1 Cor. 8 : 5, 6.
«Ecoute, Israël Jehovah est notre Dieu, Jehovah est un. » — Deutérénome 6 4.
Le mot « dieu » signifie un puissant, mais pas toujours le Tout-Puissant. Il est employé pour traduire chacun des quatre mots hébreux suivants el, elah, elohim et adonai, qui, tous, dans la version commune de la Bible, signifient « le puissant », ou « le grand ». C’est un terme général, appliqué souvent, et à bon escient, à notre Père Céleste, de même qu’à notre Seigneur Jésus, à des anges et à des hommes.
En Deutéronome 10 17, elohim — un puissant, un grand — est employé pour désigner Jehovah, le Dieu tout-puissant, ainsi que d’autres dieux. « Jehovah, votre Dieu, est le Dieu des dieux. »
En Genèse 32 : 24, 30 et en Juges 13 :21, 22, un ange est appelé dieu-élohim.
En Jérémie 16 : 13, des rois et des gouverneurs terrestres païens sont appelés dieux-élohim.
En Exode 7 :1, Moïse est appelé dieu-élohim.
En Exode 21 : 6 ; 22 : 8, 9, 28, le mot elohim est employé pour désigner les Juges d’Israël nommés par Moïse, en raison du fait que ces Juges avaient de l’autorité et une certaine puissance [la version Darby rend le mot elohim figurant dans ces versets par Juges et indique, en notes, que pour s’en tenir à une traduction littérale, il aurait fallu rendre par les dieux, ou Dieu, trad.].
En Exode 12 : 12, les princes d’Egypte sont appelés dieux-elohim.
Dans le Psaume 82, verset 1, la distinction entre les êtres auxquels est attribué le mot dieu est très marquée « Dieu [elohim] se tient dans l’assemblée de Dieu [el] ; Il juge au milieu des dieux [elohim]. a (version Segond.) Dans ce verset, le premier mot Dieu se rapporte évidemment à Jehovah, le Tout-Puissant, tandis que les autres s’appliquent à d’autres êtres puissants, aux membres de l’Eglise — aux fils de Dieu — qui ont Jésus pour Tête ou Chef, et au sujet desquels il est écrit (verset 6) « J’avais dit : Vous êtes des dieux [elohim], vous êtes tous des fils du Très-Haut [el yon, le Dieu le plus haut].
Mais, déclare Paul, « s’il est des êtres qui sont appelés dieux, soit dans le ciel, soit sur la terre, comme il existe réellement plusieurs dieux et plusieurs seigneurs, néanmoins pour nous il n’y a qu’un seul Dieu, le Père » (1 Cor. 8 : 5, 6). Le Père est le « Puissant » supérieur à tous les autres « puissants », le Seul Dieu ayant la supériorité sur tous. D’entre les autres dieux, aucun n’est puissant, ou grand, s’il n’a pas reçu de Lui sa grandeur, de même que son existence. Et c’est sur ce seul fait que l’attention d’Israël est attirée dans les mots prononcés par Moïse et repris ci-dessus « Ecoute, Israël Jehovah est notre Dieu, Jehovah est un. »
Le terme Jehovah n’est pas un nom commun, comme l’est le mot dieu ; c’est un nom propre, c’est le nom distinctif et personnel du Père Tout-Puisant ; jamais il n’est appliqué à un autre être. Le nom Jehovah, à l’instar des autres noms propres, ne devrait pas être traduit. Dans la version commune anglaise de l’Ancien Testament, la distinction que comporte ce nom est effacée par l’emploi presque généralisé du mot Seigneur. Certains supposent à tort que le nom Eternel s’applique aussi à Christ. Nous citons en conséquence quelques-uns des nombreux versets qui prouvent que ce nom appartient exclusivement à Celui qui est la grande « Cause Première » de toutes choses. « Je suis l’Eternel, c’est là mon nom ; et je ne donnerai pas ma gloire à un autre. » (Esaïe 42 :8.) « Je suis l’Eternel. Je suis apparu à Abraham, à Isaac et à Jacob, comme le Dieu tout-puissant [El shaddai] ; mais je n’ai pas été connu d’eux sous mon nom, l’Eternel » (Exode 6 : 2, 3). « Et qu’ils sachent que toi seul, dont le nom est l’Eternel, tu es le Très-haut sur toute la terre. » — Psaume 83 18, version Darby.
L’Eternel est fréquemment appelé le Sauveur des hommes, parce qu’Il fut l’auteur du plan de salut de l’humanité, notre Seigneur Jésus étant Sauveur dans un sens secondaire puisqu’Il est l’instrument par lequel s’exécute le plan de l’Eternel. David fait une distinction très nette entre l’Eternel et notre Seigneur Jésus, dans le Psaume 110 : 1 — « L’Eternel a dit à mon Seigneur [adon, maître-Christ] assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je mette tes ennemis pour le marchepied de tes pieds. » (Version Darby). Notre Seigneur Jésus et Pierre attirent vigoureusement l’attention sur ce passage de l’Ecriture et sur la distinction qui y est faite. — Luc 20 :41-44 ; Actes 2 :34-36.
