LUC 17 : 11-19
« Ne s’est-il trouvé que cet étranger pour revenir et donner gloire à Dieu ? » – verset 18
L’essence de notre leçon d’aujourd’hui est la gratitude. Il s’agit d’un trait de caractère plus que raisonnable que l’on retrouve même fréquemment parmi la création animale. Il est impossible d’imaginer un être humain parfait ou un ange agréable à Dieu sans cette qualité. Nous pourrions presque dire que notre degré d’acceptabilité auprès de Dieu se mesure par notre gratitude. Elle conduit à l’obéissance aux lois et commandements divins, qu’ils soient compris ou non. Elle mène à l’œuvre de sacrifice de soi au service de Dieu, et selon un arrangement automatique divin c’est une source de bénédictions.
Notre leçon nous enseigne que le Sauveur approchait de Jérusalem par la route de la Samarie et de la Galilée. On suppose qu’il s’agissait de son dernier voyage à Jérusalem, juste avant sa mort. Sa renommée s’était répandue ; et dix lépreux assis sur le bord de la route entendirent que Jésus de Nazareth passait par là. Immédiatement ils L’appelèrent aussi fort que leur voix étouffée par la maladie le leur permettait. Habituellement leurs appels étaient pour de l’argent, mais cette fois-ci ils appelèrent : « Maître, aie pitié de nous ! »
Les lépreux sont une classe bien à plaindre. Leur maladie a longtemps été considérée comme incurable et c’est pour cela que dans la Bible elle est l’image symbolique du péché. Il s’agit d’une affection qui semble altérer le sang. Les articulations se déforment, se désagrègent et se nécrosent. Selon les règlements en vigueur au temps de notre leçon, il était interdit aux lépreux d’entrer dans les villes, sous peine de trente-neuf coups de bâton. Ils n’avaient aucun moyen de gagner leur vie et dépendaient entièrement de la charité de leurs amis ou du public. Ils n’avaient pas le droit de s’approcher des autres à moins de cent cinquante pieds, par crainte de la contamination. Ils étaient tels des morts vivants.
Les dix mentionnés dans cette leçon étaient rassemblés par leur malheur commun qui ignorait les barrières raciales entre Juifs et Samaritains. En réponse à leur appel à l’aide, Jésus, bien que rempli de compassion, sembla considérer leur appel avec froideur. Il leur dit seulement : « Allez-vous montrer aux sacrificateurs ». Selon l’arrangement divin de l’Alliance de la Loi, les Juifs ne devaient être affectés d’aucune maladie représentant le péché. Les sacrificateurs avaient à se prononcer sur les cas de lèpre, pour déterminer si oui ou non il s’agissait bien de celle-ci, etc. L’ordre du Seigneur aux lépreux d’aller se montrer aux sacrificateurs sous-entendait la guérison, et suggérait qu’ils l’obtiendraient avant de parvenir jusqu’au sacrificateur et être déclarés purs.
Les lépreux ont dû avoir une connaissance certaine de la puissance de Jésus et ont manifesté une grande foi, car au lieu d’implorer une guérison immédiate, ils ont suivi son instruction et sont allés voir le sacrificateur pour être examinés. Ils espéraient assurément qu’ils seraient guéris avant d’arriver et qu’ils recevraient alors la confirmation de leur guérison. Ils avaient parcouru une courte distance quand ils réalisèrent qu’ils étaient guéris. Nous pouvons imaginer avec quelle joie ils se hâtèrent pour obtenir l’approbation du sacrificateur afin de retourner vers leurs familles, leurs occupations, etc. Il est probable qu’ils couraient presque, dans l’euphorie d’un sang purifié ! Mais l’un d’entre eux ralentit, puis fit demi-tour. Il est probable que les autres, dans leur excitation, ne s’en aperçurent même pas. De retour, il vint et tomba aux pieds de Jésus pour Le remercier. Il avait un cœur reconnaissant, et on peut être certain qu’il reçut une bénédiction par après, même s’il ne la reçut pas alors car il était Samaritain, étranger à la communauté d’Israël.
UNE AUTRE MIETTE DE FAVEUR
Dans son cas, la guérison fut une miette provenant de la table des enfants (Marc 7 : 28), car l’homme riche n’était pas encore mort – la faveur de Dieu ne s’était pas encore retirée d’Israël. Jésus n’avait pas encore prononcé les paroles fatidiques : « Votre maison vous sera laissée déserte » (Matthieu 23 : 38). Non, la faveur à l’égard d’Israël dura encore trois ans et demi, après que leur maison fut laissée déserte – ce fut une faveur individuelle. Il s’écoula encore trois années et demie après la mort de Jésus avant que la faveur individuelle accordée aux Juifs prenne fin et que l’Évangile soit prêché aux Païens : Corneille étant le premier à être accepté dans la communion avec Dieu – Actes 10.
