“ ET SOYEZ RECONNAISSANTS… ”

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Colossiens 3: 15.

La reconnaissance est une merveilleuse qualité du caractère humain, nous pouvons parfois la rencontrer chez les animaux.

On ne peut se représenter un être humain ou angélique, agréable à Dieu, sans cette qualité. Nous pouvons être certains que le degré de notre consécration à Dieu est tributaire de notre degré de reconnaissance, lequel nous éveille à la fidélité et au sacrifice de nous-mêmes. Chez une créature raisonnable le sentiment de reconnaissance permet de ressentir la bonté et l’amour divins et grâce à cela l’homme peut établir et entretenir la communion avec Dieu. Si la bonté de Dieu n’éveillait en nous aucun sentiment de reconnaissance, alors Dieu aussi n’aurait non plus aucun plaisir à nous combler de ses biens.

Le temps passant, se dégradant de plus en plus, étant sous l’influence de Satan, les hommes perdaient le sentiment de reconnaissance et comme l’Apôtre Paul l’écrit en Romains 1 : 21 : “ … Car ayant connu Dieu, ils ne l’ont point glorifié comme Dieu, et ne lui ont point rendu grâces, mais ils se sont égarés dans leurs pensées… ” Ce même Apôtre prédisant les temps difficiles de la fin de l’Age de l’Evangile annonce que : “ … les hommes seront égoïstes … ingrats… ” (2 Timothée 3 : 1, 2), ce que de nos jours la plupart des gens ressentent souvent. Malgré cela dans chaque cœur véritable et noble s’éveille un sentiment de reconnaissance pour le bien et l’amour prodigués, ce qui produit à son tour une inspiration vers des buts sublimes et des actions respectables.

Si la bonté et l’amour humains éveillent en nous un sentiment de reconnaissance, combien plus nous devrions avoir de la reconnaissance envers Dieu et notre Seigneur. Quand nous constatons le fait qu’étant accablés de toutes sortes de péchés et de faiblesses, nous trouvant sous la sentence de la mort et qu’ayant pu obtenir cette grande grâce divine d’être justifiés, acceptés comme fils de Dieu et dotés de la grâce du Haut Appel à la nature divine et cohéritiers avec Christ, quelle énorme dette de reconnaissance avons-nous pour ces grands biens immérités qui sont devenus notre partage. Plus nous nous trouvons sous l’influence de cette miraculeuse vérité, plus nous sommes au service de Dieu et plus notre dette croît. La reconnaissance est donc l’acquittement d’une certaine dette de justice et le manque de reconnaissance est la manifestation d’un esprit d’ignorance ne percevant pas la justice, ce qui est la preuve d’un caractère mauvais.

Outre notre grande dette envers Dieu nous avons de moindres dettes envers nos prochains.

QUELQUES EXEMPLES.

Nous avons une grande dette de reconnaissance envers nos parents pour le don de la vie, leur amour, leur consécration et leur éducation. Nous devrions nous efforcer de l’acquitter alors qu’ils sont encore en vie. Il y a des milliers d’enfants, des orphelins de l’assistance publique, sans logis, dans des pouponnières, qui ne connaissent pas des mots comme papa ou maman. Ils n’ont pas ressenti leur amour et la chaleur de la maison familiale. C’est pourquoi nous devrions, sans compter, estimer nos parents et particulièrement si notre maison est chrétienne, sans blasphème, sans ivrognerie ni aventure, parce que nous avons notre père et notre mère qui nous aiment et qui désirent notre bonheur.

Comment leur manifester notre reconnaissance ?

Est-ce quand ils seront âgés et infirmes, en se séparant d’eux et en les plaçant dans une maison de personnes âgées où ils seront privés de la vision et de l’amour de leurs plus proches et où ils termineront leur vie ? Oh non ! Pour combler la justice nous devrions prendre soin d’eux et les aimer comme ils ont pris soin de nous, d’autant plus que Dieu nous a fait la promesse d’une longue et paisible vie en échange de l’amour et du respect envers nos parents. – Ephésiens 6 : 2, 3.

