JOSEPH

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(1ère partie)

Nous allons, au cours de cet exposé, considérer l’histoire d’un homme remarquable à beaucoup d’égards. Sa vie est riche d’enseignements et devrait nous profiter sur le plan du développement chrétien.

Cette histoire est résumée en très peu de mots dans le Psaume 105 : 16 – 23 – « Il appela sur le pays la famine, il coupa tout moyen de subsistance. Il en­voya devant eux un homme : Joseph fut vendu comme esclave. On serra ses pieds dans des liens, on le mit aux fers, jusqu’au temps où arriva ce qu’il avait an­noncé, et où la parole de l’Eternel l’éprouva. Le roi fit ôter ses liens, et le dominateur des peuples le délivra. Il l’établit seigneur sur sa maison, et gouverneur sur tous ses biens, afin qu’il pût enchaîner ses princes et qu’il enseignât la sagesse à ses anciens. Alors Israël vint en Egypte et Jacob séjourna dans le pays de Cham. »

Il s’agit de JOSEPH. Nous prendrons en compte quelques chapitres du livre de la Genèse, qui parlent de ce personnage, et essayerons d’extraire les pen­sées essentielles, qu’il sera bon de retenir.

CHAPITRE 37 : Joseph vendu par ses frères.

Dans le chapitre 37 du livre de la Genèse, sont cités les personnages essentiels qui vont nous intéresser. Nous y lisons que Jacob avait plusieurs fils (nous sa­vons par ailleurs qu’ils étaient au nombre de douze – Genèse 35 : 22 – 26), mais que sa préférence se por­tait vers Joseph, fils que lui avait donné la femme qu’il préférait, Rachel. Cette différence se manifeste encore dans le cadeau que Jacob fit à son fils favori. Il lui offrit une magnifique tunique de plusieurs couleurs (selon la version Segond), ou une tunique bigarrée (selon la version Darby), ou encore une tunique à manches (selon le commentaire bas de page de Darby), ou une tunique à longues manches ou ornée (dans d’autres versions) ; il semble que cette tunique fut vraiment par­ticulière, différente de celles que portaient couramment les gens de l’époque.

Cette tunique semble être la marque d’un certain niveau social. On trouve ce même type de vocabulaire « tunique de plusieurs couleurs » en 2 Samuel 13 : 18 – « Elle avait une tunique de plusieurs couleurs ; car c’était le vêtement que portait les filles de roi… ». Il n’est donc pas étonnant que les frères de Joseph, re­marquant cette préférence, prirent Joseph en haine et manifestèrent une certaine amertume à son égard.

Notons, au passage, que l’attitude de Jacob n’est pas à imiter au sein de nos familles. Il a agi impru­demment ou a manqué de sagesse, car il n’est pas raisonnable, ni même juste, pour un père, de montrer une plus grande préférence pour un enfant, au risque de susciter ainsi, parmi les autres, un esprit d’envie, de jalousie. Il n’est pas bon de faire preuve de favoritisme au sein d’une famille. Il est vrai cependant que Joseph était différent de ses frères : il était fils de Rachel ; il devait être doux comme sa mère, et courageux comme son père, partageant la même foi que lui, foi qui se démontre tout au long de son histoire. Il est probable que tout cela a justifié le favoritisme et l’amour spécial, dont il fut l’objet de la part de son père.

Joseph était âgé de 17 ans, à l’époque des faits rapportés dans ce chapitre. Il eut alors des songes. Il les raconta en toute simplicité à ses frères et à son père, mais cette narration ne fit qu’attiser la haine de ses frères. Nous connaissons tous cette histoire.

Dans le premier songe, Joseph et ses frères étaient dans les champs à lier des gerbes. Sa gerbe se leva et se tint debout, les gerbes de ses frères l’entourèrent et se prosternèrent devant elle. Ses frères le haïrent en­core davantage, lui disant : est-ce que tu régneras sur nous, est-ce que tu nous gouverneras ?