Alors que les Saints Ecrits sont très clairs dans leurs affirmations relatives à l’individualité distincte de l’Eternel et de notre Seigneur Jésus, et à l’exacte parenté existant entre l’Un et l’Autre, il paraît étonnant que l’idée d’un Dieu en trois personnes — trois Dieux en un et en même temps un Dieu en trois personnes — ait pu gagner en importance et recueillir l’acceptation générale. Mais le fait qu’elle ait été acceptée d’une manière aussi générale démontre seulement que l’église dormait profondément quand l’ennemi la liait au moyen des chaînes de l’erreur. Nous croyons en l’Eternel, en Jésus et au Saint Esprit, et acceptons entièrement le fait que notre Seigneur Jésus est un dieu — un puissant — mais nous ne pouvons accepter la théorie, déraisonnable et contraire aux Saintes Ecritures, qui veut qu’Il soit son propre père et son propre créateur, et il nous faut rejeter, le considérant comme non biblique, l’enseignement de trois dieux en une personne, ou d’un dieu en trois personnes. La doctrine de la Trinité trouve son début au troisième siècle ; elle ressemble grandement aux doctrines païennes qui prévalaient en ce temps-là, et particulièrement à l’Hindouisme. Le seul texte des Ecritures, qui peut être invoqué pour affirmer que le Père, le Fils et le Saint Esprit sont un Dieu, est une portion des versets 7 et 8 de la première épître de Saint Jean, chapitre 5. Ces versets se lisent comme suit « Car il y en a trois qui rendent témoignage dans le ciel Le Père, le Verbe, et le Saint Esprit ; et ces trois sont une même chose. Et il y en a trois qui rendent témoignage dans la terre l’esprit, l’eau et le sang ; et ces trois sont une même chose [et les trois sont d’accord, version Louis Segond]. » (Ces deux versets sont tirés de la version Le Maistre de Sacy imprimée en 1821 d’après le texte de l’édition publiée à Paris en 1759, trad.). Il est indiscuté et indiscutable que ce texte soit le seul favorable à la conception des Trinitaires. Mais les paroles imprimées ci-dessus en italique sont fausses ; elles furent introduites par les Trinitaires au cinquième siècle, parce qu’il ne se trouvait aucune déclaration biblique pour appuyer leur théorie qui devenait alors populaire, et cela est aussi un fait indiscuté et indiscutable. Les Trinitaires eux-mêmes l’admettent, et toutes les récentes traductions de la Bible omettent les paroles apocryphes. Voyez l’Emphatic Diaglott, la traduction de Young, la Version Révisée, la version de l’« American Bible Union et l’« Improved Version ». (Note du traducteur Les versions citées sont de langue anglaise ; pour les versions de langue française, voyez Segond, Synodale, Darby, Liénart, Crampon.) Cette dernière écrit « Le texte relatif au témoignage « dans le ciel » ne se trouve dans aucun manuscrit grec écrit avant le cinquième siècle. Il n’est cité par aucun des écrivains ecclésiastiques grecs ; aucun des pères latins du début de l’ère chrétienne ne le cite non plus, même quand les sujets qu’il traite devraient naturellement le conduire à en appeler à l’autorité de ce texte ; en conséquence, ce texte est manifestement faux. »
Remarquons que le sens des versets 7 et 8 est tout à fait étranger à celui que renferment les mots ajoutés, écrits en italique ci-dessus ; leur enseignement est en accord parfait avec le contexte, ce qui n’aurait pas été le cas si les mots interpolés étaient admis. L’Apôtre inspiré démontre que le Fils de Dieu «est venu avec de l’eau et du sang » pour être le Rédempteur de l’humanité cela veut dire qu’Il est venu pour se faire baptiser dans l’eau, Son baptême étant le symbole de Son entière consécration jusqu’à la mort, et pour accomplir effectivement son vœu de consécration jusqu’à l’effusion de Son sang au moment de sa mort. Il est venu, « non seulement dans l’eau [non pour se consacrer seulement], mais dans l’eau et du sang» (version Darby), types du baptême typique et du baptême littéral dans la mort. « Et c’est l’Esprit qui rend témoignage, car l’Esprit est la Vérité. » (1 Jean 5 : 6). L’Esprit de Dieu rendit témoignage après le baptême du Seigneur que Celui-ci était le Fils bien-aimé en qui Dieu avait mis toute Son affection (Matthieu 3 :17). Et de nouveau, après le baptême du Seigneur dans la mort, l’Esprit rendit témoignage que Jésus était toujours le Fils bien-aimé de Dieu, en Le ressuscitant d’entre les morts et en L’élevant hautement, à la droite de la puissance du Très-haut. Ainsi, comme l’affirment les versets 7 et 8, il y en a trois qui rendent témoignage que Jésus est le Fils de Dieu l’Esprit, l’eau et le sang. Le témoignage de l’Esprit rendu lors de la consécration du Seigneur et de Son baptême symbolique dans l’eau, et ensuite lors de Sa résurrection, indique que notre Seigneur Jésus est véritablement le Fils de Dieu.
A propos de la formation de la conception trinitaire, le dictionnaire religieux Abbott et Conant, déclare à la page 944
Ce ne fut qu’au commencement du quatrième siècle que le point de vue trinitaire commença à être élaboré et formulé en une doctrine, et qu’un effort fut fait pour concilier cette doctrine avec la croyance de l’Eglise en UN DIEU. « De l’essai fait pour résoudre ce problème naquit la doctrine de la Trinité. » La Trinité « est un trait très prononcé de l’Hindouisme ; elle se discerne dans les mythologies perse, égyptienne, romaine, japonaise, indienne et dans la plus ancienne mythologie grecque. »
Dans le Commentaire Critique de Lange, en rapport avec ce passage apocryphe nous lisons :
Ces mots font défaut dans tous les manuscrits grecs, ainsi que dans le manuscrit du Sinaï (le plus ancien manuscrit connu), et dans toutes les anciennes versions, y compris les latines, jusqu’au huitième siècle. On les trouve après sous trois variantes. En dépit des controverses trinitaires qui eurent lieu, pas un seul père grec, pas un des anciens pères de l’église latins, ne se réfèrent a ces mots. »
Des autorités comme Sir Isaac Newton, Benson, Clarke, Home, Griesbach, Tischendorf et Alford déclarent que ce passage est une interpolation.
Dans la Concordance grecque et anglaise de Hudson (Hudson’s Greck and English Concordance), nous lisons « Ces mots ne se trouvent dans aucun manuscrit grec d’avant le quinzième ou le seizième siècle, et dans aucune des premières versions. » Alford affirme « A moins de se laisser aller à la fantaisie dans la critique du texte sacré, il n’y a pas la moindre raison de les croire authentiques. » Tischendorf dit « Que cette fausse adjonction doive continuer à être publiée comme partie d’épître, je considère cela comme une impiété. » T. B. Woolsey suggère « La vérité et l’honnêteté ne requièrent-elles pas l’élimination d’un tel passage de nos Bibles anglaises, passage que Luther n’a pas inséré dans sa traduction et qui ne s’est glissé dans la Bible allemande que cinquante années environ après sa mort ? »
Adam Clarke, l’érudit commentateur méthodiste, dans ses notes sur ce passage, affirme « Il est vraisemblable que ce verset n’est pas authentique. Il manque dans tous les manuscrits de cette épître écrits avant l’invention de l’imprimerie, à l’exception du Codex Montortii gardé au Collège de la Trinité, à Dublin. Les autres manuscrits, ceux qui omettent ce verset, forment en tout un nombre de cent vingt. Ce verset n’apparaît pas dans la version syriaque et dans toutes les versions arabes, éthiopiennes, coptes, arméniennes, slaves, etc., en un mot, dans toutes les anciennes versions, à l’exception de la Vulgate ; même de cette dernière version, un grand nombre des plus anciens et plus corrects manuscrits n’en font pas mention. On ne le trouve pas non plus sous la plume de tous les anciens pères grecs et même de la plupart des pères latins.
