LE PORT DE LA CROIX ET LA CRUCIFIXION

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« Puis Il dit à tous, Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix, et qu’il me suive. » – Luc 9 : 23.

La croix est le symbole d’une souffrance particulière et volontaire. Elle est portée au nom du but le plus noble et le plus important. De nombreux chrétiens comprennent mal leurs souffrances, ils considèrent qu’elles contribuent à leur croix. La plupart des souffrances que les humains, et parmi eux les chrétiens, endurent n’a rien à voir avec la croix du Seigneur. L’Apôtre Paul nous met en garde : « Mais que nul de vous ne souffre comme meurtrier ou voleur, ou comme faisant le mal, ou s’ingérant dans les affaires d’autrui. » – 1 Pierre 4 : 15.

Combien de malades gémissent dans les hôpitaux, combien de personnes supportent mal d’être rejetées par leur entourage. Combien de moments tragiques des parents peuvent traverser lorsque leur enfant, à la suite d’un accident, se trouve blessé physiquement ou psychologiquement. Il n’est pas possible d’énumérer toutes les souffrances qui résultent de notre condition pécheresse. Le monde déborde de souffrances diverses qui n’ont aucune relation avec la croix du Seigneur. Porter la croix, c’est supporter volontairement et noblement la douleur, la peine, les déceptions et les désespoirs provoqués par le service de Dieu, de la vérité, des frères et de tous les hommes.

Il y a des souffrances qui ne résultent pas de notre vie pécheresse, ni de notre négligence, ni même d’autres erreurs de la vie, mais celles-là non plus ne font pas partie du poids de la croix. Qu’est-ce donc que la souffrance de la croix ? C’est une souffrance toujours positive, qui vaut la peine d’être supportée. Bénis sont ceux qui la supportent. Mais « si quelqu’un souffre comme chrétien, qu’il n’en ait pas honte, mais qu’il glorifie Dieu en ce nom. » – 1 Pierre 4 : 16.

Les souffrances de la croix apportent la joie et la vie. Nous en avons un exemple en notre cher Sauveur, Jésus Christ, à propos duquel l’Apôtre Paul écrit « fixant les yeux sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi, lequel, à cause de la joie qui était devant lui, a enduré la croix, ayant méprisé la honte, et s’est assis à la droite du trône de Dieu. » (Hébreux 12 : 2). Le Sauveur a porté sa croix volontairement, dans la perspective de sauver tous les hommes. Le port de la croix par notre Seigneur s’est achevé par le triomphe de la vie et de la joie. Lorsque notre Seigneur est ressuscité des morts par la puissance divine, Il dit : « Tout pouvoir m’a été donné sur la terre comme dans les cieux. » Le Seigneur utilisera cette puissance pour relever de la tombe toute l’humanité, qui dans les nouvelles conditions du rétablissement pourra obtenir la vie éternelle.

Nous avons un autre exemple de croix : celle qui a été portée par l’Apôtre Paul. Il a expliqué lui-même le prix à payer pour avoir annoncé l’Evangile du salut, en 2 Corinthiens 11 : 24-28 : « Cinq fois j’ai reçu des Juifs quarante coups moins un ; trois fois j’ai été battu de verges ; une fois j’ai été lapidé ; trois fois j’ai fait naufrage ; j’ai passé un jour et une nuit dans les profondeurs de la mer ; en voyages souvent, dans les périls sur les fleuves, dans les périls de la part des brigands, dans les périls de la part de mes compatriotes, dans les périls de la part des nations, dans les périls à la ville, dans les périls au désert, dans les périls en mer, dans les périls parmi de faux frères. J’ai été dans le travail et dans la peine, exposé à de nombreuses veilles, à la faim et la soif, à des jeûnes multipliés, au froid et à la nudité. Et sans parler d’autres choses, je suis assiégé chaque jour par les soucis que me donnent toutes les Eglises. » Voici un exemple positif du port de la croix.

La flagellation de l’apôtre fut une torture infligée à un innocent. Comme il devait avoir mal dans son corps et son esprit !