Dans le deuxième songe, il vit le soleil, la lune et onze étoiles se prosterner devant lui. Nous lisons au verset 11 que ses frères eurent de l’envie contre lui, mais que son père, bien qu’il l’eût réprimandé (verset 10), garda le souvenir de ces choses.

Il est bon de noter qu’il faut être prudent, quand il s’agit de raconter quelque chose à quelqu’un. Dans le cas de Joseph, ses auditeurs ne lui étaient pas favora­bles et la narration ne fit qu’accroître leur méchanceté à son égard, ainsi que leur jalousie. La leçon que nous pouvons retenir est donc, qu’il est plus sage de conserver pour soi des vérités qu’il n’est pas néces­saire à un autre de connaître, des vérités qui ne pour­raient que soulever de l’opposition.

Notre Seigneur Lui-même n’a-t-Il pas dit en Mat­thieu 7 : 6 – « Ne donnez pas les choses saintes aux chiens, et ne jetez pas vos perles devant les pour­ceaux, de peur qu’ils ne les foulent aux pieds, ne se retournent et ne vous déchirent. » Les vérités profon­des, celles qui se rattachent au plan divin et aux expé­riences chrétiennes, ne sont destinées qu’à ceux pour lesquels le Seigneur les destine, c’est-à-dire les hum­bles.

Entrevoyant, au travers de ces songes, une éléva­tion future de Joseph, ses frères auraient pu adopter une toute autre attitude, s’ils avaient été animés de la même foi en Dieu que Jacob leur père et que leur frère Joseph. Ils auraient pu se réjouir d’avoir un frère à l’avenir si noble, se réjouir de la volonté de Dieu se manifestant dans son élévation, de l’accomplissement de la promesse faite à Abraham, à Isaac et à Jacob, leur père. Ils auraient aussi, peut-être, pu collaborer avec lui, mais au contraire leur envie, leur jalousie les poussa à la cruauté, au désir de meurtre, comme nous le voyons dans la suite du récit.

Jacob, voulant avoir des nouvelles de ses autres fils qui gardaient les troupeaux du côté de Sichem, envoya Joseph auprès d’eux pour savoir s’ils étaient en bonne santé et si le troupeau était en bon état. Sichem n’était pas tout proche, c’était un voyage de trois jours qui obligea Joseph à dormir dehors et à braver les dangers du chemin. A son arrivée, il constata que ses frères n’étaient plus là et il fallut aller plus loin, à Dothan.

Si Jacob avait envoyé son fils favori pour prendre des nouvelles, c’est parce qu’il avait confiance en lui, il le savait fidèle dans la tâche qu’il lui confiait. Joseph jouait ainsi le rôle d’un surveillant. Pourtant, Jacob ne le dorlote pas, même si c’est le fils qu’il préfère, il aurait pu le garder auprès de lui et ne pas l’exposer aux dan­gers du chemin. Il aurait pu lui éviter toutes les diffi­cultés de semblables voyages. Mais ce n’était pas la bonne solution pour éduquer et affermir le caractère du jeune homme. Ainsi nous-mêmes, nous avons peut-être trop tendance à vouloir garder nos enfants dans un cocon, à leur épargner des problèmes, à atténuer les dures expériences de la vie, à aplanir leur chemin ; ce n’est pas une bonne méthode, si nous agissons ainsi. Il faut apprendre l’enfant à être courageux, dé­terminé. C’est dans les expériences de chaque jour que se développent ces caractéristiques.

Poursuivons notre narration. Ses frères, le voyant arriver de loin, complotèrent de le faire mourir. « Voici le faiseur de songes, tuons-le maintenant et nous ver­rons ce que deviendront ses songes. » La majorité d’entre eux avaient l’intention de le tuer et de simuler un accident pour cacher la vérité à leur père – « Nous dirons qu’une bête féroce l’a dévoré. » Quel mauvais état d’esprit, quelle méchanceté et quelle malhonnê­teté ! Parmi eux cependant, Ruben, l’aîné, avait de meilleurs sentiments, il proposa de le mettre dans une citerne, avec l’intention de le délivrer de leurs mains et de le faire retourner vers leur père.

