LE PLUS GRAND ÉVÉNEMENT DE L’HISTOIRE

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– Jean 19 : 17-30 –

TEXTE D’OR : « Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures. »

Le Calvaire fut l’endroit où s’accomplit l’événement le plus merveilleux de l’histoire. C’est là qu’opérèrent l’Amour et la Justice divine pour enlever la malédiction qui pesait sur l’humanité. Son emplacement n’est pas connu avec précision. Le terme “Calvaire” en latin nous fournit une piste, il est l’équivalent du terme hébreu “Golgotha” qui signifie “le lieu du crâne”. C’est l’arrondi nu d’une colline creusée sur le devant par deux cavernes ; vu de loin, cet ensemble a l’apparence d’un crâne ; les cavernes, et les broussailles qui y poussent ressemblent aux orbites des yeux. Il est présumé que ce fut le lieu de la crucifixion. Cette coutume de décrire les rochers et les montagnes par des choses qui leur ressemblent d’une manière ou d’une autre est encore maintenue de nos jours.

La crucifixion est l’une des plus horribles formes de mort. Ce n’est pourtant pas cette mort sous la torture, qu’a soufferte en notre faveur notre Rédempteur, qui éveille le plus en nous un sentiment de compassion et de peine, quand nos pensées retournent au Calvaire et aux scènes qui précédèrent cet événement. Deux autres hommes furent crucifiés avec Jésus, beaucoup d’autres ont souffert de façon similaire avant eux et nous pouvons supposer que d’autres encore subirent de lentes tortures ou moururent sur un bûcher, ou sous la flagellation, etc… La pensée qui impressionne plus profondément nos cœurs est relative aux expériences de notre cher Sauveur. Non seulement celles-ci furent imméritées par celui “de qui proviennent toutes bonnes choses”, mais elles furent aussi en rapport avec le paiement de notre dette, ainsi “par ses meurtrissures nous sommes guéris.” -Esaïe 53:5.

« L’amour de Christ nous contraint »

La pensée que Christ mourut pour nos péchés, le Juste pour les injustes, afin de nous amener à Dieu et de nous rétablir dans la faveur divine perdue par le juste châtiment ou sentence de mort qui pesait sur nous, doit engendrer dans nos cœurs une sympathie affectueuse. “L’Amour de Christ nous contraint ; et ainsi nous pensons que si un seul est mort pour tous, alors tous sont morts (sous la juste sentence de mort) ; et nous qui vivons, désormais nous ne vivons plus pour nous-mêmes mais pour celui qui mourut pour nous.” – 2 Corinthiens 5 :14, 15.

Dans la Croix de Christ est notre gloire

Dominant les ruines du temps,

La lumière de cette sainte histoire

Autour de cette tête sublime nous réunissant.

Dans la mesure où de nos jours “les sages de ce monde” renient la nécessité de la mort de notre Seigneur et la valeur du précieux sang comme expiation pour les péchés de l’humanité, de même ceux, dont les yeux ont été ouverts par la grâce de Dieu, pour voir le divin plan, doivent insister de plus en plus sur la valeur de la croix comme base de la réconciliation entre Dieu et l’homme. De nos jours, ce trait fondamental de l’Evangile perd de sa valeur. Jésus est représenté comme bon et noble, comme un éducateur merveilleux et sage dont les paroles conviennent à la rédaction de textes et de commentaires ; mais le péché du monde est dénié quand il est dit que l’homme s’est élevé par un processus d’évolution de la condition de singe pour parvenir à la ressemblance divine. Ainsi, s’il n’y a pas de péché dans le monde duquel il faille être délivré, ce que les Ecritures rapportent concernant l’expiation que fit Jésus pour les péchés du monde, est une erreur. Ce point de vue s’étend très rapidement à travers la chrétienté et détruit la véritable foi chrétienne.

