LE BUT DE LA CRISTALLISATION DU CARACTERE

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« Frères, je ne pense pas l’avoir saisi ; mais je fais une chose : oubliant ce qui est en arrière et me portant vers ce qui est en avant, je cours vers le but, pour remporter le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus-Christ. » – Philippiens 3 : 13, 14.

Dans l’épître aux Philippiens, Paul exprime sa pleine appréciation de l’opportunité de gagner un prix, quelque chose méritant qu’on la saisisse dans sa totalité, qu’on se l’approprie, qu’on en prenne possession. Mais qu’est-ce que le grand Apôtre désirait tant et qu’il n’avait pas encore obtenu ? Il en parlait comme d’un prix qu’il désirait absolument gagner.

Nous pourrions considérer « la course pour le prix du haut appel » de deux points de vue, tous deux étant corrects. D’un point de vue, ce but est celui de la ressemblance de coeur au cher Fils de Dieu, de la perfection de l’intention, de l’amour pour la justice, pour Dieu, pour les frères et soeurs de Christ, pour le monde et même pour nos ennemis. Ce degré de développement de caractère devrait être atteint aussi rapidement que possible dans notre expérience chrétienne, et devrait parvenir au point où, si nous devions mourir à n’importe quel moment après l’avoir atteint, Dieu nous trouverait dignes d’avoir part à la Première Résurrection.

D’un autre point de vue, ce « but pour remporter le prix de la vocation céleste » est celui de la cristallisation du caractère à la ressemblance de notre Seigneur. Après avoir atteint la ressemblance de coeur à Christ, nous devons nous y tenir fermement et nous rendre compte de ce que, dans toutes les épreuves que le Seigneur permet sur nous, Il nous considère comme des vainqueurs, non pas du fait de nos propres forces, mais de celles de notre Rédempteur. Ce but du caractère cristallisé n’est pas atteint aussi rapidement, dans notre expérience chrétienne, que le but du développement du caractère. Mais en combattant le bon combat jusqu’à la fin de notre course, nous cristallisons notre caractère dans l’amour pour les principes de justice, ainsi que dans l’amour pour Dieu, pour les frères et même pour nos ennemis. Si nous demeurons ainsi fidèles, nous gagnerons le prix de la gloire, de l’honneur et de l’immortalité.

La perfection, non pas la consécration, est le but.

Il n’y a pas de raison de croire que le but est notre consécration ; nos tests, nos épreuves, en effet, nous viennent après notre consécration, et pas avant. Personne ne peut prétendre avoir atteint le but, simplement parce qu’il s’est consacré, mais parce qu’il a supporté les épreuves, prouvant, de cette manière, que cette consécration était une consécration de coeur et qu’il était sincère dans la dévotion de toute sa force au service de Dieu. Nous ne pouvons pas supposer que le but est atteint juste après la consécration. Il faut posséder un certain niveau de développement du caractère ; il faut qu’il y ait une certaine marque de caractère pour que Dieu puisse considérer la personne digne de la vie éternelle.

Pour Dieu, la norme concernant le caractère est la perfection, qu’il faut maintenir par la loyauté et l’obéissance, quelles que soient les épreuves qu’Il permet d’affecter ses créatures, quel que soit leur plan d’existence. Personne n’obtiendra le prix de la vie éternelle s’il ne subit pas victorieusement ces épreuves. Nous nous rendons compte que l’Église est à l’épreuve durant tout l’âge de l’évangile, pour déterminer si elle est digne de recevoir « la gloire, l’honneur et l’immortalité », ainsi que le co-héritage avec son Seigneur. – Romains 8 : 17.

Nous comprenons, à partir des Écritures, que durant l’âge messianique, le monde sera éprouvé par Le Christ et que, même après avoir passé cette épreuve, il ne recevra la récompense de la vie éternelle qu’après avoir été à nouveau éprouvé par Dieu, à la fin du règne de Christ, lorsque Satan sera relâché pour « un peu de temps » (1 Corinthiens 15 : 24 ; Apocalypse 20 : 7-10). Le fait que le monde doive être ainsi éprouvé par Le Christ et par Dieu, confirme l’idée que Dieu possède un étalon, ou norme du caractère à développer par tous les loyaux et les obéissants – sur tout plan d’existence.

