« Que toute amertume, et tout courroux, et toute colère, et toute crierie, et toute injure, soient ôtés du milieu de vous, de même que toute malice ; mais soyez bons les uns envers les autres ». — Ephésiens 4 31, 32.
Le même Apôtre qui prononça les paroles de notre texte, a autre part décrit les fruits énumérés ici comme étant des œuvres de la chair et du diable. Il nous dit que ceux qui pratiquent ces choses n’hériteront pas le Royaume de Dieu. Il indique que ces traits de caractère sont inhérents à notre nature déchue. Mais nous qui avons laissé le monde et qui avons renoncé à son esprit, nous sommes dans l’obligation des plus solennelles, en tant que Nouvelles Créatures en Christ, de soumettre la nature déchue, avec ses tendances à faire le mal, à la nouvelle nature, de placer la vieille créature sous le contrôle de la pensée de Dieu, du saint Esprit, de la sainte volonté, crucifiant la chair et amenant toute pensée captive à l’obéissance du Christ.
Saint Paul met en contraste ces fruits de l’Adversaire et du corps déchu avec les précieux fruits de l’Esprit de Dieu. L’Esprit de Dieu est céleste, divin, tandis que celui du monde est « terrestre, sensuel, diabolique ». La foi, la bonté, la résignation, la douceur, la patience, la paix, la maîtrise de soi et l’amour, sont tous des fruits célestes. Ils sont l’opposé même de l’esprit de l’Adversaire. A mesure que nous nous efforçons de faire la volonté de Dieu, de cultiver les qualités agréables du Saint Esprit, nous nous trouvons en guerre continuelle avec les faiblesses héréditaires de notre corps déchu. Certains peuvent réussir, dans un temps relativement court, à remporter dans une large mesure la victoire sur ces œuvres de la chair et du diable, tandis que d’autres peuvent avoir à livrer un grand combat. Mais la victoire sur la disposition au mal doit être gagnée, autrement l’entrée dans le Royaume ne nous sera jamais accordée. Le Seigneur regarde attentivement avec quel zèle et avec quelle ardeur nous nous efforçons de nous débarrasser de ces œuvres de la chair déchue, de ces mauvais traits de caractère. Connaissant sa propre faiblesse naturelle, chacun de nous doit veiller sur soi-même et se tenir sur ses gardes, être prêt à crier à l’Eternel pour être secouru, et remplir son cœur et son esprit de la Parole de l’Eternel, afin de se garder pur et libre de tout péché.
L’analyse de l’exhortation de l’Apôtre, contenue dans notre texte, paraît montrer que Saint Paul a voulu mentionner tout d’abord les traits de caractère les plus mauvais. Il cite pour commencer l’amertume. L’amertume est une condition acariâtre, qui est tout à fait l’opposé de la douceur. Elle témoigne d’un ressentiment contenu dans le cœur, et elle est étroitement liée au dernier trait mentionné, la malice. Lorsque quelqu’un possède de la malice dans le cœur, il est poussé à être malveillant envers les autres et il cherche à leur faire du tort. L’esprit d’amertume et de malice, une fois entré dans le cœur, est très susceptible de s’étendre à toutes les affaires de la vie et à faire chavirer complètement la Nouvelle Créature. Son effet est des plus funestes. Bien qu’il soit possible à quelqu’un de se mettre en colère, de se sentir vindicatif momentanément, sans aller jusqu’à nourrir un sentiment d’amertume qui est toujours durable, sans développer de malice en soi, cependant la colère et l’emportement sont des fruits de la chair coupables, dangereux et, s’ils ne sont pas vaincus, conduisent en toute certitude à l’amertume et à la malice.
«Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous »
La Parole de l’Eternel nous adresse cet avertissement : « Que le soleil ne se couche pas sur votre colère ». (Eph. 4 : 26). Quelle que soit la provocation dont quelqu’un a pu être l’objet, il devrait veiller à ce que le différend soit réglé aussi rapidement que possible. La colère et le courroux ne doivent être ni entretenus ni encouragés ; car il est sûr qu’elles conduiront à une amertume et à une haine permanentes. Le mot colère ne semble pas être si fort que le mot courroux. Le courroux, chez un être imparfait et déchu, paraît être une colère profonde, déterminée et durable, quelque chose qui éprouve du ressentiment et qui use de représailles. L’injure est une chose plus raffinée, plus subtile, plus trompeuse et plus malicieuse. Beaucoup de gens deviennent si faibles dans leur caractère, si mal équilibrés, qu’ils ne savent pas comment appliquer convenablement la règle d’or dans leur vie quotidienne. Ils disent sur d’autres des choses qu’ils ne souhaiteraient pas que les autres disent sur eux. Ils traitent les autres d’une manière dont ils ne souhaiteraient pas que les autres les traitent eux-mêmes. Toutes ces façons d’agir devraient disparaître entièrement des enfants de Dieu, de ceux qui ont contracté une sainte alliance avec l’Eternel et qui prétendent être des ambassadeurs de Dieu.
