« VOICI MON SERVITEUR »

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« Voici mon serviteur, que je soutiendrai, mon élu, en qui mon âme prend plaisir. » – Esaïe 42 : 1.

Le prophète Esaïe parle, dans la deuxième partie de son livre (tout le chapitre 40), d’un serviteur de Dieu, dans lequel nous reconnaissons facilement l’Oint de l’Éternel, le Christ. Il ne s’agit pas seulement de Jésus, la Tête, mais aussi des élus qui constituent son Corps et qui ensemble, poursuivent son œuvre. Ils ont à témoigner du seul vrai Dieu, dont « la grâce et la vérité » ont été révélées au monde par son fils Jésus (v. Jean 1 : 17), alors que le peuple d’Israël ne Le connaissait que comme la « justice » et le Juge sévère de toute désobéissance à la Loi.

« Voici mon serviteur que je soutiendrai, mon élu, en qui mon âme prend plaisir. J’ai mis mon esprit sur lui ; il annoncera la justice aux nations. » (Esaïe 42 : 1). Le Seigneur n’a « été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël » (Matthieu 15 : 24) ; cependant ce « serviteur » doit également annoncer la justice aux nations, Il leur est aussi envoyé. Seule l’Église, seul le Christ, accomplit cette partie de la mission, attribuée au « serviteur de Jéhovah ».

Ainsi, dans la description qu’Esaïe nous donne de ce serviteur, nous pouvons voir qu’il s’agit de l’Église, des membres du Christ. Dans la même optique, nous allons étudier en détail le chapitre 49 d’Esaïe, pour en savoir plus sur le caractère et le rôle de la véritable Église de Christ, l’assemblée ointe du Saint Esprit, la servante de Dieu sur terre.

« Iles, écoutez-moi ! Peuples lointains, soyez attentifs ! » (Esaïe 49 : 1). Il ressort de cette introduction que ces paroles divines, ne s’adressent pas au peuple d’Israël selon la chair, mais à d’autres hommes plus éloignés. Les « îles » désignent les pays de la Méditerranée, en particulier la Grèce, mais aussi l’Italie, la Sicile et tout le monde occidental. Et l’expression « peuples lointains » englobe tout le monde encore inconnu.

« L’Éternel m’a appelé dès ma naissance. Il m’a nommé dès ma sortie des entrailles maternelles » (fin verset 1).

C’est l’assemblée des appelés qui parlent ici ; ceux qui étaient prévus dans le plan de Dieu, avant la fondation du monde ; élus pour un service particulier dans l’œuvre du Tout-Puissant ; élus pour un honneur et une gloire particuliers ; élus pour être « ses enfants d’adoption par Jésus-Christ, selon le bon plaisir de sa volonté, à la louange de la gloire de sa grâce. » – Éphésiens 1 : 4-6.

Cette assemblée choisie ne vient pas en son propre nom, ni par une décision personnelle ; elle obéit à l’appel de Dieu. Mais, parce qu’elle croit en Lui et à cause de la décision bénie et « ointe » du Très-Haut, l’appel du Tout-Puissant devient pour elle une obligation. La mission que Dieu lui a donnée, procure l’honneur, mais c’est aussi une contrainte, un devoir plein de responsabilités ; elle demande de renoncer à soi, l’obéissance et la fidélité, de l’abnégation. « Ainsi donc, quiconque d’entre vous ne renonce pas à tout ce qu’il possède, ne peut être mon disciple » explique Jésus en Luc 14 : 33.

L’appel de Dieu entraîne des devoirs, des responsabilités, face à son propre salut. L’appelé subit donc une certaine contrainte. Il ne peut pas se soustraire à l’appel ; sa foi, son amour, son sentiment de responsabilité ne lui permettent pas de renoncer au précieux droit d’être parmi les premiers-nés, en échange du malheureux plat de lentilles que constituent les avantages terrestres – comme l’a fait Ésaü. C’est ainsi qu’il faut comprendre les paroles de Paul : « Malheur à moi, si je n’annonce pas l’Évangile ! Et si j’annonce l’Évangile, ce n’est pas pour moi un sujet de gloire, car la nécessité m’en est imposée. » (1 Corinthiens 9 : 16). C’est pourquoi le monde en général n’envie pas leur mission aux prophètes et aux appelés de Dieu ; il se fâche plutôt contre eux.

« Il a rendu ma bouche semblable à un glaive tranchant, il m’a couvert de l’ombre de sa main, il a fait de moi une flèche aiguë, il m’a caché dans son carquois. » – Esaïe 49 : 2.

