LUC 17 : 20-37
« Voici, le royaume de Dieu est au milieu de vous. » – Luc 17 : 21.
Notre compréhension des paroles du Maître dépend largement de leur contexte. Jean-Baptiste a précédé Jésus et prêché que le Royaume de Dieu était proche. En temps voulu, il a indiqué que Jésus était le Messie qui devait venir, l’Agneau de Dieu. Après avoir attendu des mois que Jésus s’établisse comme roi sur la terre, il réalisa plutôt que son propre travail arrivait à sa fin, et il fut mis en prison par Hérode. Jean fit alors demander à Jésus si oui ou non Il était Celui qui devait venir ou s’ils devaient en chercher un autre. Il fut déçu de ne pas voir les évidences du Royaume, tel qu’il l’espérait.
Les Scribes et les Pharisiens entendirent parler de l’allégation selon laquelle Jésus était le Roi promis depuis longtemps, qui établirait son Royaume Messianique, mais ils se moquèrent de Lui. Ils considérèrent son entourage de partisans hétéroclites : des publicains et des pécheurs, aussi bien que des personnes honorables, mais aucun particulièrement riche ou influent. Ils considérèrent Jésus comme un imposteur et ses disciples comme des dupes. Notre leçon raconte comment ils tentèrent d’exposer ce qu’ils supposaient être une tromperie de Jésus, afin de détourner ses disciples de l’illusion. C’est pour cela qu’ils Lui posèrent en public la question : Quand viendra le Royaume de Dieu ? Combien de temps faudra-t-il avant que tu le mettes en place ?
Ils avaient sans doute pour dessein de prendre Jésus au piège, car s’Il leur répondait : « dans longtemps », ses disciples auraient été découragés. S’Il avait dit : « dans peu de temps », ils Lui auraient demandé : « Où trouveras-tu ton armée ? », « Comment paieras-tu tes soldats ? », « Comment vas-tu les nourrir ? », « Iras-tu à Rome combattre les pouvoirs en place, ce que notre nation toute entière a été incapable de réaliser ? », etc.
Mais les Pharisiens ne purent aller plus loin que leur première question, car la réponse les réfuta, et sans doute les rendit perplexes. Jésus répondit que le Royaume de Dieu ne viendra pas de manière à être vu, ce qui voulait dire que, lorsque le Royaume viendrait les gens ne le verraient pas. Poursuivant, Jésus détailla disant que lorsque le Royaume de Dieu sera établi, le peuple ne verra pas s’il est ici ou là, car le Royaume de Dieu sera la Puissance de Dieu s’exerçant partout au sein du peuple.
Notre traduction est incorrecte, bien que de toute évidence pas de manière intentionnelle, quand nous lisons : « Car voici, le royaume de Dieu est en vous » [traduction littérale de l’anglais]. Les traducteurs, s’ils avaient été scrupuleux, auraient dû prêter attention en écrivant que le Royaume de Dieu était au sein de ces Pharisiens alors que Jésus les avait désignés comme étant des hypocrites, des sépulcres blanchis, etc. Une analyse approfondie de l’original aurait montré que le texte aurait mieux été traduit par : « Le Royaume de Dieu est au milieu de vous. »
Un Royaume est toujours représenté par son roi. Jésus, en tant que Roi, était présent au milieu d’eux, mais ils ne Le reconnurent pas. « Au milieu de vous il y a quelqu’un que vous ne connaissez pas. » (Jean 1 : 26). De même, durant tout l’Âge de l’Évangile, l’Église de Christ, son Corps, n’a pas été remarquée par le monde. « Si le monde ne nous connaît pas, c’est qu’il ne l’a pas connu. » (1 Jean 3 : 1). Durant dix-huit cents ans, cela a été vrai dans ce sens, mais Christ et l’Église dans la chair ne sont pas le Royaume de Dieu au plein sens propre, celui que la Bible promet comme étant un Royaume en puissance et en grande gloire. Christ et l’Église n’ont été seulement qu’un Royaume naissant, un Royaume embryonnaire, – la classe du Royaume se préparant à l’investiture de l’autorité au temps voulu par Dieu, que nous croyons être proche à présent.
Ce Royaume sera spirituel, aussi ses autorités dirigeantes seront invisibles comme le sont les anges et le Père Céleste. Jésus déclara : « Encore un peu de temps, et le monde ne me verra plus. » (Jean 14 : 19). Ce qui fut vrai pour la Tête, le sera également de chaque membre du Corps de Christ élu, l’Église. « Changés, en un instant, en un clin d’œil » (1 Corinthiens 15 : 52), le monde ne les verra plus, car « la chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu » (1 Corinthiens 15 : 50), et la chair et le sang ne peuvent voir ce qui est spirituel.
