L’OECUMÉNISME ET LA BIBLE

Listen to this article

Dans les annales de l’histoire, notre époque occupera une place particulière. Etonnante et surprenante à bien des égards, elle ne cesse, par d’autres côtés, d’engendrer la peur et de faire redouter le pire.

Etonnantes sont l’augmentation de la connaissance dans tous les domaines et l’accroissement du progrès, qui permettent aux hommes de sonder, au moyen de fusées et de satellites artificiels, le sol d’autres planètes et d’en photographier les diverses faces. A l’horloge de Dieu a sonné l’heure de l’augmentation de la connaissance parmi les hommes. Mais redoutable est cette nouvelle source d’énergie, l’atome, dont disposent les grandes nations, à cause de la crainte que fait naître son emploi à des fins guerrières.

Surprenante est pour le profane l’histoire récente et passée du peuple d’Israël. Preuve vivante de l’existence du Créateur, il est de nouveau implanté ‑ en partie à ce jour il est vrai ‑ dans le pays que Dieu lui a donné, et ce après dix‑neuf siècles d’exil. Mais préoccupante est pour le proche avenir la haine nourrie à son égard par ses voisins arabes.

Toutes les nations sont aujourd’hui aux prises avec des soucis et des tracas internes et, sur l’arène internationale, elles sont confrontées avec les brûlants problèmes de l’heure. Des idéologies s’affrontent, et leur opposition se traduit par des conflits armés ensanglantant certaines parties du globe et menaçant de s’étendre à la terre entière. Face à ces difficultés, les gouvernements des nations s’affairent, soit individuellement, soit par groupes, ou encore collectivement, pour trouver des solutions propres à maintenir ou à rétablir une paix précaire. Leurs efforts, hélas !, si louables qu’ils fussent, se révèlent impuissants. La haine, l’antagonisme, les rivalités idéologiques, n’acceptent pas de solution pacifique et, comme l’enseignent les Saints Ecrits, elles plongeront l’humanité dans une détresse sans précédent (Dan. 12 : 1 ; Matth. 24 : 21). Grâces soient rendues à Dieu pour l’assurance qu’Il nous donne dans Sa Parole que, lorsque cette détresse sera parvenue à son paroxysme, Il interviendra ouvertement, par Christ, Son Fils unique bien‑aimé, pour calmer le flot mugissant des passions humaines et dicter aux nations la seule loi, la Loi Divine, pouvant procurer aux hommes la paix, le bien‑être, le bonheur et même la vie éternelle !

Mais au milieu de l’agitation générale se développe un mouvement particulier, constituant lui aussi un trait caractéristique de notre temps et s’opérant parmi ceux qui prétendent servir Dieu. Ce mouvement est connu sous le nom d’OEcuménisme. Il s’est donné pour mission de rassembler, voire même d’unir, si possible, les diverses dénominations formant la Chrétienté de notre époque. Et nous voudrions nous pencher de plus près sur ce mouvement, l’examiner à la lumière des Saintes Ecritures, persuadés qu’il a été prévu et prédit dans la Parole de Dieu, puisqu’il affecte ceux qui se réclament du nom de Christ.

L’OECUMENISME

Le mot « oecuménique » vient du grec «oikoumenee» qui signifie « la terre habitée » ; c’est ainsi que ce terme a été traduit en Luc 2 : 1, par exemple (version Darby). Ce qui est « oecuménique » se rapporte donc à la terre habitée entière. Aujourd’hui on attribue ce mot aux efforts déployés en vue de l’unification des factions religieuses de notre temps. Vouloir unir la Chrétienté, c’est reconnaître qu’elle n’est pas unie. Elle ne l’est pas en effet, et pour en connaître les causes il y a lieu de remonter le cours de l’histoire’ jusqu’au premier siècle de notre ère.

Conformément aux Saints Ecrits, commençait alors Sa Mission, à l’âge de trente ans, le Christ, le Fils Unique de Dieu, venu pour donner Sa vie en rançon pour tous, pour devenir victime expiatoire pour les péchés du monde entier, afin de pouvoir, durant Son glorieux Règne prochain, délivrer l’humanité des liens de la mort, accorder la vie éternelle à tous ceux qui Lui obéiront et introduire dans le monde la justice, la paix, la joie et le bonheur véritables (1 Tim. 2 : 6 ; 1 Jean 2 : 2 ; Jean 5 : 28; Actes 24 : 15; Apoc. 21 : 4; 22: 17). En accord avec la volonté de Dieu, le Seigneur annonça l’Evangile, la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu, d’abord seul et ensuite par Ses disciples, les Apôtres, convenablement préparés puis revêtus de la puissance d’En‑-haut, de l’Esprit Saint, afin de tirer de toutes les nations, et de la nation d’Israël pour commencer, un peuple particulier, un petit troupeau, la classe de l’Eglise qui est Son Corps, les membres du Corps de Christ, appelés à partager Sa gloire et à régner mille ans sur la terre avec Lui, pour dispenser au monde les bénédictions divines promises. ‑ Actes 1 8 15 14 Luc 12 : 32 ‑ Eph. 1 : 23 ; Apoc. 5 10 20 6 Genèse 22 : 18.

Notre Seigneur, le Semeur de la parabole (Matth. 13 : 24‑30) était sorti et Il ensemença Son champ d’une bonne semence. Mais après que les hommes (les Apôtres) se furent endormis, Son ennemi, le diable, Satan, vint, sema de l’ivraie parmi le froment et répandit de fausses doctrines parmi le peuple de Dieu d’alors. Dès la fin du premier siècle de l’ère chrétienne, au moyen d’instruments choisis et par de subtiles erreurs, il déforma nombre de vérités bibliques qui furent remplacées par des enseignements erronés dénaturant le caractère et le Plan de Dieu. Peu à peu une tradition se forma, en désaccord sur bien des points avec les Saintes Ecritures. Ainsi s’accomplissait l’apostasie prédite (2 Thess. 2 : 3), l’abandon du pur Evangile laissé par le Seigneur et les Apôtres. Et cette apostasie aboutit à la formation du système clérical connu sous le nom de papauté. L’ivraie, fruit de l’erreur, croissait, étouffant presque les grains de froment par l’importance de son nombre. En 1054, s’opéra un grand schisme qui divisa les églises d’Occident de celles d’Orient. Ces dernières ne voulaient pas reconnaître la suprématie de l’évêque de Rome. Elles se nommèrent « orthodoxes ». Par la suite, de véritables enfants de Dieu, tels Valdo, Wiclef, Hus ‑ les précurseurs de la Réforme ‑, remplis d’amour pour leur Créateur et leur Seigneur, et étudiant avec zèle la Sainte Parole, reconnurent que leur église avait échangé le pur enseignement des Ecritures contre un enseignement humain, terrestre, voire même diabolique (1 Tim 4 : 1). Et ils eurent le noble courage d’affirmer publiquement leurs convictions bibliques. Souvent, la flamme du bûcher étouffa leur voix. Plus tard, entrèrent sur la scène les Réformateurs. Nourris par la Parole de Dieu, ils dénoncèrent les erreurs doctrinales que l’Esprit leur faisait voir, ainsi que certaines pratiques religieuses éhontées. Leur action, visant d’abord à la réformation du Catholicisme, aboutit en fait à la formation du Protestantisme. Au colloque de Marbourg, en 1529, les réformateurs eux‑mêmes se séparèrent, et le monde protestant se divisa depuis en de nombreuses dénominations.