Quand ce serviteur de la Parole de Dieu s’exprime, son action est comme une épée à deux tranchants aiguisés (Hébreux 4 : 12), elle provoque un effet démesuré auquel personne n’échappe, qui sonde les cœurs et indique à chacun la direction à prendre : soit vers Dieu, soit loin de Dieu ! Mais, en même temps, cette action est cachée, le monde ne peut ni la comprendre, ni la contrôler. C’est pourquoi il est dit : « Il m’a caché dans son carquois, il m’a couvert de l’ombre de sa main ». L’action de l’Église est cachée ainsi que les personnes concernées, c’est-à-dire les messagers de cette action. Dans quelle mesure ? Le monde n’a aucune considération pour l’Église ; insignifiants à tous points de vue, les appelés de l’âge de l’Évangile sont des gens du commun : « Dieu a choisi ce qui n’est rien (aux yeux du monde) ». Le monde n’y croit pas, parce qu’il cherche l’Église partout, sauf là où elle se trouve. Elle avance en secret, c’est ce qui la protège ; le Père Céleste, dans sa grande sagesse, étend sa main sur elle. Pourtant, elle est remarquablement efficace, une épée tranchante, une flèche aiguë, qui vise juste et atteint sa cible.

« Et il m’a dit : tu es mon serviteur, Israël, en qui je me glorifierai. » – Esaïe 49 : 3.

Cette glorification appartient à l’avenir, elle n’interviendra pas avant « la révélation des fils de Dieu ». (Romains 8 : 19 ; Colossiens 3 : 4).

« Et moi, j’ai dit : c’est en vain que j’ai travaillé, c’est pour le vide et le néant que j’ai consumé ma force. » – Esaïe 49 : 4.

Souvent, l’Église a l’impression d’être impuissante. Comment pourrait-il en être autrement ? Elle n’a pas à convertir le monde, son rôle est de faire briller la lumière, de répandre la vérité et de la défendre ; de conquérir la cause de la vérité et de la gagner. Le représentant de la vérité ne doit utiliser ni la moindre contrainte, ni la moindre pression. Il ne doit proférer aucune menace de condamnation, aucun jugement de valeur ; il n’a pas à prononcer de sermon intimidant, à faire craindre la colère du Tout-Puissant aux incroyants. De telles proclamations agissent (apparemment) peu sur les gens. Celui qui veut remuer les foules, doit se munir des armes spirituelles de l’intimidation et des menaces de la loi. Jésus, Lui non plus, n’a pas parlé de cette façon. « Ne voulez-vous pas aussi vous en aller ? » demande-t-Il à ses disciples (Jean 6 : 67). Pas même contre le traître Judas, Il n’a proféré de menaces. Cela n’aurait d’ailleurs pas de sens : le Tout-Puissant ne veut imposer à personne sa grâce et les privilèges les plus élevés.

« Mais mon droit est auprès de l’Éternel et ma récompense auprès de mon Dieu » – Esaïe 49 : 4.

Malgré ses faibles succès apparents, l’Église de Christ sait que Dieu ne sous-estime pas ses efforts et qu’Il ne mesure et n’évalue pas ses effets d’après l’échelle humaine.

« Maintenant l’Éternel parle, lui qui m’a formé dès ma naissance pour être son serviteur, pour ramener à lui Jacob et Israël encore dispersé ; car je suis honoré aux yeux de l’Éternel et mon Dieu est ma force. Il dit : c’est peu que tu sois mon serviteur pour relever les tribus de Jacob et pour ramener les restes d’Israël : je t’établis pour être la lumière des nations, pour porter mon salut jusqu’aux extrémités de la terre » – Esaïe 49 : 5, 6.

Dans ces versets, nous apprenons quelque chose de nouveau à propos de l’Église. Il est clair que le mot « Israël » est employé ici dans un double sens : d’une part, il décrit le peuple charnel, rebelle sous l’alliance avec Dieu ; d’autre part, c’est le nom du véritable « Israël », dans lequel nous reconnaissons le peuple antitypique de l’alliance avec Dieu, l’Église de l’âge de l’Évangile. Ce « serviteur » a donc été formé pour « ramener Jacob » et « pour relever les tribus de Jacob et pour ramener les restes d’Israël ».

