L’UNION CHRÉTIENNE

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«Je vous exhorte donc,… à vous conduire d’une manière digne de la vocation qui vous a été adressée, en toute humilité et en toute douceur, avec patience, vous supportant avec amour les uns les autres, et vous appliquant à conserver l’unité de l’esprit par le lien de la paix. Il y a un seul corps [église] et un seul esprit [dessein ‑ pensée], de même que vous avez été appelés à une seule espérance par la vocation qui vous a été adressée. Il y a un seul Seigneur, une seule Foi, un seul Baptême; il y a un seul Dieu et Père de tous, qui est au‑dessus de tous, et parmi tous, et en tous…

« C’est lui qui a donné aux uns d’être apôtres, aux autres d’être prophètes, à d’autres d’être évangélistes, à d’autres d’être pasteurs et docteurs, pour le perfectionnement des saints, en vue de l’oeuvre du ministère et de l’édification du corps de Christ, jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’UNITÉ de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’hommes faits, à la mesure de la stature parfaite du Christ.

Il a voulu que nous ne soyons plus des enfants, flottants et emportés par tout vent de doctrine par la tromperie des hommes et par leur habileté à rendre l’erreur séduisante, mais que, professant la vérité dans l’amour, nous croissions à tous égards en Celui qui est la tête, Christ. C’est de lui que le corps tout entier, bien coordonné et fortement uni par toutes les jointures qui font communiquer ses parties, tire son développement selon la force mesurée à chacune d’elles, et s’édifie lui‑même dans l’amour. » ‑ Eph. 4 : 1‑16.

L’Union chrétienne devrait être grandement désirée et recherchée par les enfants de Dieu. C’est un objectif qu’ils devraient chercher à atteindre ; mais il importe fortement que cette union soit réalisée sur les vraies bases bibliques. L’union réalisée sur toute autre base est aussi nuisible que l’union conforme à l’Ecriture, est avantageuse.

Dans l’exhortation de l’Apôtre susmentionnée, l’union chrétienne nous est présentée comme une possibilité, comme une chose qui devrait être désirée, comme une nécessité à une saine croissance et au développement du Corps de Christ. L’Apôtre nous montre aussi dans quelles conditions elle peut être atteinte et de quelle façon elle peut être maintenue.

Remarquons d’abord le caractère de cette union dont parle Paul. Celui‑ci déclare que c’est une union si étroite que ceux qui la forment reconnaissent le « seul Seigneur », sont inspirés par la « seule foi », baptisés du « seul baptême », engendrés du même Père, remplis du même esprit; qu’ils discernent le même haut appel et s’efforcent de l’atteindre, se reconnaissant les uns les autres comme membres du même corps et cohéritiers des très grandes et très précieuses promesses. Ils sont dans le monde, mais ils ne sont pas du monde ; ils marchent séparés de lui et sont mal compris et méprisés par lui ; aussi combien semble‑t‑il naturel à ceux qui partagent de telles espérances et de telles épreuves de se sentir liés ensemble par un lien presque indissoluble d’amour et de sympathie.

Cette union se fait sentir et se consolide dans une très grande mesure parmi les consacrés; pourtant nous craignons que sa nécessité et son caractère avantageux ne soient pleinement appréciés par tout le corps. Fréquemment nous entendons prononcer des paroles comme celles‑ci parmi les Chrétiens : « Il va de soi que nous ne pouvons pas tous comprendre de la même manière; le Seigneur vous permet de comprendre des choses qu’Il ne montrera pas à moi, et vice versa » «Comme nos esprits sont constitués différemment, il arrivera forcément à vous ou à moi de ne pouvoir comprendre certaines parties de la Vérité, alors que d’autres parviendront à les saisir. » Et ainsi ils pensent qu’il est impossible d’être en accord et en concordance d’opinions de la façon la plus complète ; et s’il leur arrive de remarquer que deux ou trois membres s’accordent parfaitement, ils considèrent cette entente comme un signe de faiblesse de la part de ces membres; car sans doute se disent‑ils : «L’étude personnelle et l’indépendance de pensée doivent engendrer des différences. » Avec une telle conviction s’élève souvent l’orgueil qui fait naître alors le souhait qu’une petite différence d’opinion soit admise, de peur qu’une entente trop étroite ne soit comprise par d’autres comme un signe de faiblesse. Nous ne doutons pas que pareille inspiration ne soit dans une grande mesure la cause principale de la désunion qui se manifeste parmi des saints, et qu’elle représente un danger tout particulier pour ceux qui, s’étant échappés de la confusion de Babylone, cherchent en toute liberté à démontrer ce qu’est la Vérité. Prenons donc garde à cette petite racine d’amertume, quand bien même elle serait si petite qu’elle ne se remarquerait presque pas dans notre coeur ; car si elle n’en est pas extirpée, elle croîtra bientôt et évincera la Vérité de même que l’amour.

