LA PENSÉE CONDUIT À L’ACTE

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Tout ce que l’homme fait, ou ne fait pas, est le ré­sultat direct de ses pensées. Si certaines bonnes ou mauvaises caractéristiques peuvent se trouver en l’homme de façon héréditaire, dans un sens plus pré­cis, la causeprincipale en incombe à lui-même. Sa fai­blesse ou sa force, sa pureté ou son impureté, ses qualités ou ses défauts, font partie intégrante de son être et n’appartiennent à personne d’autre. Son com­portement ne peut changer que par lui-même, et non par qui que ce soit. Ses souffrances et ses joies ne ré­sultent que de lui-même. Comme un homme pense, tel il est ; quel que soit l’esprit qui l’anime, tel il se mani­feste.

Une personne forte ne peut apporter son aide à une autre plus faible, que si celle-ci la sollicite. Il faut en­suite qu’elle devienne plus courageuse, afin de pouvoir déployer ses propres efforts, dans la mesure où elle voit et admire quelque chose de noble en une autre personne. Elle seule peut changer sa condition, per­sonne ne peut le faire à sa place.

Une expression se résume en ces mots : « Il y a beaucoup d’esclaves, car un seul est l’oppresseur ; alors, haïssons l’oppresseur ». Aujourd’hui, il s’en trouve de plus en plus qui sont prêts à dire : « Un seul est l’oppresseur, car nombreux sont les esclaves ; alors, haïssons les esclaves ». Il est vrai que l’oppresseur et l’esclave coopèrent inconsciemment, et s’ils se tourmentent l’un l’autre, en réalité ils se tour­mentent eux-mêmes.

Une connaissance parfaite voit l’action du droit dans la faiblesse de l’oppressé, et l’abus de la force chez l’oppresseur. L’amour parfait qui voit la souffrance en­gendrée dans ces deux cas, ne condamne ni l’un ni l’autre, car la compassion parfaite embrasse aussi bien l’oppressé que l’oppresseur.

Celui qui parvient à dominer en lui la faiblesse et qui rejette toute pensée égoïste, n’est ni l’oppresseur, ni l’oppressé, il est libre. Un homme peut se glorifier, vaincre et accomplir beaucoup de choses simplement en s’élevant dans ses pensées, mais aussi longtemps qu’il ne met pas celles-ci en pratique, il reste faible, soumis et misérable.

Avant d’entreprendre quoi que ce soit, même dans les affaires du monde, il y a lieu, par définition, si l’on veut remporter la victoire, d’élever ses pensées au-delà de l’intention, se libérer de l’égoïsme et agir. Celui qui s’appuie sur son instinct, ne peut ni réfléchir luci­dement, ni planifier raisonnablement. Une telle per­sonne ne parviendra jamais à découvrir ni à dévelop­per les ressources cachées, elle faillira dans tout ce qu’elle entreprendra.

Pour ne pas avoir convenablement affiné ses pen­sées, une telle personne ne se trouve pas en position de pouvoir contrôler ce qu’elle fait, ni de se charger d’une sérieuse responsabilité. Elle n’est pas capable d’agir indépendamment, mais est limitée par son pro­pre raisonnement.

Sans effort, elle ne peut ni progresser ni s’attendre à obtenir des résultats. Le succès de l’homme n’intervient que dans la proportion où il sait maîtriser ses plans, souvent chaotiques, et si son esprit l’aide à les réaliser et à les consolider. Plus il s’élève en pen­sées, plus il devient courageux, respectable et juste. Le succès de ses réalisations devient alors plus durable.

Le ciel n’est pas favorable aux cupides, aux mal­honnêtes et aux méchants, même si en apparence il en serait ainsi. En réalité, le ciel aide les sincères, les nobles et les vertueux. Les grands maîtres de tous les âges le firent savoir de différentes manières. Pour le constater et le comprendre, l’homme a besoin de per­sévérer dans les vertus en s’élevant dans ses pensées.

Les réalisations intellectuelles sont le résultat de pensées prédisposées à la recherche de la connais­sance, de la beauté et de la vérité dans la vie et la na­ture. Elles peuvent parfois être associées à la fierté et à l’ambition. Généralement, elles n’émanent pas de telles caractéristiques, mais sont le résultat de longues et pénibles actions, de même que de pensées sincères et non égoïstes.

Les réalisations spirituelles ne sont que le prolon­gement de saintes aspirations. Celui qui vit continuel­lement dans la perspective des choses justes et subli­mes, et qui persévère dans ce qui est pur et raisonna­ble, devient noble et honnête dans son caractère, et s’élève au point de rendre heureux son entourage. Ceci est aussi vrai qu’il est vrai que le soleil parvient à son zénith et que la lune devient pleine.

Chaque acte, sous quelque forme que ce soit, est le couronnement d’un projet et le diadème de la pensée. A l’aide de l’auto contrôle, de bonnes résolutions, de la pureté, de la justice et d’une bonne orientation des pensées, l’homme s’élève. Si des sentiments bestiaux, la résignation, l’impureté, la corruption et la confusion de ses pensées l’animent, alors il se dégrade.

L’homme peut s’élever très haut, il peut avoir beau­coup de succès dans le monde, et même réussir à parvenir à un point de spiritualité élevé, mais il peut aussi tout perdre, puis tomber dans la faiblesse, lorsqu’il permet que l’arrogance, l’égoïsme, la jalousie, la haine ou l’indignité dominent ses pensées.

La victoire atteinte à l’aide d’une bonne manière de penser, ne peut être entretenue qu’au prix d’une pro­gression constante. Ceux qui parviennent au succès, en arrivent souvent à relâcher leurs efforts dans leur maîtrise de soi, et leur enthousiasme faiblit. En défini­tive, ils régressent et retombent dans l’insuccès et la déception.

Les grandes réalisations, que ce soit dans le do­maine intellectuel ou spirituel, ne sont que le fruit de l’orientation des pensées. Elles sont régies par les mêmes lois et la même méthode. La différence ne concerne que l’objet et le but à atteindre.

Celui qui ne s’investit pas activement, n’a pas d’effort à fournir, mais celui qui veut accomplir beaucoup, doit consacrer plus d’énergie. Toutefois, celui qui veut accomplir ce qu’il y a de plus grand, doit parvenir au summum de grands sacrifices et d’une grande consécration. Ce n’est qu’au terme d’une grande per­sévérance que la victoire deviendra certaine.

(Périodique Straż 1946-1-2 ; 1946-3-34).


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