Si le lépreux qui était revenu avait été Juif et non pas Samaritain, notre Seigneur l’aurait sans aucun doute invité à devenir un de ses disciples, et lui aurait dit : « Viens, prends ta croix, et suis-moi ! » Mais parce que c’était un Samaritain, Jésus lui dit seulement : « Lève-toi, va ; ta foi t’a sauvé » (Luc 17 : 19). Nous ne pouvons douter cependant que la providence du Seigneur accompagna ce Samaritain reconnaissant, et que lorsque vint le temps pour que la porte soit ouverte aux Païens, il fut parmi ceux qui reçurent le message avec joie, et se consacra pour devenir héritier de Dieu et cohéritier de Jésus-Christ notre Seigneur à l’héritage céleste.
Nous ne devons pas comprendre les paroles de notre Seigneur : « Ta foi t’a sauvé » comme signifiant que cet homme fut guéri par sa foi indépendamment de la puissance divine, mais que ce fut plutôt la puissance de Dieu utilisée par le Maître agissant en relation avec la foi de l’individu. La puissance de Dieu alliée à la foi de l’homme permit sa guérison. Il en fut de même pour les neuf autres qui furent guéris. Ils avaient également la foi et furent guéris, mais en tant que Juifs soumis à l’Alliance de la Loi, ils avaient davantage de motifs pour solliciter la mansuétude et la guérison que ce Samaritain.
DIX ONT ÉTÉ GUÉRIS : OÙ SONT LES NEUF AUTRES ?
Jésus attira l’attention du public sur le fait que dix furent guéris, mais qu’un seul revint pour rendre gloire à Dieu. Il est vrai qu’Il ne leur avait pas demandé de revenir pour louer et manifester leur gratitude pour la puissance divine manifestée en Lui. Il est également vrai qu’ils firent ce qu’Il leur avait dit de faire : aller se montrer au sacrificateur. Il ne leur avait rien demandé de plus, aussi retournèrent-ils à leurs affaires.
Pourquoi, avant de les guérir, ne négocia-t-Il pas avec eux en leur proposant de les guérir à condition qu’ils consacrent leurs vies en devenant ses disciples ? Ils auraient sans aucun doute accepté un tel arrangement. Qui n’aurait pas accepté n’importe quelle condition pour être débarrassé d’une maladie si répugnante et incurable ? Pourquoi Jésus n’usa pas de cette méthode pour augmenter le nombre de ses disciples ? Indubitablement la réponse est qu’Il agissait selon l’Esprit du Père, exprimée en ces termes : « Le Père recherche ceux qui L’adorent en esprit et en vérité » (Jean 4 : 24). De même que le Père recherche ceux-là, le Fils n’en recherche pas d’autres.
A cet égard, l’enseignement de Jésus et des Apôtres contraste fortement avec la majorité des enseignements des évangélistes, du mouvement du réveil protestant, etc. Jésus ou les Apôtres n’incitèrent en aucun cas des gens du monde à devenir disciples de Christ. Ils enseignèrent ou déclarèrent certains grands faits et acceptèrent ceux qui vinrent à eux suite à ce genre d’enseignement, influencés par les merveilleux faits exposés. Ils raisonnaient au sujet du péché, de la justice et d’un futur temps de détermination ou de jugement, et s’en remettaient à la conscience individuelle. Ils déclaraient que ceux qui abandonnent le péché et se tournent vers Dieu peuvent obtenir le pardon et être réconciliés au travers du mérite du sang de Christ. Ils parlèrent d’un haut ou céleste appel adressé à de tels repentants qui voudraient consacrer entièrement leur vie au service de Dieu, de la vérité et de la justice, et endurer les difficultés comme de bons soldats.
Nous nous souvenons qu’à une occasion Jésus sembla même réprouver l’enthousiasme qui peut obscurcir un jugement posé, lorsqu’Il dit : « … lequel de vous, s’il veut bâtir une tour, ne s’assied d’abord pour calculer la dépense ? » (Luc 14 : 28). Il a plu à Dieu, par la prédication de la Vérité, d’appeler la classe qu’Il désire faire cohériter avec son Fils. Ceux qui la composent ne doivent pas être amenés dans la famille de Dieu par des prières ou par excitation, mais par la déclaration des termes et des conditions divines. A ceux-ci qui acceptent la grâce de Dieu, le message pressant est de ne pas la recevoir en vain ; qu’après avoir mis la main à la charrue, ils ne regardent pas en arrière. Que s’étant enrôlés comme bons soldats de la Croix, ils endurent l’adversité, se réjouissant du privilège qui leur est donné de servir et de se sacrifier.