Parmi ces dénominations, il y eut de véritables disciples de Christ, bouillant de zèle, d’ardeur et d’énergie au service de Dieu, et brûlant d’amour pour Lui et pour Christ, notre Sauveur et Maître. Bien des fois, ils scellèrent de leur sang l’Evangile qu’ils prêchaient. Mais l’ivraie se mêla aussi au protestantisme. Le formalisme, l’apparence de la piété, la tiédeur spirituelle le gagnèrent également.. En outre, certaines erreurs héritées du catholicisme y étaient et y sont encore entretenues. Et ainsi, jusqu’au dix‑neuvième siècle, le froment et l’ivraie croissaient côte à côte, avec forte prédominance de l’ivraie, dans la Chrétienté nominale, le champ de la Parabole. Mais cet état de choses ne devait pas durer toujours. Un changement devait intervenir en un temps donné, au temps de la moisson. Une séparation s’effectuerait alors. Le froment serait séparé d’avec l’ivraie, et l’ivraie serait liée en bottes pour être brûlée (Matth. 13 : 30). Et force nous est de constater, lorsque nous considérons en toute objectivité les événements qui se sont produits parmi le peuple de Dieu et dans les sphères religieuses, voici bientôt cent ans, que cette séparation s’est déjà effectuée dans une très grande mesure.

Avec le retour du Seigneur, survenu vers la fin de l’année 1874, selon l’enseignement de la Bible, comme Etre spirituel glorieux désormais invisible aux hommes, mais reconnaissable uniquement par les yeux de la foi, et par ceux qui ont LA FOI (1 P. 3 : 18; 1 Tim. 6 : 16; Jean 14 : 19; Eph. 1: 18; Apoc. 1 : 7), le peuple de Dieu reçut des bénédictions particulières. Le Seigneur établit sur Ses gens le Serviteur fidèle et prudent annoncé (Matth. 24 : 45‑47), que nous reconnaissons être le pasteur Charles Taze Russell, par l’oeuvre importante que celui‑ci effectua avec l’assistance du Saint Esprit et avec l’aide et la grâce divines. Par le moyen de ce Serviteur, le Maître accorda à Ses disciples la nourriture spéciale promise, une nourriture au temps convenable, la Vérité présente dont nous nous délectons aujourd’hui. Cette Vérité divine, proclamée de par le monde entier, fut la faucille lancée par le Seigneur présent pour moissonner la terre, pour rassembler Ses élus des quatre vents (Apoc. 14 : 14-16; Matth. 24 : 31). L’appel était ainsi lancé aux véritables enfants de Dieu, au froment, l’invitant à sortir de Babylone pour ne point avoir part à ses fléaux (Apoc. 18 : 4). Il est frappant de constater que, pendant que s’effectuait cette séparation, différents mouvements se développaient dans la Chrétienté, visant à l’unification de toutes les confessions chrétiennes. Un premier pas dans ce sens fut accompli en 1846, lorsque se constitua l’Alliance Evangélique Universelle, suivie en 1855 de l’Union Chrétienne de Jeunes Gens, puis de celle de Jeunes Filles. Après le retour du Seigneur, ces mouvements gagnèrent en ampleur. En 1895, se forma la Fédération Mondiale des Associations Chrétiennes d’Etudiants qui contribua beaucoup par la suite à répandre l’idée oecuménique. En 1910, eut lieu à Edimbourg la première Conférence Mondiale des Missions qui rassembla 1.200 délégués de 160 Sociétés Missionnaires. Il se constitua aussi deux mouvements dont l’action oecuménique fut déterminante : le Mouvement du Christianisme, qui s’appela «Vie et Action», et le mouvement « Foi et Constitution ». Le premier organisa en 1925, à Stockholm, une grande conférence universelle à laquelle assistèrent 500 délégués venus de presque tous les horizons ecclésiastiques. Divisés sur les questions de dogmes, ces délégués cherchèrent à réaliser l’unité de toutes les confessions autour d’un programme d’action sociale. On s’occupa de questions économiques, industrielles et sociales. Le deuxième, pour sa part, cherchait à rapprocher les Chrétiens nominaux sur le terrain doctrinal. Il organisa en 1927, à Lausanne, une assemblée qui réunit 450 délégués de 90 dénominations différentes. En 1937, ces deux mouvements fusionnèrent après deux conférences organisées l’une à Oxford, par le mouvement «Vie et Action», et l’autre à Edimbourg par le mouvement « Foi et Constitution ». Après cette fusion, on envisagea la création d’un organisme qui serait chargé de représenter ce qu’on appela l’«Eglise Universelle» et, en 1938, à Utrecht, on élabora la constitution provisoire du Conseil envisagé. Dix ans plus tard, cet organisme naissait, lors d’une grande assemblée constituante qui groupa à Amsterdam, en août 1948, 352 délégués représentant 151 confessions différentes.

Ainsi, à Amsterdam, le 23 août 1948, fut officiellement constitué le « Conseil (Ecuménique des Eglises » qui représentent aujourd’hui plus de deux cents dénominations différentes, issues principalement du protestantisme. Anglicans et Orthodoxes en font aussi partie.

Il sera bon de relever ici que l’Oecuménisme n’a pas l’approbation ni l’adhésion de tous les protestants. Certains d’entre ces derniers, plus attachés à la Parole de Dieu, voient que ce mouvement s’opère au détriment de la saine doctrine; ils y perçoivent un danger et s’y opposent et, de leur côté, ils ont constitué, en 1948 également et dans la même ville d’Amsterdam, un conseil appelé « Conseil. International des Eglises Chrétiennes» qui dénonce les erreurs et les dangers de l’Oecuménisme et qui cherche à rallier les protestants stationnant à la croisée des chemins et ne sachant quelle direction prendre.