Même si le caractère que le monde devra développer, durant le règne du Messie, ne sera pas le même que celui dont parle Paul dans notre texte, néanmoins, il y aura bien un niveau de caractère que l’humanité devra atteindre. Ceux qui parviendront alors, à ce but, auront la vie éternelle sur le plan humain. Mais ceux qui parviennent au but dont parle l’apôtre, ceux-là recevront la vie éternelle sur un plan divin.

Le but de la cristallisation du caractère

L’Apôtre était le noble exemple de celui qui avait atteint le but. Pour autant que nous le sachions, il était prêt à mourir à tout instant ; ainsi, ce n’était pas le but du développement du caractère qu’il n’avait pas atteint. C’était le prix en lui-même qu’il n’avait pas encore obtenu, et il ne le pouvait pas avant que n’intervienne son changement. Il allait constamment de l’avant, confiant que Dieu lui donnerait tout ce qui était en réserve pour « ceux qui L’aiment» (1 Corinthiens 2 : 9). Nous ne pourrions penser que l’Apôtre voulait dire qu’il atteindrait ce but du développement du caractère juste avant sa mort. Ce serait une idée absurde.

Notre Seigneur Jésus était au but du caractère parfait au moment de sa consécration ; et Il se maintint à ce but. En tant que sacrifice, Il aurait été acceptable (et Il l’était, trad.) à tout moment. Il était de son ressort de consacrer sa vie et de ne pas la retenir. Il était du ressort du Père d’arranger les choses de telle manière que les Juifs ne saisissent pas notre Seigneur avant que son heure, déterminée par le Père, ne soit venue. Dans tout ce qu’Il faisait, Il se soumettait à la volonté du Père. Notre Seigneur parlait de sa « coupe », comme d’une coupe préparée pour Lui par le Père. – Jean 18 : 11.

Si notre Seigneur avait déterminé, pour Lui-même, le temps et la manière de sa mort, ce serait alors Lui qui aurait versé la coupe. Si les Juifs avaient déterminé ces points, alors ce seraient eux qui auraient versé cette coupe. Mais ni le Seigneur ni les Juifs ne le firent, parce que et le temps et la manière avaient été prédits par les Prophètes. Notre Seigneur prit la coupe et l’accepta comme étant la providence du Père à son égard. Si la providence du Père L’avait mené à la mort un ou deux ans plus tôt, si la volonté du Père avait été la crucifixion de notre Seigneur plus tôt dans le temps, même cela Lui aurait convenu. Mais Il « a appris l’obéissance par les choses qu’Il a souffertes. » – Hébreux 5 : 8 ; 2 : 10.

Au Jourdain il fut montré, tant par la descente du saint Esprit que par la voix de l’Éternel (Matthieu 3 : 16, 17), que notre Seigneur était parfait et qu’Il avait accompli une consécration parfaite. Il avait également un corps parfait, bien que terrestre, dans lequel la Nouvelle Créature pouvait opérer. Mais son obéissance dut être testée – sa loyauté jusqu’à la mort. Quel que fut le degré d’épreuve auquel notre Seigneur fut soumis, ce fut le bon degré, en accord avec la sagesse du Père. Notre Seigneur aurait été également vainqueur, s’Il était mort à n’importe quel moment après sa consécration. Mais s’Il était mort plus tôt, cela aurait simplement prouvé que le Père n’avait pas besoin d’autant de preuves de la fidélité et de la loyauté de notre Seigneur.

Notre Seigneur, vainqueur

au moment de sa consécration

Quelqu’un pourrait demander : « Serait-il convenable de dire que notre Seigneur fut vainqueur comme Nouvelle Créature dès le moment où Il accomplit sa consécration ? » Notre réponse est : oui, Il l’était. Celui qui remporte une victoire est un vainqueur. Ce mot n’implique pas, toutefois, qu’une personne ait achevé une victoire ; parfois, en effet, nous disons : Il les conduira de victoire en victoire. Il en fut ainsi de notre Seigneur. Il demeura fidèle, comme vainqueur, jusqu’à la mort ; mais Il ne fut compté comme vainqueur qu’après sa mort. Entre le Père et notre Seigneur comme Etre humain, il n’y avait pas de Médiateur et, comme Nouvelle Créature, Il n’avait ni robe pour Le recouvrir, ni avocat pour Le représenter s’Il se détournait de l’accomplissement de la volonté de Dieu. Le moindre détournement aurait impliqué la seconde mort.