Une certaine personne interpellée par la question : « Pourquoi a-t-elle acheté trois miches de pain ? » répondit : l’une est pour moi et mon épouse, la deuxième est pour m’acquitter de la dette envers mes parents, la troisième je la prête aux enfants avec l’espoir que plus tard ils me la rendront. D’autres manifestations de reconnaissance comme par exemple les embrassades, les cadeaux, les cartes postales et lettres envoyées d’un voyage, etc… sont également très agréables pour les parents.

Dans le couple également nous devons prendre soin de manifester de la reconnaissance. L’union de deux êtres engage non seulement à une juste considération mais engage également à des dons d’amour. L’épouse ne mérite-t-elle pas de la reconnaissance pour le souci de maintenir sa maison propre et accueillante, pour la préparation de mets appétissants ou encore pour le souci d’élégance du mari ou des enfants ? La coopération dans les devoirs domestiques, les doux compliments, les fleurs et les cadeaux peuvent être la manifestation d’une véritable et sincère reconnaissance qui sera non seulement un stimulant pour de futurs sacrifices mais également un élixir de jouvence continu.

La reconnaissance de l’épouse pour son souci à satisfaire les besoins matériels et spirituels est très douce et nécessaire pour le mari. Le foyer ne brûlera pas et ne nous réchauffera pas sans offrandes et sacrifices mutuels. Ceci a une grande influence sur l’éducation des enfants.

Une certaine reconnaissance revient également aux frères anciens dans l’assemblée. Ils se consacrent, sans intérêt personnel, pour le bien des frères. Aux anciens de l’assemblée Paul écrit en 1 Timothée 5 : 17 : “ … Que les anciens qui dirigent bien soient jugés dignes d’un double honneur… ”. Eux aussi sont parfois soumis au découragement, particulièrement s’ils ne voient pas se développer dans l’assemblée le fruit de leur travail. La reconnaissance envers eux, est de mettre en application leurs recommandations bibliques ainsi que leurs paroles d’encouragement et de sympathie, c’est quelquefois en leur serrant la main, souvent en leur souriant et particulièrement en priant pour eux.

La plus grande dette de reconnaissance nous l’avons envers Dieu et Jésus-Christ. Le Psalmiste écrit : “ … Mon âme, bénis l’Eternel ! … Et n’oublie aucun de ses bienfaits… ” (Psaume 103 : 1, 2). Dans un cantique nous chantons : “ Vois les grâces que Dieu t’a données, sa sollicitude tu apprécieras ”. Nous devrions être reconnaissants pour les bénédictions terrestres telles que la beauté de la nature, les fleurs, les senteurs, le chant des oiseaux, la splendeur du lever et du coucher du soleil car tout ceci a été créé par Dieu pour notre plaisir.

La plus grande dette de reconnaissance, nous la devons pour les bénédictions spirituelles, pour le don de notre Seigneur Jésus, pour sa rédemption, pour le Haut Appel, pour la famille spirituelle et pour les nombreuses bénédictions perçues ou non. De quelle manière pouvons-nous être reconnaissants pour tout ceci ?

Un certain événement peut nous aider. Un peintre a pris dans son atelier une tsigane pour lui servir de modèle. Dans son atelier se trouvait un splendide tableau, représentant la crucifixion de Christ, préparé pour une exposition. Le peintre s’aperçut que la tsigane portait souvent son regard sur le tableau mais ne comprenait sûrement pas sa signification car elle n’était pas chrétienne. Une fois elle se mit à pleurer devant le tableau et quand le peintre lui demanda pourquoi elle pleurait, elle répondit par une question : Pourquoi a-t-Il tant souffert ? Quand le peintre lui eut expliqué la raison, elle lui posa la question suivante : Est-Il mort pour toi ? Le peintre répondit que oui. La tsigane demanda ensuite : S’Il est mort pour toi, que Lui as-tu donné pour cela ? Les paroles de la tsigane surprirent le peintre et l’interpellèrent. Il n’avait jamais pensé à cela. Il inscrivit la question de la tsigane au bas du tableau et le remit pour l’exposition. Ce tableau provoqua une grande réaction, peut-être pas à cause du tableau lui-même mais à cause de l’inscription : “ Il a donné sa vie pour toi et toi que Lui as-tu donné pour cela ? ”