Joseph fut donc jeté dans une citerne vide. Ses supplications n’émurent pas leurs cœurs, ils restèrent insensibles à ses appels (Genèse 42 : 21) – « Nous avons vu l’angoisse de son âme, quand il nous de­mandait grâce, et nous ne l’avons point écouté. » La généreuse intention de Ruben ne se concrétisa pas, car alors qu’ils mangeaient – probablement de la nour­riture que Joseph venait de leur ramener – une cara­vane d’Ismaélites passa à proximité et l’idée leur vint de vendre Joseph afin d’en tirer quelque profit.

La suite des événements nous montre que le des­sein de Dieu, et l’élévation entrevue dans les songes, devaient passer auparavant par ce type de scénario, alors que le désir de Ruben n’allait pas dans le même sens. Joseph fut donc vendu pour vingt sicles d’argent, prix d’un esclave n’ayant pas dépassé l’âge de vingt ans.

Nous pouvons tirer, de la narration de cette partie de la vie de Joseph, une magnifique image prophéti­que. Joseph est un type du Messie.

Nous voyons Joseph être le bien-aimé de son père.

Nous voyons Joseph être plein de bonté pour ses frères.

Nous voyons Joseph être porteur d’un message de compassion pour eux.

Nous voyons Joseph être l’objet de leur méchan­ceté.

Nous voyons Joseph être vendu pour un peu d’argent.

Nous voyons Joseph être haï sans cause véritable.

Notre Seigneur aussi ne fut pas accepté par ses frères juifs. Ceux-ci L’ont haï sans cause et L’ont cruci­fié. Nous lisons en Jean 15 : 25 – « … Ils m’ont haï sans cause. » et dans le Psaume 69 : 5 – « Ils sont plus nombreux que les cheveux de ma tête, ceux qui me haïssent sans cause… » Jésus est le Fils bien-aimé de son Père céleste comme le précise le texte de Luc 3 : 22 – « … Et une voix fit entendre du ciel ces paroles : Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi j’ai mis toute mon af­fection. » Notre Seigneur était porteur d’un magnifique message, d’une bonne nouvelle dont le peuple juif était le premier destinataire et, pourtant, ce peuple ne L’a pas reçu. Nous lisons aussi en Jean 1 :1 – « Elle est venue chez les siens, et les siens ne l’ont point re­çue. »

C’est par envie qu’ils Le firent crucifier, parce que ses oeuvres étaient bonnes et les leurs mauvaises, parce qu’Il enseignait les voies de Dieu plus parfaite­ment qu’eux, parce qu’Il déclarait que le temps vien­drait où tous Le reconnaîtraient (eux aussi) comme Messie et fléchiraient le genou devant Lui. Lui aussi fut vendu pour quelques pièces d’argent. Lisons Matthieu 26 :15 – « … Que voulez-vous me donner, et je vous le livrerai ? Et ils lui payèrent trente pièces d’argent. »

Suivant les traces de notre Seigneur, nos expérien­ces sont illustrées par celles de Joseph. Notre maître n’a-t-Il pas dit en Jean 15 : 18 – 25 – « Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui est à lui ; mais parce que vous n’êtes pas du monde, et que je vous ai choisis du milieu du monde, à cause de cela le monde vous hait. Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite : Le serviteur n’est pas plus grand que son maître, s’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ; s’ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre. Mais ils vous feront toutes ces choses à cause de mon nom, parce qu’ils ne connaissent pas celui qui m’a envoyé. Si je n’étais pas venu et que je ne leur eusse point parlé, ils n’auraient pas de péché ; mais maintenant ils n’ont aucune excuse de leur péché. Ce­lui qui me hait, hait aussi mon Père. Si je n’avais pas fait parmi eux des oeuvres que nul autre n’a faites, ils n’auraient pas de péché ; mais maintenant ils les ont vues, et ils ont haï et moi et mon Père. Mais cela est arrivé afin que s’accomplît la parole qui est écrite dans leur loi : Ils m’ont haï sans cause. »

