LES CAUSES DE L’AGONIE DE GETHSÉMANÉ

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Après l’institution du souper commémorant sa mort, Jésus et ses disciples chantèrent un cantique et sortirent ensuite de la ville. Ils s’en allèrent à la montagne des Oliviers qui s’élevait en face d’eux, à une distance d’un kilomètre et demi environ. Selon toute apparence, plusieurs importantes leçons ont été données aux disciples sur le chemin de Gethsémané. L’Evangile selon Saint Jean les relate dans les chapitres 15 à 17.

Le mot Gethsémané signifie pressoir à huile – nom plein de signification. Lorsque nous nous rappelons que les Juifs utilisaient l’huile d’olives non seulement pour leur nourriture, mais aussi pour leur éclairage, et que Jésus est celui qui nourrit aussi bien que celui qui éclaire le monde, nous voyons qu’il se trouve une convenance spéciale dans le fait que Jésus ait subit ses pénibles expériences qui broyèrent presque son être, dans un jardin dont on se servait pour le broyage des olives et l’extraction de leur huile.

Gethsémané n’était pas un jardin de fleurs, mais un verger, un jardin d’oliviers. Son emplacement présumé est encore soigneusement conservé et gardé par des moines franciscains. C’est un jardin dans lequel il y a plusieurs oliviers très anciens et un chêne extrêmement vieux. Le jardin des oliviers est supposé avoir appartenu à l’un des amis de Jésus, et l’on prétend aussi qu’il y aurait quelque évidence que Jean Marc, l’écrivain de l’Évangile selon St Marc, était ce jeune homme qui, réveillé de son sommeil par l’événement tumultueux qui amena l’arrestation de Jésus, survint, revêtu de sa chemise de nuit. * Marc 14 : 51,52.

PAROLES D’AVERTISSEMENT

Sur le chemin de Gethsémané, Jésus s’efforça de marquer dans l’esprit de ses disciples le fait qu’ils entraient dans un moment de grande crise. Il leur cita la prophétie de Zacharie 13:7 * “Frappe le pasteur, et que les brebis se dispersent !” Il leur dit clairement que, selon cette prophétie, tous allaient être scandalisés * ils allaient perdre courage, ils allaient trébucher, ils allaient être remplis d’effroi. Ce à quoi ils ne s’attendaient pas allait arriver.

Pierre, plein de confiance en son dévouement au Seigneur, protesta contre ces paroles, déclarant qu’elles ne se réaliseraient pas en ce qui le concernait * que, même si elles devaient se réaliser en ce qui concernait tous les autres disciples, lui, il était prêt à mourir avec le Maître plutôt que de le renier. Jésus affirma cependant, avec insistance, que Pierre courrait un grand danger. Il se fiait trop en lui-même et ne regardait pas à Dieu. Il ne veillait pas, en priant instamment, afin de ne pas tomber dans la tentation. En fait, tous les disciples se joignirent à la protestation de Pierre contre les paroles de Jésus. Ils affirmèrent leur fidélité et se déclarèrent prêts à mourir. Comme ils se rendaient peu compte par quelles sévères épreuves ils allaient passer !

Il se trouve ici, sans aucun doute, une leçon pour tous les disciples de Jésus * pour ceux d’aujourd’hui aussi bien que pour ceux d’alors. Il est juste que nous nous sentions entièrement décidés à être fidèles à la cause du Seigneur jusqu’à notre dernier souffle. Une résolution de ce genre est absolument nécessaire pour remporter la victoire. L’erreur que beaucoup commettent, est de ne pas se rendre compte du degré de sévérité que les épreuves et les tentations peuvent atteindre * de ne pas se rendre compte de la nécessité du secours céleste au moment opportun. L’apôtre écrivait : “Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort” (2 Cor. 12 : 10). Par ceci, il voulait dire, sans aucun doute : lorsque je suis entièrement fidèle au Seigneur, je sens ma faiblesse et mon insuffisance personnelles, mais je suis fort, parce qu’alors je compte particulièrement sur l’aide divine * alors je veille et je prie et suis ainsi armé contre les tentations.

Indubitablement, à la fin de cet âge – dans les jours qui termineront la dispensation évangélique * des épreuves de Gethsémané viendront sur l’Église de Christ. Résisteront à .ces tentations et à ces épreuves, et en sortiront vainqueurs, ceux dont la foi et la confiance au Seigneur sont solides * ceux qui veillent et qui prient de peur de tomber dans la tentation et qui, de cette façon, en sont sauvegardés. Comme notre Seigneur prévint Pierre et les autres Apôtres que des épreuves venaient sur eux, de même il nous a prévenus qu’une grande et décisive épreuve viendrait tout prochainement. Faisons notre profit des expériences des apôtres contenues dans cette étude.

