En 2 Corinthiens 13 : 5, l’apôtre Paul déclare : “Examinez-vous vous-mêmes, pour savoir si vous êtes dans la foi ; éprouvez-vous vous-mêmes. Ne reconnaissez-vous pas que Jésus-Christ est en vous ? à moins peut-être que vous ne soyez réprouvés“.
L’analyse du contexte de ce verset nous apprend que les Corinthiens semblaient reprocher à Paul son peu d’influence sur eux et que le service qu’il leur rendait était faible, voire même insignifiant.
Dans sa réponse, Paul fit remarquer leur condition présente et les invita à la comparer à ce qu’elle était auparavant, afin qu’ils puissent juger de ce qu’il y avait de changé dans leur vie. Il attira également leur attention sur ce qu’ils possédaient et à la lumière de tout cela, leur demanda de reconnaître si son influence était bonne ou ne l’était pas, si son service était faible ou insignifiant. Il déclare en 1 Corinthiens 11 : 28 : “Que chacun donc s’éprouve soi-même“. L’apôtre exhorte ici les fidèles à réfléchir sur soi en vue d’une digne commémoration de la Pâque du Seigneur.
Il est impossible de se connaître uniquement par la simple analyse de notre condition actuelle. Nous ne nous connaissons aussi qu’en partie si nous observons seulement notre vie passée. Chaque jour notre comportement nous surprend par l’accomplissement de choses que nous n’aurions jamais pensé faire. Ainsi, Abraham ne savait vraisemblablement pas combien sa foi était grande, jusqu’à ce qu’il ait été appelé à sacrifier son fils. Sous la pression de cette épreuve il parvint à comprendre la puissance réelle de sa foi.
A cause de la défaillance de notre mémoire, nous ne savons pas suffisamment profiter de nos erreurs passées. Dans chacune de nos actions, il y a tant de détails qui interviennent, permettant tant de possibilités différentes, qu’il nous est impossible de connaître parfaitement notre condition.
Les philosophes Grecs avaient pour habitude de dire : “Connais-toi toi-même”. Ils ne voulaient pas dire par là que l’observation de notre conduite ne permet pas de comprendre notre caractère, ni même d’apprécier notre réelle valeur. Ils voulaient simplement dire qu’il appartenait à chacun d’étudier les bases et les faits de sa propre philosophie, sans se contenter de la recevoir de quelqu’un.
Il arrive aussi que certains ne savent pas s’améliorer par un examen minutieux ou la connaissance de soi. Les mauvaises gens mettent en avant le peu de bien qu’elles font en excusant tout le mal commis. Les bons quant à eux s’accablent de remords pour chaque mauvaise action.
Une femme honnête et pieuse, respectée de tous, se mit à réfléchir sérieusement sur sa vie. Elle commença à s’étudier et s’éprouver elle-même, tout particulièrement en ce qui concerne le bien-fondé de sa foi. Après quelques mois de réflexion, elle parvint à la conclusion qu’elle ne possédait pas la foi qu’elle pensait avoir, que sa vie était pleine de mauvaises actions, qu’elle n’était pas sauvée, que son espérance faisait défaut, ne lui laissant aucune chance de salut. Il est évident qu’une telle analyse et une telle condamnation de soi sont trop sévères. Ce qui est paradoxal, c’est de constater que seules les bonnes personnes arrivent à de telles conclusions, jamais les autres.
Il y a une différence entre l’analyse de son cœur et celle de sa vie, que certains ne savent distinguer. Notre cœur (ou volonté) devrait être parfait, alors que notre vie ne l’est pas forcément ; car nous avons ce “ trésor ” (la nouvelle volonté, le nouveau cœur) “ dans un vase de terre ” (dans un corps imparfait). Ainsi, celui qui considère sa relation avec Dieu en analysant la perfection ou l’imperfection de ses pensées, paroles et actions, doit, s’il est sincère et s’il a une compréhension exacte de ce qu’est la perfection, rester humble en ce domaine.
Celui qui analyse son cœur, ses impulsions, sa volonté et ses intentions, doit toujours se trouver être fidèle à Dieu sous ce rapport, même si sa vie ne parvient pas à la hauteur de cette nouvelle volonté, du nouvel esprit de Christ engendré en lui par les grandes et précieuses promesses de la Parole de Dieu.
Nous devons, non seulement nous demander si nous aimons Dieu, mais également si notre amour nous incite à un service réel et volontaire pour Lui. La Parole de Dieu nous enseigne que l’épreuve consiste, non pas tant dans ce que nous savons faire, mais dans ce que d’une manière sincère et zélée nous nous efforçons de faire.
Une maman ne se demande jamais si elle aime ou non ses enfants, mais elle leur manifeste son affection, son dévouement et son attachement. De même, une personne courageuse ne s’arrête pas pour se demander si elle doit persévérer ou non dans son travail. Christ déclara : “Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui qui m’aime“.
Nous ne pouvons apprendre à connaître notre cœur que lorsque Dieu, le Grand Affineur, nous éprouve. C’est sous l’effet de sa main disciplinaire que nous apprenons à nous connaître. Dieu effectue cet examen pour voir et nous montrer s’il y a en nous de mauvaises choses. Il examine notre cœur, l’éprouve ; ce n’est pas seulement nous qui le faisons. Un chrétien croît à l’image de Dieu, se fortifie dans la foi et l’espérance, lorsqu’il parvient à ne plus considérer lui-même, mais Christ.
On dit qu’un artiste talentueux se tint debout devant l’œuvre du plus génial peintre de ce siècle. Il n’eut jamais pour intention de le surpasser, ni même de l’égaler. Toutefois, cette supériorité évidente ne l’a jamais abattu, ni découragé. Il voyait devant lui la matérialisation des notions qui, depuis longtemps déjà, hantaient son esprit d’une manière indéfinie. Dans chaque détail et chaque ligne de ce tableau, il ressentait l’immense supériorité et l’esprit de l’artiste. Pendant qu’il avait les yeux fixés sur le tableau, son émotion grandissait, ses sentiments s’élevaient, et s’étant retourné, d’une voix émue et joyeuse, il s’écria : “Moi aussi je suis peintre !”
Que le fidèle de même, lorsqu’il est dans l’affliction, tourne ses regards vers Christ, la personnification de ce qu’il y a de plus grand et de plus saint. Qu’il Le regarde jusqu’à ce que son cœur ressente son esprit et sa grâce, pour qu’ensuite seulement, avec foi il puisse regarder le monde et dire : “Moi aussi je suis chrétien !”
(Traduit du périodique polonais Straz 1939-5-66 ; 1939-6-82).