Les Écritures nous donnent deux images de notre Seigneur comme vainqueur à sa consécration, montrant qu’Il obtint alors la première grande victoire sur sa chair. La première image (Lévitique 16 : 11) est le sacrifice du taureau au jour de Réconciliation, représentant la mort de l’humanité de notre Seigneur (la mort de notre Seigneur comme Homme, trad.) au moment où Il se consacra au Jourdain. Là, Il remporta une victoire et demeura victorieux jusqu’à la fin de sa course.

La seconde image se trouve en Apocalypse 5 : 2-7. Là, notre Seigneur est représenté par un agneau qui vient d’être immolé. Il ne fut pas cet agneau venant d’être immolé au moment de sa mort, lorsqu’Il finit sa course, mais au moment de sa consécration, lorsqu’Il commença sa course. La proclamation entendue par le Révélateur fut : « Qui est digne d’ouvrir le livre, et d’en rompre les sceaux ? » Nous lisons que Jean pleura beaucoup. « Et l’un des vieillards me dit : Ne pleure point ; voici, le lion de la tribu de Juda, la Racine de David, a vaincu pour ouvrir le livre et ses sept sceaux. Il vint, et il prit le livre de la main droite de celui qui était assis sur le trône. » Seul notre Seigneur était digne de l’honneur de recevoir le Plan divin pour s’en occuper. Nous lisons également que Jean regarda et vit l’agneau venant d’être immolé ouvrir le Livre. –  Apocalypse 6.

Après que notre Seigneur se fut consacré, Il devint l’agneau qui venait d’être immolé. Alors, le Père remit entre ses mains le rouleau du grand Plan divin des âges – le rouleau écrit sur l’intérieur et sur l’extérieur. L’extérieur, Il était déjà capable de le lire. Mais l’intérieur, qui contenait des informations sur les choses spirituelles, restait scellé.

Dès que notre Seigneur sortit de l’eau, après son baptême, Il fut engendré du saint Esprit et commença à comprendre les choses spirituelles. « Les cieux [les choses plus élevées] s’ouvrirent à Lui ». Le moment où Il commença à être considéré comme l’agneau immolé, le moment où le rouleau Lui fut confié, fut le moment de sa consécration.

La première exigence est la soumission, la seconde est l’endurance patiente

Nous pouvons trouver une belle illustration du processus de développement du caractère, et de sa cristallisation, dans le travail d’un potier. Tout d’abord, il doit choisir le bon type d’argile, car certaines argiles pourraient produire un ustensile grossier, d’autres pourraient se craqueler ou se déformer durant la phase de séchage, et d’autres encore ne supporteraient pas la chaleur intense. Une fois la bonne argile choisie, le potier va la soumettre à de nombreux processus de broyage, de mélange et d’humidification, jusqu’à ce qu’il en ressorte une masse molle et malléable, ayant la consistance d’une pâte dure, prête à l’usage du potier. Puis vient le moulage dans la forme voulue. L’ustensile est formé ou modelé avec attention, et ensuite séché. Il est ensuite placé dans le four et cuit à très forte température durant deux ou trois jours et nuits. Un long moment est alors nécessaire pour le refroidissement, avant de pouvoir le sortir du four. A ce moment-là, l’ustensile est poreux, il fuit et est parfaitement impropre à l’utilisation, avant d’avoir été plongé dans un vernis liquide qu’il va aisément absorber.

Encore une fois, l’ustensile est soumis à la chaleur du four de vernissage, qui ne va pas seulement faire fondre le vernis, mais va aussi le rendre parfaitement transparent sur toute la surface, rendant l’ustensile joliment lisse et agréable. Mais si l’ustensile est fait de porcelaine de premier choix, et si l’on veut le rendre plus agréable à la vue au moyen de décorations, c’est à ce moment-là que doivent être effectués les ornements et les dorures. A nouveau, l’ustensile doit être enfourné pour une troisième cuisson. Certains ustensiles, qui ont supporté tous les tests précédents, ne supportent pas cette cuisson et doivent être jetés au rebut. Mais si l’ustensile passe avec succès le dernier test, il devient prêt pour le service auquel il est destiné.