La papauté, en ce qui la concerne, d’abord hostile au mouvement oecuménique, a changé d’attitude à son égard. Ceux qu’elle appelait autrefois « schismatiques » (les Orthodoxes) et «hérétiques» (les Protestants), elle les nomme aujourd’hui «frères séparés». Elle leur tend ses bras maternels et cherche à les faire rentrer dans son sein. Elle discute et coopère maintenant avec eux dans bien des domaines.

Et ainsi, lorsque de nos jours on braque le télescope de la Parole de Dieu sur la Chrétienté contemporaine, on est frappé de constater que I’Oecuménisme est en fait le liement de l’ivraie prédit par le Seigneur dans Sa parabole (Matth. 13 : 24‑30). Car l’Oecuménisme effectue un travail de liement, cela est incontestable. Les oecuménistes l’affirment eux‑mêmes. A Amsterdam, ils ont entre autres déclaré, dans le message promulgué à l’issue de l’assemblée : «Nous n’ignorons pas nos divisions : elles existent en matière de foi, d’ordre ecclésiastique et de tradition… NOUS NOUS SOMMES LIES LES UNS AUX AUTRES. Nous sommes décidés à demeurer ensemble.» (Amsterdam, vol. 1, page 299). Or, et cela aussi est incontestable, ce qui est lié, c’est l’ivraie, comme l’enseignent les paroles du Maître : «Arrachez d’abord l’ivraie, et liez‑la en gerbes pour la brûler. » (Matth. 13 : 30). Les liements s’opérant parmi les chrétiens de nom nous permettent donc de situer aujourd’hui où se trouve l’ivraie, sinon la totalité, du moins la grande partie.

Le véritable Œcuménisme.

Puisqu’un mouvement, pour être vraiment oecuménique, doit s’étendre à la terre habitée entière, nous pouvons affirmer, en nous appuyant sur les Saints Ecrits, qu’il s’effectuera prochainement, au cours du Règne millénaire de Christ, une oeuvre véritablement oecuménique qui affectera tous les hommes issus de toutes les nations, de tous les peuples, de toutes les tribus et de toutes les langues‑ Cette œuvre unira en une seule famille tous ceux qui obéiront alors aux lois divines et qui aimeront Dieu de tout leur coeur. En effet, l’Eternel, le Souverain Créateur des cieux et de là terre, rempli d’amour envers le monde (Jean 3 : 16), a préparé une époque merveilleuse, l’Age d’Or de la prophétie, au cours de laquelle Il déversera sur l’humanité les riches bénédictions de la paix, de la joie, de la santé et de la vie éternelle, par Christ, le Médiateur de la Nouvelle Alliance, et par Son Eglise, le Corps de Christ, qui sera uni à son Chef dans la gloire.

Le Rédempteur du monde apprendra les hommes à s’aimer. Il leur enseignera les leçons de la droiture et de la justice. Il leur fera connaître le caractère et le Plan de Dieu. Il aura alors lié Satan pour mille ans, et au cours de cette période l’Adversaire ne séduira pas les nations comme il le fait depuis plus de six mille ans. Christ fera alors resplendir sur tous les hommes la magnifique lumière de la Vérité Divine, et ses rayons bienfaisants inonderont le monde entier, «car la terre sera remplie de la connaissance de l’Eternel, comme le fond de la mer par les eaux qui le couvrent». Cette merveilleuse Vérité balaiera toutes les erreurs doctrinales et autres, si nombreuses aujourd’hui dans la Chrétienté et qui rendent impossible toute véritable union. La fausseté, la haine, le mensonge, les guerres, l’orgueil et l’égoïsme auront disparu du milieu des hommes, sous l’action salvatrice du Règne de Christ. A leur place, ce sera la joie et le bonheur éternels dans un paradis restauré. ‑ Apoc. 20 : 1‑3 ; Esaïe 11 :9 ; Michée 4 : 3, 4 ; Apoc. 21 : 3, 4.

Et ainsi le Christ Roi, le Souverain Sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec, qui aima le monde au point de donner Sa vie pour lui, en amenant les hommes à la connaissance de l’unique Vérité Divine, en élevant à la perfection humaine ceux qui Lui obéiront, en les apprenant à aimer Dieu au dessus de tout et leur prochain comme eux‑mêmes, les unira en une seule famille. Une harmonie parfaite existera entre Dieu et les hommes et parmi les hommes eux‑mêmes. La Vérité, un fervent amour pour Dieu, pour Christ et pour leurs semblables, souderont les uns aux autres tous les membres de la race humaine qui vivront dès lors dans une félicité éternelle sur une terre inondée des bienfaits d’En‑Haut. Toutes choses sur terre, et même dans les cieux, seront alors réunies en Christ, et c’est ainsi qu’aux temps choisis par Dieu s’accomplira l’union de tous les hommes, ce véritable oecuménisme prédit et annoncé par l’Apôtre : « … en lui [en Christ] nous avons la rédemption par son sang, la rémission des péchés, selon la richesse de sa grâce, que Dieu a répandue abondamment sur nous par toute espèce de sagesse et d’intelligence, nous faisant connaître le mystère de sa volonté, selon le bienveillant dessein qu’il avait formé en lui‑même, pour le mettre à exécution lorsque les temps seraient accomplis, de réunir toutes choses en Christ, celles qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre. » (Eph. 1 : 7‑10). Une humanité unie, louant son Dieu et son Sauveur d’un même coeur et d’une même pensée, quel magnifique oecuménisme cela sera, et c’est pour cet oecuménisme-‑là que le Seigneur nous a appris à prier : Que Ton Règne vienne, que Ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel !

«Qu’ils soient un. »

Notre cher Sauveur, peu de temps avant de déposer Sa vie en sacrifice, rempli d’une touchante et profonde sollicitude envers Ses disciples, adressa à Son Père une ardente prière en leur faveur : « Je ne suis plus dans le monde, et ils sont dans le monde, et je vais à toi. Père saint, garde en ton nom ceux que tu m’as donnés, afin qu’ils soient un comme nous.» (Jean 17 : 11.)

L’union implorée par le Seigneur dans ces paroles, n’est pas l’union prochaine de tous les hommes; c’est une union particulière qui devait unir, qui a uni, et qui unit encore Ses véritables disciples, ceux qui ont pris sur eux Son joug et reçoivent de Lui instructions et réconfort. Matth. 11 :28‑30.

« Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous. » ‑ Eph. 4 : 5, 6.

Attirés par Dieu à Christ, ils ont accepté le Seigneur comme leur Sauveur et ont joyeusement offert leur corps comme un sacrifice rendu saint, vivant et agréable par les mérites du Rédempteur. Dieu a accepté leur sacrifice et les a engendrés de l’Esprit Saint, et c’est ainsi qu’ils sont devenus de Nouvelles Créatures en Christ Jésus. Ils sont maintenant membres du Corps de Christ dans la chair et leur privilège actuel est l’affermissement de leur appel et de leur élection pour qu’ils puissent être changés au moment de leur mort, par la puissance de la Première Résurrection, recevoir un corps spirituel, être à jamais semblables au Seigneur et participer à Sa gloire et à Son ceuvre de bénédiction de toutes les faniilles de la terre.

Membre d’un seul Corps, du Corps de Christ, engendrés d’un seul Esprit, de l’Esprit Saint, appelés à une seule espérance, l’espérance céleste, et baptisés d’un seul baptême, du baptême dans la mort de Christ, ils ont un seul Dieu, un seul Seigneur et une seule foi. Parmi eux, point d’erreur de doctrine, mais une claire compréhension du Plan de Dieu tel que le présentent les Saintes Ecritures. Leur consécration, leur sanctification, l’Esprit Saint qui les conduit dans la Vérité, les souffrances qu’ils endurent pour la cause de Christ, leur ardent désir d’effectuer la volonté de Dieu en toutes choses, leur amour suprême pour Dieu, pour le Seigneur, l’affection brûlante qu’ils ont les uns pour les autres, voilà ce qui les unit, qui fait d’eux un seul peuple, le peuple de Dieu, après les avoir détachés du monde et de la Chrétienté nominale. Ces liens bénis qui les unissent doivent se tisser de plus en plus et se renforcer continuellement pour former de solides attaches qui les uniront en Christ pendant toute l’éternité, au‑delà du voile, c’est‑à‑dire dans le ciel, lorsqu’ils seront parvenus à la réalisation de leur espérance.

Quelle exhortation, ici, chers frères et soeurs, à la véritable unité, à l’estime réciproque, au réconfort mutuel, à la coopération et à l’entraide dans l’Oeuvre du Seigneur, à un amour fervent les uns pour les autres, afin de vivre véritablement cette UNITE pour laquelle le Maître a prié !

« Comme nous »

Cette unité là existe parmi la classe du froment uniquement, et c’est une unité pareille à celle qui existe entre Dieu, notre Père Céleste, et Jésus notre Maître : unité de but, d’intention, harmonie complète en tout, notre Seigneur ayant fait Sienne la volonté de Dieu.

Qu’il nous soit permis de relever que cette unité, la seule aujourd’hui à avoir l’agrément de Dieu, est irréalisable dans la Chrétienté, car les diverses dénominations s’unissant de nos jours sont divisées sur bien des matières. Notre propos n’est pas de faire l’étalage de leurs points de discorde. Nous rappellerons simplement qu’elles reconnaissent elles‑mêmes être en désaccord en fait de doctrine. «Nous n’ignorons pas nos divisions : elles existent en matière de foi, d’ordre ecclésiastique et de tradition … », déclarent‑elles ; et encore : « Le dogme divise. » Ce simple aveu prouve que leur union n’est pas l’union implorée par le Seigneur dans Sa prière, mais bien plutôt la réunion, le liement de l’ivraie. Leur union ne peut être une union pareille à celle existant entre Dieu et le Seigneur Jésus, car entre Dieu et Jésus il n’y a aucune division «en matière de foi, d’ordre ecclésiastique… » ; le dogme, la Vérité, ne Les divisent pas, bien au contraire, car le Seigneur a la pleine connaissance du Plan de Dieu, et Il s’est consacré à l’entière réalisation de ce Plan. Une harmonie parfaite règne entre le Père Céleste et Lui.

D’autre part, ce qui a placé les dénominations religieuses sur le chemin de l’oecuménisme, ce n’est pas l’amour suprême pour Dieu ni le désir d’effectuer Sa volonté à tout prix, mais c’est en réalité la peur devant l’athéisme conquérant et devant l’indifférence grandissante parmi leurs membres. Elles ont conscience du péril qui les guette. Elles voient qu’elles sombrent, aussi se groupent‑elles afin de résister aux forces aujourd’hui à l’oeuvre pour saper leur existence. Mais, selon les Ecritures, rien n’y fera.

Le prophète Esaïe parle de la crainte qui ins­pire leur conduite et exhorte en même temps les véritables enfants de Dieu à demeurer tranquilles et confiants. Voici ses paroles : «Ne craignez pas ce qu’il (le peuple qui passe aujourd’hui pour être le peuple de Dieu, la Chrétienté) craint, et ne soyez pas effrayés. » (Esaïe 8 : 12). Le Seigneur n’a pas prié pour une union inspirée par la crain­te ; d’un autre côté, ce n’est pas la peur qui Le lie au Père, mais au contraire l’amour et le désir d’effectuer Sa volonté. Nous voyons par là encore que le mouvement oecuménique actuel ne s’effec­tue pas en réponse à Sa prière.

Rappelons‑nous que l’union de tous les hommes sous la bannière de Christ, le véritable oecuménisme, est pour demain. Le Seigneur l’accomplira dans Son règne. Aujourd’hui, le vrai Chrétien doit défendre la Vérité à tout prix, dans un esprit de douceur certes, mais au prix de sa vie, si besoin était. Il doit combattre pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes. Il doit rendre témoignage à la Vérité, comme l’a rendu Son Seigneur. Il ne peut accepter aucun compromis avec l’erreur, car l’erreur vient de l’Adversaire, et il ne peut y avoir aucune communion entre la lumière (la Vérité) et les ténèbres (l’erreur), aucun accord entre Christ et Bélial (Satan). Sa conduite lui attirera l’opposition et la persécution de la part du monde, et particulièrement du monde religieux. Qu’importe ! Ce qui compte, c’est sa fidélité jusqu’au terme de sa course, pour qu’il puisse ensuite entendre les paroles d’approbation du Maître et entrer dans Sa gloire. Si le monde nous hait, sachons qu’il a haï le Seigneur avant nous. Comme le Seigneur a vaillamment supporté l’opposition des hommes, demandons‑Lui la grâce de pouvoir supporter celle dont nous sommes l’objet sans faiblir, sans haine aucune, sans aucune animosité envers nos persécuteurs. Prions même pour ceux qui nous maltraitent et nous persécutent ! ‑ 2 Tim. 2 25 ; Jude 3 : 2 Cor. 6 : 16 ; Jean 15 : 18 ; Matth. 5 44‑48.