Il n’y a qu’une seule véritable foi chrétienne ; c’est celle qui a été transmise aux saints une fois pour toutes, celle qui consiste à être agréable à Dieu, celle qui est la base de la justification et du pardon des péchés, celle qui consiste à être respectés, honorés, bénis et récompensés par le Seigneur au temps convenable. Il est difficile d’énoncer ce sujet avec suffisamment de clarté, car certains pourraient être offensés de s’entendre dire qu’ils ne sont pas chrétiens dans le sens scripturaire du mot, parce qu’ils ne défendent plus la doctrine de l’expiation par le sang de la croix, par la mort de Christ. Et pourtant ! Cette doctrine sera la pierre de touche qui désignera clairement qui est de Christ et qui n’en est pas. Ceux qui perdent cette base de la foi, perdent toute récompense en Christ, tout au moins durant l’âge de l’Evangile. Ils ne sont pas plus chrétiens que ne le sont les Mahométans, les Juifs, les Confucianistes ou les Brahmanes… Juifs, mahométans et infidèles croient que Jésus a vécu, qu’Il est mort, qu’Il était un grand éducateur, mais cela ne les rend pas chrétiens, ni ne les justifie. Nous sommes justifiés, nous dit l’Apôtre, “par la foi en son sang”. – Romains 3 :25.

“VIA DOLOROSA” – Le chemin de la croix.

Le jugement de Pilate, tout comme le raisonnement qu’il suivit, fut attristant. Pilate se sentait mal à l’aise en agissant de la sorte car en d’autres circonstances il aurait été plus raisonnable. Les chefs des sacrificateurs et les docteurs en théologie remportèrent une victoire et ils pouvaient se réjouir en voyant leur victime conduite comme un agneau à la boucherie. Maintenant nous pouvons croire qu’ils avaient quelque conscience et supposer qu’ils étaient loin d’être en paix ; bien qu’ils aient dit à Pilate “son sang retombera sur nous et sur nos enfants”, ils ressentirent une mystérieuse terreur en présence de cette merveilleuse personne contre laquelle ils avaient l’avantage. Supposer que leur cœur ne fut pas troublé, serait les déconsidérer face à tout le monde. Sur le chemin, des femmes compatissantes, qui n’étaient pas des disciples du Seigneur pleurèrent quand Jésus passa. Pilate, l’ayant fait fouetter, le présenta à ses accusateurs en disant : “Voici l’homme” (Ecce homo) – Regardez l’homme que vous me demandez de crucifier ; aucun homme dans toute votre nation n’a un tel visage ni une telle stature ; personne parmi vous n’a-t-il essayé un seul instant de savoir s’il était un homme mauvais ? Son visage prouve le contraire, n’êtes-vous pas satisfaits ? Votre colère contre Lui n’est-elle pas apaisée par la flagellation qu’Il a subie ? Ne consentiriez-vous pas à Le laisser aller ? – Tous ces appels furent inutiles. Ses ennemis furent aveugles face à ses attraits personnels tant ils étaient remplis de haine et d’amertume. Cependant ceux-ci furent remarqués par les femmes sur le chemin, et elles pleurèrent. Jésus fut le plus calme de tous dans cette scène, parce qu’Il avait l’assurance de faire la volonté de son Père. Cette assurance Le maintint calme et impassible depuis le moment où l’ange Lui apparut dans le jardin de Gethsémané pour Lui donner une parole d’encouragement et ainsi Le fortifier. Il fut alors prêt à endurer toutes choses si telle était la volonté de son Père, afin d’accomplir le Plan Divin, tant était grande sa confiance dans la sagesse, l’amour, la justice et la puissance de Dieu. Aux femmes qui pleuraient, Il dit : “Ne pleurez pas sur moi, pleurez sur vous-mêmes”. Il avait indubitablement en pensée le terrible trouble qui s’abattit sur la cité 37 années plus tard.

