« Il sait néanmoins quelle voie j’ai suivie ; Et, s’il m’éprouvait, je sortirais pur comme l’or. »
– Job 23 : 10 –
Job était un homme riche qui vécut il y a longtemps dans le pays d’Uts. Il avait 7000 brebis, 3000 chameaux, 500 paires de bœufs, 500 ânesses, de nombreux serviteurs, sept fils et trois filles. Quant à sa vie religieuse, il était intègre et droit, craignant Dieu et se détournant du mal. Mais par crainte que ses fils aient pu commettre des transgressions, il avait coutume de sacrifier des holocaustes pour eux, à la fin des jours de festin (qui étaient peut-être des célébrations annuelles d’anniversaires). Ses biens et son caractère faisaient de lui le plus grand de tous les hommes de l’Orient.
Étant donné que deux auteurs de la Bible font référence à Job, nous devons considérer le livre de Job avec plus d’égard que si c’était seulement une allégorie, une fable, ou un illustre enseignement. Job fut une personne qui vécut réellement. Ézéchiel fait référence à lui en relation avec Noé et Daniel, deux personnes réelles, fidèles, justes, qui furent des serviteurs de Dieu dévoués (Ézéchiel 14 : 14, 20). Jacques mentionne Job comme un exemple d’endurance et l’objet de la compassion du Seigneur et de sa miséricorde (Jacques 5 : 11). Mais en reconnaissant Job comme une personne réelle, cela crée un dilemme quand nous lisons les passages du face-à-face de Dieu avec Satan (Job 1 : 6-12 et 2 : 1-6). Selon ces passages, Satan vint parmi les autres fils de Dieu quand ils se présentèrent devant Dieu, ce qui implique que Satan n’était pas limité aux environs de la terre, après avoir trompé Ève. D’une certaine manière, il avait accès à la présence de Dieu.
Dieu accepta le défi de l’adversaire. Satan s’en prit en premier aux possessions de Job. Job endura une perte après l’autre, dans un enchaînement rapide : il perdit ses moutons, ses chameaux, ses bœufs, ses ânes, de nombreux serviteurs, et ses dix enfants. Sa postérité et ce qui lui appartenait disparurent. Malgré tout ceci Job ne pécha pas, et il ne blâma pas Dieu non plus : « Je suis sorti nu du sein de ma mère, et nu je retournerai dans le sein de la terre. L’Eternel a donné, et l’Eternel a ôté ; que le nom de l’Eternel soit béni ! » – Job 1 : 21, 22.
En deuxième lieu, Satan s’en prit à la santé de Job qui fut frappé d’un ulcère malin, depuis la plante des pieds jusqu’au sommet de la tête. Lorsque cela arriva, la femme de Job, qui avait également subi des pertes personnelles, mais pas de problèmes de santé, mit en doute son intégrité. Elle lui conseilla, probablement par empathie, de maudire Dieu et mourir. A cela Job répondit : « Quoi ! Nous recevons de Dieu le bien, et nous ne recevrions pas aussi le mal ? » En tout cela, Job ne pécha point par ses lèvres. – Job 2 : 10.
L’expression de la profonde dépression de Job
Trois des amis proches de Job entendirent parler de son sort et vinrent à lui, pour lui exprimer leur sympathie et le réconforter. Ils ne dirent pas un mot, pendant sept jours complets, à cause de la détresse et de la douleur dans lesquelles se trouvait Job. Ils s’assirent simplement avec lui. Alors, Job prit la parole et exprima sa profonde dépression : « Job ouvrit la bouche et maudit le jour de sa naissance. … Pourquoi ne suis-je pas mort dans le ventre de ma mère … n’ai-je pas expiré au sortir de ses entrailles ? … Pourquoi donne-t-il la lumière à celui qui souffre, et la vie à ceux qui ont l’amertume dans l’âme, qui espèrent en vain la mort, … Qui seraient transportés de joie et saisis d’allégresse, s’ils trouvaient le tombeau ? … Je n’ai ni tranquillité, ni paix, ni repos, et le trouble s’est emparé de moi. » – Job 3 : 1, 11, 20-22, 26.
Les expressions de Job sont celles d’un homme qui cherche la tombe, qui trouve dans la tombe le soulagement de la douleur, de la perte dans cette vie. De telles pensées viennent uniquement d’une âme déprimée. D’autres expressions suivent tout au long de la première moitié de l’ouvrage :
« Qu’il plaise à Dieu de m’écraser, qu’il étende sa main et qu’il m’achève ! » – Job 6 : 9.