Jean Wesley, le fondateur du Méthodisme, s’efforça de soutenir la doctrine de la Trinité parce qu’il croyait ce verset authentique ; cependant, dans l’un des sermons qu’il prêcha sur ce texte, il cita les paroles de Servet « J’ai des scrupules quand j’emploie les mots « trinité » et « personnes », parce que je ne les trouve pas dans la Bible », et il ajouta « Je voudrais insister seulement sur les mots inexpliqués que l’on trouve dans le texte. »
Il s’attacha fermement à soutenir la doctrine de la Trinité parce qu’il pensait que ce passage apocryphe était véridique, les informations relatives aux anciens manuscrits de la Bible étant en effet récentes. Ainsi, lors de la préparation de la Version [anglaise, trad.] du Roi Jacques, appelée aussi Version Commune, les traducteurs avaient à leur disposition huit manuscrits grecs seulement, aucun d’eux n’étant antérieur au dixième siècle. Mais maintenant, il existe environ sept cents manuscrits dont certains, spécialement le manuscrit du Sinaï et le manuscrit du Vatican n° 1209 sont très anciens, datant du troisième siècle.
Je répandrai mon esprit sur toute chair
Il est une remarquable prophétie en Joël 2 :28-32 qui établit une claire distinction entre l’âge présent, au cours duquel la possession de l’Esprit de Dieu est accordée à un petit nombre seulement, et l’âge millénaire durant lequel la Vérité sera largement diffusée parmi les hommes et son esprit généralement accepté par eux. Cette prophétie est exprimée de telle manière qu’elle peut être facilement mal interprétée ; en effet, la bénédiction prévue pour le grand nombre est mentionnée d’abord, et celle qui a été réservée au Petit Troupeau, et qui est accordée en premier lieu, est mentionnée la dernière. Il en est précisément ainsi de beaucoup de témoignages divins, arrangés et exprimés de telle sorte qu’ils ne sont clairement compris qu’au moment voulu, et constituent alors une nourriture au temps convenable pour la maison de la foi.
Joël déclare [et nous transposons ses paroles dans l’ordre de leur accomplissement] « En ces jours-là, je répandrai mon Esprit sur les serviteurs et sur les servantes ; et il arrivera après cela, que je répandrai mon Esprit sur toute chair. » (Joël 2 :29, 28, d’après la version Darby). Pierre, le jour de la Pentecôte, se réfère à cette prophétie et déclare (Actes 2 :16-21) « C’est ici [l’effusion de l’Esprit de Dieu que vous voyez, sur Ses serviteurs et sur Ses servantes] ce qui a été dit par le prophète Joël ». Tout ce que Joël avait prophétise ne s’est pas accompli devant les yeux des Israélites rassemblés auprès des Apôtres, mais Joël prédit tout ce qu’ils virent, et même davantage. Joël prédit la bénédiction qui a été accordée à la Pentecôte aux serviteurs et aux servantes de Dieu, ainsi que celle qui sera répandue sur toute chair au cours du « grand jour de l’Eternel », du jour millénaire ; il prédit aussi le jour de détresse précédant ce jour millénaire de bénédiction, il s’y réfère dans l’expression symbolique qui suit « Je ferai paraître des prodiges dans les cieux et sur la terre, du sang, du feu, et des colonnes de fumée, etc. »
L’attribution de l’Esprit à toute chair (c’est-à-dire, au genre humain en général), dans l’âge prochain, s’effectuera, dans l’ensemble, de la même manière dont s’effectue maintenant l’attribution de l’Esprit aux serviteurs spéciaux de Dieu. Alors, comme de nos jours, ce sera l’Esprit de la Vérité qui ne pourra être accordé à l’individu si celui-ci ne parvient d’abord à la connaissance des premiers principes de LA VERITE au moins, et s’il ne se consacre au service de Dieu.
Il n’y aura pas de différence entre l’Esprit reçu par l’Eglise au cours de cet âge de l’Evangile, et l’Esprit que recevra la famille humaine en général dans l’âge prochain ; il s’agit du même Esprit et, comme nous venons de le voir, il sera attribué de la même manière, proviendra de la même source (de Dieu) et sera transmis par le même canal, par la Parole de la Vérité. Mais le sceau et le témoignage de l’Esprit de Dieu qui seront alors donnés au monde converti seront très différents du sceau et du témoignage accordés maintenant à l’Eglise. Il est possible que d’aucuns ne comprennent pas sur-le-champ comment le même Esprit, agissant de la même manière, puisse comporter un sceau et un témoignage différents dans chacun des deux âges. Nous espérons que nous saurons expliquer clairement ce sujet.
Observez nettement la dissemblance existant entre les deux âges. Dans l’Age de l’Evangile, le mal prédomine, Satan règne, d’épaisses ténèbres couvrent les peuples et le dieu de ce monde tire avantage de mille manières des faiblesses des hommes déchus ; il présente la Vérité sous un faux jour et habille l’erreur du vêtement de la Vérité. Dans l’Age Millénaire, le mal sera contenu, Christ régnera et dispensera les bénédictions divines, et la lumière de la Vérité pénétrera jusqu’aux moindres plis et replis de l’erreur et en chassera les ténèbres. L’humanité sera aidée à se relever des faiblesses issues de la chute adamique ; le droit et la vérité sur tous les sujets triompheront.
Tout cela, Dieu le prévit ; Il prévit que l’épreuve que subirait celui qui posséderait Son Esprit et voudrait être guidé par Lui, serait beaucoup plus sévère dans l’Age de l’Evangile que dans l’Age Millénaire. Il décida néanmoins qu’il en fût ainsi afin de sélectionner un « Petit Troupeau » de personnes particulièrement zélées pour les employer à l’œuvre de bénédiction du monde et montrer quelles immenses richesses de grâce Il réserve à ceux qui sont disposés à Le servir au prix du sacrifice de soi-même.
