« Garde ton cœur plus que toute autre chose, car de lui viennent les sources de la vie. » – Proverbes 4 : 23.
L’analyse régulière de nos motivations, comme celles des autres à qui nous avons affaire, est l’une des choses les plus difficiles à réaliser. Chez bon nombre de personnes, nous pouvons remarquer sur ce point deux tendances diamétralement opposées : une indulgence exagérée pour nos propres motifs et une tendance à attribuer des fausses intentions aux autres.
Ces deux extrêmes suscitent de nombreuses incompréhensions et des difficultés parmi les hommes : dans les familles, les cercles amicaux, les entreprises, les organisations politiques, sociales, financières et autres, les associations et divers groupements religieux, ainsi que dans les relations nationales et internationales.
Si chacun s’efforçait d’être plus sincère, plus juste et magnanime dans ses mobiles personnels et plus réservé, prudent dans l’imputation de mauvaises intentions aux autres, on éviterait de nombreuses incompréhensions, des difficultés et des luttes.
Notre texte recommande plus précisément une meilleure ligne de conduite par l’analyse scrupuleuse et la régulation de notre cœur, c’est-à-dire des sentiments et des motivations qui sont le premier stimulant ou le ressort de toutes nos paroles, plans et actions.
L’expression « la vie provient du cœur », semble signifier que c’est d’après les intentions sincères – les motivations – que l’homme façonne sa vie, plus précisément son chemin de progression et sa vie sociale. Si ce que notre Grand Maître a dit est vrai – « Car c’est de l’abondance du cœur que la bouche parle » (Matthieu 12 : 34), (ceci étant une vérité que personne ne peut contester) – il est non moins vrai selon la déclaration du Sage, que le cours de la vie humaine se façonne selon les intentions de son cœur – selon ses motivations.
Seul Dieu, qui connaît et sonde les cœurs en donne une exacte description par le prophète : « Le cœur est tortueux par-dessus tout, et il est méchant : Qui peut le connaître ? » – (Jérémie 17 : 9). La perversion des mobiles humains est le résultat du péché qui a dénaturé plus ou moins, ses facultés, ses goûts et ses penchants.
L’égoïsme, qui dénature plus ou moins le caractère de chacun des enfants d’Adam, constitue vraisemblablement l’élément principal de la perversité du cœur humain ; car il n’agit jamais sous son vrai jour, ouvertement, mais se masque toujours – il prend l’apparence de la vérité, de la raison ou d’une vertu quelconque. Plus l’égoïsme s’enracine dans le cœur de l’homme, plus ses motivations se pervertissent et plus elles agissent sur ses paroles et son comportement.
La question posée : « Qui peut le connaître ? » (ce cœur tortueux) semble dire que celui qui est animé par des motifs égoïstes, des motivations perverses, ne se rend pas compte du véritable caractère de ses mobiles, alors qu’il en est ainsi réellement. Nous dirons que la maladie chronique du cœur humain est difficile à guérir.
On peut enfin ajouter que personne ne peut s’assurer d’une guérison complète par ses propres efforts. Personne ne peut y parvenir totalement, mais un chrétien consacré doit contrôler son cœur, et en tout état de cause cette maladie devrait se résorber et non pas se développer.
A qui ce conseil s’adresse-t-il particulièrement, qui peut s’y conformer, de quelle manière le mettre en pratique et quels en seront les effets ? Nous le verrons dans les prochaines réflexions.
Traduit du périodique polonais Straz 1954.7.110.