LA TRAGEDIE DE SAMSON

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Juges 13 : 8‑16, 24, 25.

Les Juifs qui accomplissaient un certain voeu étaient appelés naziréens. Il ne faut pas confondre ces gens avec les citoyens de la ville de Nazareth. Jésus était un habitant de Nazareth, mais Il n’avait pas fait voeu de naziréat. Celui qui avait accompli ce voeu devait s’abstenir d’absorber les spiritueux sous toutes leurs formes et de se faire couper les cheveux. Samson, dès sa naissance, était lié par ce voeu que ses parents, sous la direction d’un Ange de l’Eternel, ont accepté pour lui. Dans un certain sens, le voeu en question semble avoir signifié la pleine et complète consécration d’un individu à Dieu et à Son service.

L’Ange a rendu par deux fois visite aux parents de Samson, avant la naissance de ce dernier, afin, surtout, de faire pénétrer l’esprit de la mère de l’importance de la sobriété qui lui était imposée, pour qu’ainsi son enfant pût naître favorablement doué. Elle et son mari comprirent sans aucun doute jusqu’à quel point il est possible aux parents de contribuer à donner à leurs enfants une forte constitution mentale et physique, et ils veillèrent à doter avantageusement leur postérité.

Alors que la vie, la virilité provient du père, la mère exerce une grande influence sur la formation du caractère de l’enfant. Le père devrait comprendre cela et apprécier le privilège qu’il a, avant la naissance de l’enfant, d’entourer la mère de délicates influences intellectuelles et spirituelles. C’est par ces influences qu’il façonne les pensées de la mère et les oriente vers des aspirations nobles et élevées, tandis que la mère, à son tour, imprime ces aspirations sur son enfant pour lui permettre de naître dans les meilleures conditions et devenir l’honneur de sa famille, une bénédiction pour la société et, au‑dessus de tout, pour le prédisposer à devenir serviteur de Dieu.

Conformément à la promesse divine, Samson devait être l’un des Juges d’Israël, c’est‑à‑dire l’un des libérateurs de ce peuple. Le contexte des versets étudiés nous montre en effet que les Israélites, assujettis alors aux Philistins, aspiraient à en être délivrés. Les Philistins (autrement dit les étrangers) résidaient dans le sud‑ouest de la Palestine. C’étaient, suppose‑t‑on, d’anciens pirates; ils pillaient les habitants du pays comme on pillait à l’époque ceux qui voyageaient par mer. Peuple belliqueux, ils étaient manifestement très intelligents en fait d’artisanat. Leur habileté se voit en ce que non seulement ils désarmèrent les Israélites, mais ils leur interdirent la fabrication d’instruments de fer, tous travaux de forge, ils les maintenaient de cette façon dans une sorte de servitude, leur imposant en outre un tribut.

Une grande puissance maritime de notre temps [écrit en 1915, trad.] exerce en Inde une oppression similaire, avec plus de sagacité encore. Elle fournit à ce pays des instruments de travail en provenance de ses usines et ateliers et veille, en même temps, à empêcher toute importation de matériel de guerre. Les procédés financiers modernes lui permettent, de plus, d’en tirer de riches revenus sans qu’elle ait à employer les moyens rudes et grossiers des Philistins.

L’oeuvre qu’accomplit Samson pour son peuple ne doit pas se mesurer seulement par la somme de dégâts qu’il causa de diverses manières aux Philistins, tantôt comme guerrier et tantôt comme stratège, mettant le feu à leurs champs de blé en se servant ingénieusement de renards, etc. Son principal travail consista indubitablement à ranimer l’esprit de son peuple, que l’oppression de l’ennemi avait complètement découragé et mis au désespoir. Ce dont un homme était capable, quand il vouait sa vie pour servir son peuple et le délivrer de ses ennemis, était un exemple qui a dû grandement stimuler le patriotisme des Israélites et les encourager à retourner vers l’Eternel et à attendre de Lui faveur et prospérité.