« Laissez-le prendre sa croix et me suivre. »

En tête du cortège, Jésus, la croix sur l’épaule, était accompagné de quatre soldats romains. Il était suivi des deux larrons qui portaient leur croix et étaient aussi gardés chacun par quatre soldats. L’ensemble était sous la responsabilité d’un centurion. Notre Rédempteur ; moins grossier par nature, moins “brute”, plus intelligent que les larrons était probablement moins vigoureux pour porter la lourde croix. De plus Il n’avait pris aucune nourriture depuis près de douze heures, et était nerveusement tendu. De ce fait, Il était à peine capable de porter son fardeau, et le centurion força Simon de Cyrène, un homme de la région, à porter la croix “APRES” Jésus. Nous ne pouvons déterminer s’il marchait derrière Jésus, portant la croix, ou s’il portait la partie postérieure de la croix avec Jésus ; dans les deux cas il avait un privilège glorieux bien que contraignant.

En lisant ce récit, beaucoup d’entre le peuple du Seigneur aurait souhaité participer au port de cette croix. Où étaient donc Pierre, Jacques, Jean et les autres ? Hélas ! Ils permirent à la crainte de les détourner, de les priver d’un service plus glorieux. Il serait bon de se rappeler que notre Seigneur a gracieusement prévu que tous ses disciples puissent avoir part au port de la croix. Le scandale de la croix, le poids de la croix n’a pas cessé, la croix de Christ est encore dans le monde, le privilège nous est encore accordé de la porter avec Lui en Le suivant. Quoique les Apôtres aient perdu le privilège de porter la croix littérale de Christ, ils se ressaisirent de leur crainte et nous avons le récit de leur noble service, portant la croix de Christ jusqu’à la mort.

Aimons davantage et montrons-le par notre zèle à porter la croix ; si à certains moments notre zèle se refroidit rappelons-nous ceci “Pas de Croix, pas de Couronne”. Gardons en mémoire les paroles de l’apôtre : “Si nous souffrons avec Lui, nous régnerons aussi avec Lui ; si nous sommes morts avec Lui, nous vivrons aussi avec Lui”. Notre mobile ne doit être ni la crainte de la mort, ni l’appréciation de la couronne. Le grand ressort de notre dévouement pour la cause du Seigneur doit être l’appréciation de ce qu’Il fit pour nous, notre amour pour Lui, le désir de faire ce qu’il Lui plaît que nous fassions, et ainsi montrer un amour correspondant. Rappelons-nous que bien que notre Seigneur Jésus, la Tête de l’Eglise, fût glorifié il y a déjà quelques temps, il y a encore autour de nous dans le monde ceux que notre Seigneur Jésus reconnaît comme ses frères, comme membres de son corps, et que tout ce que nous faisons à l’un des plus petits d’entre eux, quelque assistance que nous leur apportions dans le port de leur croix, tout sera apprécié comme étant une manifestation de notre amour pour Lui, comme si nous le faisions à Lui-même.

Il fut compté au nombre des transgresseurs.

Le crucifiement de notre Seigneur entre deux larrons peut être vu de différentes façons. Ce fut pour Lui une extrême humiliation. Chaque être humain, noble et pur, qui apprécie la pureté dans son propre cœur, trouvera particulièrement détestable d’être mal compris au point d’être compté parmi les transgresseurs, meurtriers, assassins, larrons, etc… Si cela est vrai pour nous, dans notre condition imparfaite de cœur et de pensée et dans notre appréciation imparfaite de la justice et du péché, combien plus intense ce sentiment devait être en Celui qui était parfait, notre Seigneur ! A quel point devait-Il détester le péché ! A quel point devait-Il s’opposer au péché sous toutes ses formes ! A quel point la honte qu’Il devait ressentir était-elle plus forte que celle que nous pourrions ressentir si nous étions à sa place ! Du point de vue du Père Céleste, permettre que son Fils fut compté au nombre des transgresseurs, devait évidemment démontrer aux anges et aux hommes la loyauté du cœur de son Fils, comme nous le lisons : “Il s’humilia lui-même jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix”.