“TRISTE JUSQU’A LA MORT”

Arrivés au jardin, Jésus laissa huit de ses apôtres près de l’entrée. Lui-même pénétra plus avant, jusque dans les endroits les plus obscurs, avec Pierre, Jacques et Jean. Tous devaient veiller, être sur leurs gardes. Un événement devait se produire, un événement dont Jésus avait la connaissance, mais qui semblait improbable au plus haut point aux apôtres. Quoique sympathisant avec le Maître, il leur était impossible de comprendre son pessimisme.

Il était minuit. Or, ils étaient habitués à aller se reposer de bonne heure. La tension à laquelle leur esprit avait été soumis au cours de cette soirée, et les importantes leçons que le Maître leur avait données, réagissant en eux, les firent s’assoupir. Ils dormaient, au lieu de veiller et de prier. Il en fut ainsi, même pour les trois apôtres les plus intimes du Maître.

Voulant être seul dans sa communion avec le Père, Jésus s’éloigna de la distance d’un jet de pierre, plus avant dans l’obscurité. A plusieurs reprises, dans l’agonie qui s’était emparée de lui, il vint chercher une sympathie humaine, mais ce ne fut que pour trouver ceux qui lui étaient les plus chers, endormis, ayant oublié ses recommandations. Le prophète l’avait bien dit : “d’entre les peuples pas un homme n’a été avec moi” (Esaïe 63 : 3). Il fut seul à fouler le pressoir de la douleur.

Ce ne fut qu’après avoir donné des avertissements à ses apôtres, et après en avoir placé quelques-uns à l’entrée du jardin, leur recommandant de veiller, que le Maître parut songer spécialement à lui-même et aux événements importants qui devaient avoir lieu au cours des quelques heures qui allaient suivre. Comme il quittait ses trois apôtres favoris, une pesante oppression parut s’abattre soudainement sur son âme. Il l’exprima, s’exclamant : “Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort !” Je ressens cette impression, comme si je voulais mourir maintenant pour ne pas avoir à en arriver à cette grande crise qui se trouve devant moi. Il est écrit qu’ “II fut saisi d’effroi et fort angoissé”. Les termes grecs sont également énergiques. Ils ont le sens de stupeur totale et de tourments douloureux, et comportent l’idée d’isolement, de nostalgie, d’absence d’amis.

LA CAUSE DE LA DOULEUR DU MAITRE

Cette sensation de malheur, de désespoir, qui s’abattit soudainement sur le Sauveur, persista un certain temps, car il s’adressa au Père par trois fois, dans la prière, demandant que s’éloignât de lui cette heure, cette terrible oppression qui lui brisait le cœur. L’Evangéliste Luc, qui était médecin, nous dit que la détresse du Maître était telle que sa sueur devint comme des grumeaux de sang. Bien que le passage concernant la sueur mêlée de sang ne soit pas mentionnée dans plusieurs anciens manuscrits, néanmoins les médecins conviennent que des expériences analogues sont arrivées à d’autres personnes en proie à une grande détresse.

Comment expliquerons-nous la grande détresse qui s’empara du Maître avant sa mort ? Il savait d’avance, pourtant, qu’il allait mourir, et il en avait parlé à ses disciples et leur a donné également l’assurance, rappelée dans cette étude, qu’il ressusciterait le troisième jour ! Pourquoi la pensée de la mort devait-elle avoir sur le Rédempteur un effet tellement plus terrifiant qu’elle n’en a eu sur certains de ses disciples, qu’elle n’en a eu, même, sur les humains en général ?

Des centaines de martyrs sont morts d’une mort aussi terrible ou plus terrible même. Des centaines d’entre eux ont fait preuve d’un grand courage, de force d’âme, face à une mort aussi horrible. Comment donc justifierons-nous l’attitude du Sauveur et sa prière, si ardente, pour que cette heure, ou cette coupe, s’éloignât de lui ?

Pour saisir toute la portée de cette question et de la réponse qu’il convient de lui donner, il nous faut nous rappeler combien le Maître différait de tout le reste de l’humanité. Une sentence de mort repose sur tout le genre humain. Nous savons tous que la mort n’est pour nous qu’une simple question de temps. Nous savons tous que le processus de mort peut ne durer que quelques heures au plus. Non seulement nous n’avons aucun espoir d’échapper à la mort, mais, étant donné que nous sommes déjà morts aux neuf dixièmes, nos facultés intellectuelles sont plus ou moins engourdies. Nous sommes plus ou moins téméraires, insouciants, et d’une inconscience proportionnelle.

