« BUVEZ-EN TOUS »

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« Pouvez-vous boire la coupe que je dois boire ? » – Matthieu 20 : 22.

L’événement raconté dans notre contexte se pro­duisit juste avant la mort de notre Seigneur. Il était monté à Jérusalem. Il avait fait une entrée triomphale dans la ville. A partir de ce moment-là, Il fut dans l’attente de l’apogée grandiose de ses expériences. Il avait prévenu ses disciples et leur avait expliqué que les principaux sacrificateurs devaient Le livrer pour Le crucifier.

Mais en général, les apôtres ne comprenaient pas les paroles du Seigneur. A maintes reprises, Il s’était servi d’un langage figuré. Donc là, ils se demandèrent ce qu’Il voulait dire. Ils ne savaient pas de quelle méta­phore il pouvait bien s’agir cette fois-ci. Ils croyaient qu’Il serait bientôt assis sur son trône et qu’ils seraient avec Lui. Ils étaient si convaincus que l’instauration de son Royaume était imminente, que les fils de Zébédée, Jacques et Jean – leur mère agissant comme porte-parole, comme avocate – Lui avaient demandé d’être assis à ses côtés lorsqu’Il entrerait en possession de son Royaume, l’un à sa droite et l’autre à sa gauche. Ils s’attendaient à ce que, en moins de deux jours, se produisent des événements importants qui les introdui­raient dans le Royaume.

La réponse de notre Seigneur, à cette requête, fut non seulement destinée aux disciples qui se tenaient là, devant Lui, mais sans aucun doute aussi à tous ceux de l’Age de l’Evangile, afin de leur montrer les conditions à remplir pour parvenir au Royaume. Notre Seigneur posa le problème très clairement en deman­dant à Jacques et à Jean : « Pouvez-vous boire la coupe que je dois boire ou être baptisés du baptême dont je suis baptisé ? » Ils ne comprirent pas entière­ment ces paroles, mais saisirent qu’il s’agissait d’une façon de mourir. « En êtes-vous capables ? » – Le voulez-vous ? Ils répondirent que c’était le cas.

Le mot ‘capable’, bien que renfermant l’idée de force, de vigueur, exprime aussi l’empressement, car il se réfère à la volonté. L’idée n’est pas : « Etes-vous physiquement capables de le faire ? », mais : « En êtes-vous mentalement capables ? » Cette idée serait convenablement rendue par les mots : « Le voulez-vous ? » Votre volonté est-elle assez forte ? Les deux disciples L’en assurèrent : « Oui, Seigneur, nous avons la volonté d’aller jusqu’au bout, quoi qu’il arrive. » Ils s’étaient complètement consacrés au Seigneur, afin d’accomplir sa volonté. Ils étaient prêts à tout. Ils avaient une telle appréciation du Royaume, et une telle confiance dans le Seigneur qu’ils étaient prêts à faire quoi que ce fût que Lui se disposait à faire.

 

LE VRAI BAPTÊME DE NOTRE SEIGNEUR

Et il en est de même pour nous. Notre résolution est prise. « En êtes-vous capables ? » Assurément ! Il n’y a pas de doute. Rien ne pourra nous en empêcher. Ce que les disciples ne pouvaient comprendre, et ce que nous n’aurions pas pu comprendre si nous avions été à leur place, nous le comprenons totalement maintenant, puisque nous profitons de l’assistance du Saint Esprit, qui nous guide et nous aide à comprendre les choses profondes de Dieu. Nous comprenons que le Seigneur entendait, par là, qu’Il était immergé dans la mort. Au début de son ministère, Il avait renoncé à tous ses inté­rêts terrestres et ceci dans tous les sens du mot. C’était là son sacrifice, symbolisé par le baptême dans l’eau (du Jourdain, trad.), mais ce fut réellement un baptême dans la mort. Il accomplissait ce baptême de­puis trois ans et demi ; et le lendemain Il allait mourir, Il le savait très bien. « Il est un baptême dont je dois être baptisé, et combien il me tarde qu’il soit accompli ! » – Luc 12 : 50.