Notre Seigneur et l’église primitive ont subi la per­sécution de la part des juifs, leurs frères selon la chair. Durant l’âge de l’Evangile, ceux qui suivaient les traces du Seigneur, ont aussi été persécutés par leurs frères. Ces frères-là n’étaient pas des juifs mais des chrétiens. Du temps de notre Seigneur, les juifs religieux persé­cutaient leurs frères plus justes qu’eux, de même les chrétiens nominaux ont été les principaux persécuteurs des fidèles disciples du Seigneur. Les fidèles ont sou­vent eu pour persécuteurs ceux qui étaient infidèles, ceux qui étaient aveuglés par l’adversaire.

CHAPITRE 39 : Joseph chez Potiphar.

Considérons maintenant un autre épisode de la vie de Joseph, épisode au cours duquel sa patience fut fortement mise à l’épreuve. Ces événements sont rap­portés dans le chapitre 39 de la Genèse. Les Ismaéli­tes menèrent Joseph jusqu’en Egypte où il fut vendu à Potiphar, officier de Pharaon, chef des gardes, sur un marché à esclaves. Là il fut probablement exposé jusqu’à ce que quelqu’un veuille l’acheter.

Nous pouvons imaginer l’angoisse de ce garçon. D’abord jeté au fond d’un puits dans lequel il aurait dû mourir, vendu ensuite à des inconnus, emmené loin de chez lui, de la maison paternelle et maintenant exposé sur un marché pour être vendu comme une marchan­dise ordinaire. Il y a dans ces expériences matière à ébranler la foi et pourtant rien dans le récit biblique n’indique un tel changement d’attitude chez Joseph. Les événements montrent aussi que l’Eternel n’abandonna pas Joseph.

Chez Potiphar, riche égyptien, Joseph sut s’attirer la confiance de son nouveau maître. Dès les premières années à son service, Joseph se montra fidèle dans les petites comme dans les grandes choses. Son maî­tre reconnut que l’Eternel était avec Joseph et que la prospérité l’accompagnait. Joseph trouva grâce aux yeux de son maître qui l’établit sur sa maison et lui confia tout ce qu’il possédait. Il était alors âgé de 22 ans.

Cinq ans plus tard, 10 ans après son entrée en Egypte, Joseph dut affronter les assauts répétés de l’épouse de son maître. Celle-ci s’était mise en tête de coucher avec lui. Mais Joseph ne pouvait commettre une telle chose à cause de sa fidélité à Dieu et à son maître. Mais comme la femme insistait, Joseph dut s’enfuir, lui laissant son vêtement. Cette femme infidèle éleva la voix, et gardant le vêtement de Joseph comme pièce à conviction, accusa Joseph devant les gens de la maison. Au retour de Potiphar elle rapporta sa ver­sion des faits à son époux et Joseph fut jeté en prison.

Quelle injustice ! Quelle triste situation pour Joseph à nouveau dans la tourmente ! Sa renommée est salie, son maître n’a plus confiance en lui. Et pourtant, il n’est coupable de rien. Accusé injustement, puni injuste­ment. Pourquoi le Seigneur permet-Il à nouveau une telle épreuve ? L’a-t-Il abandonné ? Non, assurément. Le Seigneur connaît la fin dès le commencement et sait dans quelle direction doit aller Joseph. Le Seigneur sait que Joseph sera près de Pharaon.

Les événements se déroulent pour aller dans cette direction. Le Seigneur éduque Joseph au travers des difficultés de la vie en vue de développer sa droiture, sa sagesse, sa patience, sa fidélité, afin de le préparer pour son élévation future esquissée dans ses rêves. De même que ce ne fut pas pour cause d’infidélité que le Seigneur permit que Joseph fut éprouvé de la sorte, de même nous ne devons pas considérer que c’est pour cause d’infidélité ou pour nous punir que le Sei­gneur permet que nous traversions des difficultés.