Points à retenir.

Il ne nous faut pas oublier que les Juifs n’étaient pas des Chrétiens et que les règles établies par Jésus et les Apôtres, pour les Chrétiens, ne s’appliquaient pas aux Juifs. Moïse et les Israélites, selon les Ecritures, formaient la maison des serviteurs (Hébreux 3 : 5, 6). Des bénédictions leur étaient promises à mesure qu’ils obéiraient à la Loi divine et la serviraient fidèlement. Cette Loi ne les invitait pas à être saints dans le sens chrétien de ce mot, applicable à l’Eglise de Christ.

Une autre différence à observer entre les Juifs et les Chrétiens, c’est qu’aux premiers furent promises des bénédictions temporelles en récompense de leur fidélité, tandis qu’aux derniers il est promis des bénédictions spirituelles en même temps que des adversités temporelles et des épreuves de foi, de patience, d’amour et de fidélité. Si nous oublions cette distinction entre l’Age judaïque et l’Age évangélique, et entre les lois propres à chacun de ces Ages, nous buterons constamment contre des difficultés de compréhension.

Suivant la Loi, Samson était considéré comme un serviteur de Dieu très fidèle. Sa fidélité consistait en une fidélité aux exigences de Dieu, à Sa cause et à Israël, le peuple allié à Dieu. Sa foi se manifestait continuellement dans tout ce qu’il entreprenait. Toute sa vie fut employée au service de son peuple. C’est pour cela que St Paul le compte parmi les Anciens Dignes, en Hébreux Il : 32, quand il énumère ceux qui, grâce à la foi, remportèrent des victoires et reçurent le témoignage qu’ils s’étaient acquis l’approbation divine.

De bien des façons, Samson n’était pas un Chrétien ni un exemple pour les Chrétiens. Il vivait selon la chair à beaucoup d’égards, bien qu’il se fût si noblement consacré au service de l’Eternel. Nous devrions cependant nous rappeler qu’il n’était pas engendré de l’Esprit saint. Ce n’est que depuis la Pentecôte que certains sont engendrés de cet Esprit, comme « nouvelles créatures en Christ ». Il est vrai qu’il est écrit de Samson que l’Esprit de Dieu reposait sur lui ; mais nous ne devons pas oublier la distinction et la très grande différence existant entre l’action de l’Esprit de l’Eternel qui s’exerce sur les véritables Chrétiens au cours de l’Age de l’Evangile, et celle de ce même Esprit qui descendait jadis sur les Prophètes et les Anciens Dignes et les poussait à faire telle et telle chose en accomplissement des desseins divins, à écrire telle au telle chose en accord avec la volonté de Dieu. Pareille action mécanique de l’Esprit saint se différencie totalement de l’action s’exerçant sur les Chrétiens engendrés de cet Esprit durant l’âge de l’Evangile.

Nous, nous recevons l’Esprit d’adoption, l’ Esprit de filiation, le saint Esprit qui, en pénétrant de plus en plus notre vie, nous rendra de plus en plus semblables à notre Père qui est aux Cieux. Tous les engendrés de l’Esprit croissent en grâce, en connaissance et en amour, à mesure qu’ils développent et manifestent les fruits et les grâces de l’Esprit saint : la douceur, la gentillesse, la patience, la longanimité, l’affection et l’amour fraternels.

La victoire dans la mort.

Ce fut une femme qui perdit Samson. Il s’est confié à elle, mais elle le trahit. Il lui fit savoir qu’il était lié par un voeu qui l’obligeait à s’abstenir, non seulement de consommer des boissons alcooliques, mais aussi de se faire couper les cheveux; il lui révéla aussi que si ce voeu venait à être violé, sa force et son pouvoir particuliers l’abandonneraient. Pendant qu’il dormait, son amie, fourbe qu’elle était, lui coupa sa chevelure et le réveilla, s’écriant Les Philistins sont sur toi, Samson ! Hélas le voeu étant enfreint, il fut privé de la force spéciale qui le rendait si prodigieux auparavant.