N’appelez point coalition ce que ce peuple appelle coalition.»

‑ Esaïe 8 : 12 ‑ Zadoc Kahn.

Le prophète Esaïe a annoncé longtemps d’avance cette fédération d’églises dont nous sommes témoins aujourd’hui. En tant que porte‑parole de l’Eternel, il a prédit le désir d’unité qui anime de nos jours un grand nombre de chrétiens nominaux. Il a prédit que l’on crierait à la COALITION. Sa prédiction se réalise à notre époque. On clame et on réclame l’unité, la COALITION, on se ligue, on se groupe, on se rassemble, on se rapproche les uns des autres, on se lie, parce que l’on sent le danger planer autour de soi.

Et le Prophète, donnant à entendre que cette fédération n’a pas l’approbation divine, s’adresse aux véritables enfants de Dieu et les informe qu’ils n’ont pas à s’y joindre. Il leur enjoint de ne pas y adhérer

«N’appelez point coalition ce que ce peuple appelle coalition, ne craignez pas ce qui cause sa terreur. » ‑ Esaïe 8 : 12, Zadoc Kahn.

Il nous est facile de comprendre les raisons de cette mise en garde. L’oecuménisme ne s’effectue pas en accord avec la véritable doctrine enseignée par les Ecritures. D’autre part, le temps actuel, temps de la Seconde Présence du Seigneur Jésus-Christ, est le temps de la séparation des véritables chrétiens de ceux qui ne sont chrétiens que de nom, de ceux qui ont l’apparence de la piété, mais qui renient ce qui en fait la force. Aujourd’hui retentit l’appel du Seigneur : « Sortez du milieu d’elle (de Babylone la grande, de la Chrétienté nominale avec. en premier lieu l’église catholique romaine), mon peuple, afin que vous ne participiez point à ses péchés, et que vous n’ayez point de part à ses fléaux. » (Apoc. 18 : 4). Sortez ! L’appel est à la séparation et non à l’union avec Babylone 1

Le Prophète invite les véritables enfants de Dieu à ne pas s’effrayer devant la marée montante des forces ignorant ou niant l’existence de Dieu. L’incrédulité, l’athéisme, l’irreligion, l’impiété, la perversion, la dépravation morale et intellectuelle, la brutalité, la violence, en grande partie attisés par des puissances spirituelles mauvaises, les démons, dont l’action avilissante et l’influence dégradante s’accroissent, doivent aller grandissant et aboutir au grand temps de détresse prédit.

N’ayons crainte cependant, l’action des démons sera réprimée en son temps par le Seigneur qui ne permettra rien ne devant, finalement, concourir au bien de toutes Ses créatures.

Craignons plutôt Dieu, et reposons‑nous avec foi sur Sa Sagesse, Son Amour, Sa Toute‑Puissance et Sa Justice, qui feront sortir l’ordre de la confusion, la joie, la paix et le bonheur de l’angoisse, de l’affliction, des troubles, de l’insécurité et de la détresse. «C’est l’Eternel des armées que vous devez sanctifier, c’est Lui que vous devez craindre et redouter. » ‑ Esaïe 8 : 13.

Développement subséquent et fin de l’Oecumésisme

Il est intéressant de remarquer que la Parole de Dieu présente l’oecuménisme actuel sous diverses images très explicites nous montrant quels seront le développement prochain de ce mouvement et son sort final.

Rappelons‑nous, dans l’examen de ce sujet, que les images bibliques sont, comme l’indique ce mot, des images, des figures, des paraboles renfermant de précieuses vérités que l’on ne peut découvrir que dans une interprétation symbolique et non littérale.

L’ivraie brûlée

Si l’ivraie se lie par le mouvement oecuménique, c’est, nous apprend le Seigneur, afin d’être jetée dans une «fournaise ardente» pour y être brûlée (Matth. 13: 30, 42). Cette image présente la destruction finale de la classe de l’ivraie. La «fournaise ardente» dont parle Jésus symbolise le grand temps de détresse qui va s’abattre sur le monde et au cours duquel sombrera l’ordre de choses actuel, pour faire place à un ordre nouveau que Christ établira.

Dans cette détresse, unique en son genre et qui verra flamber le « feu de la jalousie » de l’Eternel, toute fausseté, tout mensonge, toute hypocrisie, tout mal, recevront une juste rétribution, un juste châtiment. Ceux qui ne sont chrétiens que de nom, qui se font passer pour des enfants de Dieu alors qu’ils ne le sont pas, auront à y souffrir, et il sera dévoilé qu’ils ne sont pas de véritables chrétiens, qu’ils ne font pas partie de l’Eglise véritable, du Corps de Christ. Eux‑mêmes reconnaîtront qu’ils ne sont pas ce qu’ils professent être et le monde ne les considérera plus comme peuple de Dieu. C’est de cette manière que l’ivraie sera brûlée. Les individus qui la composent cesseront d’exister comme ivraie, mais ils continueront à vivre comme êtres humains. Ils comprendront que leurs croyances étaient fausses, qu’ils ont été aveuglés par le « prince de ce monde », Satan. Ils comprendront que les credo qu’on leur avait inculqués, c’est‑à‑dire les articles de foi fabriqués au cours des âges des ténèbres et dénaturant le caractère et le Plan de Dieu, étaient erronés, et ils les rejetteront. De cette manière sera détruite, « brûlée» à tout jamais, l’oeuvre de l’Adversaire commencée après la mort des Apôtres par l’ensemencement de fausses doctrines.

Une fois l’ivraie « brûlée » et l’ordre social actuel « consumé», pour bien marquer que le feu qui accomplira cette destruction sera un feu symbolique ‑ ce sera une anarchie générale ‑ qui laissera subsister la terre physique et les êtres humains, quoiqu’il faille s’attendre à ce que beaucoup périssent dans cette détresse, le prophète déclare qu’alors Dieu donnera aux peuples des lèvres pures. Il leur donnera la connaissance de la Vérité pour qu’ils L’invoquent et Le servent d’un commun accord.