Ce que nous soulignons ici, c’est que selon la Bible, Jésus ou les Apôtres n’ont jamais essayé de recruter pour l’armée du Seigneur par des cris d’incitation [littéralement par des « hip, hip, hip, hourra ! »]. Nous ne cherchons pas à critiquer qui que ce soit, mais attirons l’attention sur des faits qui ont beaucoup à voir avec la conduite du peuple de Dieu qui cherche à connaître et à faire sa volonté.
LES DIX, LES CENTS, LES MILLE AUTRES
Considérons l’incident de notre leçon de manière symbolique. Les lépreux peuvent nous représenter les pécheurs qui en sont venus à réaliser leur impureté et crient au Seigneur pour qu’Il les purifie. Cela implique qu’ils reconnaissent sa grandeur et sa puissance en tant que Fils de Dieu de qui seul provient le pardon du péché, et manifeste implicitement leur désir de Le suivre, d’être ses disciples, convaincus que le péché est nuisible, de prendre ainsi la résolution de marcher sur les traces du Seigneur, de combattre le péché en eux-mêmes et partout. Combien parmi les dix, les cents, les mille, dont le Seigneur a accepté la dévotion et la foi – combien de ceux qu’Il guérit, pardonna et reçut selon leur profession de disciple – sont devenus véritablement ses disciples ?
Combien de ceux qui ont déclaré au Seigneur leur malheur, leur désir de pardon des péchés et Lui ont promis une vie de gratitude et de dévotion jusqu’à la mort pour obtenir sa faveur, ont finalement oublié leurs privilèges et après avoir obtenu la bénédiction sont partis, l’un à son champ, un autre à son commerce, un autre vers des plaisirs et un autre vers le formalisme ! Combien peu se sont souvenus de leurs prières pour obtenir la miséricorde du Seigneur, de leurs résolutions concernant ce qu’ils feraient si leurs prières étaient exaucées !
UN RENOUVEAU EST EN VUE
Un grand nombre de Chrétiens pense de plus en plus que nous vivons aujourd’hui dans un temps d’épreuve cruciale pour tous ceux qui ont fait alliance avec Dieu. Ils croient que nous nous approchons du temps où l’Église, le Corps de Christ, sera accueillie par le Seigneur en tant qu’Épouse par le changement dans la résurrection. Comme l’Apôtre l’a écrit : « Nous serons changés, en un instant, en un clin d’œil » (1 Corinthiens 15 : 52) ; car « la chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu » (1 Corinthiens 15 : 50). L’Appel de cet Age de l’Évangile a eu pour but de trouver ceux qui doivent constituer la classe de l’Épouse, les associés de Jésus dans son Royaume.
Jésus disait à propos des Juifs, lors du temps d’épreuve à la fin de leur âge, qu’ils n’avaient pas connu le temps de leur visitation (Luc 19 : 44). Seul un petit nombre fut dans une condition de cœur de proximité avec Dieu, qui leur permit de comprendre le caractère de l’époque dans laquelle ils vivaient et le changement en cours. Notre pensée est qu’un changement similaire a lieu maintenant parmi nous, lequel est discerné par ceux qui ont les yeux de leur entendement ouverts.
Le Samaritain de notre leçon semble représenter une classe de disciples du Seigneur reconnaissants qui cherchent à Lui rendre gloire par leurs paroles, pensées et actions, tandis que la majorité de ceux qui ont de manière similaire obtenu sa faveur, sont disposés à poursuivre les ambitions et plaisirs de la vie présente. Ils négligent de suivre le chemin que le Maître a tracé, et n’atteindront pas la gloire, l’honneur et l’immortalité qu’Il a obtenus et auxquels Il a appelé cette classe. Une moindre place leur sera accordée. Dans peu de temps, selon la Bible, les gloires du Royaume seront révélées à un monde stupéfait, mais les gloires du présent monde disparaitront.
La véritable sagesse qui vient d’en haut a été manifestée par notre Seigneur, qui n’a pas considéré sa propre vie comme chère à ses yeux, mais qui s’est dépouillé Lui-même pour faire la volonté du Père, et qui a été récompensé en étant hautement exalté. L’Apôtre Paul exprime la même pensée, disant qu’il a considéré toute chose comme une perte et un rebut (Philippiens 3 : 8), afin de gagner une place dans le Corps de Christ : l’Église dans la gloire au-delà du voile. Aussi grandes que puissent être les bénédictions du monde dans le Royaume Millénaire, les bénédictions de l’Église seront infiniment supérieures.
WT1914 p5453