Ainsi le Seigneur démontra son renoncement total à Lui-même, la mort complète de sa propre volonté et la complète soumission de son cœur et de son esprit à la volonté de son Père, non seulement par son consentement à mourir, mais surtout par son consentement à mourir de la manière la plus méprisable. En tout cela Il devint un exemple pour tous ses disciples, ainsi que le suggère l’Apôtre : “Humiliez-vous vous-mêmes sous la puissante main de Dieu (peu importe le degré d’humiliation que l’obéissance à Dieu peut nous apporter) pour qu’Il puisse vous élever au temps convenable”. Du point de vue des sacrificateurs et des Pharisiens, le crucifiement du Seigneur avec les deux larrons fut spécialement désirable, ceci afin d’empêcher le peuple de se souvenir de Lui comme d’un martyr. Le but également recherché était de L’avilir aux yeux du peuple et de faire rougir quiconque se réclamait de cet enseignant religieux qui fut publiquement exécuté comme un malfaiteur, comme un ennemi de Dieu et de l’homme. Comment aurait-on pu s’attendre à ce qu’il y ait une gloire quelconque dans la croix de Christ ? Mais combien les plans de Dieu contrôlent merveilleusement tous les arrangements humains et font que même la fureur, l’envie et la méchanceté du cœur humain travaillent pour sa louange et en accord avec son plan !

Faisant mourir le Prince de vie.

Bien que le Calvaire fût situé au-delà du mur de la cité, la distance qui le séparait du palais de Pilate n’était pas très importante. A peine arrivés sur les lieux, les croix ayant été déposées sur le sol, les soldats fouettèrent rapidement les prisonniers, les clouèrent sur les croix, probablement avec des pointes de bois, puis dressèrent les croix en les plantant dans des trous prévus pour cela. Les pieds du crucifié étaient à environ 60 cm du sol. L’agonie qui s’ensuit peut-être mieux imaginée que décrite ; au moment précis où la croix s’enfonce dans le trou alors que le corps est balancé, secoué, agité sur la croix, l’être crucifié ressent une terrible douleur ; celui qui a un tempérament raffiné la ressent plus que celui qui est brutal et grossier ; ainsi notre Seigneur souffrit-Il plus que ses deux compagnons. Les disciples dévoués à la cause du Seigneur peuvent se dire “Mon Seigneur fit cela pour moi” et se demander “Qu’avons-nous supporté en retour, comme honte, ignominie ou douleur ?” De fait, celui qui se vante de n’avoir enduré aucune épreuve devrait être honteux, et, par ailleurs nous devrions être plus courageux, plus patient pour endurer tout ce que la providence divine peut permettre d’être versé dans notre coupe à cause de notre alliance de disciple de Christ.

Le Roi des Juifs.

C’est ainsi que Pilate se vengea des Juifs envieux et malveillants qui le forcèrent à crucifier Jésus contrairement à sa volonté et à la justice. Il était d’usage de faire connaître le crime pour lequel une exécution était prononcée en mettant une inscription au-dessus de la tête de la victime. Dans le cas de Jésus, il écrivit :“Jésus de Nazareth, Roi des Juifs”. Marc a écrit “Le Roi des Juifs” et Luc “Voici le Roi des Juifs”. Ces trois inscriptions sont toutes correctes, l’inscription fut écrite en trois langues : Hébreu, Grec et Latin.

Lors du procès devant le Souverain Sacrificateur, Jésus fut condamné à mourir comme un blasphémateur car Il s’était attribué le titre de Fils de Dieu ; comme nous l’avons vu, cette accusation ne fut pas retenue par Pilate puisque le gouvernement romain ne s’occupait pas d’un homme qui aurait blasphémé contre un dieu ou un autre. Pour assurer son exécution par les Romains, Il fut accusé de rébellion contre Rome, clamant qu’Il était le Roi des Juifs. La décision de Pilate fut correcte. Tous les yeux aveugles s’ouvriront pour voir que Jésus était, en effet, oint pour être le Roi de la terre. Cependant Il dit : “Mon royaume n’est pas de ce monde” – pas maintenant. Puis Il indique par ailleurs, le temps est proche où “Il prendra pour lui-même son grand pouvoir et régnera”. Ceux qui Le reconnaissent comme Roi maintenant sont peu nombreux, un peuple sans envergure dans le monde, “pas beaucoup de grands, pas beaucoup de sages, pas beaucoup d’instruits” – “principalement les pauvres de ce monde, riches en foi” –