D’autres citations de la Bible nous disent que le Créateur envisage d’exciter la jalousie de son peuple infidèle, car il donnera à un autre peuple la bénédiction de la première résurrection, les avantages qui s’y rapportent et qui étaient prévus pour Israël. Ce n’est pas uniquement pour le punir, mais plutôt pour que ce peuple envisage de rentrer dans les bonnes grâces de Dieu.

C’est par amour pour son peuple choisi infidèle, que Dieu voulait agir ainsi. Nous lisons dans le cantique de Moïse : « Ils ont excité ma jalousie par ce qui n’est point Dieu, ils m’ont irrité par leurs vaines idoles. Et moi, j’exciterai leur jalousie par ce qui n’est point un peuple, je les irriterai par une nation insensée. » (Deutéronome 32 : 21). En Romains 10 : 19, l’apôtre Paul rappelle ce passage des Écritures et enchaîne avec Esaïe 65 : 1 : « J’ai été trouvé par ceux qui ne me cherchaient pas, je me suis manifesté à ceux qui ne me demandaient pas », où il est fait allusion au transfert de la grâce et des bénédictions de Dieu aux appelés de toutes les nations.

Nous voyons donc un des buts que Dieu voulait atteindre grâce à l’Église : récupérer son peuple. Les Juifs n’auraient-ils pas dû être honteux d’apprendre que les nations honoraient leur Dieu de l’alliance, Jéhovah, qu’ils Lui rendaient grâce et s’appropriaient les promesses qui réjouissaient les Israélites autrefois ?

N’auraient-ils pas dû être attentifs, lorsqu’il fut prêché à travers le monde, que le seul vrai Dieu était le Dieu d’Israël ; lorsque des gens de toutes confessions et de toutes nations adoptèrent les pères d’Israël comme leurs pères spirituels : Abraham, Isaac et Jacob ; lorsque ces étrangers reconnurent comme sainte révélation de Dieu les écrits de l’Ancien Testament ; lorsque ces gens admirent comme Écritures Saintes et enseignements de Dieu, Moïse, la Loi et les Prophètes ? Ces évènements étranges n’auraient-ils pas dû déconcerter Israël ?

« Les nations s’approprient nos biens spirituels nationaux » – devraient se dire les Juifs – « nous, le peuple de l’alliance, on nous refuse, comme à des exclus, ces bénédictions spirituelles ». Toujours est-il que l’apôtre Paul a considéré de son devoir d’exciter la jalousie d’Israël. Il a dit : « En tant que je suis apôtre des païens, je glorifie mon ministère afin, s’il est possible, d’exciter la jalousie de ceux de ma race et d’en sauver quelques-uns. » – Romains 11 : 13, 14.

C’est par l’appel de l’Église de Christ que le Très-Haut voulait produire cet effet. Il ne voulait pas encore renoncer à Israël. Paul reprend le verset : « J’ai tendu mes mains tout le jour vers un peuple rebelle et contredisant » (Esaïe 65 : 2 ; Romains 10 : 21), car apparemment Dieu n’a pas cessé, pendant tout l’âge de l’Évangile, d’exercer une influence pressante sur Israël, pour provoquer sa repentance.

Mais le serviteur de Dieu doit constater avec tristesse que « Israël n’a pas été rassemblé ». La jalousie ne s’est pas réveillée chez ce peuple incroyant, il n’a pas réfléchi devant le surprenant changement de procédé du Créateur vis-à-vis de Lui. Il est resté indifférent. Les objectifs de Dieu pour l’Église, de ce point de vue, n’ont pas été atteints – comme Il l’avait sûrement prévu. A cause de son attitude, Israël est devenu le symbole de l’endurcissement.

Cet échec ne provoqua ni reproche, ni déshonneur pour l’Église : « Car je suis honoré aux yeux de l’Éternel et mon Dieu est ma force » (Esaïe 49 : 5). Car cette Église a encore un autre rôle à jouer : « Je t’établis pour être la lumière des nations, pour porter mon salut jusqu’aux extrémités de la terre. » Et cette mission de l’Église a été accomplie. Elle a annoncé à toutes les nations, dans toutes les langues, le nom du Dieu vivant et la résurrection par Jésus-Christ. Elle est devenue la « lumière du monde » et le « sel de la terre ».

« Ainsi parle l’Éternel, le Rédempteur, le Saint d’Israël, à celui qu’on méprise, qui est en horreur au peuple, à l’esclave des puissants ; des rois le verront, et ils se lèveront, des princes, et ils se prosterneront, à cause de l’Éternel, qui est fidèle, du Saint d’Israël, qui t’a choisi » – Esaïe 49 : 7.