Nous devrions nous approprier ces paroles. L’Apôtre Paul en 2 Corinthiens 5 : 14 nous dit que s’Il est mort pour nous, nous devrions alors mourir pour Lui, bien que notre mort n’ait pas la même valeur que la sienne, néanmoins nous pouvons manifester le mieux notre reconnaissance envers Lui au travers de celle-ci. Chaque jour nous devrions mourir pour la cause de Dieu. Une certaine manifestation de reconnaissance sera due à la satisfaction de la providence divine bien que quelquefois celle-ci puisse être pour nous très douloureuse et triste. Le prédicateur Gilpin peut être pour nous un bel exemple. Au temps du règne de Marie il fut condamné au bûcher : “ Et pourquoi ne devrais-je pas remercier ? ” A ce moment le chariot se renversa et le condamné, qui était lié, tomba du chariot et se fractura la jambe. Es-tu en mesure maintenant de remercier Dieu qui (apparemment) se soucie peu de toi ? lui demandèrent ironiquement ses bourreaux. Et cette fois encore le martyr, dans d’atroces douleurs, répondit : “ Mon âme glorifie le Seigneur ”. Comme on ne voulait pas le brûler avec sa jambe nouvellement fracturée, on le reconduisit en prison pour le soigner afin qu’au moment de le brûler il puisse se tenir debout.

Après quelques jours, la reine Marie, qui persécutait les protestants, mourut, sa sœur Elisabeth, une protestante, monta sur le trône et arrêta sur le champ la persécution et quand Gilpin put se tenir solidement debout, il fut de nouveau libre. Combien il remercia (Dieu) pour la fracture de sa jambe grâce à laquelle il obtint la vie et la liberté.

Si nous voulons connaître le plus court chemin vers la satisfaction et le bonheur nous devons alors accepter le principe de remercier Dieu pour tout, étant convaincus que : “ toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu ”. (Romains 8 : 28). Les murmures et les mécontentements au sujet de la providence divine seraient, pour ainsi dire, la preuve d’un manque de reconnaissance. Nous pouvons aussi démontrer de la reconnaissance envers Dieu par l’amour et la consécration envers les frères car Jésus a dit : “ toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites ”. (Matthieu 25 : 40). Nous pouvons démontrer cette reconnaissance dans les prières et cantiques de remerciements et ceux-ci, au cours des années, devraient être plus nombreux que les demandes (supplications).

Dans les Saintes Ecritures nous avons de nombreux exemples de reconnaissance mais aussi d’ingratitude. Pour manifester sa miséricorde envers le Maître une femme du Nouveau Testament, Marie-Madeleine, apporta un vase d’albâtre plein de parfum et tout en pleurant le répandit sur les pieds de notre Seigneur et ensuite s’efforça d’être près de Lui et de Le servir.

Un même sentiment de reconnaissance se trouvait aussi en une autre Marie, sœur de Lazare, qui, comme preuve d’amour et de reconnaissance pour les merveilleuses paroles de vie et pour avoir ressuscité Lazare, son frère, versa sur le Seigneur un parfum de grande valeur. En analysant cet événement il est bon de se rappeler l’erreur, souvent commise par les personnes et quelquefois même par les croyants, qui est de reporter à plus tard la manifestation de la reconnaissance. Nous sommes convaincus que la vie humaine est fragile et courte. Un proverbe dit : “ Reporter à plus tard peut signifier jamais ”. Combien sommes-nous quelquefois surpris de l’information de la mort d’une personne envers laquelle nous avions l’intention de manifester nos sentiments d’amour et de reconnaissance. Il peut arriver qu’au lieu d’un superbe cadeau nous soyons obligés d’acheter des fleurs pour l’enterrement. Marie a saisi le moment propice. Après la mort de notre Seigneur, Nicodème a apporté cent livres d’aromates avec lesquels il a embaumé le corps du Seigneur mais qui hélas était déjà mort.