Il en était de même dans le cas de notre Seigneur. Il était non seulement un homme parfait, mais en plus, sa propre volonté était totalement soumise à la volonté du Père. Lorsque les épreuves sont venues, Il ne s’est pas écarté (du chemin, trad.), ni n’a fléchi ni commis d’entorses. Il était fait du bon matériau. Son cœur (appliquant ce mot pour l’esprit) avait un caractère convenable. Il doit en être de même de nous. Ceux qui seront acceptés et trouvés dignes de la grande récompense auront un caractère semblable au sien dans ce domaine ; ils seront loyaux à l’égard de la volonté de Dieu. Non seulement ils s’efforceront de s’assurer de la volonté du Père, et de l’accomplir, mais ils auront également leur cœur soumis à cette volonté à tous les niveaux. La « coupe » qu’ils devront boire est la même que celle que notre Seigneur a bu – « jusqu’à la lie » !

Afin de marcher sur ses traces, il nous faut premièrement atteindre le but du développement du caractère. Ayant fait tout ce que nous pouvions faire, nous devons ensuite nous maintenir à ce niveau. Il est important de répéter l’idée qu’il n’est pas bon de penser qu’on atteint le but du développement du caractère au moment de la mort. Le caractère convenable devrait être atteint aussi vite que possible. Mais étant parvenu à ce développement du caractère, appelé le but, il nous appartient de tenir fidèlement et ne pas nous laisser repousser par les oppositions du monde, de la chair et du diable. Toutes ces oppositions doivent être supportées, avant de pouvoir gagner le prix. Certains de ceux qui possèdent les caractères les plus nobles, qui se sont trouvés dans une condition acceptable, et ont été utilisés par le Seigneur, n’ont pas atteint le but avant d’avoir traversé certaines expériences sévères.

« Nous avons l’esprit de Christ »

L’idée de l’Apôtre semble être qu’il existe, ici, une certaine ligne de conduite et un développement du caractère, déterminés par Dieu et qui sont les mêmes pour tous ceux qui sont engagés dans la course. La vie de Christ est la règle. Si nous voulons atteindre le but, obtenir le prix, il nous faut suivre cette ligne de conduite, cette règle ou marque.

L’Apôtre Paul avait un seul esprit ou volonté. « Je fais une chose », dit-il. Il n’avait pas un esprit double, pensant à un moment qu’il allait servir le Seigneur, à un autre moment, ses propres intérêts et, encore à un autre moment, les intérêts de l’Adversaire, etc. Il avait accepté la proposition divine de livrer tous ses talents au service du Seigneur. Il avait à l’esprit la grande promesse que Dieu avait faite. Pour lui, une seule chose dans la vie comptait.

Les Écritures nous disent que durant l’âge de l’Évangile, Dieu a lancé un appel particulier, une invitation, et ceux qui ont accepté cet appel ont « de grandes et précieuses promesses » de choses merveilleuses, en perspective. Tous ceux qui acceptent l’appel devraient concrètement oublier toutes les choses insignifiantes de la vie afin de gagner le prix – en manifestant la fidélité, l’obéissance et la loyauté à l’égard de Dieu. C’est le caractère, et non les talents, qui nous rend acceptables. Dieu pourrait donner à quiconque des capacités intellectuelles aussi bonnes que les nôtres, voire meilleures. Il ne garantira à personne une place dans le Royaume sur la base de sa force physique ou de son endurance. Il n’acceptera personne dans le Royaume sur la base de sa prospérité, de l’honneur des hommes ou de ses richesses.

Les conditions requises dans la course

Qu’est-ce que Dieu recherche donc ? A quoi nous a-t-Il appelés ? L’Apôtre Pierre dit que Dieu nous a appelés « à la gloire et à la vertu » (2 Pierre 1 : 3). Dieu requiert certaines conditions de la part de ceux qui vont courir. Il exige que personne ne soit orgueilleux, mais qu’il possède l’humilité. Il n’y aura personne dans le Royaume de ses Élus qui sera faible, vacillant au niveau de l’esprit. Peut-être que ce ne sera pas un grand intellectuel, mais il devra démontrer à Dieu qu’il possède une forte volonté, une ferme détermination et qu’il s’est séparé de toutes les choses du monde, afin de gagner le prix. Il devra également démontrer sa loyauté à Dieu. Il ne devra pas rechercher simplement la gloire, mais aussi reconnaître et apprécier ses responsabilités envers Dieu.

