SERMON DE FRERE RUSSEL SUR L’ATLANTIQUE

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« Nous sommes sans crainte quand la terre est bouleversée et que les montagnes chancellent au cœur des mers. » — Psaume 46:3.

J’ai choisi pour mon texte un sujet qui parle de la mer, une prophétie symbolique, dont l’accomplissement, je crois, arrive à grands pas. Tous ceux qui étudient la Bible reconnaissent que beaucoup des psaumes de David sont messianiques, c’est à dire qu’ils s’appliquent au temps de l’inauguration du royaume millénaire du Messie. Quelques-uns donnent des détails sur la paix, la joie et les bénédictions qui seront répandues sur les hommes, lorsque le procédé de nivellement de ce temps relèvera les pauvres et les dégradés qui en sont dignes, et humiliera les orgueilleux; il établira la société dans une telle condition que le nouvel ordre de choses est symboliquement décrit dans les Ecritures comme étant de nouveaux cieux et une nouvelle terre où la justice habite (2 Pierre 3:13). D’autres psaumes décrivent dans des termes hautement figurés l’oeuvre de l’âge millénaire. Par exemple, nous lisons : « Vaillant guerrier ceins ton épée, ta parure et ta gloire, oui, ta gloire ! Sois vainqueur, monte sur ton char, défends la vérité, la douceur et la justice, et que ta droite se signale par de merveilleux exploits ! Tes flèches sont aiguës ; des peuples tomberont sous toi ; elles perceront le coeur des ennemis du roi » (Psaume 45:4-6). Là le grand Rédempteur est dépeint comme le Roi conquérant, glorieux de l’âge millénaire ; sa victoire sur toute influence opposée est accentuée : « Tout genou ploiera devant lui et toute langue se liera à lui par serment » (L. — Esaïe 45:23). Sa droite qui se signale par de merveilleux exploits est le symbole de la puissance divine qui sera exercée à l’inauguration du royaume. Les flèches aiguës qui percent les ennemis et les feront symboliquement tomber devant Lui, représentent son message de vérité et de grâce qui conquerra les coeurs mais Il ne les conquère pas en ce moment excepté ceux d’un petit nombre. Un exemple de ceux qui sont maintenant mis à mort de cette manière par la parole de la vérité, nous est donné dans le compte rendu du sermon de St. Pierre, le jour de la Pentecôte. Il prêcha la vérité pleinement, enfonçant jusqu’à la poignée l’épée de l’Esprit dans les coeurs. Il dit à ses auditeurs comment eux et les gouverneurs crucifièrent le Prince de vie. Ils furent transpercés jusqu’au coeur et ce fut une grande bénédiction pour eux qu’ils aient pu revenir à eux-mêmes (Actes 2:23). De même dans le Millenium, les flèches de la vérité frapperont toute opposition ; l’humanité atteinte au coeur aura une réelle appréciation de son péché et de la miséricorde de Dieu : elle tombera devant le grand Roi, acceptera sa grâce quand elle se sera entièrement rendue à Lui, selon sa condition.

LE JOUR DE DETRESSE DEPEINT

Le psaume messianique duquel notre texte fait partie nous parle prophétiquement et symboliquement du temps de trouble, du passage du présent ordre de péché et d’égoïsme, et de l’inauguration du nouvel ordre de justice et d’amour sous le règne de Christ le grand Médiateur. Que les événements prédits par les Ecritures arrivent de notre temps ou non, ils arriveront et s’accorderont avec ces tableaux prophétiques. Ils ont été écrits pour notre instruction (2 Timothée 3:16). En étudiant la Bible, nous ferons bien de faire attention à tous les articles de la révélation divine et à tous les traits de son grand et magnifique programme. Considérons les détails particuliers de ce psaume.

