LA PIETE ATTIRE LA PERSECUTION

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« Or, tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ seront persécutés. » – 2 Timothée 3 : 12.

La piété représente en général la condition de droiture, d’opposition au péché, comme Dieu s’oppose au péché – une condition en harmonie avec la justice, comme Lui-même est juste ; de générosité, de bienveillance et d’amour, comme Lui-même est généreux, bon et aimant. Il y a dans le monde des personnes bonnes, généreuses et nobles qui ne sont pas chrétiennes. Celles-ci subissent plus ou moins d’opposition de la part de ceux qui ont de mauvaises dispositions –comme les ténèbres s’opposent toujours à la lumière. Toutefois, ces personnes nobles exercent la droiture avec modération – elles ne sont pas justes outre mesure. Elles ne vont pas à l’extrême dans leur religion, comme on le dit parfois. Ces bons caractères peuvent à certaines occasions souffrir quelque persécution, politique ou autre ; mais même leurs ennemis éprouvent du respect à leur égard.

Mais l’Apôtre, dans notre texte, limite la persécution à « ceux qui vivent pieusement en Jésus-Christ. » Quelle différence y a-t-il entre vivre pieusement et vivre pieusement en Jésus-Christ ? Nous répondons qu’en raison de leur relation particulière à Jésus-Christ, les membres du peuple de Dieu ont un éclairage particulier. Ils voient plus clairement les principes de la justice de Dieu. Ils ont des règles plus exigeantes qui gouvernent leur vie. Les autres ne perçoivent pas ces choses plus profondes du Plan divin ainsi que l’arrangement spécial que Dieu a fait avec l’Église.

Ceux qui sont « en Jésus-Christ » ont la connaissance intelligente qu’ils sont entrés dans une alliance de sacrifice. Ils réalisent qu’ils ne doivent pas compromettre leur religion d’aucune manière ; ils ne doivent pas la compromettre avec le péché, ni même avec le monde. Ils doivent garder les principes de droiture, même au détriment de leurs propres intérêts terrestres.

Ceux qui sont pieux, mais pas en Jésus-Christ – ceux qui ont une mesure de ressemblance à Dieu – peuvent céder à bien des choses qui ne sont pas mauvaises pour le monde – ni pécheresses, ni immorales, ni mauvaises. Toutefois, pour le chrétien, tout son temps, ses talents, son influence, son argent sont consacrés à un service unique, selon sa compréhension de la Parole du Seigneur et l’esprit de cette Parole. L’homme mondain qui est droit peut se sentir tout à fait libre de donner son argent pour différentes causes et différents objectifs, qui sont raisonnables et convenables en eux-mêmes ; alors que le chrétien se demanderait : « Quelle est la volonté du Seigneur, la voie du Seigneur ? »

L’administrateur chrétien est restreint

Le chrétien est restreint dans l’usage de son argent ; car il prend toujours en considération la manière dont le Seigneur voudrait qu’il l’utilise. Le chrétien utilise son argent pour prêcher l’Évangile et le publier de différentes façons ; alors que d’autres personnes pourraient utiliser leur argent pour des œuvres de bienfaisance et pour la dotation des collèges. Le chrétien raisonnerait : « Il y a différentes possibilités pour les gens d’obtenir une éducation dans des domaines terrestres, et je crois que le Seigneur voudrait que moi, comme son enfant, j’utilise son argent pour aider les gens à obtenir une éducation spirituelle. »

Il en est de même dans l’utilisation de son temps. L’homme naturel pourrait dire : « Nous consacrerons une soirée pour aller voir un bel opéra. Nous n’irons dans aucun lieu peu convenable, mais nous dépenserons une certaine somme d’argent à chaque saison à l’opéra. » Ou alors, nous ferons du mécénat dans les domaines de l’art, de la musique ou de la littérature. Nous devons adopter un train de vie qui gagne l’approbation de la société. Ce sera la chose la plus sage à faire. Mais le chrétien dit : « Mon temps et mon argent sont consacrés au Seigneur. Je suis son intendant, et je peux les utiliser d’une meilleure façon. Un homme mondain pourrait être mécène des arts et dépenser mille dollars – ou même dix mille dollars – pour un seul tableau, parce qu’il souhaite faire prospérer l’art. Ou alors, il pourrait acheter une belle sculpture pour décorer sa maison, mais ce n’est pas le chemin que je dois suivre. Je dois prendre en considération la volonté du Seigneur à mon égard, comme serviteur.