La loyauté est un des grands tests du caractère – loyauté à Dieu, à sa Parole, aux principes. Quoi qu’il s’en suive, le Chrétien doit être soumis à Dieu, confiant et fidèle. Ce n’est qu’à une telle personne que nous pouvons nous attendre que Dieu donne les grandes bénédictions promises aux vainqueurs. De là, nous voyons que l’Apôtre a eu raison de tout abandonner pour servir Dieu, pour plaire au Père et ainsi obtenir la récompense glorieuse du co-héritage avec son fils.

« Ceux qu’Il reconnaît pour ses fils »

Ce ne sont pas nécessairement tous ceux qui se consacrent, mais ce sont tous ceux dont la consécration est acceptée, tous ceux qu’Il engendre de son saint Esprit et qui deviennent de Nouvelles Créatures. Ce sont eux qui auront l’opportunité d’atteindre ce but de la cristallisation du caractère, avant leur mort. Ceux-là auront eu leur pleine épreuve, « ceux qu’il reconnaît pour ses fils » (Hébreux 12 : 6). Cette promesse garantit qu’ils auront des épreuves et des difficultés qui les aideront à développer un caractère semblable à celui de notre Seigneur. Aucune des expériences permettant de parvenir à cet objectif ne leur sera épargnée. Dieu donne ainsi une pleine opportunité de développer la ressemblance à Christ, dans le caractère. Ceux qui se tourneront volontairement, délibérément vers le péché, tomberont dans la seconde mort. D’autres passeront de la classe des sacrificateurs à la grande multitude. Mais même ceux-là doivent avoir suffisamment de temps pour manifester leur loyauté envers Dieu.

Au moment de sa consécration, notre Seigneur était au but par la vertu de sa perfection. Nous ne sommes pas au but au moment de notre consécration, car nous sommes imparfaits. Mais nous désirons accomplir la volonté du Seigneur ; et nous devons nous assurer de ce qu’est cette volonté, afin de pouvoir y obéir intelligemment. Dans le cas de notre Seigneur, Il n’avait pas de telles imperfections à surmonter. Au moment de sa consécration, Il aimait son prochain comme Lui-même, et Il aimait Dieu de tout son cœur.

Lorsque nous nous consacrons, c’est ce que nous acceptons de faire. Mais nous ne savons pas ce que cela signifie. Tout comme Pierre ne « savait pas » ce qu’il disait, au moment de la transfiguration sur la montagne : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici ; si tu le veux, je dresserai ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie » (Matthieu 17 : 4). Les deux apôtres ne savaient pas non plus ce qu’ils disaient lorsqu’ils demandèrent à Jésus que l’un soit assis à sa droite et l’autre à sa gauche, dans le Royaume. Notre Seigneur leur dit : « Vous ne savez ce que vous demandez » – Matthieu 20 : 22.

Puisque, au moment de notre consécration, nous ne comprenons pas pleinement ce que nous faisons, nous avons beaucoup à courir pour parvenir au but. Notre Seigneur n’avait pas ce problème, car Il était parfait. A sa consécration, Il était au but de la perfection du caractère, de sorte que, s’Il était mort à un moment quelconque après, Il aurait reçu la récompense du Père qui déclara : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection. » (Matthieu 3 : 17). A son baptême, notre Seigneur était au but du caractère méritant la récompense promise par le Père, et auquel nous devons arriver avant de pouvoir nous assurer la vie éternelle, que ce soit sur le plan de la gloire ou ailleurs.

Étienne, qui fut martyre très peu après la Pentecôte, devait vivre habituellement près du Seigneur, car, tout comme Nathanaël, c’était un « vrai Israélite », dans lequel ne se trouvait aucune ruse. Le fait que la Vérité de Dieu parvint à des hommes pareils à ceux-ci, signifie qu’en ce qui concerne leur attitude de coeur, ils étaient très proches du Seigneur, sous la Loi, qui était leur pédagogue. Ainsi, lorsqu’ils furent amenés à Christ, ils purent rapidement apprendre de Lui. Il semblerait qu’il en soit de même de nous actuellement. Les différences dans notre éducation, en ce qui concerne le bien et le mal, la vérité et l’erreur, sont telles que nous ne pouvons dire combien de temps il faudra, à chacun, pour parvenir à la ressemblance au caractère de notre Seigneur et pour être digne de la vie éternelle.

