JEAN-BAPTISTE ET SES MEURTRIERS

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Mathieu 14 : 1-12.

« Garde ton coeur plus que tout ce que tu gardes, car de lui sont les résultats de la vie » —Prov. 4 :23. (Darby et notes Darby).

Cette leçon se rapporte plus particulièrement à Hérode et à Hérodias qu’à Jean-Baptiste. Il sera rappelé que Jean avait fidèlement blâmé les péchés d’Israël, appelant la nation à se repentir — à se préparer à recevoir son Messie et le royaume de Dieu promis depuis longtemps. Son oeuvre, bien quelle fût fidèlement accomplie dans la mesure ou elle le concernait, et bien qu’elle ne fût pas dé­pourvue de fruits, fut néanmoins un échec pour ce qui fut d’amener les Israélites à une condition de coeur convenable, afin qu’en tant que véritables Israélites, ils fussent préparés à recevoir Jésus comme Messie. Si Jean avait réussi, la mission de Jésus à l’égard d’Israël aurait été couronnée de succès et alors, au lieu d’être rejeté de la faveur divine et renversé dans un grand temps de détresse national, Israël aurait reçu des bénédic­tions divines supplémentaires, en prenant la place maintenant occupée par l’Eglise chrétienne : mais, les choses ayant été ce qu’elles ont été, les paroles suivantes du prophète s’accomplirent : « Quand le nombre des enfants d’Israël serait comme le sable de la mer, un reste seulement sera sauvé.» Ceux qui n’étaient pas prêts trébuchèrent, furent « re­tranchés.»

A cet égard, nous avons vu que Jean, de la même manière qu’Elie, fut un type ou illustration de l’Eglise entière de l’Evangile dans la chair, —dans sa carrière terrestre. Jean lui-même, cepen­dant, bien qu’ayant été un serviteur fidèle de l’Eternel et un martyr pour la vérité, ne fut pas un membre de l’Eglise de l’Evangile. Il appartient au plan inférieur sa place est avec les vainqueurs de l’âge judaïque. Notre Seigneur le déclare claire­ment : « La loi et les prophètes ont duré jusqu’à Jean, depuis lors, le royaume de Dieu est annoncé.» (Luc 16 : 16). Il dit encore : « Il n’en a pas été suscité de plus grand que Jean-Baptiste ; toutefois, celui qui est le plus petit dans le royaume des cieux [l’Eglise] est plus grand que lui.» (Matthieu 11 : 11). N’a pu avoir part au « haut appel », ni en aucune manière être reconnu par le Père comme membre de la maison des fils, quiconque mourut antérieurement à la mort et à la résurrection de notre Seigneur, — antérieurement au don du saint Esprit d’adoption, par lequel tous ceux de la maison des fils sont «scellés pour le jour de la rédemption.» Jean 1 :12 ; Ephés. 4 : 30.

La position de Jean dans l’avenir ne sera donc pas celle d’un membre de l’épouse, de la classe du royaume céleste ; mais avec Abraham, Isaac, Jacob et tous les prophètes, parmi lesquels il fut l’un des principaux, il jouira du privilège de parti­ciper au royaume comme membre de la phase terrestre, et d’être l’un des « princes sur toute la terre.» Et en qualité de serviteur du royaume, il sera grandement honoré, béni et employé, dans cette position à laquelle, par la grâce de Dieu, il fut appelé. Et nous pourrions remarquer ici que les anciens Dignes qui seront de cette façon les serviteurs de la classe du royaume, ne seront pas ainsi honorés différemment de 1’Eglise, comme s’ils avaient été moins fidèles que les vainqueurs de l’âge de l’Evangile. Au contraire, s’ils n’avaient pas été fidèles, ils ne seraient pas honorés du tout. Seuls des vainqueurs auront une part quelconque dans l’oeuvre du royaume ; et la moindre part dans cette oeuvre sera honorable et désirable. Dieu désira deux classes et c’est pourquoi dans son plan il appela deux classes toutes deux honorables et toutes deux appelées à un service honorable, —l’une sur le plan terrestre, l’autre sur le plan spiri­tuel. Dieu n’était nullement obligé d’ « appeler »l’une ou l’autre de ces classes ; c’est en effet un honneur d’être appelé et d’être employé par l’Eternel dans n’importe qu’elle part de son service; et tous ceux qui seront ainsi employés seront par­faits, chacun sur son propre plan, et seront parfai­tement satisfaits de leur état, exactement comme les poissons préfèrent vivre dans l’eau et les oiseaux dans l’air.