LE VRAI COURAGE

Il y a des soldats qui s’élancent dans la bataille, faisant face à une mort instantanée, sans l’ombre apparente d’une crainte, et il y a des chevaux qui font de même. Le courage le plus grand, cependant, est manifesté par ceux qui savent, qui comprennent, qui apprécient parfaitement, exactement ce qu’ils font, et qui ont une grande peur de la mort mais qui, malgré tout, vont énergiquement de l’avant, obéissant au commandement du devoir et de l’amour. Jésus fut un soldat de cette sorte. Il comprenait, comme d’autres ne l’avaient pas compris, ce que la mort était réellement. Il appréciait, comme d’autres ne l’avaient pas apprécié, la signification et la valeur de la vie. Jésus avait quitté la gloire céleste, se dépouillant lui-même de la nature plus élevée du plan spirituel, l’échangeant pour la nature humaine, parce que l’homme avait péché et parce que dans le dessein et dans l’arrangement divin Jésus devait mourir, le juste pour l’injuste, comme prix de la Rédemption de l’homme. Telle était la volonté de Dieu le concernant. Il nous dit que c’était dans ce but qu’il vint au monde. Cette pensée domina sa vie entière. Chaque jour, il effectuait le sacrifice de sa vie en faisant la volonté de Dieu et en servant l’humanité. A présent, il était arrivé au point culminant de son sacrifice.

Le père céleste avait promis que si notre Seigneur était fidèle dans cette œuvre qui lui avait été donnée à accomplir, il serait ressuscité d’entre les morts par la puissance divine et élevé au plan spirituel d’existence, à une position toutefois plus élevée que celle qu’il occupait auparavant. Jésus ne mit pas en doute la loyauté du Père dans cette promesse et il ne douta pas, non plus, de la puissance du Père. Mais la stipulation et la promesse du Père étaient conditionnelles. Notre Seigneur n’obtiendrait la résurrection à la vie plus élevée que s’il s’acquittait fidèlement de sa part. Si, en un sens ou à un degré quelconque, grand ou petit, il cédait au péché, la pénalité pour le péché le frapperait * “Mourant, tu mourras”.

Pendant trois années et demi, sa vie avait été consacrée à Dieu et à l’accomplissement de la volonté divine. La seule question qui se posait à lui était la suivante : avait-il accompli la volonté de Dieu pleinement, complètement et absolument dans un esprit qui eût été agréable au Père céleste ? Plus que cela, aurait-il la force, la volonté, de supporter les expériences des quelques heures qui allaient suivre avec un courage, une foi et une obéissance qui conviendraient ? Ou bien, allait-il faillir et perdre dans la mort tout ce qu’il avait ?

IL N’Y AVAIT PAS D’AVOCAT POUR LE MAITRE

Nous voyons ainsi de quelle manière le cas du Maître se différenciait de celui de l’un quelconque de nous qui nous efforçons de marcher sur ses traces. Nous n’avons rien à perdre ; car, en tant que membres de la race humaine, nous sommes tous sous la sentence de mort. De plus, ceux qui suivent Jésus comprennent qu’il fut le Fils de Dieu qui mourut pour nos péchés et que ses mérites compensent nos imperfections parce que nous demeurons en lui et désirons accomplir la volonté du Père.

Mais, si la Maître avait failli, il n’y avait personne pour le racheter. Un manquement de sa part signifiait la mort éternelle. Il signifiait, en outre, la perte de toutes ces bénédictions spéciales que Dieu lui avait promises en récompense d’une fidélité spéciale. Il signifiait la perte du grand privilège d’exécution de l’œuvre du Père, c’est-à-dire du relèvement de l’humanité des conditions de péché et de mort pendant toute la durée du règne Messianique. En un mot, la vie éternelle personnelle du Maître était sur la balance, cette nuit-là, à Gethsémané, ainsi que toutes ses perspectives de gloire, d’honneur, d’immortalité et de haute élévation à la droite du Père, bien au-dessus des anges, des principautés et des puissances.

Il n’est pas surprenant que le Maître, se rendant compte de tout ceci, ait été accablé par ces pensées. Il n’est pas surprenant qu’il ait souhaité, s’il eût été possible que le plan de Dieu fût accompli d’une autre manière, qu’il fut délivré, que lui fussent épargnées, les tribulations spéciales et les horribles expériences devant avoir lieu au cours des heures qui se trouvaient juste devant lui ! Le fait qu’il devait être traité comme un malfaiteur, un blasphémateur de Dieu, un ennemi de Dieu et de la droiture, faisait indubitablement partie des horreurs de cette épreuve.

