« Il ordonnera à ses anges [messagers] de te garder dans toutes tes voies. » ‑ Psaume 91 : 11, Seg.
Au milieu des « temps périlleux » de ce « mauvais jour», attentifs aux avertissements des saints Prophètes et Apôtres qui signalent des pièges, des pestes et de subtils dangers devant menacer de tous côtés, et nous rendant compte de l’existence actuelle de tels périls, combien précieuses aux saints sont les assurances de l’amour personnel de Dieu, de Sa protection et de Ses soins !
Celui de qui vient la recommandation, le message, et auquel se réfère notre texte, est évidemment Jéhovah, le Père Céleste. Le prophète David adresse ici une prophétie relative à une certaine personne qui devait vivre ultérieurement. Le Seigneur Jésus était en premier lieu, croyons-nous, cette personne ; l’étaient et le sont aussi, mais secondairement, tous ceux qu’Il a acceptés et qu’Il accepte comme membres de son Corps au cours de cet Age de l’Evangile ; il s’agit de la classe du Messie, Tête et membres. Les paroles du texte étudié impliquent un soin spécial accordé par Dieu à cette classe. Partout, dans les Ecritures, il est fait mention de ceux qui la composent comme de ceux que Dieu aime spécialement et dont Il s’occupe particulièrement. Notre Seigneur Jésus est l’Unique Engendré, le Fils bien‑aimé, et tous ceux qui sont Ses membres sont aussi particulièrement aimés. A quelques‑uns de Ses fidèles disciples, Jésus déclara : Le Père Lui‑même vous aime.
Nous comprendrions que la recommandation adressée aux anges a une application très étendue. L’apôtre Paul nous assure que les anges de Dieu sont des esprits administrateurs envoyés pour exercer un ministère en faveur de tous ceux qui vont hériter du salut, des sauvés de cet Age de l’Evangile, et pour les servir. Oui, tous ceux‑là, parce qu’ils croient en Christ et qu’ils sont fidèles de coeur, parce qu’ils sont pleinement consacrés à l’Eternel et engendrés de Son Esprit, sont pour ces raisons les spéciaux et heureux objets de Sa grâce, assistés et servis par des messagers invisibles. Notre Seigneur Jésus avance pratiquement la même idée quand Il déclare : Leurs anges dans les cieux voient continuellement [ont accès à] la face de mon Père (Matth. 18 : 10). Les paroles du Maître paraissent signifier que les consacrés, les élus sont confiés à la garde de l’un ou de plusieurs de ces anges.
Notre Seigneur emploie une façon de parler différente de celle de l’Apôtre, comme s’Il voulait nous assurer que rien n’empêcherait ces messagers de s’occuper de nos intérêts. Ils ne seraient pas retenus par des affaires célestes plus importantes, mais auraient, sur‑le‑champ, un accès direct auprès de Dieu ; Son attention leur serait de suite accordée de sorte que nos intérêts auraient toute la considération désirée. Notre Seigneur voudrait nous faire comprendre que nous sommes membres de la maison des fils, sous la direction de Lui-même, le Fils principal; c’est pour cela que nos intérêts, portés à l’attention du Père, ne font pas perdre de temps. Ces intérêts occupent la première place; nos anges ont continuellement accès auprès du Père. Avant que nous ouvrions la bouche, Il sait ce que nous voulons dire. Avant que nous ne comprenions nos besoins, Il y a déjà pourvu. Une surveillance et une sollicitude merveilleuses ont été disposées en notre faveur. Il nous est difficile de saisir comment le Dieu Tout-Puissant peut accorder à nos nécessités une attention et des soins aussi particuliers. L’affectueuse considération que Dieu manifeste envers nous, au lieu de nous enorgueillir, devrait nous faire sentir combien nous sommes petits et indignes de telles bénédictions.
Bien que le Père emploie ainsi des messagers célestes, cela n’invalide en rien le fait qu’Il se sert fréquemment de Ses enfants terrestres comme ministres, serviteurs les uns des autres. En vérité, nous pouvons être assurés que les messagers invisibles sont généralement amenés à agir au moyen d’instruments humains. Nous en avons des exemples dans l’oeuvre de la moisson, supervisée par le Seigneur présent et Ses armées célestes, et cependant exécutée dans l’ensemble par des membres de Son corps se trouvant dans la chair.