La franchise dont Jean fit preuve, en blâmant Hérode pour son union illégale avec la femme de son frère Philippe, lui attira non seulement la rancune d’Hérode, mais particulièrement celle de la femme. Il semblerait en effet que ce fut la femme, Hérodias, qui fut l’instigatrice de l’entière conduite d’Hérode envers Jean. Nous lisons : « Et Hérodias lui en voulait, et aurait désiré le faire mourir ; et elle ne pouvait pas, car Hérode craignait Jean, le sachant homme juste et saint, et il le gardait soigneusement ; et lorsqu’il l’avait entendu, il faisait beaucoup de choses, et il l’écoutait volon­tiers.» — Marc 6 19-25.

Hérodias guettait donc une occasion favorable pour triompher de la crainte et de la sympathie d’Hérode envers Jean, et pour faire mourir ce dernier, qui était maintenant emprisonné depuis plus d’un an, suite à la demande de cette femme. L’occasion se présenta quand Hérode, à un festin qu’il donna pour l’anniversaire de sa naissance, entouré des « grands de sa cour et de ses officiers» et charmé par la danse de Salomé (la fille d’Héro­dias), promit de donner à celle-ci tout ce qu’elle pourrait demander, quand même ce serait la moitié de son royaume. La méchanceté et l’extrême mali­gnité d’Hérodias envers Jean, uniquement à cause du blâme quelle reçut de lui pour sa mauvaise conduite, sont pleinement démontrées dans le fait qu à la demande de la mère, la jeune fille choisit la mort de Jean de préférence même à la moitié du royaume d’Hérode.

Accessoirement, ce récit montre en outre quelle grande influence peut exercer une femme à l’esprit mauvais. Hérode subissait son influence à tel point qu’il mit dehors son épouse légitime pour donner place à cette femme immorale. Sa fille était tellement sous son empire qu’elle consen­tit à renoncer à la moitié du royaume pour satisfaire la cruelle volonté de sa mère. Une des leçons qui se dégagent ici pour nous est que les femmes, tandis que de nature elles sont plus senti­mentales que les hommes et, dans des circonstances favorables, dominées par de bons sentiments, cependant, si elles deviennent malintentionnées et vicieuses, elles sont, également, disposées à se rendre à des extrêmes de méchanceté plus grands même que ceux auxquels des hommes pourraient se rendre. Il est de toute importance pour les hommes d’être, non seulement vidés du mauvais esprit d’égoïsme et de péché, mais d’être remplis de l’Esprit de Christ, du saint Esprit; et cela est encore plus important pour la femme, à cause de sa nature plus sentimentale, soit pour le bien, soit pour le mal.

Quelle leçon suggestive est donnée ici aux mères, à l’égard du pouvoir qu’elles peuvent exer­cer sur leurs filles, soit pour le bien soit pour le mal. A cet endroit, nous sortirons de notre sujet juste pour faire remarquer que la propre sphère d’influence de la femme est la maison — comme l’affirment les Ecritures. Une mère véritable, pure, noble, sensible, a une influence presque inexpri­mable, pour le bien ou pour le mal, sur son mari sur ses fils ainsi que sur ses filles. Quelle grande erreur ont commise certaines mères, bien inten­tionnées mais non conduites selon les Ecritures, en abandonnant les privilèges, les devoirs et les oppor­tunités du foyer, que la Providence a placés entre leurs mains, pour partir et aller dans le monde essayer de le réformer! Combien fréquemment sont négligés les foyers des partisanes du droit de vote des femmes et des réformatrices! Fâcheux en sont les effets sur le mari et sur les enfants. Que toutes les mères soient pénétrées du sentiment que dans leur famille et dans tout ce qui s’y rattache, dans les opportunités qui leur sont ouvertes dans l’Eglise, la famille de Dieu: elles ont abondamment matière à exercer tous leurs talents et toutes leurs grâces, et cela d’une manière qui concorde pleine­ment avec la Parole Divine et aussi, par consé­quent, avec la sagesse qui vient d’en haut.