Voyons plutôt la chose sous l’angle d’un moyen de développer notre foi, notre confiance en Dieu. N’ayant pas connaissance de la façon dont se terminera une épreuve, c’est par la foi que nous devons marcher, et c’est un bon moyen pour développer cette caractéristi­que chrétienne. Si nous connaissions la fin de chaque épreuve, nous n’aurions pas besoin de foi, et ce trait du caractère chrétien nous ferait défaut ou serait mal développé.

Notons également la noblesse de caractère et la sagesse de Joseph. Joseph n’avait rien à se reprocher dans cette affaire. Il aurait pu se défendre, tenter de se justifier aux yeux de son maître. Il aurait pu accuser la femme et convaincre Potiphar de la culpabilité de son épouse. Mais quel aurait été le bénéfice d’une telle dé­nonciation ? Joseph n’aurait peut-être pas gagné grand-chose, car le doute serait probablement de­meuré dans l’esprit de son maître ; par contre, l’entente entre Potiphar et sa femme aurait été sérieusement ébranlée. Potiphar aurait perdu confiance en sa femme et la vie du couple serait devenue difficile.

C’est par bonté pour son prochain, pour son maître, que Joseph a choisi d’endosser l’apparente responsa­bilité, afin de préserver l’entente conjugale de ses maî­tres. Admirons cette noblesse de caractère et prenons leçon de cette attitude. Combien il est noble d’éviter de parler mal de quelqu’un, de faire du tort à quelqu’un, même si ce que nous avons à dire est vrai. Joseph était sur le chemin du trône d’Egypte, et cette attitude l’en rapprocha encore davantage. Nous, nous sommes sur le chemin vers un trône céleste, pour être cohéri­tiers de notre Seigneur, sachons agir conformément à l’exemple de Joseph.

Dans les versets 21 à 23 du chapitre 39, nous voyons Joseph de nouveau dans une situation difficile. Il se retrouve en prison. Les prisons égyptiennes ne sont pas des palaces. Ces prisons sont sombres, nau­séabondes, ce sont des lieux très tristes. Les prison­niers y sont fréquemment maltraités et sont générale­ment liés aux fers. C’est vraisemblablement dans cette situation que se trouva Joseph au début de sa déten­tion, c’est du moins ce que l’on peut déduire du Psaume 105 : 18 – « On serra ses pieds dans des liens, on le mit aux fers… » Il est certain que ce fut une sévère épreuve pour Joseph, une expérience pénible, d’autant plus que ses rêves laissaient entrevoir un avenir meilleur.

Il en est de même pour nous. C’est ce que nous pouvons lire dans le texte de manne du 16 Février – « Tandis que de notre mieux nous accomplissons notre devoir et qu’apparemment la bénédiction et les faveurs du Seigneur sont répandues abondamment sur nous et sur nos affaires, soudain des difficultés peuvent surgir, des désagréments nous arriver et les puissances des ténèbres sembler triompher. Nous pouvons, pour un temps, être considérés comme coupables aux yeux de nos semblables et nous sentir comme abandonnés de Dieu. Ces expériences sont, sans contredit, nécessai­res car, quoique nous puissions chanter – J’aime mieux marcher dans l’ombre avec Dieu, que tout seul dans la lumière – cela ne serait qu’une vaine gloriole, si nous ne développions, par ces épreuves, une foi et une confiance telles, qu’à l’heure la plus obscure nous sai­sirons la main du Seigneur et nous reposerons sur sa providence. » (Fin de citation).