Ici nous apprenons que ce serviteur de Dieu est « celui qu’on méprise » durant tout l’âge de l’Évangile. Mais ce mépris est en opposition avec les honneurs prévus pour le futur. Les rois et les princes se prosterneront avec vénération « à cause de l’Éternel », parce que telle est sa volonté ; l’Éternel veut ainsi dédommager l’Église de ce mépris qui a été son lot pendant tout l’âge de l’Évangile.

Quel est ce mépris ? Ces rois et ces princes n’étaient-ils pas les représentants de l’Église, les plus honorés et les plus influents de la Chrétienté – et ne le sont-ils pas encore de nos jours ? Sans aucun doute ; certains d’entre eux prirent rang de prince et appartenaient à la haute sphère de la société humaine. Pourraient-ils être le serviteur de Dieu décrit ici ? En aucun cas, car leur caractère est diamétralement opposé à celui décrit dans la Parole de Dieu.

Le « serviteur » dont il est question dans les Écritures est méprisé, oui, il est détesté, il est « l’esclave des puissants », c’est-à-dire qu’il n’a aucun rôle important à jouer ici, sur terre. Il doit être humble et docile, sous l’autorité supérieure. Ainsi, une église dominante n’est pas l’Église de Christ, une église qui étale sa puissance, qui exerce la violence ne peut pas être « l’esclave des puissants » décrite ici.

« Ainsi parle l’Éternel : au temps de la grâce je t’exaucerai, et au jour du salut je te secourrai ; je te garderai, et je t’établirai pour traiter alliance avec le peuple, pour relever le pays, et pour distribuer les héritages désolés ; pour dire aux captifs : sortez ! Et à ceux qui sont dans les ténèbres : paraissez ! Ils paîtront sur les chemins, et ils trouveront des pâturages sur tous les coteaux. Ils n’auront pas faim et ils n’auront pas soif ; le mirage et le soleil ne les feront point souffrir ; car celui qui a pitié d’eux sera leur guide, et il les conduira vers des sources d’eaux. » – Esaïe 49 : 8-10.

Paul cite la première partie du verset 8 et ajoute en 2 Corinthiens 6 : 2 : « Voici maintenant le temps favorable, voici maintenant le jour du salut », ce qui confirme nos explications sur l’Église de l’âge de l’Évangile.

L’expression « temps favorable » contient clairement l’idée qu’il s’agit d’une période, pendant laquelle les membres de l’Église sont appelés sous l’autorité de Dieu. Ni avant, ni après l’âge de l’Évangile, il n’y a la possibilité d’être admis comme membre du Corps de Christ, de l’Église.

Cet appel place le croyant dans une situation bien particulière dans ce monde : « Vous êtes dans le monde, mais non du monde ». Il ne se sent plus du monde dans lequel il vit et dont il est pourtant dépendant sur le plan physique. Cette situation – du point de vue humain – est très difficile, voire impossible à vivre. Jésus ne dit pas pour rien : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire (ou réussir) ». De même que les Juifs n’auraient pas pu sortir de « l’immense et terrible désert » sans l’aide de Dieu, de même les membres de l’Église ne peuvent traverser la vie sans la protection particulière et l’intervention de Dieu. Il garantit cette protection indispensable et cette aide à son peuple spirituel, dans la mesure où ce « serviteur » Lui demande son aide et se souvient constamment qu’il en a besoin.

Comme le peuple d’Israël dans le désert avait à traverser de rudes épreuves, de même en est-il de l’Église de cet âge, dans un monde où elle est étrangère. Elle n’a pas à réformer, améliorer ou soutenir ce monde ; elle doit concentrer ses efforts sur elle-même, pour réussir à l’école du Très-Haut et pour se préparer à son futur service. Elle n’a pas à se montrer, mais à vivre dans la foi. Non pas maintenant, mais dans l’avenir, elle aura à exercer ses fonctions sur le monde, lorsqu’elle aura les qualités requises « pour relever le pays et distribuer les héritages désolés ».

Ceux qui puisent leurs connaissances théologiques dans leur propre imagination ou dans la sagesse du monde et non dans la Parole de Dieu, se fâchent devant cette interprétation de la mission de l’Église. Ils parlent de l’égoïsme raffiné des fidèles, de leur singularité, de leur enseignement mystique, de leur préoccupation d’eux-mêmes et ne savent pas combien ils sont ignorants ; ils ne savent pas qu’ils ne connaissent que des voies mille fois parcourues et qui ne mènent nulle part. Mais, ils ne connaissent pas non plus le monde terrestre, car ils sauraient que personne ne peut accomplir une grande mission, s’il n’a pas d’abord été formé à cette fonction. Et durant les études, personne ne doit utiliser des compétences qu’il n’a pas encore. Les disciples du Seigneur sont actuellement dans cette période.

