Luc 24 : 13-35
« Christ est mort ; bien plus, il est ressuscité. » – Romains 8 : 34.
Nous allons étudier aujourd’hui une des plus frappantes manifestations de Jésus à ses disciples après sa résurrection. Tôt le matin du jour de sa résurrection, Jésus apparut aux femmes qui étaient venues avec des aromates pour embaumer son corps. Elles firent connaître à Pierre et à Jean la nouvelle que le Seigneur avait été avec elles. Ces deux Apôtres, les plus énergiques, se rendirent avec empressement au sépulcre. Mais ils ne trouvèrent qu’une tombe vide.
Les disciples de Jésus étaient stupéfaits et perplexes. Bien qu’Il leur ait dit qu’Il serait crucifié et qu’Il ressusciterait des morts le troisième jour, ils n’avaient pas compris cet enseignement. Même après avoir entendu dire qu’Il était ressuscité, ils semblaient lents à faire le lien avec ce qu’Il leur avait dit auparavant.
Dans l’après-midi, deux personnes du groupe rentraient à pied chez elles, discutant de leur désappointement à l’égard de Jésus – comment, au lieu de devenir le grand roi, Il avait été crucifié, et comment leurs espérances d’être associés à Lui dans la dignité et l’honneur avaient été brisées. Jésus avait été reconnu comme imposteur, à la satisfaction des dirigeants. Sa crucifixion semblait avoir établi le fait qu’Il ne pouvait être le Messie qu’Il avait déclaré être et auquel ils avaient cru.
On ne peut supposer que Jésus soit encore chair
Alors qu’ils discutaient ainsi, Jésus les rejoignit. Ils ne Le reconnurent pas, à cause de son changement dans la résurrection. L’Apôtre Pierre nous dit qu’Il a été « mis à mort quant à la chair, mais a été rendu vivant quant à l’Esprit. » (1 Pierre 3 : 18). Nous comprenons cela à la lumière de l’explication donnée sur le changement dans la résurrection de l’Eglise. L’Apôtre Paul déclare : « Il est semé en déshonneur, il ressuscite en gloire ; il est semé en faiblesse, il ressuscite en puissance ; il est semé corps animal, il ressuscite corps spirituel. » (1 Corinthiens 15 : 42-44). Bien entendu, si l’Eglise doit expérimenter un tel changement dans la résurrection afin d’être comme son Seigneur, Celui-ci doit donc avoir expérimenté ce même changement.
La même pensée est donnée à nouveau par l’affirmation de l’Apôtre : « Tous nous serons changés, en un instant, en un clin d’œil » car « La chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu. » (1 Corinthiens 15 : 50-52). Le changement que l’Eglise doit expérimenter, afin d’être adaptée au Royaume de Dieu, est le même changement que Jésus a expérimenté quand Il a été ressuscité des morts, comme Esprit donateur de vie – et non plus comme homme.
Le titre de notre Seigneur, « le Fils de l’Homme », Lui appartient toujours, de même que celui de « la Parole de Dieu », le Logos. Lorsque le Logos a été fait chair, son identité n’a pas été perdue. Concernant les expériences humaines de notre Seigneur, nous lisons : « Tu m’as formé un corps » (Hébreux 10 : 5-10) pour la souffrance de la mort. Lorsqu’Il a accompli ce dessein, Il n’avait plus besoin de la nature humaine ; mais, comme Il l’avait annoncé à ses disciples, Il a été élevé à la place où Il était auparavant – au plan spirituel, à la nature spirituelle, de même que, plus tard, jusqu’aux cieux.
Supposer que Jésus est un être charnel dans les cieux, portant des blessures et des cicatrices pour l’éternité, et entouré d’êtres spirituels sur un plan plus élevé que le plan humain, laisserait à penser que le Père ne L’a jamais réellement élevé à la gloire qu’Il avait auprès de Lui avant que le monde fût (Jean 17 : 5). Ceci est absolument inconcevable. C’est pourquoi, nous devons garder à l’esprit les Écritures qui montrent que le Père a souverainement élevé le Rédempteur, non seulement en Le restaurant à la position d’être spirituel, plus haut que le plan humain, mais en L’élevant « bien au-dessus des anges, des principautés, des puissances et de tout nom qui peut se nommer. » – Philippiens 2 : 9-11 ; Ephésiens 1 : 20-23.
« Jésus se manifesta »
Luc déclare que Jésus s’est manifesté vivant après sa résurrection (Actes 1 : 3). Il nous dit d’ailleurs qu’Il est apparu. Le récit montre que les deux termes sont prouvés par les faits. Il est apparu et Il a disparu. Il se montrait à certains et pas à d’autres, manifestant de toutes manières le fait que de grands changements s’étaient opérés en Lui après ces trois jours. Il pouvait non seulement se montrer et apparaître sous différentes formes, dans différents corps, qui ne se ressemblaient pas, mais aussi dans différents habits. Puis, lorsqu’Il disparaissait soudainement, les habits disparaissaient aussi.