L’union chrétienne est une possibilité. Le même Esprit doit diriger l’Eglise entière, autrement dit chacun de ses membres ; et il est impossible de concevoir que l’Esprit conduise certains dans la Vérité et d’autres dans une stricte opposition à celle‑ci. Dieu n’a pas établi un membre pour édifier le corps et un autre pour le démolir : et là où une telle oeuvre s’accomplit, il appartient à chacun de s’assurer qu’il ne fait pas partie de la classe qui démolit et qu’il ne possède pas le moindre penchant pour celle‑ci. Or il se trouve que c’est avec de tels sentiments opposés que les différentes dénominations de la grande église nominale s’efforcent de former une certaine union qu’elles dénomment «Union chrétienne». Cette union est réalisée, non pas de la manière indiquée par Paul ‑ avec comme fondement une foi, une espérance et une expérience communes, mais d’une façon opposée : en ignorant la doctrine, en admettant des différences d’opinion et en convenant que chacun peut parler en faveur de sa dénomination et faire progresser les intérêts de celle‑ci sans s’opposer à ce qu’il croit être une erreur dans une autre dénomination ; et ainsi chacun raconte à ses auditeurs du monde qu’une autre dénomination a tout aussi raison que la sienne ; que, après tout, à un certain point de vue (inconcevable), ces différents mouvements sont tous autant de différents chemins menant au ciel, et que l’on peut donc se trouver satisfait de celui que l’on a choisi. Bien que le plus grand désaccord règne entre elles, ces dénominations prétendent qu’il est de toute importance de s’assimiler à l’une quelconque d’entre elles. Mais ceci n’est pas le genre d’union dont parle Paul.

Si, comme Paul l’enseigne aux vrais Chrétiens, l’unité est une possibilité, relevons les conditions dans lesquelles elle peut être obtenue : ‑ Tout d’abord, l’Apôtre est d’avis que tous ceux qui sont ainsi unis doivent être remplis d’humilité d’esprit, de douceur ; qu’ils doivent supporter les faiblesses et les défauts les uns des autres, et couvrir toutes choses du manteau de l’amour; ensuite, qu’une constante vigilance doit être observée par eux, de peur qu’ils n’en viennent à se lasser d’agir de la sorte. Mais le fondement principal de cette union consiste à reconnaître qu’il y a un seul Seigneur, une Seule foi, un Seul baptême et une seule espérance.

Le plan que l’Eternel a adopté pour édifier et unir le Corps de Christ consiste en la nomination de membres divers à des fonctions diverses pour le bien de tous; Il donna aux uns d’être Apôtres, aux autres d’être prophètes, à d’autres d’être Evangélistes, à d’autres d’être pasteurs et docteurs, non pas pour que les autres membres reçussent leur enseignement sans examen préalable, mais afin de les guider dans cette étude. Chaque pensée suggérée, chaque interprétation des Ecritures donnée par ces premiers doit être examinée à la lumière de la Parole divine. Un tel examen peut être de grande utilité si les saints, lorsqu’ils se rassemblent, s’y vouent dans une large mesure, non dans l’esprit qui se signale si souvent par des controverses, où chacun est plus soucieux de maintenir et de faire admettre ses opinions personnelles que de découvrir la vérité, mais dans l’esprit de douceur qui ignore totalement de si basses considérations, dans un désir tout entier de découvrir la volonté et le plan de l’Eternel.

Une controverse, de même qu’une vérification et une critique des plus minutieuses dans de telles circonstances et dans un tel esprit de douceur manifesté par chacun, ne peut manquer, sous la direction divine promise, d’amener tous ces saints dans une unité bénie, dans l’unité de la foi et de consolider fortement le lien unificateur de l’amour et de la paix. Celui dont le privilège est d’enseigner ne se fâchera pas de se voir soumis à une telle critique s’il est rempli de l’esprit de douceur et d’humilité; au contraire, il la désire, et la favorisera aussi longtemps qu’elle sera justifiée par un « Ainsi a dit l’Eternel ». Mais les vains babillages et les disputes à propos de questions de peu d’importance devraient être évités. Celui qui se rend compte de l’importance de la Vérité et qui la désire ardemment, ne trouvera pas de temps pour les « babillages».

Ceux qui sont ainsi unis et travaillent en bon accord à l’édification du corps, doivent nécessairement progresser, et cela rapidement, en connaissance et en capacité pour l’oeuvre du ministère. Nous ne devrions pas oublier que chaque membre du corps oint est lui‑même oint pour prêcher (Esaïe 61 : 1) et appelé au ministère [au service de Christ, Tête et Corps]. Et tous nos contacts, soit en personne, soit par le moyen de la presse ou de la poste, sont autant de réunions ministérielles ayant pour but de rendre chacun capable d’accomplir un service plus efficace pour l’édification du corps, de fortifier les différents membres contre tes attaques de l’erreur et de renforcer en chacun la compréhension de la Vérité.

Ainsi, tous ces membres du corps consacré, en communion avec le Seigneur, remplis du même Esprit, baptisés du même baptême, peuvent progresser dans l’unité de la foi et de la pleine connaissance du Fils de Dieu, étant fermement liés les uns aux autres par le lien unificateur de la paix ‑l’amour.

Ne faisons donc plus obstacle à la réalisation de notre unité de la foi par la vaine et trompeuse idée d’après laquelle nous ne pouvons pas comprendre les choses de la même manière que les autres, mais devons être «indépendants». Celui qui est indépendant du corps est indépendant aussi de la tête, et il n’est pas membre du corps : car dans ce corps chaque membre est fait dépendant des autres. Autant il est vrai que nous vivons dans le « Jour du Seigneur » et que s’effectue le retour de Sion, autant il est vrai que nous vivons dans le temps où « les sentinelles verront les choses du même oeil », ayant une vision claire et concordante. Tous devraient posséder la même foi et être capables de signaler d’une manière si claire les poteaux indicateurs et les remparts qui bordent la route que chaque membre sérieux du corps pût voir la lumière telle quelle vient de Dieu.

W.T. 768 ‑ 1885