Pour beaucoup c’est un agréable roman à raconter que Jésus est maintenant le Roi de l’humanité, qu’Il est en train de régner, que la chrétienté est son royaume, et que les 400 millions d’adeptes nominaux sont ses loyaux sujets. Ceux qui pensent ainsi sont presque aussi aveugles et remplis de préjugés que le furent les docteurs en théologie qui obtinrent la mort de notre Seigneur. Dire que la “chrétienté” est l’empire de Christ, que ceux qui Lui appartiennent sont les serviteurs de Christ, est aussi vrai que d’appeler noir ce qui est blanc. Du point de vue du Seigneur “ses serviteurs sont ceux qui le servent”, de ce fait le Seigneur a peu de véritables serviteurs dans le monde d’aujourd’hui car la grande majorité est au service du péché sous beaucoup de ses nombreuses formes d’égoïsme et est contente de penser que le Jour du Seigneur, le jour de l’Oint, quand Il prendra pour lui-même sa grande puissance et régnera sur tout ce qui est au-dessous des cieux, est encore loin.

Ceux qui “aiment son avènement”, qui attendent depuis longtemps la présence du Roi et l’inauguration de son règne de droiture sur la terre, sont vraiment peu nombreux. Ceux qui forment ce “petit troupeau”, ces soldats de la croix, apprécieront spécialement cette communion et seront prêts, comme les y exhortent les Ecritures à “déposer leur vie pour les frères”. Celui qui déposera sa vie pour un frère, sera certainement attentif à ne jamais rien faire contre la vérité, mais tout pour la vérité, à ne jamais agir de sorte à causer la chute de quelqu’un, mais s’efforcera d’assister les membres du Corps de Christ, “Ses pieds”.

S’asseyant, ils Le surveillèrent.

Les soldats romains ignorant Dieu et les principes de droiture, la plus haute conception de leur responsabilité étant d’obéir aux ordres, ne semblaient pas avoir de cœur. Les souffrances de leurs victimes paraissaient n’avoir aucun effet sur eux et ne faire vibrer en eux aucune corde sensible. Ils s’asseyèrent, le regardèrent, et commencèrent à se partager ses vêtements. Le costume habituel d’un Juif se composait de cinq parties : un turban, des chaussures, une toge, une ceinture (un morceau pour chaque soldat), et le “chilton” – la tunique encore appelée le manteau – sorte de chemise un peu étroite allant du cou jusqu’aux chevilles, que les soldats tirèrent au sort.

Ces soldats regardaient froidement l’Agneau de Dieu qui souffrait pour leur rédemption, Lui le juste, pour les injustes. Le partage de ses vêtements fut leur pourboire. Combien ce fait ressemble considérablement à toute la chrétienté depuis ce temps-là jusqu’à maintenant. Des millions de gens dans toutes les parties du monde civilisé ont entendu parler de Jésus, de son amour et de son sacrifice, et bien que ce soit pour eux qu’eut lieu ce sacrifice, ils sont encore complètement impassibles, ils ne se sentent pas concernés par ce sacrifice, n’en éprouvent aucune reconnaissance et ne l’apprécient aucunement.

En effet ils sont prêts à recevoir et à se partager, jour après jour, les nombreux avantages et bénédictions qui leur sont accordés par cette mort ; maintenant même, ils les reçoivent sans appréciation, reconnaissance ou gratitude. L’Apôtre excuse cette attitude de cœur en disant : “Le dieu de ce monde a aveuglé leur intelligence pour qu’ils ne croient pas, de peur que la glorieuse lumière des bontés divines brillant sur la face au Seigneur, ne brille aussi dans leur cœur”.

Avec Lui à l’heure de la mort.