Lorsque nous disons que Jésus, un être spirituel, se matérialisait, il ne faut pas comprendre que nous sympathisons d’une quelconque façon avec les spirites, qui font apparaître les morts. Si nous voulons une illustration, retournons au récit biblique qui nous dit comment Jésus, alors qu’Il était le Logos – avant que sa nature spirituelle soit changée en nature humaine – est apparu à Abraham, en compagnie de deux anges. Nous lisons que le Seigneur et deux anges ont mangé et parlé avec Abraham, qui ne les connaissait pas, mais a « logé des anges, sans le savoir » (Hébreux 13 : 2) jusqu’à ce que, finalement, leur identité soit révélée.
Il en a été de même avec les deux disciples en route pour Emmaüs : L’étranger qui les rattrapa a demandé avec sympathie : De quoi vous entretenez-vous…, pour que vous soyez tout tristes ? (Luc 24 : 17). Ils Lui ouvrirent leur cœur, étonnés qu’Il ne soit pas au courant. Ils parlèrent de Jésus le Nazaréen, un puissant Prophète en actes et en paroles devant Dieu et devant tout le peuple ; et ils Lui expliquèrent comment les principaux sacrificateurs et les dirigeants L’avaient livré pour Le crucifier. Ils expliquèrent que leur déception était double, ils avaient non seulement perdu un ami, mais leur espoir qu’Il serait le Messie qui délivrerait Israël, avait été brisé. Ils poursuivirent en Lui racontant les événements du matin même – que quelques femmes de leur groupe avaient trouvé la tombe vide, et avaient vu des anges qui leur avaient dit qu’Il était vivant, etc.
Cela offrit à Jésus l’opportunité qu’Il recherchait – expliquer calmement à ses disciples, sans excitation, que les moments qu’ils avaient vécus faisaient partie du Plan divin. Il leur dit : « O hommes sans intelligence, et dont le cœur est lent à croire tout ce qu’ont dit les prophètes ! » (Luc 24 : 25). Il déclara qu’il était nécessaire qu’Il souffrît ainsi afin d’entrer dans sa gloire – que sans de telles souffrances, Il n’aurait jamais pu être le Roi de Gloire, ayant le pouvoir de bénir et de rétablir bientôt l’humanité. – Actes 3 : 19-21.
Puis, Il commença à montrer, dans les écrits de Moïse et de tous les prophètes, ce que Dieu avait annoncé concernant les expériences du Messie. Il leur a très probablement rappelé comment Isaac avait été offert en sacrifice par Abraham, expliquant qu’Abraham représentait le Père céleste et Isaac Le représentait Lui-même ; et que l’offrande, même si elle n’avait pas été entièrement exécutée, représentait sa mort, tout comme cela s’était produit. Que le reste de la vie d’Isaac représentait la résurrection de Jésus, et son retour auprès du Père.
Il leur a sans doute parlé du rocher qui fut frappé, duquel a jailli de l’eau – que ce rocher Le représentait Lui-même, Lui qui devait être frappé afin de donner l’Eau de la Vie au monde mourant. Il leur a très probablement dit comment Moïse a élevé le serpent dans le désert, et a expliqué que le serpent représentait le péché et que Lui-même, par sa crucifixion, a pris la place du pécheur pour que le pécheur puisse, par la foi, être rendu juste aux yeux de Dieu, par le sacrifice du Rédempteur.
Il leur a sans doute expliqué le sacrifice du Jour de Réconciliation, dans lequel le taureau, qui était tué, Le représentait Lui-même dans la chair ; et dans lequel le souverain sacrificateur, qui était vivant et qui entrait dans le Très Saint afin d’asperger le sang pour le pardon du peuple, Le représentait également, en tant qu’être spirituel qui, après sa résurrection, irait aux cieux offrir une fois pour toutes une complète expiation du péché pour le monde, et reviendrait à son Second Avènement bénir ceux pour lesquels Il était mort.
« Il ouvrit les Écritures »
Il leur a sans doute expliqué que l’agneau pascal Le représentait Lui-même, « L’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde. » Nous pouvons penser qu’Il a poursuivi avec les Psaumes, avec Esaïe et les autres prophètes, expliquant tous les passages prophétiques concernant les souffrances de Christ et la gloire qui suivrait. Il n’est pas étonnant que ces disciples déclarèrent plus tard que leurs cœurs brûlaient au-dedans d’eux lorsqu’Il leur dévoilait les Écritures !
De même que les disciples d’alors ont été rafraîchis par le message de la grâce de Dieu et par l’accomplissement de ses promesses, il est certain qu’il en est de même pour tous les disciples de Jésus. Le Seigneur a déclaré prophétiquement : « Mon peuple périt par manque de connaissance. » (Osée 4 : 6). De toute évidence, on ne peut avoir qu’une vie et une expérience chrétiennes chétives si l’on ne comprend pas et n’assimile pas la Parole de Dieu. C’est pourquoi Jésus et les Apôtres nous exhortent fréquemment disant que le peuple de Dieu doit croître en grâce et en connaissance, et doit sonder les Écritures, etc. Que ceux qui sont froids et indifférents s’unissent à ceux qui sont découragés et abattus pour venir au Maître afin d’obtenir la « nourriture au temps convenable. » Ceux-là certainement ne s’en retourneront pas bredouille de Celui qui a dit : « Cherchez, et vous trouverez ; frappez, et l’on vous ouvrira » (Matthieu 7 : 7). Leur cœur brûlera en eux à mesure qu’ils réaliseront l’accomplissement des promesses divines dans le passé, et ils développeront ainsi leur foi en l’accomplissement des promesses encore futures.
