L’EXEMPLE DE NINIVE

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« Jonas fit d’abord dans la ville une journée de marche ; il criait et disait : encore quarante jours et Ninive sera détruite. » – Jonas 3 : 4.

Les écoliers qui ont suivi le cours de religion, connaissent tous le prophète Jonas. Son aventure frappe l’esprit des jeunes et reste en mémoire jusqu’à l’âge adulte. Pour les croyants, la brève description des expériences de ce prophète et de leurs conséquences est digne d’attention. Ils ont non seulement une leçon à retenir pour eux-mêmes et pour leur position dans la foi, mais c’est aussi un avertissement pour les nations et la chrétienté nominale.

Jonas, selon la mission que Dieu lui avait confiée, devait dénoncer, au nom de Jéhovah, le Dieu d’Israël, la méchanceté des habitants de la grande ville païenne de Ninive et prêcher contre eux, c’est-à-dire leur annoncer le jugement. Porter un message aussi conséquent à un peuple fondé dans le péché et le menacer, a sans doute fait peur au prophète, qui a craint pour sa vie. Il savait que son propre peuple, Israël, traitait souvent les prophètes de Dieu durement et même avec cruauté. Que pouvait-il donc attendre d’autre que la mort, de la part des Ninivites? C’est pour cette raison qu’il s’enfuit et s’embarqua sur un bateau pour se cacher  de  Jéhovah. Nous savons de quelle façon miséricordieuse et miraculeuse, le fuyard fut ramené à son devoir.

Enfin, le prophète obéit. Il alla à Ninive et annonça aux habitants leur destruction prochaine, quarante jours plus tard. Nous ne lisons rien à propos d’une opposition de leur part, de rébellion, de blasphèmes ou de menaces pour sa vie. Sa déclaration portait si fortement le sceau de la vérité, que le peuple et le roi crurent à ce qu’il prophétisait et cela les incita à se repentir et à faire pénitence. Les hommes et les bêtes durent jeûner sur ordre du roi, ils se revêtirent de sacs et chacun revint de ses mauvaises voies et des injustices qu’ils avaient commises. Ils avaient entendu parler de la puissance de Jéhovah et espéraient que sa colère s’apaiserait et qu’Il les épargnerait. C’est pourquoi ils s’humilièrent et Lui rendirent honneur. Mais, c’était des hommes ignorant le vrai Dieu, qui « ne savent pas distinguer leur droite de leur gauche » concernant la volonté du Très-Haut. (Jonas 4 : 11). Dieu eut pitié d’eux et se repentit du mal qu’Il avait annoncé.

La pitié de Dieu pour ces hommes nous touche, eux, qui étaient sacrilèges et pécheurs, mais qui craignirent sa Parole et s’humilièrent dès qu’elle leur fut proclamée avec force. Il est aussi troublant de voir, que Dieu juge sévèrement et équitablement ceux qui ne réagissent plus aux châtiments de l’Esprit, qui s’obstinent dans les voies de l’injustice, malgré les avertissements. Pour cette raison, notre Seigneur Jésus a mis sous les yeux du peuple juif incorrigible, l’exemple des Ninivites qui se lèveront avec eux, au jour du jugement et les condamneront, « parce qu’ils se repentirent à la prédication de Jonas ; et voici, il y a ici, plus que Jonas. » (Matthieu 12 : 41 – Luc 11 : 32).

Chacun sait que les prédictions du Seigneur quant au jugement d’Israël se sont réalisées à la lettre. Ce qui arriva à l’ancien monde lors du déluge, à ceux qui n’écoutèrent pas Noé, le prophète juste, ce qui arriva à Sodome et aux villes environnantes, aux anciens royaumes autrefois florissants dont les prophètes dénoncèrent l’injustice, sont des faits historiques instructifs.

Qu’en est-il des nations et des royaumes actuels ? Dieu n’a-t-Il pas fait connaître sa Parole par les Écritures, à chaque peuple dans sa langue, ou du moins par des exposés oraux, pour qu’ils ne restent pas dans l’ignorance ? Les Évangiles ne sont-ils pas répandus sur toute la terre pour annoncer la volonté de Dieu à tous les hommes ? A l’aréopage, Paul a déclaré : « Dieu, sans tenir compte des temps d’ignorance, annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux qu’ils aient à se repentir, parce qu’il a fixé un jour où il jugera le monde selon la justice, par l’homme qu’il a désigné, ce dont il a donné une preuve certaine en le ressuscitant des morts… » (Actes 17 : 30, 31). Le petit nombre de gens qui, non seulement en Grèce mais partout dans le monde, avait une oreille pour entendre et un cœur pour obéir, prouve le peu d’écoute et de foi que ces paroles ont suscité. Bien qu’une importante chrétienté se soit développée du fait que Rome ait élevé la foi en Jésus au rang de religion d’État, la grande majorité n’a pourtant pas compris, et encore moins suivi le message. L’offre de Dieu, conseillant à tous les hommes de se repentir et de revenir de leur impiété, n’a pas été prise à cœur par la plupart d’entre eux. Bien sûr, l’Évangile, pris au pied de la lettre, a contribué à l’évolution des mœurs, il a jeté un semblant de piété sur une partie de l’humanité, mais l’énergie qu’il dégage et la substance de la foi n’ont touché que peu de gens.

Certes, d’après le Plan de Dieu, nous savons que seul un « petit troupeau » est appelé à atteindre le but céleste et que la grande majorité des humains ne seront amenés à l’obéissance que plus tard, durant le Millénium. (Luc 12 : 32 – Actes 3 : 19-24). Pourtant, les Ninivites païens sont avantagés par rapport au monde actuel et à son attitude vis-à-vis de la Parole divine. La chrétienté nominale n’a-t-elle pas, comme Israël, plus que Jonas ? La Parole du Seigneur menace toutes les nations, plus particulièrement la Babylone moderne, « car ses péchés se sont accumulés jusqu’au ciel, et Dieu s’est souvenu de ses iniquités. » (Apocalypse 8 : 5). On peut aussi se désoler avec Esaïe : « Qui a cru à ce qui nous était annoncé ? Qui a reconnu le bras de l’Éternel ? » – Esaïe 53 : 1.

A cause de la situation mondiale actuelle, les nations attendent leur libération de la part des politiciens, des philosophes et des dirigeants, au lieu du Tout Puissant. Et ceci, malgré les annonces explicites du grand Dieu qui bientôt, par le feu de son zèle et de sa justice, détruira sous peu l’ordre mondial. (Sophonie 3 : 8 –  2 Pierre 3 : 7, 10). Où y a-t-il un dirigeant, un peuple, qui prenne cela à cœur ? Où jeûne-t-on ? Où se couvre-t-on d’un sac avec tristesse ? Où y a-t-il une grande ville, comme Ninive, qui invoque mortifiée la miséricorde du Seigneur ? Advienne que pourra ! Le feu de la détresse doit préparer le chemin du Royaume du Sauveur et de son règne ; sur les ruines de l’ancien monde sera instaurée une « nouvelle terre » ; au lieu du « ciel » sombre du prince de la mort, brilleront de plus en plus les « nouveaux cieux » du Prince de la vie et de la paix, jusque dans l’éternité. (Esaïe 9 : 6 – 2 Pierre 3 : 13).

C. C. Binkele – « DER PILGRIM » – Mars-avril 1932