Le chrétien a des limites que le monde n’a pas. Mais nous sommes heureux de tous ces hommes et femmes bien, qui peuvent être bons et nobles, quoique n’étant pas en Jésus-Christ. Nous sommes heureux de les estimer. Il y a de nobles personnes dans le monde. Il y a quelques personnes pieuses en dehors de l’Église, pieuses à un certain niveau, qui en viennent probablement à discerner quelque chose de la Vérité, si elles ont véritablement un caractère noble. Les personnes pieuses de ce monde auront une bénédiction au temps de rétablissement. Chaque action pieuse qu’ils auront faite, chaque acte de générosité, sera récompensé. Et en cultivant leurs sentiments plus élevés, ils auront moins de pas à franchir plus tard.

Ceux qui sont particulièrement pieux seront particulièrement persécutés

Les persécutions qui tombent sur les pieux en Jésus-Christ sont des persécutions particulières. Nous ne devons pas en attendre beaucoup de la part du Corps de Christ. On ne s’attend pas à ce qu’un homme utilise son poing pour frapper son œil, ni qu’une de ses mains blesse l’autre main. Il peut arriver que la peau d’une main soit dure, et qu’elle griffe quelquefois l’autre. Mais nous ne pouvons pas être membres du même Corps et nous persécuter mutuellement. La persécution est quelque chose d’intentionnel, de continu, qui se répète. La persécution, ce n’est pas seulement un acte ou une parole – c’est une succession de paroles et d’actes méchants en vue de punir quelqu’un à cause de ses opinions ou de sa conduite.

Ainsi, la persécution provient d’une certaine classe que Jésus appelle le monde. Mais la classe que Jésus appelle le monde est composée de ceux qui ont une forme de piété, mais qui n’en n’a pas la force. La chrétienté a ses contrefaçons, tout comme l’argent. Ainsi, l’Apôtre parle d’une classe qui prend le nom du Seigneur et abuse de ce nom. Et il y a des personnes dans le monde aujourd’hui qui ne connaissent pas la différence entre la vraie (classe) et la contrefaçon – entre la Vérité et l’erreur – qui ne veulent pas savoir, et qui se gardent de toute voie qui leur permettrait de savoir. Elles savent toutefois qu’elles seraient l’objet d’une certaine forme de condamnation si elles reconnaissaient la réalité et n’agissaient pas en accord avec elle.

Elles ne sont pas toutes des personnes mauvaises. Il y a beaucoup de bonnes personnes au sein de l’ivraie ; mais il n’y a pas de véritable blé parmi l’ivraie – pas de réel nutriment. Mais cette ivraie se fait passer pour l’Église de Christ ; le système d’ivraie se présente pour être le Christianisme. Et c’est généralement de cette classe que viennent les persécutions. Ils essaient d’évincer le blé, ou de l’étouffer et de le rendre stérile. Il en était ainsi du temps de notre Seigneur. Ceux que Jésus appelait persécuteurs n’étaient pas le monde païen de son temps, mais les Juifs mondains – ceux qui n’étaient pas pleinement consacrés au Seigneur, mais qui pensaient l’être.

Nicodème était une bonne personne, ainsi que Gamaliel – il en est de même d’un grand nombre qui ne sont pas du tout devenus disciples de Christ. De toute évidence, beaucoup cherchaient la justice ; comme, par exemple, le jeune homme qui s’est approché du Seigneur pour Lui demander : « Bon maître, que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ? » Le Seigneur lui a répondu : « Tu connais les commandements. » Le jeune homme Lui dit : « Maître, j’ai observé toutes ces choses dès ma jeunesse. » Il avait un caractère noble, et Jésus, le regardant, l’aima, bien qu’il ne fût pas un disciple. Et Jésus lui dit : « Il te manque une chose ; va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens, [prends ta croix] et suis-moi. » Mais il s’en alla, attristé. Il ne souhaitait pas devenir un membre en Christ Jésus. Il ne voulait pas tout donner au Seigneur. Il était très riche – « il avait de grands biens » et il a préféré tenir à sa richesse. – Marc 10 : 17-22.

Il y en avait d’autres qui accomplissaient un grand nombre de formalités et de cérémonies, qui observaient les différentes admonitions de la Loi, ses fêtes et ses jeûnes ; mais ils n’étaient pas de « vrais Israélites, dans lesquels il n’y a point de fraude » (Jean 1 : 47). Plus tard, ils sont devenus les persécuteurs de Christ et de ceux qui marchent dans ses traces de sacrifice.

Prétendus chrétiens persécuteurs

Ainsi, ceux qui vivent pieusement en Christ Jésus sont persécutés, pas tant par le monde que par les prétendus chrétiens. Il y a une classe dans les églises d’aujourd’hui qui possède beaucoup d’orgueil et de suffisance. Ils soutiennent une grande institution. Si quoi que ce soit devait être hostile à cette institution, ceux-ci se mettent en colère et souhaitent alors persécuter. Certains disent, au sujet de ceux qui proclament la Vérité Présente et qui vivent une vie de sainteté comme disciples de Jésus-Christ : Si on laisse ces personnes tranquilles et si on les laisse enseigner ces choses, alors tout ce que nous avons soutenu pendant des siècles va s’effondrer. Luther ne nous a-t-il pas transmis la Vérité ? Calvin n’a-t-il pas donné la Vérité à l’Église ? N’avons-nous pas les enseignements de Wesley ? Non, non, nous ne prendrons pas ces « nouvelles doctrines » !