Dieu sut à l’avance que quiconque voudrait vivre pieusement dans le monde [âge] actuel —quiconque recevrait l’Esprit de la Vérité et serait guidé par lui — souffrirait persécution et dommages temporels ; Il sut à l’avance que quiconque posséderait Son Esprit et se laisserait diriger par lui, vivant parmi ceux qui ont « l’esprit du monde », esprit opposé à l’Esprit de Dieu, ne pourrait le faire qu’au prix du sacrifice de soi-même. Dieu avait le droit absolu de promettre à de tels « sacrificateurs », desquels notre Seigneur Jésus est le Chef et pour lesquels Il est un exemple, un « prix » spécial, un « haut-appel » infiniment grand et précieux, le changement de la nature humaine à la nature divine, si tel était Son gré. Et c’est ce qu’Il a choisi de faire. « Et c’est ici la promesse que Lui nous a promise. »(1 Jean 2 25, Darby). La promesse d’être rendus semblables à Christ notre Seigneur, de vivre avec Lui, de régner avec Lui, d’être Son cohéritier, n’est pas faite à tous ceux qui recevront le Saint Esprit de Vérité, mais à ceux qui souffrent pour la justice, qui risquent et sacrifient leur vie pour la Vérité, qui souffrent et meurent avec Christ, complétant ce qui reste des afflictions de Christ, avec le désir ardent de servir Son Corps, qui est l’Eglise.
Aussi sûrement que les « souffrances de Christ » seront complétées et prendront fin avec cet âge, et que les gloires qui suivent débuteront avec l’âge prochain, et aussi sûrement il sera impossible, à ceux qui posséderont l’Esprit de la Vérité dans l’âge prochain, de souffrir et de se sacrifier par obéissance à cet Esprit. En conséquence, l’Esprit ne leur témoignera jamais qu’ils sont cohéritiers avec Christ, ou qu’ils deviendront Nouvelles Créatures, qu’ils seront rendus participants de la nature divine.
Le témoignage de l’Esprit est pour ceux à qui le Père a préparé ces excellemment grandes choses. Il est pour ceux qui se sacrifient et qui, après avoir subi beaucoup d’oppositions, de tribulations et de contradictions, seront reconnus « plus que vainqueurs », membres du « Corps de Christ ».
Mais ceux qui recevront l’Esprit de la Vérité dans l’Age Millénaire, recevront par là-même un témoignage également. L’Esprit leur attestera qu’ils ont été acceptés par Dieu du fait de leur foi en Christ, leur Rédempteur. Il rendra alors un témoignage presque contraire de celui qu’il rend actuellement, dans la mesure où cela concerne les tribulations. Celui qui passera alors par des tribulations, recevra de l’Esprit le témoignage qu’il se conduit mal et qu’il déplait au Roi, tandis que celui dont les affaires prospèreront aura par là le témoignage de l’Esprit qu’il se conduit bien et que le Roi prend plaisir en lui, selon qu’il est écrit « En ses jours [dans le jour Millénaire], le juste fleurira » et les méchants seront retranchés ; et encore « Tribulation et angoisse sur toute âme d’homme qui fait le mal, sur le Juif premièrement, puis sur le Grec » (Ps. 72 :7 ; Rom. 2 :9.) Sous cet ordre de choses, ceux qui feront le bien s’élèveront peu à peu vers la perfection humaine. Souvenons-nous en, l’HOMME est l’image terrestre de Dieu ; en conséquence, l’esprit, la mentalité d’un homme parfait doit être en harmonie avec l’esprit, la mentalité de Dieu. Ce sera particulièrement le cas des hommes rétablis à la perfection qui, dans leur état de déchéance et ensuite au cours de leur relèvement, auront appris à se fier à l’Esprit divin, à lui obéir implicitement et, de cette manière à être conduits par l’Esprit de la Vérité.
L’inauguration de l’œuvre qui s’effectuera en faveur du monde peut être l’occasion de quelque manifestation prononcée de l’acceptation divine, comme le jour de la Pentecôte ; toutefois, il ne doit pas en être nécessairement ainsi. La Parole de la Vérité et son témoignage peuvent être les seuls éléments dont Dieu se servira alors ; s’il en est ainsi, ils suffiront pleinement à la foi.
L’Esprit de la Vérité pourra être aussi, pour les hommes, un Esprit d’engendrement, les engendrant de nouveau comme fils humains de Dieu
Adam était fils de Dieu avant de pécher depuis sa chute, toute sa postérité est comptée comme retranchée, comme morte ; seul le retour à la perfection, par le moyen de la rédemption et du rétablissement, lui rendra la vie. Bien qu’engendrés de l’Esprit de la Vérité, les hommes devront se montrer dignes d’être rétablis à la condition complète de fils (ce qui sera leur naissance), avant la fin de l’Age Millénaire ; étant alors rendus parfaits par Christ, ils pourront être présentés au Père comme fils. — 1 Cor. 15 :24.
En nous faisant projeter la lumière d’un verset sur un autre, Dieu dissipe les buées de l’erreur traditionnelle, révèle Son caractère glorieux et nous donne une meilleure connaissance de Lui-même et de Son cher Fils, par Lequel Il accomplit notre rédemption. Avec une claire compréhension de la personnalité distincte de chacun d’Eux, on reçoit une claire compréhension de nombre de passages bibliques. Nous sommes ainsi à même d’apprécier plus intelligemment ce qu’ont fait pour nous et notre Père Céleste et notre Seigneur Jésus, et de rendre à chacun l’honneur qui Lui revient. Et lorsque nous examinons l’harmonie magnifique dans l’affection paternelle et filiale qui les lie, et que nous l’étudions à la lumière du grand Plan de Dieu, nous y trouvons pour l’éternité un sujet de louange digne d’imitation.
« Ecoute Israël, l’Eternel est notre Dieu, l’Eternel est un. Et tu aimeras l’Eternel, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force », car Il en est digne. Etudie Son caractère, contemple Sa gloire — dans Sa sagesse, Son amour et Sa puissance —, et lorsque tu Le comprendras pleinement, et que tu reconnaîtras en Lui la source de toute bénédiction, aucune créature dans le ciel et sur la terre ne saura ravir de ton cœur la première place qui Lui revient de droit.