Les ennemis de Samson se saisirent de lui, lui crevèrent les yeux et le gardèrent comme esclave, le faisant moudre aux moulins. A l’occasion d’une grande fête, ils l’amenèrent pour l’exposer comme trophée. Ils le placèrent près de deux piliers massifs qui supportaient le toit du grand édifice où se déroulaient les festivités. Samson, après avoir prié Dieu, saisit les deux colonnes, se pencha fortement et abattit l’entière construction, tuant ainsi tous les princes des Philistins. Par ce seul acte, privant les Philistins de leurs chefs, il causa plus de tort à ses ennemis, et par conséquent contribua plus pour la délivrance de son peuple, que par tout ce qu’il fit quand il était en liberté. La foi de Samson en Dieu, et son désir d’effectuer Sa volonté, se manifestent constamment dans toute sa vie, quand on l’examine sous l’angle convenable. Il a « obtenu un bon témoignage » à cause de sa foi (Héb. Il : 39, Syn.).

Leçons pour les Chrétiens

L’une des leçons que l’on peut tirer des expériences de Samson est l’importance d’avoir un but dans sa vie. Personne ne saurait exploiter au mieux sa vie à moins d’avoir devant soi un plan défini. Les parents devraient encourager leurs enfants à aspirer, non à ce que ceux‑ci ne sont pas capables de faire ni à ce pourquoi ils ne se qualifient pas, mais à ce pourquoi ils sont le mieux doués.

C’est lorsque les garçons et les filles sont âgés de douze à seize ans que naissent en eux les forces de la vie lesquelles, si elles sont convenablement dirigées, tendront à faire d’eux de nobles hommes et de nobles femmes. Mais, si l’on orientait ces forces vers de mauvaises directions, ils deviendraient vicieux; ou bien, si on décourageait totalement leurs efforts, on les rendrait indolents. Tous les parents et tous les tuteurs devraient comprendre cela et adapter en conséquence leur conduite envers les jeunes confiés à leurs soins.

De plus, il existe chez les jeunes une aspiration vers ce qui est noble, une nette compréhension que la vie a d’autant plus de valeur qu’elle ne nous est donnée qu’une fois, et que la direction imprimée au départ a beaucoup à faire avec les résultats futurs. C’est donc au temps de la jeunesse de ceux placés sous leur responsabilité que les parents ou tuteurs croyants peuvent, avec le plus de bonheur, présenter aux esprits qui s’ouvrent l’obligation raisonnable qui leur incombe envers le Créateur et le privilège béni qu’ils ont d’engager leur vie même pour défendre le bien contre le mal, la vérité contre l’erreur. Si cette matière était pleinement appréciée, le nombre de héros moraux se multiplierait grandement dans le monde.

Il est une autre leçon liée aux voeux. Les voeux sont des choses volontaires. Personne n’est obligé d’accomplir des voeux ; mais un voeu, une fois pris, devrait être observé fidèlement si l’on désire jouir des bénédictions qui s’y attachent. Nous ne conseillons pas les voeux qui se font aux hommes ou aux institutions sociales ou religieuses, mais nous recommandons les voeux de fidélité à l’Eternel et à Sa cause. Toutefois, celui qui accomplit un voeu devrait se rappeler qu’il serait préférable de ne pas l’accomplir du tout plutôt que de l’enfreindre. Sa violation contribue à affaiblir la conscience tandis que son observance tend à fortifier la vie entière et à rendre l’individu d’autant plus apte, d’autant mieux préparé pour servir le Seigneur ici‑bas et à l’avenir. Le Seigneur cherche parmi Son peuple de forts caractères en vue d’un service efficace.

W.T. 5612 ‑ C.T.R. 1915.

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