Jésus aurait pu se manifester à ses disciples d’une autre manière. Au lieu d’apparaître sous l’aspect d’un jardinier ou d’un voyageur, etc., sous différentes formes, puis de disparaître après avoir communiqué avec ses disciples, Il aurait pu faire comme Il l’a fait avec Saul de Tarse, le dernier à qui Il est apparu. Comme nous le lisons, « Après eux tous, il m’est aussi apparu à moi, comme à l’avorton » (1 Corinthiens 15 : 8). Ceux qui sont maintenant engendrés du saint Esprit doivent naître de l’Esprit à la résurrection. Ils seront alors des êtres spirituels, comme le Rédempteur, Le verront tel qu’Il est et partageront sa gloire. Ce sera alors le moment opportun pour tous ses disciples de Le voir tel qu’Il est – et non tel qu’Il était. – 1 Jean 3 : 2.
Mais Saul de Tarse L’a vu en tant qu’être spirituel, « dont l’éclat surpassait celui du soleil » à midi, il L’a vu ainsi avant l’heure. L’effet que cela a eu sur lui fut un désastre pour ses yeux, et exigea un miracle pour recouvrer la vue. Et même alors, une certaine déficience subsista, telle une écharde dans la chair jusqu’au jour de sa mort, comme un souvenir de la grande miséricorde de Dieu à son égard et pour le garder humble dans le cadre de son puissant ministère – 2 Corinthiens 12 : 7.
« Ils le reconnurent – Il disparut »
Lorsque les voyageurs sont arrivés à Emmaüs, Jésus accepta leur hospitalité suite à leur insistance. Nous avons toutes les raisons de supposer que s’ils n’avaient pas insisté, Il ne se serait pas arrêté avec eux ; car « il parut vouloir aller plus loin » (Luc 24 : 28). Et il en est toujours ainsi ; Il ne s’impose pas à ses disciples. Au contraire, Il nous encourage à reconnaître que nous avons besoin de Lui et à demander, pour que nous puissions recevoir, afin que notre joie soit parfaite. Il en a été de même avec ces frères à Emmaüs. Ils apprécièrent ce qu’ils avaient appris. « Jamais homme n’a parlé comme cet homme. » (Jean 7 : 46). Puisqu’Il leur avait apporté une telle joie spirituelle, ils se feraient un plaisir de Lui manifester toute la courtoisie possible, espérant ainsi avoir d’autres opportunités de conversation.
Et il en a été ainsi. Lorsqu’ils se sont assis pour dîner, leur invité avait quelque chose dans sa manière de faire qui ressemblait à Jésus ; et la manière qu’Il a eue de demander la bénédiction sur la nourriture leur rappelait Jésus, de toute évidence. Les yeux de leur entendement ont commencé à s’ouvrir. Ils réalisèrent immédiatement que personne d’autre que leur Maître n’aurait pu leur donner les leçons dont ils venaient de profiter durant leur voyage. Et ayant ainsi accompli le but de sa matérialisation, Il disparut immédiatement de leur vue – Lui et ses vêtements – instantanément.
Leur joie était trop grande pour leur permettre de dormir. Ils se hâtèrent de porter la bonne nouvelle aux autres disciples. Ils retournèrent donc à Jérusalem, et y trouvèrent les autres se réjouissant de ce que le Seigneur était apparu à Simon Pierre. Alors, les deux racontèrent leur expérience ; comment la foi, l’espérance et la joie avaient commencé à croître dans leurs cœurs.
Qui ne peut pas voir que la manière de se manifester du Seigneur après sa résurrection fut en tous points la meilleure ! S’Il était apparu à un grand nombre d’entre eux ou à tous, comme Il apparut plus tard à Saul de Tarse, ils auraient été désorientés et choqués. Ils n’auraient pas été en mesure d’identifier avec certitude la lumière « dont l’éclat surpassait celui du soleil à midi » comme étant leur Maître, Jésus. Même si une voix venant du ciel avait annoncé sa résurrection, Jésus n’aurait pas eu la même opportunité pour leur expliquer les prophéties ; et eux, perturbés et impressionnés, n’auraient pas été aussi bien en mesure de recevoir l’instruction.
Il convient de rappeler que sur moins de dix apparitions durant les quarante jours entre la résurrection et l’ascension de notre Seigneur, Il n’est apparu que deux fois sous une forme qu’ils connaissaient, portant les marques de la crucifixion. A ces deux occasions, Il est apparu alors que les portes étaient fermées, et ensuite Il disparut alors que les portes étaient toujours fermées, afin que ses disciples puissent apprendre une double leçon :
1) Il n’est plus mort, mais vivant, ressuscité.
2) Il n’est plus chair, mais esprit – « Maintenant, le Seigneur est cet Esprit. »
WT1914 p5415