Mais nous voyons que ces personnes persécutent la Vérité et ses représentants à cause d’incompréhensions. Nous devrions avoir beaucoup de sympathie et ne pas nous mettre en colère contre eux. Cela ne signifie pas que nous devrions être heureux d’être persécutés, car aucune persécution ne semble d’abord être un sujet de joie, mais de tristesse (Hébreux 12 : 11). Mais si nous savons que nous souffrons pour la justice, alors nous savons que l’Esprit de Dieu repose sur nous. Ce sont ceux qui savent qu’ils souffrent pour l’amour de Christ, et qui l’acceptent joyeusement parce que c’est la volonté de Dieu, qui peuvent se réjouir, parce que la persécution crée en eux des effets bénis. Alors,

« Sois toujours sous sa tendre protection,

Car Il calmera la tempête ;

Et de l’angoisse présente

Apportera la paix. »

« Le Seigneur votre Dieu vous met à l’épreuve »

Pourquoi Dieu permet-Il que son peuple souffre ? Pourquoi ne protège-t-Il pas de la souffrance ceux qui sont siens, comme un parent aimant protégerait un enfant ? Les Écritures répondent que c’est parce que Dieu réalise un merveilleux plan qui va finalement amener des bénédictions à tous les justes ; car Dieu souhaite mettre en évidence les effets délétères du péché et ses effets dégradants. Le but de Dieu est qu’après que les six jours du péché et de la mort soient accomplis, il y ait, dans le septième jour, une bénédiction pour toute la création gémissante. « Le Seigneur, l’Éternel, essuie les larmes de tous les visages. » – Esaïe 25 : 8.

Et il y a une raison particulière pour laquelle Dieu permet que ses consacrés soient persécutés. « Le Seigneur ton Dieu te met à l’épreuve », Il te teste. Pourquoi ? Qu’est-ce qu’Il éprouve ? Nous prétendons être ses enfants loyaux. Nous prétendons avoir donné tout ce que nous avons. Et maintenant, « l’Eternel, votre Dieu, vous met à l’épreuve pour savoir si vous aimez l’Eternel, votre Dieu, de tout votre cœur et de toute votre âme. » – Deutéronome 8 : 2 ; 13 : 3.

Combien endurerez-vous ? Endurerez-vous patiemment ? Jusqu’à quel point allez-vous endurer ? Ceux qui endureront le plus, et avec le plus de patience, prouveront avoir le meilleur caractère. Et ceux qui démontrent qu’ils ont le meilleur caractère auront les plus hautes positions dans le Royaume. Chacun aura une position selon sa fidélité. Mais comme une étoile diffère d’une autre en gloire, ainsi en sera-t-il dans le Royaume. Celui qui soutient le plus grand combat contre sa propre nature et démontre le plus l’amour et le zèle de son cœur, celui-là aura une place élevée.

« Comment se passe ton combat ?

Ce combat d’une vie contre le mal ?

Ce n’est pas rien, et ton but n’est pas égoïste ;

C’est le combat des géants et des rois.

Ne prends pas garde à la multitude des adversaires

Combattre l’adversaire est toujours le lot de l’Église.

Sois du côté de Dieu, et tu vaincras en ce jour ;

Malheur à celui que Satan ne combat pas !

WT1914 p5394

Le chemin solitaire

Hélas ! Combien peu savent toute la grâce qu’il faut

Pour fouler le chemin solitaire. Seul !

Ah, oui, seul ! Aucun autre cœur humain

Ne peut comprendre les tristesses innommables que l’on y trouve –

Les nuits passées à pleurer, et toutefois, lorsque se lève le jour,

Saluer le monde d’un sourire radieux,

Et répandre la lumière du soleil en chuchotant

A votre pauvre cœur : « Peux-tu endurer encore un peu plus ? »

Seul ! Pauvre cœur, te demandes-tu Pourquoi ?

Te parait-il étrange de devoir marcher ainsi ?

Ah, non ! Tu ne fais que suivre ses traces,

Et du peuple présent alors,

Personne n’était avec Lui ! Seul ? Toutefois pas seul –

Ton Maître béni et Seigneur n’a-t-Il pas dit :

« Je serai avec toi » ? Ah, mon âme,

Ce n’est plus un chemin solitaire !

24 Décembre 1913, G. W. Seibert