CE QUE NOTRE SEIGNEUR REDOUTAIT

Pour un cœur dégradé et dépravé, cela ne signifierait pas grand-chose, mais pour un cœur plein d’amour et de fidélité au Père, de telles expériences devraient être terribles * celui qui avait sacrifié tout ce qu’il avait, même sa gloire céleste et ses intérêts terrestres, pour faire la volonté du Père, devait être considéré comme un blasphémateur de Dieu et crucifié comme un malfaiteur, comme un être nuisible. Quelle terrible expérience pour celui qui posséderait la délicatesse et la noblesse de cœur que possédait Jésus, de qui il est écrit qu’il “était saint, innocent, sans tache et séparé des pécheurs” !

Manifestement, c’était cette ignominie qui était l’objet de la prière de Jésus. Il demanda qu’elle s’éloignât de lui. Il ne priait pas pour qu’il ne mourût pas, car il savait que c’était dans ce but qu’il était venu dans le monde, et que ce n’était que par sa mort que la pénalité de mort frappant la famille humaine pouvait être ôtée. Il avait parlé de sa mort à plusieurs reprises. Il n’avait pas une seule fois exprimé la pensée d’échapper à la mort. Il savait bien que “la chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu”. Mais il espérait que le Père pourrait, peut-être, d’une certaine façon, lui épargner l’ignominie particulière de cette heure-là. Cependant, même dans sa détresse la plus grande, le Maître pria ainsi : “Toutefois, que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne, qui soit faite”.

L’apôtre Paul nous assure que les expériences du Maître à Gethsémané étaient empreintes de peur * non pas de la peur de mourir, mais de la peur de rester dans la mort, de la peur qu’il ne fût pas estimé digne, par le Père, de cette glorieuse résurrection qui lui avait été promise s’il obéissait d’une manière absolue. Paul dit : “C’est lui qui, dans les jours de sa chair, a offert, avec de grands cris et avec larmes, des prières et des supplications à Celui qui pouvait le sauver de la mort (par la résurrection), et qui a été exaucé (vers. Synodale) en ce qui concerne les choses qu’il craignait (Trad. de l’anglais)” (Hébreux 5 : 7). Il a été délivré de sa crainte et, plus que cela, le Père lui donna l’assurance qu’il serait délivré de la mort.

FORTIFIE D’EN HAUT

C’est ici que se trouve l’explication de la déclaration selon laquelle un ange de Dieu lui apparut dans le jardin et le fortifia * lui donna l’assurance, de la part du Père, qu’il avait été fidèle jusqu’à ce moment-là, et que la bénédiction divine reposerait sur lui dans cette heure d’épreuve toute proche. Dès lors, toute crainte et toute angoisse disparurent. Si le Père l’avait approuvé jusque-là, et si la bénédiction et le sourire du Père allaient l’accompagner, il aurait la force d’endurer toutes choses, advienne que pourra. Durant le reste de cette nuit, et au cours de la journée suivante, dans les circonstances les plus difficiles, Jésus fut le plus calme de tous. Il consola celles qui pleuraient sur lui. Il remit sa mère à la garde du fidèle Jean, etc.

Les expériences du Martre se répètent plus ou moins sur ses disciples. Quand ils sont assurés que leurs péchés sont pardonnés, que le Père lui-même les aime, que sa grâce leur est suffisante et que la robe de justice du Rédempteur les recouvre, ceux qui suivent Jésus ont alors la force, dans les circonstances analogues, d’être courageux même lorsque la crainte de la mort les étreint.

Une des différences existant entre le Maître et ceux qui le suivent, une grande différence, devrait être rappelée. Tandis que “d’entre les peuples pas un homme n’a été avec lui”, en ce qui nous concerne, il en est différemment. Le Maître est avec nous, disant : “Je ne te délaisserai point, et je ne t’abandonnerai point”. En outre, nous jouissons aussi d’une communion spirituelle parmi les frères en Christ, qui veillent et qui prient avec nous, et dont les paroles d’encouragement, chemin faisant, sont pour nous une source où nous puisons des forces chaque fois que nous nous trouvons dans quelque affliction. Remercions le Seigneur pour toutes les dispositions et les mesures divines prévues en notre faveur, et marchons en avant vers notre Gethsémané, forts dans la force que Dieu fournit par son Fils.

C.T.R. 1914