« Je me couche, et je dis : Quand me lèverai-je ? Quand finira la nuit ? Et je suis rassasié d’agitations jusqu’au point du jour. » – Job 7 : 4.
« Mes jours … s’évanouissent : plus d’espérance ! » – Job 7 : 6.
« Je méprise mon existence. » – Job 9 : 21.
« Mon âme est dégoûtée de la vie ! » – Job 10 : 1.
« Je serais mort [dans le sein de ma mère], et aucun œil ne m’aurait vu. » – Job 10 : 18.
« Mon souffle se perd, … le sépulcre m’attend. » – Job 17 : 1.
« Mon œil est obscurci par la douleur. » – Job 17 : 7.
Job se sent privé de l’appui de ses connaissances, parents, amis intimes et confidents : « Il a éloigné de moi mes frères, et mes amis se sont détournés de moi ; Je suis abandonné de mes proches, je suis oublié de mes intimes … Ceux que j’avais pour confidents m’ont en horreur, ceux que j’aimais se sont tournés contre moi. » – Job 19 : 13, 14, 19.
Ses amis proches, qui sont supposés le réconforter, ne font qu’ajouter à sa dépression. Job est dans une bataille, dans laquelle il ne comprend pas pourquoi Dieu permet sa souffrance ; en fait, il accuse Dieu d’en être la cause. Ses amis, en attendant, accusent Job de ne pas reconnaître son péché, la punition pour laquelle il a encouru la colère d’un Dieu juste. Job suit sa logique et défend son intégrité et son innocence ; il ne connaît pas le péché pour lequel il reçoit une juste punition. Remarquons les accusations implicites de ses amis :
Eliphaz : « Cherche dans ton souvenir : Quel est l’innocent qui a péri ? Quels sont les justes qui ont été exterminés ? Pour moi, je l’ai vu, ceux qui labourent l’iniquité et qui sèment l’injustice en moissonnent les fruits ; Ils périssent par le souffle de Dieu, ils sont consumés par le vent de sa colère. » – Job 4 : 7-9.
Bildad : « Si tu es juste et droit, certainement alors il veillera sur toi, et rendra le bonheur à ton innocente demeure. » – Job 8 : 6.
Tsophar : « Pour toi, dirige ton cœur vers Dieu, étends vers lui tes mains, éloigne-toi de l’iniquité, et ne laisse pas habiter l’injustice sous ta tente. » – Job 11 : 13, 14.
Peut-être Elihu, un quatrième conseiller et le plus jeune du groupe, se rapproche le plus de l’expression de la vérité. Il réprouve Job pour son attitude rebelle d’accuser Dieu d’avoir un comportement injuste. La rébellion n’était pas la cause de la souffrance de Job, mais c’était un résultat nécessaire pour que Job se repentisse, et peu de temps plus tard, il se repentit effectivement. Elihu dit : « Job parle sans intelligence, et ses discours manquent de raison. Qu’il continue donc à être éprouvé, puisqu’il répond comme font les méchants ! Car il ajoute à ses fautes de nouveaux péchés ; Il bat des mains au milieu de nous, il multiplie ses paroles contre Dieu. » – Job 34 : 36, 37.
Dieu corrige la manière de penser de Job
En Job 40 : 2, Dieu interpelle Job pour cette rébellion, en parlant de lui comme d’un contestataire : « Celui qui dispute contre le Tout-Puissant est-il convaincu ? Celui qui conteste avec Dieu a-t-il une réplique à faire ? » Suite à la question de Dieu dans les chapitres 40 et 41, la réponse de Job au chapitre 42 versets 2 à 6 en est belle : « Je reconnais que tu peux tout, et que rien ne s’oppose à tes pensées… – Oui, j’ai parlé, sans [les] comprendre, de merveilles qui me dépassent et que je ne conçois pas… Mon oreille avait entendu parler de toi ; Mais maintenant mon œil t’a vu. C’est pourquoi je me condamne et je me repens sur la poussière et sur la cendre. »
Dans cette étude nous remarquons quatre choses :
1). Job est très déprimé dans sa vie de souffrance, vide de réponses. Toute la douleur et la perte, à la fois physique et mentale, ne peuvent être expliquées par sa connaissance et sa marche antérieures avec Dieu. Et même ses amis les plus proches ne peuvent lui dire vraiment pourquoi il souffre ; ils l’attribuent au péché. Il est bien embarrassé pour [donner] une explication. Dans tout cela, Job clame son innocence, son intégrité ; il ne connaît pas le péché pour lequel il encourt cette punition.