Durant le Millénium, l’autorité du Royaume et la puissance de Dieu par Christ et l’Église s’exerceront parmi les hommes, et cependant, ils ne les verront pas avec leurs yeux naturels, mais uniquement par les yeux de leur entendement. Tous les yeux aveuglés seront ouverts. Ainsi, chaque œil verra que le Royaume est établi, et tous comprendront que Celui qui a souffert est entré dans sa gloire, et que l’Église, son Épouse, est avec Lui dans la gloire, et que les bénédictions du Millénium découlent d’eux. – Apocalypse 20 : 6.
« LES JOURS DU FILS DE L’HOMME »
Se tournant des Pharisiens, réduits au silence, vers ses disciples, Jésus dit : « Des jours viendront où vous désirerez voir l’un des jours du Fils de l’homme, et vous ne le verrez point. » (Luc 17 : 22). Ce fut une nouvelle étonnante pour les fidèles. Ils étaient pourtant habitués à entendre du Maître des choses qu’ils ne pouvaient pas comprendre, comme par exemple qu’ils devaient manger de sa chair et boire son sang, qu’Il devait être crucifié, etc. Ils prirent toutes ces choses au sens figuré en se demandant quelle pouvait en être la véritable interprétation. Comment Jésus pouvait-Il être le grand Roi, Celui qu’ils attendaient, et cependant ne pas Le voir, ni ses jours ?
Jésus poursuivit sur cette énigme, disant : « On vous dira : Il est ici, il est là. N’y allez pas, ne courez pas après. » (Luc 17 : 23). En un mot, ne croyez pas quiconque vous parlera ainsi de ma seconde venue. Ne soyez pas trompés en croyant que Je viendrai de cette manière. Je vais vous dire de quelle manière je dois venir : « Car, comme l’éclair resplendit et brille d’une extrémité du ciel à l’autre, ainsi sera le Fils de l’homme en son jour. » – Luc 17 : 24.
Cette déclaration étonnante peut être mieux comprise si nous traduisons le nom grec ‘astrape’ par « lumière brillante » au lieu de « éclair », car de toute évidence, cela se rapporte au soleil, qui se lève à l’est et se couche à l’ouest, brillant d’un côté des cieux, jusqu’à l’autre. Mais comment cela représente-t-il le Fils de l’Homme en son Jour ? Comment peut-Il être comme le soleil ? Nous répondons que le Jour de Christ est un jour de mille ans, le Millénium, et que la déclaration de notre Seigneur était l’une des paroles obscures à propos desquelles Il déclara : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter maintenant. » (Jean 16 : 12). Il promit que le moment venu, le saint Esprit les éclairerait, et toutes ses paroles seraient alors clairement comprises. Ceci, devant être maintenant compris, est devenu clair pour ceux qui ont du discernement spirituel.
Ensuite, pour qu’ils puissent graduellement apprendre que ces choses appartiennent à un temps éloigné, Jésus leur expliqua qu’Il devait d’abord souffrir beaucoup de choses et être rejeté par cette nation. Revenant à l’explication de ce que seraient les signes de sa présence, en réponse à leurs questions notées en Matthieu 24, Il déclara : « Ce qui arriva du temps de Noé arrivera de même à l’avènement du Fils de l’homme. » – Matthieu 24 : 37.
Nous avons ici quelque chose de précis, de concret. Nous savons à quoi nous attendre au temps prévu de l’établissement du Royaume ; temps où le Soleil de Justice commencera à briller d’une extrémité des cieux jusqu’à l’autre. Les signes des temps ne seront pas visibles de manière extérieure pour le monde, bien au contraire, tout se déroulera plus que jamais de manière discrète et ordinaire, comme au temps de Noé, juste avant que le déluge ne s’abatte, et comme au temps de Lot, juste avant la destruction de Sodome : les gens mangeaient, buvaient, se mariaient, construisaient, achetaient, semaient, plantaient, comme à leur habitude. Ces choses ne sont pas des signes de méchanceté, mais sont mentionnées pour nous montrer qu’il n’y aura pas de signe extérieur révélant au monde le temps de la Seconde Présence de Christ, lorsqu’Il commencera à s’occuper du monde et établir son Royaume.
LE DÉLUGE ET LA DESTRUCTION DE SODOME
Pourquoi présenter ces deux images : le déluge et la destruction de Sodome, conjointement avec l’établissement du Royaume du Messie qui doit bénir le monde ? La réponse est que la Bible prédit partout que le Royaume du Messie est l’œuvre merveilleuse de Dieu qui ôtera la malédiction et répandra les bénédictions sur toute la terre, mais que néanmoins, il sera instauré sur les ruines de nos institutions actuelles. Ce sont ces ruines des institutions sociales, financières, politiques et religieuses du temps présent, que Jésus illustra par le Déluge et la destruction de Sodome. Sa présence effective, précédant ce temps de détresse, sera invisible au monde, inconnue du monde, insoupçonnée, personne n’y croira jusqu’à ce que le cataclysme de la détresse s’abatte soudainement.
