause de la justice, afin de pouvoir, dans la période millénaire, avec leur Seigneur et Maître, déverser sur l’humanité entière la bénédiction divine du pardon, du rétablissement et de la réconciliation. Remarquons encore que Jésus a appliqué cette même figure à Lui-même, citant ce passage dans la synagogue de Nazareth. Nous sommes tous témoins qu’Il n’a pas ouvert de portes de prison, d’aucune sorte, à son premier avènement, hormis d’une manière figurative par le réveil de Lazare et de quelques autres, montrant à l’avance sa gloire à venir et son œuvre future qui bénira tous les humains. Écoutons également les paroles de son dernier message à l’Église : « J’étais mort ; et voici, je suis vivant aux siècles des siècles. Je tiens les clefs de la mort et du séjour des morts » (Apocalypse 1 : 18). Ah ! Certainement, les clefs sont entre de bonnes mains. Elles sont légitimement à Lui qui a racheté tous les prisonniers. Au temps convenable, Il les utilisera, et les ramènera tous hors de la grande prison, afin que sous les conditions bénies de son Royaume, ils puissent tous parvenir à la connaissance de la Vérité et, s’ils le veulent, par l’obéissance, revenir en harmonie avec Dieu et posséder la vie éternelle – ou, en agissant en opposition, mourir de la Seconde Mort.
« ENFER » DANS LA VERSION RÉVISÉE DE LA BIBLE
Il y a une justification à la traduction des termes shéol et hadès par le mot hell en anglais [enfer, en français – ndlt]. Dans la littérature anglaise ancienne, nous trouvons que les mots enfer, fosse et tombe étaient utilisés de manière interchangeable ; cependant, tandis que fosse et tombe gardèrent leur signification originelle, celle du mot enfer changea progressivement, et jusqu’à nos jours ce mot est généralement compris comme un lieu de tourments. En vieil anglais, un fermier écrivait ceci à son ami : « J’ai l’intention de mettre en enfer ma maison cet automne, et nous avons déjà mis en fosse [en anglais : en enfer] 150 boisseaux de pommes de terre ». Que voulait-il dire ? C’est tout à fait clair et simple. Il voulait dire qu’il allait bientôt couvrir de chaume sa maison, la recouvrir par-dessus, l’enfouissant presque jusqu’au sol selon la tradition ; qu’il avait mis en fosse, mis de côté pour l’hiver ses pommes de terre, afin de pouvoir les utiliser jusqu’au printemps, ce qui permettait de les conserver bien mieux ainsi. Ainsi, donc, les traducteurs de nos Bibles ne sont pas à blâmer pour leur traduction non différenciée en ce domaine.
Mais que pouvons-nous dire quant à la Version Révisée ? Nous répondons que les réviseurs étaient des hommes instruits qui connaissaient bien la signification des mots enfer, hadès ‒ qui savaient qu’en aucune manière ils ne se référaient à un lieu de tourments, mais qu’ils signifiaient l’état de mort. Comment ont-ils donc traduit ces termes shéol et hadès ? Nous répondons qu’ils étaient trop honnêtes pour les traduire par le mot enfer mais pas assez pour donner au lecteur anglais la vérité sur ce sujet ; et donc ils ne les ont pas traduits du tout, mais simplement introduit le mot hébreu shéol dans l’Ancien Testament et le terme grec hadès dans le Nouveau Testament sans les traduire. Le public a été complètement trompé sur le sujet, en déclarant à la fois que leur chemin était celui de la clémence, et que le shéol et le hadès étaient tout aussi chauds que lorsqu’ils étaient traduits par enfer. Le fait est, chers amis, comme nous l’avons déjà dit, c’est qu’il n’y a pas de feu en relation avec ces mots dans une interprétation correcte de ceux-ci.
TOUS CEUX QUI SONT DANS LES SÉPULCRES
Nous vous avons exposé la présentation biblique de ce sujet – « Où sont les morts ? » Cela peut être désappointant pour certains qui pensent à ceux qui sont sanctifiés parmi leurs amis et parents. Mais ils ne sont sans doute pas nombreux. Au contraire, la grande majorité de nos amis et de ceux qui sont décédés n’ont montré aucune évidence d’être engendrés de l’Esprit, purs de cœur, saints. Dès lors, s’il y a une mesure quelconque de désappointement d’une part, il y a une mesure correspondante de soulagement de l’autre. Toutefois, quels que puissent avoir été nos amis, j’espère que vous et moi faisons partie de ceux qui désirent connaître la Vérité et auxquels le Seigneur a promis qu’ils connaîtront la Vérité et que la Vérité les affranchira. Soyons libérés de ces dogmes terrifiants du passé, libres d’aimer Dieu, libres de croire en sa Parole, libres d’avoir confiance en Jésus et de comprendre comment Il a goûté la mort pour chacun de nous, libres de croire que Celui qui a racheté rétablira, libres de croire que la résurrection des morts est le salut auquel Dieu a pourvu, et que « celui qui meurt n’a plus ton souvenir » – Psaume 6 : 6.
Nous rappelons encore une fois les paroles de notre cher Rédempteur à propos de la résurrection. Il n’a pas dit seulement « Je suis la résurrection et la vie », mais aussi « L’heure vient où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix, et en sortiront » (Jean 11 : 25 ; 5 : 28). Ceux d’entre vous qui sont chrétiens ne douteront pas que le Seigneur sait où sont les morts. Et dans ces passages que nous venons de citer, il est dit clairement qu’ils sont dans la tombe, pas au purgatoire, ni dans un enfer de tourments, ni au ciel ; ils sont dans le sépulcre, dans l’état de mort, et que de cet état de mort Il les appellera au matin de la résurrection. Que pourrions-nous demander de plus que cette déclaration positive ? Qui oserait Le contredire, Lui qui a parlé comme jamais homme n’a parlé ? Quel théologien en aurait l’audace ? Remarquons la totale harmonie de cette déclaration avec notre texte d’introduction. Pierre, l’un des principaux Apôtres, déclare que David était encore dans son sépulcre, qu’il n’était pas monté au ciel ; et Jésus déclare Lui-même « Personne n’est monté au ciel », et encore « Tous ceux qui sont dans les sépulcres en sortiront ». Le verset suivant (Jean 5 : 29) révèle que dans cette « sortie » il y aura deux classes, l’une aura une vie parfaite, l’honneur, la gloire et l’immortalité, l’autre sera encore imparfaite et recevra corrections, jugements, discipline, en vue d’atteindre en fin de compte, s’ils le veulent, une pleine résurrection hors du péché et de la mort. Avec ces pensées plus claires sur cet important sujet, chers amis, j’espère que vous et moi nous chercherons de plus en plus à affermir notre appel et notre élection, afin de pouvoir obtenir une part bénie dans la première résurrection, de laquelle il est déclaré : « Heureux et saints ceux qui ont part à la première résurrection ! La seconde mort n’a point de pouvoir sur eux ; mais ils seront sacrificateurs de Dieu et de Christ, et ils régneront avec lui pendant mille ans. » – Apocalypse 20 : 6.
Sermon de fr. Russell p.18