2). Même avec la dépression extrême que ressent Job et son désir que sa vie prenne fin, il ne pense, à aucun moment, mettre fin à sa vie par le suicide.
3). Il est manifeste que la dépression de Job n’est pas le résultat d’un dérèglement chimique [de son métabolisme], mais plutôt que ce sont les circonstances qui ont permis sa dépression.
4). L’endurance de Job rend gloire à Dieu pour le défi de Satan auquel il répond ; elle montre que les esprits invisibles de même que les hommes, et ensuite à travers les âges le peuple de Dieu, Le servent non pas pour ce qu’Il donne en retour, pour le bien-être temporel ou spirituel, mais en vertu de ce qu’Il est.
L’aboutissement de tout ce que Dieu fit pour Job fut grandiose, plein de compassion et de miséricorde. Dieu éleva au double toutes les possessions de Job, en moutons, en chameaux, en bœufs, en ânesses. Et Job engendra encore une fois sept fils et trois filles. Tous ses frères et sœurs et ses amis vinrent à nouveau à lui, et mangèrent le pain avec lui ; ils le consolèrent de toutes ses souffrances. Job vécut encore 140 ans et il vit ses fils et ses petits-fils de quatre générations.
Leçons pour la vie du chrétien
Quelles leçons pouvons-nous tirer pour la vie chrétienne ? L’une est que la douleur et les souffrances ne sont pas nécessairement des marques de défaveur de Dieu. Ces expériences, par lesquelles tous passent à divers degrés, ont pour but d’élaborer un caractère qui peut sympathiser avec la création gémissante tout en infusant en nous le besoin d’aspirer au temps de la révélation des fils de Dieu. Quand nous apprenons de la Parole de Dieu ce que sont ses grands plans pour le rétablissement de tous, nous pénétrons plus pleinement dans la sincérité des sentiments de sa bonté. Lui seul détient toute réponse pour ce qui concerne les afflictions de ce monde. Bien que nous ayons entendu parler de Dieu par ce qu’entendent nos oreilles, à présent nos yeux (de la foi) L’ont aperçu. Nous ne pouvons que Le louer pour son plan glorieux.
Nous tirons une autre leçon : la dépression peut être tout à fait naturelle, qu’elle soit causée par un déséquilibre chimique [du métabolisme] ou par les circonstances oppressantes et stressantes de la vie. Parfois, l’aide peut être fournie par des professionnels de santé. À d’autres moments, nous pouvons travailler dans la dépression en nous associant aux vrais consolateurs, des frères ou des sœurs, qui nous accepteront et nous soutiendront quand nous serons dans le creux de la vague, – à la différence de Job qui a été guéri de sa dépression uniquement après avoir été confronté à Dieu. Et surtout, si nous ressentons des sentiments suicidaires, nous avons impérativement besoin de l’aide de professionnels et nous ne devons pas avoir honte d’avoir à faire appel à eux.
Une dernière leçon est fournie dans la victoire de Dieu, acquise face à la provocation de Satan. Job ne se contenta pas d’adorer Dieu comme en Lui demandant : « Que peux-tu faire pour moi ? » Il adorait Dieu pour ce qu’Il était, l’Être grand et tout-puissant, son Créateur. Job avait une crainte révérencielle pour Dieu, et même quand il fut mis à l’épreuve, il n’eut pas peur de Lui exprimer sa plainte. Dans ce domaine, il alla trop loin dans son discours, à la limite de la rébellion. Nous aussi, lorsque nous sommes mis à l’épreuve, nous pouvons prononcer ou avoir des pensées rebelles, telles que : « Pourquoi me sondes-tu ainsi, qu’ai-je fait pour mériter cela, ou n’ai-je pas assez souffert ? » Quand nous considérons la situation dans sa vraie lumière, comme Job, nous nous repentons dans la poussière et la cendre ; cela nous conduit à exprimer nos vrais regrets pour nos pensées inconsidérées. En fin de compte, Dieu est glorifié ; Il donne la victoire et Il donnera la récompense.
« Vous avez entendu parler de la patience de Job, et vous avez vu la fin que le Seigneur lui accorda, car le Seigneur est plein de miséricorde et de compassion. » – Jacques 5 : 11.
Fr. A. K.
The Herald of Christ’s Kingdom – Juillet-Août 2007