« Revêtez Christ »

Nous avons suggéré que les membres du peuple du Seigneur, au moment de leur consécration et de leur engendrement du saint Esprit, ne sont pas prêts pour le Royaume, mais ont besoin de se développer. Seul le temps peut accomplir cela. Malgré cette suggestion, est-ce que, dans un sens, les membres du peuple du Seigneur ne sont pas considérés comme parfaits au moment de leur consécration, au moment de leur acceptation ? Notre réponse est : oui. Ils sont considérés de la sorte, mais ne le sont pas réellement. La chair est reconnue parfaite, de sorte que Dieu peut accepter leur offrande.

Mais à ce moment-là, la Nouvelle Créature est simplement un bébé en Christ et n’a pas encore atteint l’état d’homme fait. Ainsi, il est nécessaire d’entrer à l’école de Christ et de « revêtir Christ », comme l’exprime l’Apôtre. Nous commençons à revêtir Christ après la consécration, et après notre engendrement du saint Esprit. Le bébé croît et devient un enfant, et l’enfant devient un homme. (Ephésiens 4 : 14, 13) L’oeuvre de croissance en Christ est nécessaire avant que l’enfant de Dieu ne soit prêt pour le Royaume. La différence entre un bébé en Christ et celui qui est prêt pour le Royaume est que ce dernier a été éprouvé et testé, et qu’il a prouvé qu’il était un vainqueur.

Lorsque notre Seigneur Jésus fut au Jourdain, c’était un vainqueur (Hébreux 10 : 9). Il était parfait et avait une plus grande appréciation de ce qu’Il avait fait que nous ne pouvons en avoir lorsque nous nous consacrons. Mais Il nous dit : « Ne crains point, petit troupeau », « prenez courage, j’ai vaincu le monde. » – Luc 12 : 32 ; Jean 16 : 33.

Toutefois, même dans le cas de notre Seigneur, bien qu’Il fût vainqueur au moment de sa consécration, Il n’avait pas, réellement, gagné le prix de la nature divine avant la fin de sa course, avant d’avoir démontré suffisamment de mérite pour cette haute exaltation. Nous savons que le Père a fait durer les tests d’obéissance jusqu’à sa mort sur la croix. Ce n’est pas avant l’accomplissement de sa mort qu’Il fut pleinement accepté comme vainqueur, à qui il fut accordé de s’asseoir avec le Père sur son trône.

La grande épreuve est de se maintenir au but

La possession de la perfection signifie nécessairement que l’on est au but, comme dans le cas d’Adam. L’épreuve ne consiste pas à se demander si on sera capable de parvenir au but, mais de se demander si on sera capable d’y demeurer, de « tenir ferme après avoir tout surmonté. » – Ephésiens 6 : 13.

Lorsque nous atteignons le but de développement du caractère que Dieu approuve, dans tous les sens du terme, persévérons-y. Lorsque notre Seigneur vint dans le monde, Il était parfait, loyal, au but – l’étalon de Dieu, la perfection. Il dut alors prouver qu’Il ne s’éloignerait pas de ce but en raison de l’opposition des pécheurs. Mais aucune de ces épreuves ne L’a conduit à abandonner sa détermination pour persévérer dans ce but. Il devrait en être ainsi de nous – du mieux que nous le pouvons.

L’Esprit de Dieu est le même, et ce, qu’Il soit manifesté en Lui-même, dans les anges, dans les hommes ou dans les Nouvelles Créatures. Nous ne voyons pas l’Esprit de Dieu, de manière manifeste, dans la majorité des hommes, à cause du péché. Mais nous trouvons cet Esprit de manière manifeste chez les anges. Nous devrions pouvoir trouver cet Esprit de manière très manifeste chez les saints, qui devraient apporter, dans cette nouvelle relation, tout ce qu’ils possèdent naturellement de la ressemblance au caractère du Seigneur. Les grâces de l’Esprit, manifestées dans le peuple du Seigneur, doivent, à proprement parler, être considérées comme des fruits du saint Esprit, car leurs possesseurs sont devenus de Nouvelles Créatures, et sont entrés dans la course pour le prix du haut appel. Certains saints pourraient, grâce à des qualités naturelles, faire des progrès plus rapides que ne pourraient le faire d’autres, dans le développement et le perfectionnement de ces fruits et grâces de l’Esprit.