LE REFUGE DE SES SAINTS

« Dieu est pour nous un refuge et un appui, un secours qui ne manque jamais dans la détresse » (Psaume 46:2). Que c’est beau ! Combien c’est réjouissant, fortifiant ! Ceux qui sont entrés dans l’alliance de parenté avec Dieu par la foi et la consécration, qui demeurent dans son amour, peuvent rester calmes dans n’importe quel trouble non seulement dans les troubles de la fin, alors que Satan sera lié et que Dieu sera le refuge de ses saints, mais calmes en tout temps, dans n’importe quelle circonstance. La paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence garde les coeurs et les esprits de ses fidèles. « Nous sommes sans crainte quand la terre est bouleversée et que les montagnes chancellent au coeur des mers ! » La crainte est le grand tourment de notre race. Ce sont les coups de fouets de l’adversaire pour éloigner de Dieu ceux qui ont besoin de sa sympathie, de son amour, de son secours. A ceux-là, le Seigneur parle tendrement disant : « Venez à moi vous tous qui êtes fatigués et chargés … je vous donnerai le repos ». Et encore, Dieu assure que son nom est amour et dit : « La crainte qu’ils ont de moi n’est qu’un précepte de tradition humaine » (Esaïe 29:13). Il voudrait que nous nous confions en Lui, comme en un Père bon, grand et généreux, disant : « Comme un père a compassion de ses enfants, l’Eternel a compassion de ceux qui le craignent » (Psaume 103:13). L’amour, plus d’amour, l’amour parfait venant et remplissant nos coeurs enlève toujours plus la crainte que l’adversaire voudrait nous inculquer : la « doctrine des démons » qui a brûlé dans la conscience et l’esprit des hommes (1 Timothée 4:1). « Ne craignez pas ce que ce peuple [soi-disant chrétien] craint et ne soyez pas effrayés » (Esaïe 8:12), dit l’Eternel à tous ceux qui font partie de son peuple. Que la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence gouverne vos coeurs ! Soyez fidèles, soyez fidèles ! Ayez l’assurance que « toutes choses concourent ensemble au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qu’il a appelés selon son dessein » (Romains 8:28). Cette classe de personnes ne craindra pas quand la terre sera bouleversée, quand les montagnes chancelleront au coeur des mers. Ces gens pourraient être étonnés et effrayés si c’étaient des montagnes au sens littéral, mais ce sont des montagnes symboliques. Le peuple de Dieu par ses instructions ne sera pas dans les ténèbres pour que ce jour le surprenne comme un voleur (Luc 21:35). Dans les symboles de la Bible, le terme terre est employé pour représenter la société, comme les montages, supportées par la terre, symbolisent les royaumes du monde supportés par l’ordre social ; la mer représente les classes agitées, turbulentes, mécontentes, qui battent la terre et cherchent à l’engloutir. Le déplacement de la terre représente le bouleversement de l’ordre social. L’ébranlement des montagnes dans la mer représente l’écrasement de quelques-uns des grands royaumes de ce monde et le bouleversement des peuples dans une rébellion anarchique contre l’ordre social.

LES PUISSANCES ETABLIES PAR DIEU

Si les Ecritures décrivent le renversement de l’ordre social et des grands gouvernements de la terre, nous ne devons pas comprendre que la Bible conseille la révolution ou l’anarchie. Au contraire, les Ecritures conseillent au peuple de Dieu de vivre en paix avec tous les hommes autant qu’il se peut faire. Les Ecritures conseillent de ne pas faire usage des armes charnelles ni de prendre l’épée pour arranger les disputes, mais plutôt de souffrir quelque dommage ; elles disent que Dieu est le Seigneur au-dessus se tous les seigneurs et, quoiqu’Il ne gouverne pas encore les hommes, Il est quand même le Maître de la situation et peut, à n’importe quel moment, renverser ceux qui Lui sont opposés. Il ne reconnaît pas sa volonté comme étant faite sur la terre, mais Il nous dit qu’elle le sera ; Il nous encourage à prier, à espérer, à l’attendre. Il nous dit que Satan est maintenant le prince de ce monde, que, par ce fait, il trompe les esprits et les coeurs de la majorité des humains. Dieu voudrait faire comprendre à son peuple quelque chose de son glorieux programme, mais Il le tient caché aux autres, c’est pourquoi il est impossible de faire comprendre les choses spirituelles à l’esprit de l’homme naturel (1 Corinthiens 2:14). « Aucun des méchants ne comprendra. » — Daniel 12:10.