Notre bienheureux Seigneur Jésus Lui-même ne rivalise pas avec l’Eternel pour occuper dans notre cœur cette première place, cette place principale. Il déclara en une occasion « Mon Père est plus grand que moi » ; Son désir le plus cher était d’honorer Dieu quoi qu’il dût Lui en coûter, même au prix de l’abaissement et de l’humiliation jusqu’à la mort. Aussi Dieu L’honora-t-Il hautement ; au point de Le faire asseoir à Sa droite, de Lui accorder puissance et gloire, d’ordonner à toutes Ses créatures d’honorer le Fils comme elles honorent le Père. En caractère et en gloire, notre Seigneur est l’image expresse du Père ; Il est intimement associé à tous les plans de Dieu ; aussi, l’amour que nous portons pour l’Un tombe naturellement sur l’Autre, et la seule distinction que nous percevons, que nous sentons dans notre amour envers Eux est que l’Un est l’éternelle source de laquelle procèdent le bonheur, la gloire et une bénédiction sans mélange, et l’autre l’intarissable fleuve qui transmet ces bienfaits.
Avant de quitter cet important sujet, poursuivons encore un peu son examen, et considérons ce qu’a voulu dire l’Apôtre Paul quand il a parlé de L’esprit de sobre bon sens, de cet esprit si nécessaire à une claire compréhension de la Vérité et à une obéissance correcte à cette Vérité. Fasse Dieu que l’étude soigneuse et pieuse de ce sujet dans son ensemble remplisse de plus en plus Ses enfants de Son Esprit Saint et les pare des fruits de cet Esprit L’Apôtre déclare « Car ce n’est pas un esprit de timidité que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de sagesse. » — 2 Tîm. 1 : 7.
Le mot esprit est employé ici dans le sens de disposition mentale. Ainsi nous-mêmes nous parlons parfois d’un mauvais esprit, voulant parler d’une mauvaise disposition, ou d’un bon, d’un véritable esprit, voulant dire une disposition pure, noble, aimable. L’Apôtre de même se réfère ici à la disposition du sobre bon sens.
Le sobre bon sens est un esprit dans un état sain et en pleine possession de toutes ses facultés. Ses facultés perceptives recueillent diverses données et les gardent en dépôt dans le grenier de la mémoire ; ses facultés de raisonnement les arrangent, les comparent et arrivent ainsi à des conclusions auxquelles on ne pourrait parvenir autrement. Toutefois, si l’état de l’esprit n’est pas sain, la raison ne s’exercera pas correctement. Cet esprit-là emmagasinera dans la mémoire une abondance de faits et, en les appliquant et les employant mal à propos, tirera des conclusions erronées. Si l’esprit est troublé par la peur, par une crainte injustifiée, s’il est travaillé par la superstition, par des préjugés, par la haine, par une soif de vengeance, s’il est dominé par une ambition inconvenable, par l’orgueil, par la présomption, par l’avarice ou par une disposition dépravée quelconque, la raison en sera tellement influencée que ses conclusions, ses jugements seront douteux. L’esprit est sain seulement lorsqu’il est en pleine possession de toutes ses facultés et lorsque, dans l’usage de ces facultés, il est entièrement affranchi de toute opinion préconçue, de tout penchant. Ceux parmi les hommes qui sont le plus affranchis des préjugés dans l’exercice de la raison, nous les appelons parfois, et à bon droit, hommes de sang froid, tandis que ceux qui manifestent une disposition opposée, nous disons que ce sont des emportés.
A strictement parler, il n’existe pas dans le monde d’esprit parfaitement sain. L’esprit ne saurait être parfaitement sain si le corps ne l’est. L’esprit comme le corps ont été tristement abîmés du fait de la déchéance ; au sein de la race humaine déchue se voient toutes les nuances et toutes les catégories de dérèglements mentaux et physiques. Remarquez les variétés du dérèglement physique l’un souffre de l’estomac ; c’est un dyspeptique. Ce mal affecte le corps entier dans une mesure plus ou moins grande. Chez un autre, c’est le cœur qui ne fonctionne pas très bien ; tout le corps en souffre. La même chose est vraie si les poumons ne remplissent pas la fonction qui leur est propre, si le foie n’accomplit pas sa tâche ou si le système nerveux est ébranlé. En pareils cas, l’esprit est toujours plus ou moins touché. Si le corps brûle de fièvre, s’il est accablé de douleurs, agité par un système nerveux excité, oppressé par les détresses d’un estomac dyspeptique, s’il est agité par un cœur palpitant ou affaibli par des poumons paresseux, malades, l’esprit souffre en conséquence ; il est faible, malade, gêné dans l’exercice de ses facultés ; il n’arrive plus à les maîtriser, à s’en servir correctement.
La malédiction du péché et de sa pénalité a fait tomber sa lourde main sur l’homme tout entier, sur son esprit et son corps. Si un membre du corps souffre, le corps entier, et non moins l’esprit, souffre avec lui. En plus des souffrances de l’esprit qui proviennent directement d’insuffisances physiques, il en est beaucoup d’autres qui proviennent de désordres mentaux, du développement inconvenable d’instincts inférieurs et du rabougrissement de nobles facultés provoqué par le péché et par un travail pénible, accompli à la sueur du front et constituant une partie de la pénalité encourue par suite du péché. A vrai dire, il n’est aucun homme qui soit parfait (absolument sain de corps ou d’esprit), non, aucun. Tous sont atteints de différents maux, à la fois mentaux et physiques, bien qu’il y ait différents degrés dans ces maux.
Oh protestera quelqu’un, le monde ne me paraît pas à ce point dérangé mentalement. Les hommes sont, dans une mesure considérable, sujets à des troubles physiques ; du point de vue moral, beaucoup se conduisent mal, mais il me semble que, du point de vue mental, on ne peut rien leur reprocher. Qu’y a-t-il pour prouver que les hommes sont en général affectés de désordres mentaux?