« Attendez‑moi donc, dit l’Eternel, au jour où je me lèverai pour le butin, car j’ai résolu de rassembler les nations, de rassembler les royaumes, pour répandre sur eux ma fureur, toute l’ardeur de ma colère ; car par le feu de ma jalousie tout le pays sera consumé. Alors je donnerai aux peuples des lèvres pures, afin qu’ils invoquent tous le nom de l’Eternel, pour le servir d’un commun accord. » ‑Sophonie 3 : 8, 9.

«Les cieux roulés comme un livre »

Esaïe 34 : 4 ; Apoc. 6 : 14.

Il est une autre image qui dépeint admirablement ce qui se passe dans la Chrétienté de nos jours. Le prophète Esaïe nous la fournit dans son chapitre 34, au verset 4 : « Toute l’armée des cieux se dissout; les cieux sont roulés comme un livre, et toute leur armée tombe, comme tombe la feuille de la vigne, comme tombe celle du figuier.» Et le Seigneur Lui‑même la reprend en Apocalypse 6: 14 : « Le ciel se retira comme un livre qu’on roule. »

Il est plus qu’évident que les « cieux» dont il est question dans ces versets sont des cieux symboliques et non littéraux, car dans le firmament infini s’offrant à nos yeux, il n’y a rien qui puisse s’enrouler. Les cieux dans les Ecritures, quand ils sont employés symboliquement, représentent les sphères religieuses, le monde ecclésiastique, la Chrétienté. Et ce sont ces cieux-‑là qui devaient s’enrouler à la manière d’un livre pour se retirer, disparaître.

L’image est frappante, et frappant est son accomplissement actuel, lorsqu’on se rappelle comment étaient conçus les livres dans les temps anciens. C’étaient des rouleaux, le plus souvent de parchemin, que l’on déroulait pour lire le texte écrit à l’intérieur. Les différents livres de la Bible se présentaient à l’origine sous cette forme‑là, comme nous l’apprend le Psalmiste David, qui met dans la bouche de Christ ces paroles : « Voici, je viens ; il est écrit de moi dans le rouleau du livre » (Ps. 40 : 7 ; Hébreux 10 : 7), et comme le confirment les manuscrits de la Bible que nous a légués le passé, notamment le manuscrit du livre d’Esaïe et d’autres livres découverts en Palestine, l’année 1947, dans une grotte à Qumrân, sur la rive nord-ouest de la Mer Morte.

Lorsqu’on le lisait, le livre était déroulé, le texte apparent. La lecture faite, on enroulait séparément chacune des extrémité du parchemin jusqu’à ce qu’elles vinssent se toucher ; le livre était alors fermé. Et ce livre, une fois fermé, offrait deux faces. Lorsqu’on le regardait de l’intérieur, on voyait deux rouleaux dressés l’un tout à côté de l’autre. Vu de l’extérieur, il n’offrait plus aucune division, mais se présentait comme un seul rouleau.

Nous avons ici un admirable tableau de ce qui se produit dans la Chrétienté contemporaine. Les cieux ecclésiastiques, tel un livre ancien, étaient déroulés pendant de longs siècles. A l’une des extrémités se tenait l’Eglise catholique romaine. A l’extrémité opposée, et véritablement opposés à l’Eglise de Rome, se trouvaient les diverses dénominations protestantes, les Orthodoxes, les Anglicans, plus ou moins divisés entre eux, et cette extrémité‑là a commencé à bouger, à s’enrouler. L’idée oecuménique y a formé cette fédération appelée Conseil Oecuménique des Eglises et représentant la grande majorité des Chrétiens non catholiques romains. Et ce Conseil Oecuménique, à l’autre extrémité des cieux ‑ du monde religieux ‑a maintenant les yeux tournés vers Rome. Il vise à la constitution d’une église universelle visible qui grouperait dans son sein toutes les dénominations religieuses, y compris les catholiques romains. Et dans cette voie, il a déployé et déploie constamment ses efforts, faisant toutes les concessions possibles pour plaire à l’« Eglise-mère ». De son côté, sentant le danger venir du côté des forces athées, la Papauté voit son intérêt dans le rapprochement avec les Protestants et les Orthodoxes. Elle travaille également dans ce sens. Elle a été jusqu’à créer lors du dernier Concile un secrétariat chargé de s’occuper spécialement de l’unité des Chrétiens. Elle bouge, elle aussi, elle « s’enroule » également, se rapprochant de l’autre extrémité des « cieux ». Et c’est ainsi que les cieux symboliques se « roulent » comme un livre. C’est là la signification de tous les contacts établis ces dernières années entre Catholiques romains et Chrétiens oecuménistes. C’est la signification de la réconciliation spectaculaire survenue ces derniers temps entre Catholiques et Orthodoxes, après plus de neuf siècles d’antagonisme religieux. C’est aussi là la signification de la présence au Concile de Vatican II de dirigeants protestants, chose qui ne s’est jamais vue dans le passé et qui était encore impensable au début du siècle dernier.

Perspectives pour le proche avenir

Par cette image des cieux qui s’enroulent comme un livre, les Saints Ecrits nous font comprendre ce qui doit se passer dans la Chrétienté, dans un avenir qui paraît assez proche. Le rapprochement amorcé, et déjà bien engagé, doit normalement aller en s’accentuant. Il doit amener très près l’une de l’autre les deux grandes phalanges religieuses de notre temps : Le Conseil Oecuménique des Eglises et l’Eglise Catholique Romaine. Néanmoins, le mouvement oecuménique ne doit pas conduire à la fusion de ces deux corps ecclésiastiques. Comme le livre ancien fermé présentait intérieurement deux rouleaux bien distincts, quoique touchant l’un à l’autre, il se révèle que, pareillement, Papauté et Conseil Oecuménique des Eglises resteront deux systèmes distincts et différents, quoique très rapprochés l’un de l’autre. Mais, de même que le livre roulé, extérieurement, n’offrait aucune division, il y a de même lieu de s’attendre à ce que ces deux organisations ecclésiastiques parviennent à une certaine entente, à un accord entre elles, et qu’elles se présentent au monde comme si elles ne faisaient qu’un. Il y a lieu de s’attendre à ce que l’une et l’autre coopèrent activement, qu’elles unissent leurs efforts dans divers domaines et ainsi, aux yeux du monde, elles sembleront ne faire qu’un.

« Les cieux enflammés se dissoudront ».

