« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » – Jean 15 : 13.
Combien de livres et de dissertations ont été écrits, combien de discours ont été prononcés sur le sujet de l’amour chrétien ! Devant une description universelle si étendue de ce sujet, il faudrait s’attendre à ce que ceux qui se disent chrétiens sachent ce qu’est cet amour, qu’ils le connaissent pour s’efforcer d’être dirigés par lui.
Malheureusement, il n’en est pas ainsi ! Il suffit d’observer l’injustice des soi-disant chrétiens, de constater la cupidité sans mesure des dignitaires privilégiés, laïques ou spirituels, ou encore les luttes impitoyables des peuples et des partis avec leurs manifestations avides, envieuses et égoïstes, pour se rendre compte à quel point cet amour chrétien, celui du prochain comme de soi-même, n’existe qu’en théorie et non dans la pratique.
Lorsque nous regardons d’un œil lucide le petit groupe de ceux qui se disent appartenir au peuple de Dieu, là aussi nous nous apercevons que l’amour véritable fait parfois défaut. Devons-nous nous décourager pour cela ? Certes non ! Le fait que l’amour véritable soit si rare, prouve simplement, que c’est une chose très précieuse, comme le sont des perles rares et coûteuses. Que notre aspiration soit donc de posséder cette perle du caractère, cet amour véritable, si rare et précieux pour en orner notre caractère.
Quelqu’un dira-t-il : « Qu’est-ce que l’amour véritable ? ». C’est une soumission non égoïste et volontaire à Dieu, la consécration individuelle des profits terrestres, des droits, privilèges, et même de sa propre vie à son service, à son œuvre et à son peuple. C’est la patience envers ceux qui sont violents et emportés, la générosité envers le coupable, l’indulgence envers les égarés et les ignorants, la douceur et la courtoisie envers tous.
Mais c’est aussi le désir sincère de souhaiter le bien aux autres comme pour nous-mêmes, associé à la volonté de faire le bien à autrui, comme nous voudrions que les autres nous le fassent. C’est le don volontaire de sa vie pour les frères, en faisant le bien à leur égard et en les servant dans la mesure des moyens et des occasions qui peuvent se présenter, même lorsque ce service est dédaigné ou raillé, et notre bien transformé et rendu en mal.
Celui qui, dans de telles conditions, parvient à maîtriser et à apaiser les sentiments de colère, de vengeance et de haine qui s’éveillent en lui, qui sait pardonner de tout cœur les torts et les affronts, en faisant le bien sans relâche même aux ingrats, celui-là possède dans son cœur la flamme sacrée de l’amour éclairé par le flambeau de l’amour divin.
C’est cela l’amour merveilleux, noble et désintéressé du chrétien ! Malgré sa noblesse de grande valeur, une telle personne ne s’élève pas au-dessus des autres, elle ne se glorifie pas de sa respectabilité, elle n’attend rien en retour, ne se décourage pas du manque de réciprocité, et ne se plaint pas du manque d’amour chez les autres. Lorsqu’elle rencontre le même amour en qui que ce soit, elle ne l’envie pas, mais se réjouit fortement, parce qu’elle connaît la valeur de cette perle du caractère. Le feu d’un tel amour brûle-t-il dans ton cœur ?
Périodique Straż 1932-11-162.