L’apôtre Paul déclare que l’Eternel « fait… ses ministres (ou serviteurs) une flamme de feu », et nous donne à entendre que tout intermédiaire et toute puissance utilisés par la providence divine font partie des soins dont Dieu entoure Son peuple (Hébreux 1 : 7, D.). En d’autres termes, tout ce que Dieu emploie ‑ que ce soit du feu, de l’électricité, un être humain, ou quoi que ce soit d’autre ‑ est Son messager. Et tout ce qui ne devrait pas contribuer à Le louer et à exécuter Ses desseins, Il est capable de le retenir, comme Il nous le dit dans le Psaume 76, au,verset 10 (D.).
Les vainqueurs, développés par l’éprouve.
Les anges dont il est question doivent «te garder dans toutes tes voies », non seulement dans toutes les affaires de l’Eglise, à la fois individuelles et collectives, mais aussi en tout temps. L’Eglise fut gardée durant le moyen âge aussi bien qu’à d’autres époques. Mais ces soins ne nous préserveront pas des tentations. Personne ne peut faire partie de cette Eglise élue à moins d’être éprouvé. Pour acquérir les qualités de coeur du vainqueur, ses membres doivent subir des épreuves. Mais la grâce promise par le Seigneur doit les assister afin, non pas de vaincre pour eux, mais de les soutenir dans ces épreuves. Sa grâce nous suffit. Dieu ne supplée pas à de piètres volontés; Il supplée à des corps imparfaits. Si une volonté est médiocre, Il n’en veut pas dans Son Eglise. Il désire que Ses gens aient une forte volonté, qu’ils ne doutent aucunement, qu’ils soient des vainqueurs.
Le verset qui suit celui duquel est tiré notre texte, déclare que les messagers ayant pour mission de veiller sur les affaires de l’Eglise, de la Tête et du Corps, garderont les pieds de celle‑ci de peur qu’ils ne heurtent contre une pierre. D’une manière générale, nous pourrions appliquer le terme « pieds » à certains membres du Corps ayant vécu à toutes les époques de cet Age ; c’est ainsi que nous pourrions dire d’un membre que c’est une «main », d’un autre que c’est un pied, etc. L’Eglise, s’appuyant sur ces membres‑pieds tout au long de son chemin, d’un bout à l’autre de cet Age de l’Evangile, sera guidée comme elle doit l’être ; ces pieds seront préservés des faux pas car « Ta Parole est une lampe à mes pieds, et une lumière sur mon sentier ». C’est par le moyen de cette Parole, de cette lumière, qu’ils doivent être rendus capables de surmonter les difficultés du chemin.
Ainsi, pendant tout l’Age de l’Evangile, les messagers divins ont aidé le peuple de Dieu dans toutes ses épreuves. Mais dans notre texte, le mot pieds parlerait spécialement des derniers membres du Corps de Christ : « Qu’ils sont beaux sur les montagnes, les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles, qui publie la paix !… qui dit à Sion : Ton Dieu règne ! ». Ce verset semblerait s’appliquer aux derniers membres de l’Eglise. Le message qu’il contient ne pouvait être publié dans tout l’âge de l’Evangile. C’est au temps présent qu’il nous appartient de l’annoncer.
Les diverses manifestations du progrès dont nous sommes témoins ne font que commencer. Le nouveau régime s’ouvre seulement. Notre Seigneur, après qu’Il aura délivré et glorifié l’Eglise, commencera l’oeuvre relative au monde. Dans le passé, il ne convenait à personne de déclarer : « Ton Dieu règne » ; mais, depuis 1878, nous proclamons ces paroles.
La présence de Christ, une pierre d’achoppement.