La foi de Joseph était tellement forte qu’il supporta cette épreuve. Sa noblesse de caractère était tellement réelle qu’il se fit, une fois de plus, remarquer pour ses qualités. Le chef de la prison découvrit qu’il avait un prisonnier peu ordinaire. Son caractère et ses capaci­tés différaient des autres prisonniers. Le Seigneur était avec lui et de ce fait tout ce que Joseph entreprenait, réussissait. Son respect pour le Seigneur, sa fidélité dans les tâches à accomplir, en faisaient un homme remarquable. Le chef de la prison mit sous la surveil­lance de Joseph l’ensemble des prisonniers. Notons que ses expériences passées l’avaient préparé et rendu apte à comprendre les faiblesses et les problè­mes des autres prisonniers. C’est par l’expérience que les capacités se développent.

Remarquons qu’il en est de même pour nous qui aspirons à la vocation céleste. Dans la mesure où nous respectons le Seigneur, dans la même mesure nous sommes bénis. En effet, beaucoup de foi, de respect, d’obéissance apporte beaucoup de bénédictions dans le cœur et dans la vie. Si nous nous conformons aux instructions de la Parole de Dieu, si nous sommes en­couragés par ses promesses et si nous nous laissons guider par son esprit de sobre bon sens, nous sommes alors déjà richement bénis. Nous devons nous laisser guider par notre Père, Lui seul sait ce dont nous avons besoin, Lui seul sait comment donner de l’éclat au diamant qu’Il a vu en nous lorsque nous avons été ap­pelés.

Notre fidélité doit être éprouvée, testée, elle doit avoir de profondes racines. Les épreuves de la vie ont pour but de fortifier notre caractère chrétien, et ces épreuves ne cesseront qu’au terme de notre pèleri­nage terrestre, quand le Seigneur pourra nous inviter à entrer dans son repos, par les mots que nous aime­rions tous entendre – « C’est bien, bon et fidèle servi­teur … entre dans la joie de ton maître. » – Matthieu 25 : 21.

Dans la prison, l’influence de Joseph devait très certainement se voir. Sous sa direction, l’ambiance s’est très certainement apaisée. Par sa sagesse, sa gentillesse, sa bonté et sa patience Joseph savait ap­porter remède aux difficultés de ceux qui étaient em­prisonnés. En ces circonstances, Joseph a pu exercer et affiner ses qualités, qualités dont il aura à se servir quand il sera à la tête de l’Egypte. Les expériences qu’il traversa en tant qu’esclave chez Potiphar, et sa présente condition de prisonnier lui permettent de dé­velopper de la sympathie pour ceux qui sont dans l’adversité, lui apprennent des leçons de sagesse et forgent son caractère pour le futur.

CHAPITRE 40 : Joseph en prison.

Dans le chapitre 40 de la Genèse, nous est relatée une scène où Joseph joue un rôle important. Joseph est alors âgé de 28 ans. Tous les prisonniers n’étaient pas des criminels. Parfois, certains se trouvaient là parce qu’ils avaient déplu à Pharaon, comme nous le dit Genèse 40 : 1 – 3 – « … Il arriva que l’échanson et le panetier du roi d’Egypte offensèrent leur maître … Pha­raon fut irrité contre ses deux officiers, le chef des échansons et le chef des panetiers, et il les fit mettre dans la maison du chef des gardes, dans la prison, dans le lieu où Joseph était enfermé. »

Ces deux prisonniers étaient des hommes de haut rang et étaient bien au courant des affaires du royaume. Ils furent placés sous la responsabilité de Joseph. Ainsi Joseph pouvait communiquer fréquem­ment avec eux et recevait, de ce fait, des informations relatives aux affaires du pays. Joseph, étant très ré­ceptif, accumulait de la connaissance pour l’avenir. Mais Joseph savait aussi discerner les cœurs attristés, ceux qui avaient de la peine. Les épreuves qu’il avait traversées avaient développé en lui l’aptitude à com­patir aux souffrances des autres. Il doit en être de même avec nous.