Les appelés n’auront pas la permission d’exercer leur haute fonction avant le temps du Royaume. Leur mission consiste à rétablir un monde détruit par une population ignorant Dieu et à organiser une nouvelle répartition des biens et un nouvel ordre social. Il leur faudra aussi instruire, éduquer l’humanité ignorante – et réveiller ceux qui dorment dans la tombe, les « prisonniers » de la mort. Car le rôle du Christ, Tête et Corps, sera d’être le Médiateur de la Nouvelle Alliance entre Dieu et les rachetés, l’humanité réveillée à la vie nouvelle ; Il aura l’honneur de rendre possible le droit à la vie rétablie de l’humanité rachetée par le sang de Christ.

Tout ce qu’aura le « serviteur de Dieu » à distribuer, ce sont des « héritages désolés ». Lors de l’instauration du Royaume, il ne semble pas qu’existera l’abondance et le bonheur. La nouvelle terre sortira progressivement des ruines de l’ancienne, et au début, les traces des terribles destructions seront encore visibles et contraignantes. Le monde doit d’abord devenir pauvre, avant de devenir réellement riche. « Ils trouveront des pâturages sur tous les coteaux et ils paîtront sur les chemins », où il est connu que seuls les plus pauvres font paître leur bêtes. Cela montre des conditions encore difficiles. Mais il est certain qu’ils « n’auront pas faim et ils n’auront pas soif ».

Le nouveau monde ne commencera pas dans l’abondance et le luxe, mais les bénédictions de Dieu seront d’autant plus évidentes, dans de telles conditions. Il n’y aura plus de « mirage » ressemblant à une oasis rafraîchissante dans le désert pour le voyageur assoiffé, qu’il ne pourra en réalité jamais atteindre. Cela signifie que les illusions qui trompaient les hommes et leur cachaient le véritable sens de la vie, n’auront plus d’influence sur eux ; car la vérité et la connaissance de Dieu remplira la terre, comme l’eau couvre le fond de la mer. Et le soleil ne fera plus souffrir personne.

Si les « mirages » sont aujourd’hui une image des illusions que se font les hommes pour mieux supporter la vie, le « soleil » est un symbole de la vérité et de sa clarté insoutenable pour l’homme ; c’est-à-dire qu’il pourrait à peine supporter la pure vérité sur la vie future qui l’attend. Souvent, l’homme est tourmenté par la peur de choses possibles et même réelles qui lui empoisonnent la vie ; celle-ci oscille entre espoir et crainte, entre illusions et angoisses, entre mirage et soleil éblouissant. Ces tourments seront vaincus dans le Royaume de la vérité et de la vie ; car « celui qui a pitié d’eux » les conduira vers des sources d’eaux fraîches. Toutes les routes seront ouvertes et les peuples accourront des quatre points cardinaux, pour partager la joie et l’allégresse du Royaume.

Le Père Céleste a l’intention d’accorder à son serviteur une gloire et un honneur tels, qu’aucun cœur humain ne peut se l’imaginer. Mais, cette gloire future est tellement en opposition avec son humilité et son impuissance actuelles, que le serviteur de Dieu a toujours l’impression que « l’Éternel m’abandonne, le Seigneur m’oublie ! »

Ce que nous voyons, nous affecte ; ce que nous vivons s’impose à nous comme étant la réalité. Il y a pour chacun une nuit sans étoiles. Ont-elles pour autant disparues ? Non. Mais une certitude nous console : derrière les ténèbres, les étoiles brillent, intactes. Et, Jéhovah offre personnellement cette ferme assurance à son Serviteur ! Avec des paroles convaincantes et des images frappantes, Il argumente : « Une femme oublie-t-elle l’enfant qu’elle allaite ? N’a-t-elle pas pitié du fruit de ses entrailles ? Quand elle l’oublierait, moi je ne t’oublierai point. Voici, je t’ai gravé sur mes mains ; tes murs sont toujours devant mes yeux » (Esaïe 49 : 15, 16). La foi doit se nourrir de ces promesses.

C’est pourquoi, nous devons « manger » la Parole, pour que nous ayons toujours présente en nous cette voix du Saint Esprit et du Consolateur. Rien ne doit nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus-Christ. – Romains 8 : 39.