Ce n’est pas un charmant tableau. Nous nous réjouissons cependant de voir par-delà ce tableau, la doublure d’argent de la nuée, et les merveilleuses bénédictions qui suivront rapidement l’établissement du Royaume sur les ruines des échecs humains.
Insistant sur la soudaineté avec laquelle la détresse va surprendre le monde, Jésus rappela que le jour même où Lot sortit de Sodome, une pluie de feu et de soufre tomba du ciel, et déclara qu’il en sera de même au Jour où le Fils de l’Homme sera révélé. Le texte grec indique une différence entre ‘parousia’, ou présence de Christ avant le temps de détresse, et l’epiphania’ qui suit, ou révélation.
La description de la révélation de Christ est mentionnée dans les paroles : « le Seigneur Jésus apparaîtra [sera révélé] du ciel avec les anges de sa puissance, au milieu d’une flamme de feu. » (2 Thessaloniciens 1 : 7, 8). En effet, le temps de détresse est fréquemment décrit de manière symbolique dans la Bible comme l’ignition du monde, tant et si bien que les credo de la Chrétienté expriment l’idée que la terre doit être « brûlée ». Ils oublient le fait que les cieux également doivent être « brûlés ».
Dans l’usage symbolique de la Bible, la terre représente l’ordre social des affaires humaines ; la mer, les masses agitées, mécontentes ; les cieux, les pouvoirs ecclésiastiques. L’Apôtre Pierre nous dit que toutes ces choses passeront avec fracas, et qu’à la place seront instaurés de nouveaux cieux et une nouvelle terre que Dieu a promis (2 Pierre 3 : 10-13). Les nouveaux cieux seront le nouvel ordre ecclésiastique : l’Église en gloire, cohéritière avec Christ dans son Royaume. La nouvelle terre sera le nouvel ordre social que le Royaume Messianique établira.
LES SAINTS SUR LE TOIT DE LA MAISON
Revenant de nouveau à la période où Il sera présent avant d’être révélé en « flamme de feu » (2 Thessaloniciens 1 : 8), le Seigneur semble nous assurer que tous ses fidèles mourront, et seront changés au moment de leur mort, avant la grande détresse, le feu symbolique, qui consumera les institutions présentes. Dans un langage figuré, Il dit qu’en ce Jour (de sa ‘parousia’ – présence, avant son ‘epiphania’ – révélation) ceux qui seront sur le toit de la maison, avec leurs effets dans la maison, ne devront pas descendre pour les prendre. Qu’est-ce que cela signifie ?
Brièvement, nous croyons que la maison représente la Maison de Dieu, et que ceux qui sont sur le toit représentent les saints les plus fervents du peuple de Dieu. Durant ce temps, ceux-ci réaliseront la nécessité de la fuite, et la question qui se posera est combien de choses, d’objets de valeur, chercheront-ils à sauver ? Ils sont avertis de ne pas chercher à sauvegarder l’une quelconque de ces choses : les privilèges sociaux, l’honneur des hommes, les titres de petites fonctions, que ce soit comme membre du conseil paroissial, diacre, ancien, ministre du culte, etc. Toute tentative pour garder l’une de ces choses sera source de déception. Tout doit être abandonné, sinon l’épreuve de ce temps-là ne sera pas couronnée de succès.
De même, celui qui est dans le champ, ne doit pas revenir en arrière. Le champ représente le monde, et chaque membre du peuple du Seigneur qui est sorti dans le monde – qui a quitté l’église nominale – ne doit pas retourner en arrière, mais apprenant la vérité sur la situation où il se trouve, il doit fuir du champ vers le Seigneur.
Le récit de Matthieu décrit des problèmes spécifiques durant ce temps touchant celles qui seront enceintes et celles qui allaiteront. Nous comprenons que ceci est également symbolique, et s’applique aux Chrétiens qui cherchent à convertir le monde et qui enseignent aux débutants. Ceux-ci se retrouveront comme en travail d’enfantement spirituel ; à cause du changement de dispensation et de l’appel : « Sortez du milieu d’elle mon peuple » (Apocalypse 18 : 4), il sera particulièrement difficile pour ceux-ci d’entendre et d’obéir à l’appel.
En fuyant Sodome, Lot et sa famille avaient été avertis de se hâter et de ne pas même regarder en arrière vers les choses qui allaient être détruites. Le peuple du Seigneur, de même, ne doit pas regarder en arrière vers les choses qui doivent être détruites. Il ne faut même pas y penser. « Fuyez de Babylone, et que chacun sauve sa vie ! » (Jérémie 51 : 6). La femme de Lot désobéit, regarda en arrière avec nostalgie aux choses vouées à la destruction, et ne put s’échapper. Le Seigneur applique cette image à son peuple, et insiste pour que leur fuite soit un renoncement complet aux choses présentes. Celui qui cherche à sauver sa vie, la perdra. Quiconque perdra sa vie la préservera en obtenant la vie éternelle. – Luc 17 : 33.
WT1914 p5455