2 Pierre 3 : 12

Mais n’oublions pas que, du point de vue biblique, l’oecuménisme qui a déclenché l’enroulement des cieux symboliques doit en fait conduire, à leur disparition. C’est ce que nous apprennent les Paroles suivantes de l’Apocalypse (chapitre 6, verset 14) : « Le ciel se retira comme un livre qu’on roule. » L’enroulement du ciel, à la manière d’un livre, constitue donc un processus qui doit conduire au retrait, à la disparition de ce ciel symbolique, autrement dit de la Chrétienté.

L’Apôtre Pierre fait mention de cette disparition. Employant un langage hautement figuratif, il déclare que « les cieux enflammés se dissoudront et les éléments embrasés se fondront » au jour de Dieu, au jour de la colère de Dieu, dans le grand temps de détresse à venir (2 Pierre 3 : 12). Cette détresse affectera d’abord les « cieux », les systèmes religieux actuels ; elle les « brûlera », elle provoquera leur renversement, leur dissolution, leur disparition à tout jamais. Cette destruction correspond au brûlage de l’ivraie. Ensuite, suivra rapidement le renversement des éléments constituant l’ordre social actuel. Ainsi, « les cieux passeront avec fracas, les éléments embrassés se dissoudront, et la terre (la société humaine telle qu’elle est actuellement organisée sous l’influence et la puissance de Satan, mais non la terre physique) avec les oeuvres quelle renferme sera consumée ». ‑ 2 Pierre 3 : 10.

Et alors, sur les ruines de l’ordre social actuel, sur les ruines du mensonge, de la fausseté, de l’erreur, de l’égoïsme, en un mot sur les ruines du mal, lorsque se sera complètement effondré l’empire de Satan, un nouvel ordre de choses sera institué où la justice habitera, où fleurira l’amour du prochain et où s’épanouira toute vertu, sous l’influence bienfaisante du Règne de Christ. L’Apôtre Pierre s’y réfère quand il déclare : « Mais nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux [une nouvelle autorité spirituelle, c’est-‑à-dire Christ et Son Eglise glorifiée qui formeront la phase spirituelle régnante du Royaume Messianique] et une nouvelle terre [un nouvel ordre de choses, fondé sur la loi Divine et que dirigeront les Anciens Dignes, les Patriarches et les Prophètes de l’Ancien Testament, qui constitueront la phase terrestre, visible du Royaume], où la justice habitera. » ‑ 2 Pierre 3 : 13.

« Babylone la grande »

Le même sujet nous est présenté sous une autre forme encore. Dans les Ecritures, le mot « Babylone » a non seulement une signification littérale, et se rapporte alors à la capitale de l’ancien empire babylonien, à la Babylone d’autrefois, fastueuse et corrompue, mais aussi une signification symbolique, particulièrement dans l’Apocalypse, où il est employé pour désigner un système ecclésiastique aux dehors splendides, mais doctrinalement corrompu. Le terme « Babylone » signifie confusion, mélange, mixture, et s’applique avec justesse au système catholique où la Vérité, mélangées à des erreurs de toutes sortes et à une tradition souvent en contradiction avec la Parole de Dieu, a été altérée, déformée, vidée de toute sa beauté. L’on n’y retrouve plus le pur message de l’Evangile, mais au contraire des doctrines erronées présentant sous un faux jour le caractère et le Plan de Dieu. ‑ Apoc. 17 : 3‑6.

Dans un sens plus large, le mot « Babylone » s’applique à tout système doctrinal où la Vérité est mélangée avec l’erreur, et embrasse toutes les confessions religieuses de notre temps qui se disent être chrétiennes.

Cette Babylone‑là, telle une grande meule précipitée dans la mer, doit disparaître avec violence. Des afflictions s’abattront sur elle et la réduiront à néant. Comme système ecclésiastique, elle « ne sera plus trouvée », elle cessera d’exister (Apoc. 18 : 21). Le prophète Jérémie déclara que Babylone ne devait plus se relever des malheurs que Dieu ferait venir sur elle (Jér. 51 : 64). Ces paroles ont eu un accomplissement littéral, mais il est aisé de voir que l’ancienne Babylone représente la Chrétienté actuelle, et que ses malheurs préfigurent les malheurs à venir sur cette dernière. Et celle-‑ci ne se relèvera pas non plus de la détresse qui doit fondre sur elle. On peut même remarquer que cette détresse a déjà commencé depuis un certain temps à faire sentir ses effets. Dans l’Apocalypse, il en est parlé en ces termes :

« Et j’entendis du ciel une autre voix qui disait : Sortez du milieu d’elle mon peuple, afin que vous ne participiez point à ses péchés, et que vous n’ayez point de part à ses fléaux. Car ses péchés se sont accumulés jusqu’au ciel, et Dieu s’est souvenu des ses iniquités. Payez‑la comme elle a payé, et rendez‑lui au double selon ses oeuvres [allusion aux persécutions du temps passé : inquisition, etc.]. Dans la coupe où elle a versé, versez‑lui au double. Autant elle s’est glorifiée et plongée dans le luxe, autant donnez‑lui de tourment et de deuil. Parce qu’elle dit en son coeur : Je suis assise en reine, je ne suis point veuve, et je ne verrai point de deuil ! A cause de cela, en un même jour, ses fléaux arriveront, la mort, le deuil et la famine, et elle sera consumée par le feu. Car il est puissant, le Seigneur Dieu qui l’a jugée. » ‑ Apoc. 18 : 4‑8.

La destruction du sytème sera totale et définitive. Ceux qui le maintiennent, qui l’approuvent ou qui le soutiennent souffriront certainement à cette occasion (Apoc. 18 : 4). Néanmoins, nous sommes heureux de constater qu’ils pourront encore bénéficier de la grâce Divine. Jésus, le Fils de Dieu, est mort pour tous (1 Tim. 2 : 5, 6 ; Héb. 2 : 9) ; en conséquence pour eux également. Ils auront donc part à la résurrection pourront obtenir la vie éternelle sur la terre en se soumettant aux lois du Royaume. ‑ Jean 5 : 28 ; 3 : 16.

« L’image de la bête »

Cependant, comme l’indiquent les Saintes Ecritures, il y a lieu de s’attendre à ce que les systèmes religieux de nos jours, et particulièrement le Conseil Oecuménique des Eglises, ce rouleau qui s’enroule à une extrémité des cieux, exercent une influence grandissante dans le monde et parviennent à une certaine élévation avant de subir les calamités prédites et disparaître.