Voyons la chose de plus près. Si nous entrons dans un asile d’aliénés, nous y voyons des gens à ce point déséquilibrés mentalement qu’ils sont incapables de s’occuper de leurs propres affaires. Ils risquent souvent de nuire aux intérêts des autres, aussi bien qu’aux leurs, parce qu’ils sont incapables de juger convenablement des choses. Mais nous savons que nous avons autour de nous des voisins dont les jugements, de même que les nôtres d’ailleurs, sont très imparfaits. Et il n’est pas rare de voir certains parmi eux, incapables de diriger honorablement leurs propres affaires, chercher à s’occuper des affaires des autres et leur causer ainsi de gros ennuis. La vanité les rend bavards et indiscrets quand il s’agit des affaires des autres hommes alors qu’eux-mêmes ne savent pas administrer les leurs. C’est là la marque d’un esprit malade, d’un esprit altéré par une dose d’insanité.
Quel homme d’affaires n’admettra pas que maintes fois, après avoir usé de ses meilleures facultés de raisonnement, il a quand même mal agi alors qu’il aurait dû savoir mieux faire. Le grand nombre d’échecs qui se constatent dans les affaires, ainsi que les faux succès en général, attestent que la majorité des gens n’a pas un jugement absolument sain. Témoignent du même fait le grand nombre de familles mal élevées, de mariages malheureux, de tempéraments déréglés, d’habitudes sordides, extravagantes ou folles, etc. etc. La cause profonde de cet état de choses est un esprit maladif. Et personne ne sait mieux que l’homme responsable d’un désastre financier, ou que celui qui s’est gravement mépris dans le choix d’une femme, ou que la femme qui a accepté pour mari un homme mauvais, qu’un jugement incorrect, une défaillance d’esprit ont été la cause de son malheur. De même, l’avarice, l’orgueil et d’autres défauts sont des indices de déséquilibres mentaux aussi bien que moraux et physiques. Il arrive parfois qu’un homme manifeste une justesse d’esprit moyenne sur beaucoup de sujets, mais qu’il se leurre grandement dans l’appréciation d’un sujet particulier. Il raisonne intelligemment sur tout autre sujet, mais sur ce sujet-là il ne le peut.
conclusions. Tant de gens se fourvoient sur certains points que les hommes en général ne considèrent plus la mauvaise conduite comme mauvaise, et qu’ils sont prêts à qualifier de déséquilibrés ceux qui ne se joignent pas à eux dans leurs excès.
Représentez-vous un homme assis au bord d’une rivière avec un long rateau dans les mains et tirant hors de l’eau bouchons, brindilles et déchets de toutes sortes. Il transporte et accumule à grands frais ces débris dans une grange quelque part. Vous le voyez peiner ainsi jour après jour, dans un but aussi déraisonnable, et vous vous dites cet homme est un insensé. Pourquoi ce jugement ? Parce que l’homme en question dépense son temps et ses efforts à des choses que l’on ne peut que qualifier de stupides lorsqu’on les examine du point de vue de la raison. Il est vrai que tous les hommes ne sont pas à ce point déraisonnables, mais une disposition du même genre opère parmi la race humaine entière sur certains points. Il y a chez les uns le désir d’accumuler des richesses. Ce désir est l’indice d’un esprit malade, mais l’opinion populaire ne le considère pas de cette manière. Il est des milliers de personnes qui ont beaucoup d’argent, au point qu’elles ne savent plus quoi en faire. Le soin qu’elles en prennent leur cause beaucoup de soucis, d’inquiétude ; elles l’accumulent à force de travail et de peines. Et, bien qu’elles en aient tant, elles mentiront, tromperont, voleront et frustreront leurs meilleurs amis pour en obtenir davantage, pour, en fait, ajouter des charges plus grandes à leur fardeau déjà lourd et s’attirer les calomnies et la haine de ceux qu’elles ont frustrés. Quelle conclusion s’impose naturellement à nous à propos de telles personnes ? L’homme qui agit de cette manière a l’esprit malade. Ce jugement a cependant trait à un comportement couramment approuvé par les gens. D’autres personnes, mues par une disposition similaire mais qui ne réussiront pas toujours comme cet homme-là diront Cet homme est un grand homme ; le but qu’il poursuit est le but suprême de la vie qu’il continue et qu’il devienne cent fois millionnaire (à moins que je ne réussisse à le duper)
Comment un esprit véritablement sain devrait-il juger pareilles façons d’agir ? Comment Dieu les considère-t-Il quand, jetant Ses regards sur les hommes, Il les voit user de tromperies, combattre les uns contre les autres pour voler l’un à l’autre de l’argent, ou du blé ou une céréale quelconque, et ensuite lutter, comme si leur propre vie était en danger, pour garder et conserver leur butin ?
Pour Dieu, elles sont le fruit d’un esprit malade, la manifestation du déséquilibre mental et moral engendré par le péché. Dans un esprit bien équilibré, les énergies seraient divisées en énergies accumulatrices et en énergies utilisatrices; des choses bonnes, nobles seraient recherchées, à l’effet d’apporter à l’être lui-même et à ses contemporains quelque avantage réel. Mais la pratique commune à tous les hommes consiste à accumuler des richesses pour la postérité ; la postérité les reçoit avec ingratitude plutôt et les emploie généralement pour son propre malheur. — Ps. 49 :10,13.
Il est un autre sujet en rapport avec lequel la masse des hommes révèle une déficience d’esprit que les gens en général ne perçoivent pas, c’est l’insouciante propagation de la race humaine, accomplie sans accorder l’attention voulue aux moyens de subsistance, à la santé, au service spécial de Dieu auquel certains ont consacré leur tout, et, souvent, sans prendre en considération les nécessités élémentaires de la vie ; des hommes accablent ainsi leurs femmes, qu’ils professent aimer et qu’ils se sont engagés à soutenir et à défendre, de fardeaux et de soucis qu’elles ne peuvent supporter mentalement ni physiquement et dont, souvent, elles sont heureuses de pouvoir être libérées, quand le refuge de la tombe silencieuse leur ouvre sa porte. Les enfants, mentalement et physiquement malades, qu’elles n’ont pas pu élever et aux besoins desquels le père est incapable de subvenir, ajoutent alors leur poids de misère, de dépravation mentale, morale et physique, aux gémissements douloureux que pousse un monde angoissé, affligé.