Nos épreuves doivent nous transformer, nous ren­dre plus affables, plus compatissants, plus doux, plus miséricordieux. Nous devons nous exercer à compatir aux souffrances des autres, particulièrement à celles de nos frères en la foi. N’est-il pas écrit – « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. » On pourrait dire que nos expériences doivent attendrir no­tre cœur, en d’autres mots nous amener à avoir un cœur compatissant envers ceux qui sont dans la dé­tresse. Nous devons être un peuple particulier par le fait d’être pleins de miséricorde et de bons fruits, à l’exemple de notre Maître.

L’attitude sympathique et compatissante de Joseph inspirait confiance, c’est ainsi que les prisonniers lui confiaient facilement leurs inquiétudes. Nous lisons en Genèse 40 : 6, 7 – « Joseph, étant venu le matin vers eux, les regarda ; et voici, ils étaient tristes. Alors il questionna les officiers de Pharaon, qui étaient avec lui dans la prison de son maître, et il leur dit : Pourquoi avez-vous mauvais visage aujourd’hui ? » L’échanson et le panetier avaient eu chacun un songe qui les trou­blait profondément, car ces songes leur semblaient prémonitoires. Ils semblaient prédire quelque événe­ment futur.

La très grande foi et l’humilité de Joseph se lisent encore dans le verset suivant (v. 8) – « … Joseph leur dit : N’est-ce pas à Dieu qu’appartiennent les explica­tions, racontez-moi donc votre songe. » Joseph ne s’attribua pas la sagesse d’expliquer les songes. Il mit l’Eternel au premier rang. Joseph aimait Dieu par-des­sus tout et savait que c’était grâce à Dieu qu’il avait cette possibilité d’expliquer les songes. Il ne pouvait s’attribuer cet honneur. Qui peut connaître les secrets de Dieu ? « Le secret de l’Eternel est pour ceux qui le craignent » nous dit le Psaume 25 et verset 14. Ils contèrent donc leur songe à Joseph.

Le chef des échansons avait vu un cep. Ce cep avait trois sarments. Il poussa et donna des fleurs ; des grappes se développèrent et de beaux raisins mûrirent. Dans la main de l’échanson se trouvait la coupe de Pharaon. Il y pressa les raisins et mit la coupe dans la main de Pharaon. Le chef des panetiers vit trois cor­beilles de pain blanc. Ces corbeilles étaient sur sa tête. Des oiseaux mangeaient les mets cuits au four qui étaient dans la corbeille supérieure.

Le Seigneur bénit Joseph et lui permit de donner d’une manière intuitive une explication à leurs songes. L’un fut encouragé et l’autre fut désappointé. Il signifia à l’échanson qu’il serait rétabli dans la faveur de Pha­raon dans trois jours alors que le panetier, par contre, serait exécuté dans trois jours. Les événements confirmèrent les prédictions de Joseph. L’échanson fut bien rétabli dans ses fonctions.

Joseph avait demandé une faveur : « Souviens-toi de moi quand tu seras à nouveau heureux. Parle en ma faveur et fais-moi sortir de cette prison. » Mais malheureusement l’échanson ne pensa plus à Joseph, il l’oublia. Combien la dureté de cœur reprend vite le dessus. L’échanson ne pensa plus du tout à Joseph, son compagnon de captivité. Cet oubli dura près de deux ans. Ce n’est qu’au chapitre suivant que nous apprenons comment l’échanson se souvint de lui.

Pendant ces deux années, Joseph vécut avec l’espoir d’une prochaine libération, désirant ardemment que son cas soit régularisé. Nous ne pouvons pas en­visager un seul instant que sa foi se soit affaiblie, bien au contraire, il comprit et admit que ces expériences et cette longue période d’attente étaient pour son bien. Il en fut ainsi. Joseph attendit patiemment jusqu’à l’âge de trente ans le moment propice pour sa libération. Nous sommes, nous aussi, éprouvés sur le plan de la patience, cette caractéristique fait partie de la panoplie chrétienne que nous devons posséder.