Il est question dans l’Apocalypse, au chapitre 13 et à partir du verset 14, de l’« image » d’une « bête », et cette image doit exercer une certaine activité. Tout semble indiquer que l’« image » en question est la Fédération des églises protestantes et orthodoxes, autrement dit ce Conseil OEcuménique des Eglises dont nous parlons. La « bête » elle‑même, mentionnée dans le même chapitre, du verset 1 au verset 10, est sans contredit la papauté, le système papal, comme l’atteste l’histoire des siècles passés.

Le Conseil Oecuménique des Eglises, quand il sera parvenu à son point culminant de formation et d’organisation, doit fortement ressembler au système papal, au point d’en être une image. Et la Bible indique qu’en rapport avec son élévation, les véritables Chrétiens, les derniers membres de Christ dans la chair auront à souffrir, à subir de fortes épreuves qui leur donneront la possibilité de manifester leur fidélité au Seigneur, avant d’être reçus dans la gloire (Apoc. 13 : 15‑17). Ce sera pour eux cette courte nuit dont a parlé le Seigneur, au cours de laquelle toute proclamation de la Parole de Dieu, tout travail évangélique leur sera interdit, et où il leur faudra tenir ferme après avoir tout surmonté, dans l’heureuse expectative d’être « changés en un clin d’oeil » au moment de la consommation de leur sacrifice et être joints au Seigneur pour demeurer continuellement avec Lui. ‑ Jean 9 : 4 ; Eph. 6 : 13 ; 1 Cor. 15 :51‑53 ; 1 Thess. 4 : 17, 18.

Leçon pour le peuple de Dieu d’aujourd’hui

Quelle leçon pouvons‑nous tirer du sujet faisant l’objet de notre étude, de ces « cieux qui s’enroulent », de l’ivraie qui se lie, autrement dit de ce mouvement oecuménique dont nous sommes témoins aujourd’hui ?

La leçon que l’on en tire est que nous vivons en un temps biblique particulier, au temps de la moiuon de l’Age de l’Evangile au cours duquel devait s’effectuer la séparation du froment et de l’ivraie, des véritables Chrétiens et des Chrétiens nominaux, et au cours duquel les premiers sont assemblés dans le grenier céleste et les derniers liés pour être jetés dans la « fournaise » de la grande détresse. Jésus en effet a déclaré : « Laissez croître ensemble l’un et l’autre jusqu’à la moisson, et, à l’époque de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Arrachez d’abord l’ivraie, et liez-la en gerbes pour la brûler, mais amassez le blé dans mon grenier. » Matthieu 13 : 30.

Ce temps particulier est aussi le temps de la « fin du monde », ou plus exactement le temps de la « consommation du siècle », du présent siècle ou âge mauvais, car « la moisson, c’est la fin du monde » (Matth. 13 : 39, Segond). Dans ce verset, l’expression « la fin du monde » est une traduction incorrecte qui a fait croire que surviendrait un jour un grand cataclysme qui détruirait la terre et tout ce qui s’y trouve. En réalité, il n’en est rien. La terre physique a été créée pour être la demeure de l’homme et subsister à toujours (Esaïe 45 : 18 ‑, Ecclésiaste 1 : 4). La « fin du monde » est en fait la fin de l’ordre de choses terrestre actuel, c’est la fin de la domination du mal, de l’égoïsme, de l’injustice, de l’iniquité et, plutôt que de la craindre, il y a lieu de s’en réjouir, car elle est la préparation nécessaire à l’établissement du Royaume de Dieu sur la terre, Une autre version de la Bible, la version Darby, traduit mieux ce passage et rend « consommation du siècle », au lieu de « fin du monde » et sa traduction est tout à fait conforme au Plan de Dieu. Il s’agit de la « consommation », de la période de temps au cours de laquelle se consommera, pour disparaître à jamais, le « siècle », le présent siècle ou age mauvais évoqué par l’Apôtre Paul en Galates 1 : 4.

Ce temps particulier est aussi le temps de la Présence, de la Parousie du Seigneur revenu conformément à Sa promesse, pour régner sur la terre et bénir toute la famille humaine (Jean 14 : 3. Apoc. 20 : 6). Le Seigneur, Etre spirituel invisible depuis Sa résurrection, est présent et cette vérité, attestée par de nombreux signes, nous est confirmée par l’oecuménisme contemporain. En effet, l’ivraie qui se lie indique que nous sommes au temps de la moisson et, par là, au temps de la consommation du siècle. Or, la « consommation du siècle » et le temps de la parousie du Seigneur, temps de Sa présence secrète, inconnue des hommes (Apoc. 16 : 15), est un seul et même temps. C’est ce que montre la question suivante posée au Seigneur par les Apôtres : « Quel sera le signe de ta venue [de ta parousia, présence] et de la consommation du siècle ? » (Matth. 24 : 3, Darby). Par cette question, telle qu’elle a été posée, la Parole de Dieu nous fait comprendre que le temps de la Drésence secrète du Seigneur et le temps de la consommation du siècle forment en fait une seule et même période de temps. En effet, le signe demandé par les Apôtres ‑ le Seigneur dans Sa réponse en a donné plusieurs ‑ devait attester à la fois que le Seigneur était revenu et que la consommation du siècle s’effectuait : Quel sera le signe de ta présence et de la consommation du siècle ?

Il sera bon de relever ici que le pasteur Russell, éclairé par une bonne compréhension de prophéties bibliques, avait annoncé la formation et le développement du mouvement oecuménique. Il prédit le rapprochement et la collaboration entre catholiques et protestants, chose qui paraissait alors irréalisable. Les événements, se déroulant en conformité avec le Programme de Dieu, lui ont donné raison. Nous avons là une preuve supplémentaire indiquant qu’il était bien ‑ et il le demeure par ses écrits ‑ le serviteur établi sur Ses gens par le Seigneur revenu (Matth. 24 : 45‑47 Luc 12 : 42‑44).

«Quels ne devez-vous pas être par la sainteté de la conduite et par la piété? »

2 P. 3 : 11

Ainsi, l’oecuménisme d’aujourd’hui est un des signes attestant que le Seigneur est revenu pour prendre à Lui les Siens et instaurer Son Royaume. La compréhension de cette vérité devrait nous inciter à une plus grande consécration, à un zèle accru au service de Dieu. Elle devrait nous pousser à déployer plus d’efforts afin de développer en nous une abondante mesure des fruits de l’Esprit (Galates 5 : 23), affermir notre appel et notre élection pour avoir part, avec Christ, à l’oeuvre prochaine du Rétablissement de toutes choses, à ce véritable oecuménisme qui consistera à réunir tous les hommes en un seule et grande famille. Quelle oeuvre merveilleuse cela sera !

D. A.