Le commandement a été donné, il est vrai, de croître, de multiplier et de remplir la terre, mais la paternité humaine devrait s’inspirer de la paternité divine qui pourvoit aux besoins de chaque fils. Le fils est un héritier. Si le sobre bon sens dirigeait un homme, celui-ci ne se chargerait pas des responsabilités d’un mari, ou d’un père d’une nombreuse famille, s’il savait qu’il lui était impossible d’engendrer des enfants sains ou de subvenir à leurs besoins jusqu’au moment où eux-mêmes sauraient le faire. La déficience mentale manifestée de cette manière a fait monter des gémissements de milliers de foyers et a détruit dans le germe les plantes fragiles de l’amour et de la paix ; et le combat pour l’existence a fait disparaître de ces foyers, les éléments de la concorde et du bon sens.
Si l’esprit de sobre bon sens avait opéré ici, l’amour et l’entente prévaudraient dans une très grande mesure et une postérité bien portante, heureuse, accueillie avec joie, grandirait pour remercier la main éducative et soucieuse de la mère, pour honorer la bienveillante prévoyance du Père et pour imiter leur exemple honorable.
N’est-il pas en outre vrai que ceux qui ont tout consacré au service du Seigneur ont, somme toute, peu de choses à Lui offrir, même lorsqu’ils ne se chargent pas les mains de fardeaux et de soucis terrestres non indispensables ? La mission et le privilège incombant à ceux-là ne sont-ils pas plutôt de nourrir et d’habiller, spirituellement, les enfants de Dieu ?
Mais il est nombre d’autres manifestations d’insuffisance mentale parmi les hommes ; elles ne sont pas aussi générales et cependant elles sont très nombreuses, existant sous une forme ou sous une autre. L’une est par exemple l’avarice. L’avare saisit chaque sou et le serre fortement dans sa poche. Il marchandera et se disputera pour engager le pauvre à vendre à vil prix le peu de biens qu’il possède et qui sont nécessaires aux besoins de sa famille. L’avare privera les siens du confort nécessaire qu’il sait pouvoir leur procurer, et que les siens savent qu’il peut leur procurer ; mais il le leur refuse et ce faisant il introduit un élément de discorde dans un foyer qui pourrait être heureux et prospère. Serrant sa fortune sur son cœur, il descend dans la tombe et ses enfants se rassemblent pour se disputer l’héritage et haïr ensuite jusque la mémoire même de leur père. Oh quelle erreur
Un autre homme sera prodigue ; sa prodigalité lui apportera beaucoup de satisfaction personnelle ; il dépensera sans se soucier des conséquences futures qu’entraînera son défaut. La prodigalité est préférable à l’avarice extrême elle se fonde cependant sur le même principe méprisable de l’égoïsme qui ignore les intérêts des autres, et même les intérêts personnels futurs. Ni l’avare ni le prodigue n’ont conscience de l’insuffisance mentale dont ils sont affligés. L’avare se félicite de ne pas être prodigue, et le prodigue de ne pas être avare, mais aucun d’eux ne songe jamais au fait qu’il est allé jusqu’à l’extrême opposé de l’autre.
Oh puisse le monde recevoir comme bénédiction un esprit sain ! Quelle rénovation il en résulterait ! Quelle transformation en toutes choses ! C’est justement ce qui se fera lorsque la grande œuvre du Rétablissement sera entièrement achevée.
Mais remarquez que l’Apôtre, en 2 Tim. 1 : 7, parle des saints et il déclare que ceux-ci possèdent aujourd’hui l’esprit de sobre bon sens. Ils ne sont pas effectivement sains, ni d’esprit ni de corps ; comme les autres hommes, ils ont leurs faiblesses mentales, physiques et morales ; mais ils ont reçu de Dieu Son Esprit et, avec cet Esprit, une mentalité saine laquelle, sous la direction de Dieu, peut dans une grande mesure corriger la conduite de l’homme, le gouverner, le diriger. Posséder une mentalité saine est par conséquent ce qui devrait être désiré au-dessus de tout, et tous ceux qui se rendent compte de leurs insuffisances devraient faire immédiatement appel au grand Médecin qui déclare « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos ». Et ceux qui sont venus à Lui peuvent témoigner de Ses aptitudes, car, sous l’effet magique de Son toucher salvateur, les vieilles choses — les anciennes dispositions telles la crainte, la superstition, les mauvais penchants, les faiblesses, le non-sens — sont passées et toutes choses sont devenues nouvelles. L’esprit d’amour et de sobre bon sens a pris la place des vieilles choses, et nous donne une puissance accrue pour nous permettre de gouverner tout notre être, alors que nous tendons vers la mesure de la stature parfaite de Christ, que nous devenons complets en Lui.
C’est dans cette ligne de pensées que se situe le conseil de l’Apôtre recommandant de ne pas connaître selon la chair, comme hommes, mais selon leur esprit, leur intention réelle, ceux qui ont reçu la nouvelle mentalité ; nous devons les connaître comme Dieu les connaît ou le reconnaît (2 Cor. 5 :16). L’Apôtre Pierre déclare
« Car 1’Evangile a été aussi annoncé aux morts [à ceux qui sont reconnus comme morts au péché, mais vivants envers Dieu et envers la justice] afin qu’ils soient jugés, en chair [d’après les signes extérieurs], par les hommes, mais, en Esprit [d’après leurs réels motifs et intentions], par Dieu. » (Le texte grec supporte cette traduction, tandis que nos versions communes voilent la signification réelle de ce verset).
Lorsque nous venons au Seigneur, ce qu’Il exige de nous, c’est que nous soumettions entièrement notre esprit à Lui, que nous mettions entièrement de côté nos idées, nos projets, et que nous acceptions d’être désormais guidés par Lui. Seuls ceux qui se sont ainsi consacrés pour accomplir Sa volonté, possèdent l’esprit de sobre bon sens, une disposition d’esprit saine.
L’esprit de sobre sens, une fois imparti à quelqu’un, commence sur-le-champ à effectuer chez ce quelqu’un, sous la direction divine, un travail de mise en ordre. Et il commence à l’endroit voulu. Il commande à la volonté d’exercer ses facultés et maintient son emprise sur le corps et l’esprit ; il place la raison au gouvernail avec pour guide la Parole de Dieu ; il scrute le cœur en se servant de la lampe de la Vérité divine, allumée par le Saint Esprit, pour voir quelle maladie le péché y a développée ; ensuite, s’adressant avec foi au Médecin désigné par Dieu, il Lui demande l’énergie et la capacité de résistance voulues il commence et poursuit son œuvre de transformation, rendant la mentalité de plus en plus saine, même si les infirmités du corps poussent l’être dans une direction opposée. Les enfants de Dieu sont ainsi « transformés par le renouvellement de leur esprit ». Et seuls ceux qui ont leur esprit transformé peuvent savoir quelle est en toutes choses la sainte et parfaite volonté de Dieu.