Le serviteur de Dieu est obligé de vivre dans une cruelle contradiction entre « le croire et le voir » et persévérer fidèlement, jusqu’à la mort. Par la foi, il doit devenir « plus que vainqueur », avec la grâce du Seigneur. Mais il a besoin de l’aide que le Seigneur lui a préparé dans sa Parole et au sein de l’assemblée de l’Église. C’est pourquoi : « N’abandonnons pas notre assemblée, comme c’est la coutume de quelques-uns ; mais exhortons-nous réciproquement et cela d’autant plus que vous voyez s’approcher le jour. » – Hébreux 10 : 25.

Mais que signifie : « Tes murs sont toujours devant mes yeux » (Esaïe 49 : 16) ? Ce sont les « murs » de Sion ; nous comprenons que le serviteur n’est pas une unité, mais que le prophète parle ici d’une ville, un ensemble, l’Église de Dieu à laquelle il garantit une protection permanente, pour que son ennemi ne puisse lui porter préjudice. Certes, la « ville » est assiégée, bombardée et combattue, mais l’ennemi n’a pas le droit de l’envahir. Elle obtiendra la victoire, même quand l’adversaire semblera avoir le dessus. Il s’agit d’une victoire de la foi et non de la vue.

Dans les versets 18 à 21, l’Éternel montre à son serviteur désolé, en termes imagés, l’honneur qu’il aura dans le Royaume de Dieu : la couronne de gloire promise aux fidèles lui sera attribuée. En total contraste avec son échec terrestre, où il ne réussit à gagner aucun partisan, ni susciter la foi, ni aucune reconnaissance, il sera, dans l’avenir, entouré, on lui fera confiance, on l’honorera, si bien qu’il dira, tout surpris et émerveillé : « Et tu diras en ton cœur : qui me les a engendrés ? Car j’étais sans enfants, j’étais stérile. J’étais exilée, répudiée : qui les a élevés ? J’étais restée seule : ceux-ci, où étaient-ils ? » – Esaïe 49 : 21.

Et le Seigneur répond : « Ainsi a parlé le Seigneur, l’Éternel : voici, je lèverai ma main vers les nations, je dresserai ma bannière vers les peuples ; et ils ramèneront tes fils entre leurs bras, ils porteront tes filles sur les épaules. Des rois seront tes nourriciers, et leurs princesses tes nourrices ; ils se prosterneront devant toi la face contre terre, et ils lècheront la poussière de tes pieds, et tu sauras que je suis l’Éternel, et que ceux qui espèrent en moi ne seront point confus. » (Esaïe 49 : 22, 23). Dieu Lui-même arrangera les choses de telle façon que le serviteur fidèle trouvera enfin la foi, l’amitié et l’honneur autour de lui.

Mais les appelés qui doutent ont encore deux questions : « Le butin du puissant lui sera-t-il enlevé ? Et la capture faite sur le juste échappera-t-elle ? » – Esaïe 49 : 24.

Celui qui doute de Dieu voit le puissant « prince de ce monde » tout tenir en son pouvoir, sous son charme, usant de moyens scandaleux pour asseoir son autorité et la rendre en apparence inattaquable. Comment imaginer qu’une telle force invisible puisse être ébranlée ? Il est encore plus inconcevable que ceux qui sont légitimement dans la grande prison de la mort, puissent sortir de cette geôle ! La rédemption et le Royaume de Dieu sont limités – c’est du moins ce qu’il semble à l’esprit humain – et ne permettent de croire qu’à une délivrance restreinte et à une faible consolation. Qui pourrait être assez audacieux pour espérer l’impensable ?

Mais quelle est la réponse ? « Oui, dit l’Éternel, la capture du puissant lui sera enlevée et le butin du tyran lui échappera : je combattrai tes ennemis et je sauverai tes fils. Je ferai manger à tes oppresseurs leur propre chair ; ils s’enivreront de leur sang comme du moût. » (Esaïe 49 : 25, 26). Le Tout-Puissant détruira toutes les puissances opposées et aucune autre autorité ne pourra se manifester dans son Royaume, dont le serviteur est Jésus-Christ, la Tête de l’Ecclésia unie à ses membres, l’Église. Celui qui résistera se détruira lui-même.

« Et toute chair saura que je suis l’Éternel, ton Sauveur, ton Rédempteur, le puissant de Jacob. »

TA Juillet-Août 2000