Le grand Créateur surveille les choses humaines, et laisse beaucoup de responsabilité entre les mains des humains. Il intervient pour abaisser ou élever en de certaines occasions, lorsque les intérêts de sa cause et de son programme le demandent. Par exemple, au cas de Pharaon montant sur le trône d’Egypte aux jours de Moïse, Dieu éleva au trône un homme de grande détermination et empêcha d’autres d’y arriver, d’autres dont le caractère n’était pas favorable à la poursuite de ses desseins divins. Ainsi, sans intervenir avec la libre action morale du roi, Dieu avait besoin de la colère d’un homme pour sa louange, pour être loué aussi par le reste du peuple que Pharaon retenait. De même, auparavant, Dieu éleva Joseph au gouvernement de l’Egypte à cause de ses desseins.

Le prophète décrit le bruit de ce jour de trouble écrasant, lorsque le royaume de Dieu s’établira, disant de la mer qu’elle engloutira les montagnes : « Les flots de la mer mugissent, écument, se soulèvent jusqu’à faire trembler les montagnes » (Psaume 46:4). Il est vrai que dans le passé des mugissements socialistes et anarchistes ont probablement, en de certains temps, fait trembler les royaumes de ce monde ainsi que leurs gouverneurs, mais un jour, selon les Ecritures, la catastrophe finale viendra. Qui peut dire quand ce jour arrivera ? Un bon nombre de personnes qui étudient la Bible s’accordent dans la pensée que le comble du trouble est indiqué par les prophéties pour l’an 1915, mais quant à la date, elle n’est pas trouvée. La prophétie que nous examinons a été annoncée il y a près de 3000 ans, mais elle est aussi sûre et a la même signification aujourd’hui qu’auparavant. [voir note de la rédaction]

Nous ne sommes pas de ceux qui voudraient abattre l’esprit de notre prochain par la crainte. Nous voulons plutôt lui signaler le fait que derrière ce nuage de trouble, il y a la ligne argentée glorieuse des bénédictions et des joies millénaires pour toutes les familles de la terre. Nous voulons plutôt encourager ceux qui ont des oreilles pour entendre à être zélés et fidèles dans leur consécration, cela afin d’assurer leur vocation et leur élection, afin d’avoir un partage dans les gloires du royaume, afin aussi d’échapper aux choses qui arrivent sur la terre (Luc 21:36). En un mot, l’Evangile de Christ n’est pas un message de damnation, de crainte et de torture, mais, comme les anges ont dit, c’est « la bonne nouvelle d’une grande joie qui sera pour tout le peuple [tout le monde] » (D. — Luc 2:10.)

Dans les 5me et 6me versets après notre texte, l’Eglise est dépeinte symboliquement comme la cité ou royaume de Dieu, la demeure du Très-Haut ; le courant de la vérité est représenté comme une rivière nettoyant la cité, la rafraîchissant et la réjouissant. La proclamation est faite : « Dieu est au milieu d’elle ; elle ne sera pas ébranlée. » Dieu l’aidera de bonne heure le matin, au matin millénaire. Oh ! Combien sont heureux ceux qui seront trouvés dignes d’une place dans l’Eglise élue ! « L’Eglise des premiers-nés dont les noms sont écrits dans les cieux. » L’Eglise ne sera pas ébranlée, ce qui s’accorde avec le premier verset disant que le peuple de Dieu sera préservé de la crainte, des doutes et de la mauvaise compréhension des événements de ce temps de détresse, que leur foi les rendra capables de triompher quand les autres seront dans la détresse et dans une grande angoisse. — Luc 21:26.