Le texte étudié paraît impliquer que les membres‑pieds, au temps actuel, seraient la cause d’une épreuve spéciale. (« Il sera… pour pierre d’achoppement et rocher de trébuchement aux deux maisons d’Israël. » (Esaïe 8 : 14.) On buta contre cette pierre à la fin de l’âge judaïque (1 Pierre 2 : 8). Les Ecritures montrent que Jésus est le Chemin. Le Seigneur est une pierre d’achoppement sur le sentier de beaucoup. Les versets précités ne se réfèrent pas au monde. Ce ne furent pas les Gentils qui vinrent heurter contre Jésus à Son premier avènement, mais certains des véritables Israélites. Et notre texte donne à entendre que trébucheront pareillement des Israélites spirituels véritables, parce que le Seigneur est venu d’une manière totalement différente de celle qu’ils se sont imaginée. Nous croyons ainsi qu’il est, aujourd’hui beaucoup de bons chrétiens qui butent contre la présence de Christ. Ils s’en sont forgé telle et telle idée ; ils se l’ont représentée de telle et telle façon. Et tout est si différent de ce qu’ils ont imaginé et escompté qu’il en est exactement comme à la fin de l’Age juif, au temps où les rabbins trébuchèrent.
Une question se pose alors : Pourquoi les anges ne garderaient‑ils pas toutes les bonnes gens afin qu’elles ne trébuchassent pas ? N’est‑ce pas ainsi qu’il faut comprendre la promesse contenue dans le verset 11 du Psaume 91 ? Notre réponse est que cette promesse est faite à tous ceux qui font partie de la classe élue. ‑ Mais ceux‑ci, afin de demeurer membres de cette classe, de ce Corps, doivent tous résister à l’épreuve. Ce sera un test qui démontrera s’ils désirent avoir l’assistance des anges, des messagers, et s’ils veulent surmonter les difficultés et rester dans le chemin.
Les uns seront à même d’accepter les épreuves d’une manière convenable ; d’autres seront si présomptueux, tellement surchargés par les soucis de cette vie et si peu développés spirituellement qu’ils ne seront pas disposés à profiter des services des anges et ceci, parce que Dieu emploie comme messagers des personnes que le monde n’est pas porté à accueillir.
Parallélisme entre les âges judaïque et évangélique.
Dans l’Age judaïque, le Seigneur se servit de personnes que les scribes, les docteurs de la Loi et les principaux sacrificateurs ne pouvaient aucunement accepter. Pour enseigner le peuple, pourquoi ne choisit‑Il pas comme agents, comme canaux ou messagers, les scribes instruits ou les pompeux pharisiens de ce temps‑là ? Pourquoi le Seigneur envoya‑t‑Il comme messagers des hommes qui avaient été pêcheurs, percepteurs des contributions, des personnes que les érudits estimaient entièrement incapables d’être des instructeurs ? Nous nous souvenons qu’à la fin de l’Age judaïque il fut écrit de deux d’entre elles (et peut‑être même de toutes) que le peuple s’aperçut que c’étaient des hommes illettrés et ignorants (Actes 4 : 13). Comment a‑t‑il pu se faire que Dieu ait négligé quelques‑uns des plus érudits de ce jour‑là ? « Tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et.. tu les as révélées aux enfants. Oui, Père, je te loue, de ce que tu L’as voulu ainsi.» ‑ Matt. 11 : 25, 26, Seg. De même aujourd’hui, le Seigneur se sert de canaux, d’intermédiaires, de messagers qui ne sont pas acceptables aux yeux de nombre de ceux dont ils s’approchent. Et, tandis que ces derniers se résigneront à croire, lentement du fait qu’ils sont surchargés par les soucis de cette vie, la classe élue sera complétée. Ils diront alors : « Seigneur, Seigneur, ouvre‑nous.» Mais le Seigneur leur répondra qu’Il ne peut les reconnaître comme membres de Son Corps, comme les élus. Ils n’auront pas manifesté l’esprit de douceur, de gentillesse, de patience et d’amour nécessaire pour que pût leur être donnée une place dans ce Corps. Ainsi, les messagers aideront à se relever seulement les membres du Corps, et ils les conduiront sûrement à travers les épreuves et les difficultés qui seront permises pour éprouver l’amour, la fidélité et l’obéissance à la volonté de Dieu de tous ceux qui ont conclu avec l’Eternel une alliance de sacrifice, s’engageant ainsi même jusqu’à la mort.
W.T. 5257. C.T.R. 1913.