Une certaine froideur et la nonchalance gagnent parfois les enfants de Dieu qui cessent presque d’aspirer à la santé de l’esprit et de la rechercher. Puissent ceux-là se souvenir que cette tiédeur répugne au Maître (Apoc. 3 :16) ! Que les consacrés qui ont les yeux fixés sur la récompense attachée à notre haut-appel se souviennent qu’une incessante vigilance, un combat ardent contre les penchants du vieil esprit malade, une soumission constante à la volonté divine dans les plus petites affaires de la vie quotidienne, sont les meilleures preuves attestant notre fidélité à Dieu. Il est de toute importance, alors que nous nous efforçons de servir fidèlement le Seigneur en portant à d’autres la bonne nouvelle de la Vérité, de ne pas faillir à ce qui est l’œuvre la plus importante entre toutes, à la discipline et à la culture de soi-même, sous la direction divine. La vie quotidienne des saints fidèles sera un sermon pour tous ceux qui connaissent ces derniers, un sermon tel que les lèvres mêmes ne sauront rendre. S’il n’en est pas ainsi, si l’avarice, la mesquinerie, l’orgueil, l’égoïsme, la mauvaise humeur, des habitudes non recommandables se remarquent toujours dans notre conversation, nos lèvres feraient mieux de garder le silence sur les choses relatives à la piété, et de ne s’ouvrir que devant Dieu, dans nos demeures. Là, nous pouvons parler librement à Dieu et Lui demander de nous renouveler Sa grâce pour nous aider à vaincre les dispositions de notre vieil esprit taré, afin que notre vie quotidienne fasse l’éloge de notre Rédempteur. Nos enfants, nos voisins, nos amis et tous ceux qui nous connaissent comme interprètes de la Vérité divine, cherchent les fruits recommandés par la Vérité dans notre vie de tous les jours et qu’ils l’avouent ou qu’ils ne nous le disent pas, ils jugent cette Vérité en conséquence. Efforçons-nous de laisser ainsi notre lumière briller. Nous ne prendrons jamais assez de soins pour montrer à notre entourage que nos pensées sont gouvernées par la pensée divine, pour lui montrer quel soin, quelle prudence l’esprit de sobre bon sens a développée en nous.
A mesure que la pensée divine s’assujettit nos pensées, elle développe en nous de nobles traits de caractère. Elle nourrit nos pensées de Vérités divines ; elle les force à s’élargir et prend possession de l’être ; elle subjugue nos basses inclinations et leur assigne une place convenable, définie, au service de la nature nouvelle, supérieure. Elle élève l’esprit au-dessus de l’étroite sphère individualiste et attribue à l’homme une tâche dans le service bénévole accompli pour le Seigneur et consistant à bénir les autres hommes elle montre à cet homme le Plan divin et lui apprend qu’il peut y avoir sa part, qu’il peut participer non seulement aux avantages qu’offre ce plan, mais aussi au grand travail auquel il invite, celui de coopérer avec Dieu. C’est de cette manière que le saint gagne la ressemblance divine et jouit de la communion et de l’amitié avec Dieu.
Très bien, dira quelqu’un, si nous critiquons ceux qui passent leur temps à amasser de l’argent, et d’autres qui le gaspillent différemment, ceux-ci nous critiquent aussi et disent que nous sommes également malades mentalement parce que notre conception de la vie est tout à fait différente de celle que s’en fait le monde en générai. Que répondrons-nous à cette commune accusation portée contre nous ?
Nous ne pouvons leur rétorquer qu’il fut un temps où nous pensions et agissions comme eux, mais que maintenant nous possédons la mentalité de Christ. Nous ne pouvons nous attendre à ce qu’ils s’accordent avec nous et recommandent notre façon de penser et notre conduite, car peuvent le faire seuls ceux qui se laissent gouverner par une conception des choses analogue à la nôtre et inspirée d’En-haut. La seule manière de plaire à tous les malades mentaux enfermés dans un asile d’aliénés serait d’accepter leurs idées et d’agir comme eux. Pareillement, la seule manière de plaire au monde est d’accepter ses idées erronées et d’agir comme lui. Mais lorsque nous recevons nos idées de la Parole de Dieu et reconnaissons que les idées du monde sont contraires à cette Parole, nous savons alors, en nous appuyant sur l’autorité de Dieu, que nous possédons la disposition, l’esprit de sobre bon sens, bien qu’il nous faille lutter constamment contre les insuffisances de notre esprit naturel pour le maintenir assujetti à la volonté divine. Souvent, les enfants de Dieu ne sont pas meilleurs que les hommes moyens du monde. ; parfois, ils sont de par nature plus imparfaits que nombre de gens du monde. Comme hommes ou comme femmes de la race adamique, ils sont affligés de toutes sortes d’imperfections, mais lorsque l’esprit de sobre bon sens sous la direction de Dieu, se saisit d’eux il les transforme et embellit leur caractère par les actes qu’il leur inspire et par la Vérité dont il les éclaire. Et, bien-aimés, si cette œuvre transformatrice ne s’accomplit pas en nous, nous sommes des branches mortes ou mourantes qu’il faudra tôt ou tard retrancher de la vigne. « Tout sarment qui est en moi et qui ne porte pas de fruits [de fruits de l’Esprit], il le retranche. » — Jean 15 2.
Nous devons donc permettre à cette œuvre de transformation de continuer a s’effectuer dans notre cœur et faire en même temps tout ce qui est en notre pouvoir pour inspirer à d’autres le même esprit et le cultiver en eux. Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte et de peur superstitieuse de Lui, mais de puissance, d’amour et de sobre bon sens. Et lorsque nous nous sommes défaits de notre esprit malade et l’avons remplacé par la pensée divine telle qu’elle est exprimée dans Sa Parole, nous savons que nous possédons l’esprit de sobre bon sens, quelle que soit la manière dont les autres hommes puissent le considérer.
W. T. 1410 – C.T.R. 1892