LES NATIONS AGITEES

Commençant avec le 7me verset, le prophète donne une peinture synoptique brève de ce temps de trouble, de sa consommation et de l’inauguration de la paix universelle. Les nations s’agitent, ces mots montrent le tumulte qui régnera parmi l’humanité dans le grand temps de détresse, avant qu’il soit arrivé au comble ; des voix courroucées s’élèvent des réunions publiques, des réunions privées, des travailleurs, des capitalistes et par les colonnes de la presse autant qu’il est permis. En Allemagne, l’agitation de la presse, pendant un temps, a déjà transpiré. Il en est de même dans les autres nations : en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis et en France, dans les Balkans, au Maroc, etc…, il y a une crainte du tumulte que la presse publique « agitée » pourrait soulever, et on fait tout ce qui est possible pour l’empêcher [voir note de la rédaction ci-après]. Celui qui voit que l’anarchie est la plus épouvantable terreur affrontant la civilisation, doit comprendre la sagesse d’une restreinte raisonnable de sa langue et de celle des autres. Quoi qu’il en soit, les Ecritures nous montrent que tout effort sera vain pour supprimer le bruit et les voix fâchées des hommes s’agitant égoïstement. Le tableau du prophète continue : « Dieu fait entendre sa voix : la terre se fond d’épouvante. » Les audacieux parmi l’humanité font entendre leur clameur d’avidité ; les riches aussi bien que les pauvres auront une réponse du Tout-Puissant, donateur de tout don parfait : « L’Eternel fait [alors] entendre sa voix » ou selon Psaume 2:5 : « Il leur parlera dans sa colère », pour sa correction et pour sa réprobation. Comme résultat, la terre symbolique (société) se fondra, la structure sociale de la civilisation se désagrégera. Dans un autre endroit, l’Ecriture dit que cette désagrégation sera si grande que « tout homme lèvera la main contre son prochain ».

Mais le prophète se hâte d’ajouter que dans le milieu de ce tumulte l’Eternel sera avec ses consacrés. Nous lisons. « L’Eternel des armées est avec nous, le Dieu de Jacob est pour nous une haute retraite. » Cette promesse s’applique premièrement à l’Eglise consacrée, à l’Eglise de Christ, à l’Israël spirituel ; elle s’applique secondement à l’Israël charnel, à la nation juive qui participera à ce temps de détresse, mais sera sauvée de « ce temps d’angoisse pour Jacob » (Jérémie 30:7). En ce temps de trouble, les joyaux de l’Eternel, ses saints seront recueillis dans leur demeure céleste, après quoi la faveur divine commencera à retourner à Israël. — Romains 11:25-30.

Le psaume se termine par un tableau de la dévastation qui arrive dans le monde comme résultat de l’égoïsme et de l’aveuglement des humains. Les capitalistes et les travailleurs s’élèveront pour tomber dans un affreux cataclysme d’anarchie, terrible pour le riche comme pour le pauvre. Les saints de Dieu seront en paix, à cause de leur connaissance de ce qui doit arriver, à cause aussi de leur foi en Dieu et de leur acceptation volontaire de ce que la Providence veut envoyer. Remarquez le grand symbolique apostrophe par lequel le psaume se termine ! Puissent ces leçons nous conduire plus près de la fontaine de la grâce et nous donner le repos, la paix et la joie par notre obéissance de coeur à Dieu : « Il [Emmanuel] fait cesser la guerre jusqu’au bout de la terre. Il a brisé l’arc et Il a rompu la lance. Il a consumé par le feu les chars de guerre. Arrêtez et sachez que je suis Dieu. Je domine sur les nations, je domine sur la terre !  »

TG 6/1911

(note de la rédaction : Bien que le processus de détresse décrit soit acceptable, l’accomplissement rapide évoqué dans l’article ne s’est pas révélé juste, ce qui a donné lieu à rectification de la part de l’auteur, frère Russell. Selon cette rectification, le processus de détresse doit s’étendre sur une période de temps plus longue, et aujourd’hui, après plus de 70 ans, nous constatons qu’il en est bien ainsi. Les phénomènes cités se développent et sont peut-être même plus accentués que ceux d’alors, décrits dans l’article, ce qui nous rapproche du dénouement final.) [RETOUR AU TEXTE « Les puissances établies par Dieu »]