« Respect à l’égard de la récompense »

Quelquefois, on se pose la question : « Est-ce que le peuple du Seigneur ne devrait pas plutôt s’efforcer de travailler son caractère pour parvenir à la ressemblance de Christ, sans se soucier de ce que sera la récompense du Seigneur? » Nous répondons : Non. Nous devrions avoir du « respect à l’égard de la récompense ». Afin d’avoir un juste respect pour la récompense que Dieu promet, il est nécessaire que nous l’ayons constamment devant les yeux, et que nous ne perdions jamais de vue le prix.

Notre Seigneur Jésus n’a pas rendu caduque le fait de se fixer sur le prix. Écoutons ses paroles : « Et maintenant toi, Père, glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde fût » (Jean 17 : 5). Ainsi, Il pria le Père pour la récompense qu’apporterait la manifestation de son obéissance. Cette perspective devrait se trouver en nous ; pas dans le sens d’avoir le droit d’insister pour que nos efforts soient récompensés, mais de pouvoir penser aux bénédictions promises par Dieu à ceux qui L’aiment, et qui sont les « grandes et précieuses promesses ». Beaucoup de personnes parmi l’église nominale, ne perçoivent pas ces choses.

Gardons bien distinctement le but devant nos yeux. Sans doute, le Seigneur voulait-Il assimiler la connaissance du prix à un stimulant pour nous édifier et nous fortifier. Nous recherchons « la gloire, l’honneur, l’immortalité » ; et pour nous, il est juste de les rechercher. Toute autre attitude serait de la fausse modestie. Si vient à notre pensée l’idée qu’il est présomptueux pour nous d’aspirer au Haut Appel, souvenons-nous que notre Seigneur veut que nous soyons ainsi inspirés par les « grandes et précieuses promesses ». Il veut que nous oeuvrions pour ce qu’Il a placé devant nous. Il serait présomptueux pour nous de refuser ce qu’Il nous offre.

 

Le libre arbitre, un élément du développement du caractère

Le caractère peut être considéré de deux différents points de vue. Lorsqu’Adam fut créé, c’était un homme pourvu d’un grand et bon caractère, « couronné de gloire et d’honneur ». Il était parfait, à l’image de Dieu. Toutefois, il y a une différence entre un caractère ainsi inné, et un caractère développé et éprouvé par l’exercice du libre arbitre. Notre Père céleste désire que ses créatures intelligentes exercent leur volonté. Ainsi, au lieu de donner à Adam une partie de la ressemblance à son propre caractère et d’éliminer ce que nous appelons le libre choix, Il choisit de donner à Adam la ressemblance à son caractère, incluant également le libre arbitre. « Et Dieu créa l’homme à son image ». Dieu prévit la chute de l’homme et toutes les circonstances qui s’y rapportent. Il savait que, finalement, de grandes bénédictions pour tous résulteraient de la permission du mal pour un temps. Il savait que le temps viendrait où toutes les créatures dans le ciel et sur la terre Lui seraient obéissantes, non pas parce qu’il n’y aurait pas possibilité de faire autrement, mais par choix.

Ceux qui apprécient le caractère de Dieu devraient désirer posséder cette ressemblance à son caractère. Seuls ceux-là mériteront la vie éternelle parmi les anges ou les hommes. Dieu éprouve selon ces lignes le mérite de ceux qui sont à l’épreuve pour la vie éternelle. Ainsi, « ce sont là les adorateurs que le Père demande », ceux qui « adoreront le Père en esprit et en vérité », intelligemment. – Jean 4 : 23, 24.

Nous devons « aimer la justice et haïr l’iniquité »

Dans la formation du caractère, nous voyons que les leçons que nous apprenons à l’école de Christ nous sont d’une grande utilité. A l’origine, l’homme fut créé à l’image de Dieu. Toutefois, cette image est floue en nous, elle n’est pas distincte. Ceux qui apprennent les leçons maintenant, et les apprécient pleinement, ne seront pas soumis à une épreuve complémentaire. Ceux qui n’en auront pas suffisamment eu l’opportunité, subiront une pleine épreuve dans l’Âge à venir. Sous la discipline, les châtiments et les récompenses de ce temps futur, ils apprendront combien la justice vaut mieux que le péché, combien la Vérité vaut mieux que l’erreur. Ils se développeront à la ressemblance du caractère de Dieu, qu’Adam perdit, et ils comprendront l’extrême gravité du péché. Ils apprendront à désirer et à accomplir la justice. Tous ceux qui échoueront dans l’apprentissage de cette leçon seront jugés indignes de la vie éternelle.

(à suivre)