Après avoir reçu trente-neuf coups de fouets, le condamné était près de la mort, son dos étant tout lacéré. Lorsque l’Apôtre Paul a connu le Seigneur Jésus, il L’a aimé par-dessus tout. Toute sa dignité d’homme instruit dans la loi et toute la considération de son entourage, il les a regardées comme des balayures ; Christ est devenu sa vie. Au terme de sa course, remplie de souffrances provoquées par le poids de la croix et de son ministère, il s’exprima de cette manière : « j’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi, désormais m’est réservée la couronne de justice, que le Seigneur juste juge me donnera dans ce jour-là, et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui aiment son apparition. » – 2 Timothée 4 : 7, 8.

La gloire d’une telle couronne n’est pas éphémère, car elle repose sur le travail pour le bien des proches, accompli dans l’amour pour l’Eternel. Lorsque nous prenons notre croix pour suivre Jésus, nous devons savoir que notre service pour l’Eternel et pour nos proches nécessitera une consécration et un sacrifice, assortis de souffrances allant parfois jusqu’au sang. Nombreux sont ceux qui n’acceptent pas cette vérité, et qui voudraient servir Dieu mais sans sacrifice, ni souffrance. La mesure de notre développement se manifeste au travers du don de notre vie au service de Dieu, de la vérité et de nos proches. Le mobile de ce don doit toujours être l’amour pour Dieu. Un tel comportement prouve que nous avons trouvé le vrai sens de la vie, une vie pleine de vigueur et d’amour véritable. Jésus dit : « Qui perdra sa vie pour moi, la trouvera. » De ces exemples, il résulte que :

• Porter la croix, signifie accomplir de nombreuses ordonnances de la Loi Divine qui concernent notre souffrance pour Dieu, le Seigneur Jésus et la vérité.

• C’est vaincre toutes les difficultés liées à notre consécration au service de Dieu.

• C’est porter le fardeau de nos frères, dans le but de l’accomplissement des directives de Christ.

• Porter la croix c’est aussi accomplir la volonté du Père dans des conditions inconfortables. Un tel comportement engendre la haine, la colère et la persécution de la part de ceux qui se disent être le peuple de Dieu, mais qui ne le sont pas. Porter sa croix, c’est être actif et zélé dans le service de Dieu. C’est un combat jusqu’à la victoire.

La crucifixion

Y a-t-il un lien entre la crucifixion et le port de la croix ? L’Apôtre Paul nous en parle dans son épître aux Galates 2 : 20 : « Je suis crucifié avec Christ ; et je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi. » Lorsque l’Apôtre Paul écrivit ces paroles, il ne pensait pas à la crucifixion des désirs du péché, des plans et des mauvaises actions, mais il pensait aux choses convenables qui cependant ne sont pas en accord avec la volonté de Dieu.

La première étape de la foi en Jésus-Christ montre aux disciples la pureté de l’Agneau de Dieu. Elle leur montre qu’ils ne doivent pas désirer ce qui est mauvais.

En acceptant la justification par la mort de Christ, nous confessons non seulement notre regret pour les péchés passés, mais nous manifestons la repentance et nous changeons notre vie, autant qu’il est possible de le faire. Nous confessons que les mérites de la rançon qui nous sont imputés, couvrent non seulement nos péchés passés, mais aussi les péchés présents, les erreurs et les faiblesses involontaires de la chair.

Passer de l’état de pécheur à celui de justifié, c’est entrer sur les traces de Jésus, pour souffrir avec Lui, afin d’être, plus tard, élevé à la nature Divine. Il en sera pour nous comme pour le Seigneur, notre bonne volonté, nos bons désirs, nos intentions et desseins doivent être crucifiés.