Hérode fut peiné, « affligé », du tour inat­tendu que prirent les affaires après l’offre insensée qu’il fit à Salomé. Nous ne devons pas en inférer que sa peine fut un repentir sincère, mais simple­ment que l’affaire était sans rapport avec ses senti­ments et ses désirs. Mais l’orgueil de sa parole de roi, l’orgueil aussi de sa puissance, et le désir de paraître omnipotent au possible devant ses nobles, dont aucun n’était, vraisemblablement, d’un genre à sympathiser avec Jean, en raison aussi de ses serments, Hérode décida d’accéder à la requête qui lui fut faite; Jean fut décapité en conséquence, et la cruelle, vindicative et perverse Hérodias reçut le macabre présent que fut la tête de Jean, tandis que les disciples de ce dernier ensevelissaient le reste de son corps et rapportaient à Jésus, l’ami de Jean, ce qui était arrivé.

Le courage de Jean et sa bravoure à réprouver le Roi, ne devraient pas, nous le croyons, être inter­prétés par le peuple du Seigneur comme bien­séantes. Selon notre compréhension, Jean excéda sa mission quand il entreprit de corriger personnel­lement le roi. Il avait raison de s’élever publique­ment et hardiment contre le péché sous toutes ses formes ; et si Hérode s’était renseigné auprès de lui au sujet de son cas, le devoir de Jean aurait été de lui faire la déclaration mentionnée en Mat­thieu 14 : 4. Il est tout juste possible qu’Hérode ait demandé ces renseignements et que Jean n’in­tervint pas en fâcheux dans l’affaire du roi, mais qu’il ait dit simplement la vérité en réponse à des éclaircissements demandés. Cela cependant ne ressort pas du récit. Nous sommes toutefois d’avis que le peuple du Seigneur ferait généralement mieux de proclamer la Vérité dans un sens général, sans en faire application à des personnes en parti­culier, à des dirigeants ou à d’autres à moins d’y être invités par eux. Il suffit, nous le croyons, si les principes de la droiture sont maintenus ferme­ment et exposés publiquement.

Toutefois, il est tout à fait possible, à vrai dire probable, nous le pensons, que la conduite de Jean qui l’a placé en conflit avec Hérode, ait typifié à ce degré la conduite de l’Eglise de l’Evangile du temps présent et, bien entendu, les événements auxquels l’on peut s’attendre. Si elle a été un type, Hérode représenterait le gouvernement civil, et son illégitime femme représenterait l’église nominale qui, partout dans les symboles des Ecritures, est représentée comme une femme Jésabel, etc… Si elle se révélait être un type, par sa réalisation dans l’antitype, cette réalisation se fera vraisemblablement sur quelque chose de sem­blable aux traits suivants (1) réunion partielle de l’église et de l’Etat (cela semble être actuellement en cours de développement). (2) En pareil cas, le devoir de la véritable Eglise, des précurseurs et des annonceurs du royaume Messianique, serait de réprouver les pouvoirs civils aussi bien que les systèmes d’églises nominales, et de déclarer leur union illégitime — contraire à la Parole de Dieu.

(3) Ceci aurait pour effet, à peu près sûrement, d’éveiller l’animosité des pouvoirs à la fois civils et religieux, mais mettrait particulièrement en évidence l’animosité et la méchanceté des derniers. (4) L’église nominale, dans sa fausse position, serait très désireuse d’étouffer les reproches et de détruire les réprobateurs, et l’effet en serait que le pouvoir civil serait poussé à voter une législation qui res­treindrait la liberté des fidèles et les empêcherait de s’exprimer publiquement — comme le fut Jean par son emprisonnement. (5) L’influence person­nelle de Jésabel étant insuffisante, il se peut qu’elle soit par la suite augmentée de l’influence de sa fille (du Protestantisme uni), qui sympathisera si tota­lement avec elle qu’elle deviendra son instrument dans la destruction des serviteurs de Dieu les plus fidèles.

Le Texte d’Or de notre leçon est bien digne d’être profondément gravé dans le coeur de tous ceux qui cherchent à affermir leur appel et leur élection « Garde ton coeur plus que tout ce que tu gardes. car de lui sont les résultats de la vie.» Si nous exerçons un contrôle rigoureux sur notre coeur, nos pensées, de façon à les garder dans une parfaite harmonie avec le Seigneur et avec sa Parole, l’opposition entière du monde, de la chair et du diable ne sera pas capable de nous vaincre. Guidés par le Maître et remplis de son esprit, nous sortirons, de cette manière, vainqueurs et plus que vainqueurs par celui qui nous a aimes.

W. T. 2279 — 1898.