La reconnaissance et l’ingratitude sont illustrées par un événement de la vie du Seigneur rapporté en Luc 17 : 11 à 18. Parmi les dix lépreux guéris, seul un Samaritain s’est avéré être reconnaissant. Il représente peut-être la classe des disciples reconnaissants du Seigneur qui rendent grâces à Dieu en esprit, paroles et actes alors que la majorité, ayant obtenue la grâce de la justification, oublie la reconnaissance et dirige ses sentiments vers les choses mondaines. Il est certain qu’une moindre estime les attend de la part du Seigneur.

Cet instinct de reconnaissance se retrouve également chez certains oiseaux. En Sibérie, par une température de moins 50 degrés, une pie qui jacassait tant qu’on ne lui donnait pas de la nourriture apparaissait à la fenêtre d’une maison. Quand le printemps vint elle rapporta sur le bord de la fenêtre toutes sortes de brillants, elle rapporta même une fois une alliance en or.

Un journaliste nous rappelle un rare et émouvant exemple de mémoire et de reconnaissance chez les animaux. Au cours de son séjour en Afrique il trouva un éléphanteau pris au piège. Il le libéra de son piège et le laissa partir libre. Dix ans passèrent depuis cet événement et le journaliste aurait complètement oublié sa bonne action si un certain événement ne le lui rappela. Se trouvant dans un cirque et observant les évolutions des éléphants, il s’aperçut soudain, avec étonnement, qu’un des éléphants s’étant écarté de ses congénères vint vers lui. Avant que le journaliste ne réagisse il se retrouva sur la trompe de l’éléphant qui le transporta de sa place précaire vers le milieu du cirque, dans un fauteuil au premier rang. Après tant d’années, dans le cœur reconnaissant de l’animal, persistait la mémoire de son bienfaiteur et à la première occasion il prouva sa reconnaissance comme il le pouvait.

QUELS PROFITS POUVONS-NOUS PUISER DE LA RECONNAISSANCE ?

– Elle accroît la valeur du don ou du service. Sans bonté réciproque quelqu’un peut avoir un doute, est-ce que son don a provoqué un plaisir et une satisfaction ?

– Elle inspire d’autres bonnes actions respectables.

– Elle est ce qui influence une amitié durable et la rend agréable. Si néanmoins la bonté manifestée de notre côté envers une personne n’éveille pas en elle de la reconnaissance et si cette bonté, par la suite, est perçue comme quelque chose de commun, il ne peut y avoir de véritables liens d’amitié sincères et durables dans ces circonstances.

– Elle est la source d’une vie heureuse. Le développement en soi d’un esprit de louange et de reconnaissance envers Dieu et son prochain est, dans le cas du chrétien, une source d’une vie heureuse.

POSSEDONS-NOUS UN ESPRIT DE RECONNAISSANCE ?

Réfléchissons un moment là-dessus.

– Combien de fois utilisons-nous le mot “ merci ” à la maison, au travail, à l’assemblée et envers tous ceux qui nous ont fait un bien quelconque ?

– Est-ce que nous manifestons un certain respect envers nos bienfaiteurs, offrons-nous des présents et si possible de suite ou bien les remettons-nous à plus tard ?

– Combien de temps nous souvenons-nous de la bonté qui nous a été manifestée ?

– Qu’évoquons-nous le plus souvent dans nos prières, des demandes ou des remerciements ?

Le commentaire de la Manne du 28 décembre est beau et instructif : “ En buvant au torrent, prenons une leçon chez les petits oiseaux qui boivent en levant très souvent la tête comme pour rendre grâces à Dieu. Remercions continuellement notre Seigneur pour chaque expérience de la vie, chaque leçon, chaque épreuve qu’Il nous donne de goûter et profitons-en pour notre développement spirituel ”.

Efforçons-nous afin que ce noble et admirable sentiment de reconnaissance se développe et se manifeste de plus en plus dans notre cœur et dans notre vie.

Fr. J. M.

Traduit du polonais “ Na Strazy ” 1 / 2002 pages 6 à 9