L’idée est la suivante : « Je me sentirai très restreint jusqu’à ce que ce baptême soit accompli. Il sera ac­compli demain. Je m’aperçois qu’il y a des difficultés en rapport avec cette mort, auxquelles je ne m’attendais pas. J’attends demain avec anxiété, pour le complète­ment de ma mort sacrificielle. »

Notre Seigneur ne s’était pas douté que sa consé­cration à la mort signifierait une mort aussi outrageuse, aussi humiliante, avec une aussi fausse représentation de son caractère – une mort ignominieuse. Il avait su qu’Il devait être crucifié, en avait averti ses disciples et était parfaitement préparé à mourir ainsi. Mais, lorsqu’Il alla au fond des choses, Il s’aperçut que les arrange­ments étaient tels qu’Il devait subir la mort d’un crimi­nel. Ce fut une affaire complètement différente, que d’être crucifié comme un criminel. Puisqu’Il était un homme foncièrement bon, il fut extrêmement difficile pour Lui d’être arrêté en tant que blasphémateur – une personne coupable du pire crime connu des Juifs. Etre condamné sous l’inculpation de blasphème et être livré par ses compatriotes, afin d’être mis à mort, alors qu’en vérité Il était en train de renoncer à tout ce qu’Il possédait pour le service de Dieu, fut une terrible épreuve pour Lui – un test beaucoup plus poignant pour Lui, qu’il ne l’aurait été pour une personne enta­chée par le péché, qui y serait moins sensible à cause de sa mauvaise vie. Jésus paraît s’être fréquemment référé à cette coupe, comme s’Il reculait instinctive­ment devant l’expérience.

LA COUPE DE L’EXPÉRIENCE DE L’EGLISE

Au sens large, l’expression figurative ‘coupe de l’expérience’ pourrait être utilisée pour faire allusion à toute affaire de notre vie. Mais ceci ne fut apparem­ment pas la manière dont Jésus utilisa ce mot à cette occasion. Il l’utilisa en rapport avec quelque chose se situant dans le futur. « Pouvez-vous boire la coupe que je dois boire ? » — dans le futur – cette coupe que moi, je vais boire dans les heures à venir. C’était cette coupe-là qui fut un terrible service, une terrible obliga­tion pour Lui, pas le fait de mourir, pas la croix. Il n’avait pas demandé que la mort Lui soit épargnée, qu’Il puisse éviter de mourir. Mais Il avait demandé s’il n’était pas possible que cette coupe amère de l’ignominie, d’être mis à mort comme un blasphémateur, s’éloigne de Lui ; et pourtant Il dit : « Ne boirai-je pas la coupe que le Père m’a donnée à boire ? » Après avoir poussé de grands cris à Dieu, et après avoir reçu l’assurance de la faveur divine, Il fut prêt à boire de cette coupe.

Il en est de même pour les disciples du Seigneur. Il est difficile à supporter qu’on médise du bien que nous faisons, qu’on nous déclare pernicieux vis-à-vis de tout sentiment religieux. Cela fait partie de notre expé­rience. Qu’il y ait des gens qui nous considèrent être de mauvaise compagnie, serait chose insignifiante. Mourir d’une façon respectable, serait une bagatelle. Mais être montrés sous un faux jour, supporter que notre bien soit considéré comme le mal, voilà des ex­périences pénibles. Notre attitude doit être identique à celle de notre Seigneur. « Ne boirons-nous pas la coupe que le Seigneur va nous verser à boire ? » Nous avons la parole de l’Apôtre, selon laquelle toutes cho­ses concourront au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein. Avec ces pensées à l’esprit, nous devons avoir bon courage et accepter la coupe de l’expérience que le Seigneur nous a préparée. Nous ne savons pas combien proche cette coupe peut être. Il en est peut-être de même pour l’Eglise que pour notre Seigneur. Dans une certaine mesure, on reconnaîtra peut-être que nous avons rai­son en ce qui concerne le Divin Plan des Ages. Et alors, par les machinations des systèmes religieux, nous pourrions être livrés – éventuellement à la mort.

L’EPREUVE ACTUELLE DE L’EGLISE

Lors de la première venue (du Seigneur, trad.), les disciples ne se rendaient pas compte combien proches ils étaient des expériences de Gethsémané et de Gol­gotha. Il en est peut-être de même pour nous mainte­nant, pour autant que nous sachions.

On dirait que le temps présent pourrait être celui où le Seigneur éprouve ses disciples d’une façon nou­velle. Même si nous voyons que les nations se trouvent actuellement dans un processus de désintégration, il y a des chances pour que certains en doutent et disent : « Il y a eu des guerres autrefois, et je suppose qu’il y aura des guerres encore. Ceci n’est pas la fin du Temps des Gentils (Temps des Nations, trad.), comme je me l’étais imaginé. » Ces gens-là, s’ils étaient entrés au service du Seigneur, pourraient Le quitter et réinté­grer la société mondaine ou se plonger dans les affai­res, ou dans quoi que ce soit d’autre. Le temps actuel est tout particulièrement celui où nous pouvons nous attendre à ce genre d’expériences. C’est pourquoi, nous devrions être sur nos gardes, afin que l’esprit de doute ne s’empare pas de nous. « Veillez et priez, afin que vous ne tombiez pas dans la tentation. »

WT1914 p5599