Au moment de sa mort, quatre de ses proches étaient présents : sa mère, sa cousine, femme de Cléopas, Marie de Magdala et Jean. Nous ne devons pas juger trop sévèrement l’apparent manque de courage de la part des autres amis de Jésus. L’animosité populaire qui avait entraîné la crucifixion de Jésus, s’était étendue dans une considérable mesure à ses disciples. Il était naturel qu’ils aient peur ; on a même laissé entendre que Lazare aurait voulu mourir aussi. Les trois femmes pouvaient raisonnablement se sentir hors de danger malgré l’intérêt qu’elles manifestaient pour le Seigneur souffrant ; de même Jean, souvenons-nous qu’il avait un ami dans la maison du Souverain Sacrificateur, un ami qui l’avait autorisé à être présent quand Jésus fut d’abord amené devant le Souverain Sacrificateur, et quand Pierre eut peur d’être reconnu dans les appartements extérieurs. Le serviteur du Souverain Sacrificateur était très probablement présent au moment de la crucifixion pour faire un rapport de l’événement. De telles circonstances influencèrent et encouragèrent certainement Jean à être présent. Ce fut à ce moment que Jésus, quoique souffrant énormément, confia sa mère aux soins de son disciple -“Femme, voici ton fils” et au disciple “Voici ta mère”. Nous ne pouvons manifester notre sympathie au pied de la croix de Christ, mais nous pouvons être présents et aider les membres de son corps dans leurs heures sombres ; ceci est compté comme étant fait à Lui-même.

Une autre déclaration des Ecritures devait encore s’accomplir. Le prophète, en parlant de Lui, déclara : “Ils me donnèrent du fiel et du vinaigre à boire”. Sans doute à cause d’une fièvre violente résultant de la crucifixion, Il devait avoir soif depuis un moment. Le moment était venu pour que s’accomplisse cette parole des Ecritures : ” On lui donna du fiel et du vinaigre” ; ce n’était pas une injure qu’on Lui faisait, mais plutôt une faveur qu’on Lui accordait. On supposait que le mélange était susceptible d’apaiser la soif dans une certaine mesure.

Ainsi, ayant accompli ce qui était écrit à son sujet, notre Seigneur réalisa que la fin de sa course était arrivée. Ce fut certainement dans ce contexte que la communion avec le Père cessa pendant un moment. Pendant un court instant Il expérimenta ce que le pécheur ressent suite au retrait de la faveur divine. Il a été traité pour nous comme un pécheur afin que nous puissions grâce à Lui être traités comme justes par Dieu. De toutes les expériences de notre Seigneur, nous croyons que ce moment, pendant lequel le Père Lui cacha complètement sa Face, fut le moment le plus pénible, le plus éprouvant, l’épreuve la plus sévère, la seule en apparence que notre Seigneur n’avait pas prévue. Ne s’intéressant pas aux conforts, aux faveurs, aux privilèges ni aux bénédictions terrestres, accablé à ce moment, notre Seigneur possédait une communion et une alliance manifestes avec le Père. Mais maintenant afin d’être élevé, il Lui fallait surmonter cette épreuve sévère de laquelle dépendait sa vie entière.

Dans son agonie Il cria : “Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?” De quoi suis-Je coupable pour qu’un nuage apparaisse entre Toi et moi ? N’ai-Je pas été fidèle jusqu’à la mort-même ? Il comprit sans doute assez vite la signification de cette expérience, la nécessité de compléter ainsi la coupe des souffrances pour démontrer jusqu’à l’extrême limite sa fidélité et son obéissance, et répondre ainsi, pleinement et complètement, aux exigences de la pénalité frappant notre race. Probablement encore sous ce nuage, mais avec cette compréhension, Il s’écria : “Tout est accompli” et mourut. Nous parlons fréquemment de personnes mourant le cœur brisé (au sens figuré). Notre Seigneur expérimenta cela. Apparemment Il mourut de ce qu’on appelle actuellement l’éclatement du cœur. C’est le résultat d’une profonde peine contrariant la circulation du sang et provoquant une surpression dans le cœur. Nous avons tous, plus ou moins déjà ressenti cela à certains moments, un poids sur le cœur lors d’un état de nervosité particulière. Dans le cas de notre Seigneur, ceci semble avoir été si intense que le cœur éclata littéralement, Il mourut le cœur brisé.

WT 1905 p3560.