Jésus-Christ, en tant qu’homme parfait, possédait l’Esprit Saint sans mesure. Il avait aussi la sagesse et la puissance de faire des miracles et pouvait même ramener des morts à la vie. Il aurait pu agir davantage pour le bien des hommes, en s’impliquant par exemple dans des œuvres humanitaires ; Il ne le fit pas. Ses délices étaient d’accomplir la volonté de son Père. Il n’a fait que ce que son Père Lui a demandé. Il a témoigné de la vérité, et Il a mis en évidence la vie et l’immortalité. Il devint la rançon pour Adam, et en Adam, pour toute l’humanité.

L’attitude de l’Apôtre Paul envers le Seigneur démontre qu’il a toujours recherché la volonté du Seigneur et qu’il l’a accomplie. Sa devise était de faire ce que le Seigneur demandait « car le Seigneur nous a commandé ainsi » (Actes 13 : 47) ; « Or le Seigneur dit… Ne crains pas mais parle… parce que je suis avec toi. » (Actes 18 : 9, 10). L’Apôtre Paul ne s’est pas laissé séduire par les souhaits des frères qui ne voulaient pas qu’il se rende à Jérusalem, où l’attendaient : « des liens et des tribulations » (Actes 20 : 23). A tous ceux qui pleuraient et insistaient il a répondu : « Que faites-vous en pleurant et en brisant mon cœur ? Car pour moi, je suis prêt, non seulement à être lié, mais encore à mourir à Jérusalem pour le nom du Seigneur Jésus. » (Actes 21 : 13). Et pourtant c’est pour son bien que les frères lui donnaient ce conseil. Ils prenaient soin de sa santé. Mais l’Apôtre, lui, a crucifié ce bien pour obéir à la voix du Seigneur.

Recherchons-nous de la même manière la volonté de Dieu dans tous nos plans et dans toutes nos entreprises ? Ou bien justifions-nous nos actions en disant : je ne fais rien de mal ! Je peux renoncer au privilège d’être frère ancien dans mon assemblée, car cela est trop difficile, et en échange je peux travailler davantage et donner plus d’argent pour l’œuvre du Seigneur. Que devons-nous crucifier ? Si Dieu veut que nous soyons ancien, il nous faut crucifier notre volonté, notre travail, notre argent et ce que nous avons considéré comme bon. Il y a beaucoup d’autres exemples similaires.

Le Seigneur a nourri des foules affamées d’une manière miraculeuse. Il a multiplié des pains, mais aussi le vin aux noces de Cana, car Il a estimé que c’était la volonté de Dieu. Mais au désert Il n’a pas voulu transformer les pierres en pain. Pourquoi ? Il a reconnu que ce n’était pas la volonté de Dieu ; en cette circonstance le Seigneur crucifia sa volonté.

Il est possible de servir le Seigneur, la vérité et les frères de différentes manières, mais celle que je choisis est-elle en accord avec la volonté de Dieu ? Les réponses affirmatives à ce genre de doutes que nous éprouvons souvent pendant notre pèlerinage auprès du Seigneur, seront la preuve que notre soumission à la volonté du Père Céleste est complète, que l’accomplissement de cette volonté soit agréable, aisé ou difficile.

L’affirmation de l’Apôtre Paul : « Je suis crucifié avec Christ » signifie que sa volonté, ses capacités, ses droits et ses privilèges, comme homme, ont été soumis à la volonté du Maître, et que cette volonté demeurait en lui et dirigeait toutes ses oeuvres. Lorsque notre Seigneur, en tant qu’être humain, a commencé sa mission, Il avait totalement mortifié ses buts et sa volonté, Il fut condamné à mort, puis crucifié. En accord avec le plan de son Père, sa volonté, ses droits et ses capacités ont été sacrifiés. Toutes ses actions qui étaient des bénédictions pour tous faisaient que ses forces L’abandonnaient peu à peu. Cela constituait sa lente agonie qui prit fin sur la croix.

C’est pourquoi, crucifions notre volonté. Chaque jour prenons notre croix et renonçons à nous-mêmes en dirigeant nos regards vers le Seigneur. Marchons sur ses traces, car derrière cette croix se cache une joie éternelle et la couronne de gloire.

Fr. J. S.

Na Strazy Février 2001