C’est pourquoi, il ne faut pas perdre courage quand nous sommes au sein d’une épreuve, le Seigneur en connaît la sortie et nous y mènera quand Il le jugera bon. Nous pouvons lire, pour nous encourager dans ce sens, le texte formidablement réconfortant de 1 Corin­thiens 10 : 13 – « Aucune tentation ne vous est surve­nue qui n’ait été humaine, et Dieu, qui est fidèle, ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces ; mais avec la tentation, il préparera aussi le moyen d’en sortir, afin que vous puissiez la suppor­ter. »

CONCLUSION : Imitons-le.

Joseph a de toute évidence été éduqué dans le respect de Dieu. Il s’est imprégné de ses enseigne­ments. Il s’est toujours montré généreux, aimable, af­fectueux. Jamais il n’a tenté d’enfreindre la justice di­vine qui punit toute mauvaise action. « A moi la ven­geance, à moi la rétribution, dit le Seigneur. » (Ro­mains 12 : 19). Il a toujours observé ces principes dans toutes ses affaires ou expériences personnelles.

Nous sommes étonnés en constatant que cet homme, qui a reçu si peu d’enseignements spirituels, comme nous les recevons, avait une si remarquable compréhension de l’Esprit de vérité, qui est l’Esprit de Christ. Nous qui sommes engendrés du saint Esprit et qui avons les exemples et la parole de Jésus et des apôtres, ainsi que l’histoire du passé, nous pouvons encore apprendre de Joseph, l’écouter et être étonnés de la profondeur avec laquelle il se pénétra des ensei­gnements de Dieu.

Nous pouvons tirer de cet homme exemplaire des leçons profitables pour nous-mêmes. Jamais il ne murmura, jamais il ne gémit contre la destinée amère qui avait été son lot. Dans toutes les situations, il rend témoignage de la bonté, de la sagesse, de l’amour et de la puissance de Dieu. Il savait que sa destinée était entre les mains de Dieu et il ne chercha jamais à la contrarier. Il était totalement soumis à la discipline di­vine et comprenait que c’était à cette école qu’il appre­nait les enseignements de la vie qui lui étaient néces­saires.

Combien nous, qui voulons être disciples du Sei­gneur, devons regarder à notre Maître dans toutes nos épreuves. Combien devons-nous conserver et exercer notre foi en Dieu, en Celui qui voit, qui peut et qui veut faire concourir toutes choses à notre bien. Ce que Dieu veut, c’est notre sanctification (1 Thessaloniciens 4 : 3). Puisqu’Il nous a appelés, si nous L’aimons et si nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour demeurer aussi dans son amour, Il ne nous abandonnera pas.

Nous avons donc vu qu’il y a d’excellentes leçons, dans la vie de Joseph, pour tous ceux qui ont l’espérance de devenir héritiers des promesses spiri­tuelles qui découlent de l’alliance abrahamique, pour tous ceux qui ont l’espérance de devenir cohéritiers de Jésus Christ notre Seigneur. La promesse est certaine et le privilège d’en être héritier est le nôtre. Pourtant, pour que nous puissions être aptes à effectuer le ser­vice qui en découle, et à assumer les responsabilités correspondantes, il est nécessaire que nous appre­nions les leçons d’humilité, de patience, de foi et d’endurance.

Notre Seigneur, la Tête de cette postérité d’Abraham, endura une telle opposition de la part des pécheurs, c’est par de telles épreuves qu’Il apprit l’obéissance à la volonté de Dieu jusqu’à la mort, alors même qu’Il était parfait, saint, sans souillure, séparé des pécheurs. Il semble donc d’autant plus nécessaire que nous, qui sommes appelés à être membres de son Corps, passions par de sévères épreuves afin d’être préparés et rendus dignes de la gloire qui doit suivre.

Efforçons-nous donc d’affermir notre appel et notre élection, en développant notre caractère, pour nous rendre dignes d’avoir part à l’héritage des saints dans la lumière, d’être cohéritiers de notre Rédempteur.

Fr. H. P.