Nous ne disons pas qu’il n’existe pas de juste colère, de juste courroux. « Le Dieu fort s’irrite tous les jours contre le méchant » (Ps. 7 : 12 Ost.). Même actuellement Sa juste colère est allumée contre les nations de la terre, et Il les frappe en vue de leur complet renversement. Si toute colère était mauvaise, alors Dieu Lui-même serait coupable de péché. Mais le courroux de Dieu, Sa colère, est toujours d’un genre convenable. Ce n’est pas une colère ou une amertume charnelle. Dieu est en colère contre le méchant, et cette colère signifie qu’Il veut le punir. Les Ecritures, cependant, ne disent jamais que Dieu est cruel ou malicieux. Dieu est amour. Il est patient et bon, même envers le méchant. Il fait tout avec justice et avec amour.
Maintenant, s’il est juste pour Dieu d’avoir une certaine colère, un certain courroux, serait-il juste pour nous de nous mettre en colère ou en courroux en toute occasion ? Ainsi que nous l’avons donné à entendre, il peut y avoir des fois où l’on peut se mettre en colère à bon droit. Par exemple, nous devrions ressentir, jusqu’à un certain degré, une juste colère contre nous-mêmes. Si nous constations que nous n’avons pas profité comme il fallait des occasions favorables qui nous sont offertes, si nous avons été insouciants ou négligents dans la surveillance de nos « pensées, paroles et actions », nous pourrions à juste raison nous fâcher, et même nous mettre en colère contre nous-mêmes. Mais si notre cœur est droit, nous ne devrions être ni trop indignés ni trop découragés à cause de nos insuccès dans cette direction. Nous devrions plutôt nous efforcer avec de plus en plus de circonspection, et avec l’assistance du Seigneur, de vaincre ces faiblesses et de tirer une leçon de toutes les erreurs que nous commettons.
Nécessité d’une sérieuse méfiance de soi-même
N’ayant pas le droit ni la faculté de juger le cœur d’autrui, nous devrions être très lents à nous mettre en colère, et très prudents dans la manière de nous exprimer. Nous devons nous rappeler que seul le Seigneur a le droit de punir. Le Peuple du Seigneur devrait lutter de toutes ses forces contre toutes les faiblesses et les tares de la chair stimulées par l’adversaire et ses suppôts, contre la colère, le courroux, les querelles, la malice, la haine. Nous devrions redouter ces choses comme nous redouterions une plaie.
Quelle attention, quel examen de nous-mêmes, quelle ardente prière pour obtenir le secours nécessaire, cette pensée devrait susciter ! Comme nous devrions garder notre langue de toute médisance, de bavardage nuisible et de toute calomnie, car ce sont-là des fruits de la désaffection et de la malice Et en gardant notre langue, nous devons nous rappeler que c’est du cœur que sont issues toutes ces mauvaises paroles. Notre cœur devrait donc être tellement rendu et maintenu fidèle à Christ, tellement en accord avec le Saint Esprit de Dieu, qu’il ne fera pas sortir de telles eaux amères.
Le Psalmiste dit « Que l’homme à mauvaise langue ne soit point établi dans le pays ». (Ps. 140 :11. D.). Voyez aussi le conseil de Saint Paul à Tite (3 2-8) et à Timothée (1 Tim. 3 11). Oh, puisse cet esprit d’amour, de bonté et de considération pour les autres habiter si richement en chaque membre de l’Eglise de Christ, qu’il conduira chacun, non seulement à se retenir de parler du mal d’un frère ou d’une sœur, mais à éprouver du déplaisir à écouter des propos diffamatoires tenus contre quelqu’un, et particulièrement contre un co-pélerin du « chemin étroit » ! Si cet objectif pouvait être atteint par tous les membres de toutes les diverses ecclésias, combien plus étroitement seraient-ils liés ensemble par les liens de l’amour chrétien
Comme nous l’avons dit auparavant, nous croyons que la majorité des chers amis développent de plus en plus en eux cet esprit d’amour et de considération pour les autres ; mais il est encore possible, pour certains, du moins, de faire mieux. Le mal qui peut être fait avec la langue est presque illimité. Combien vigilants et pieux devrions-nous être alors dans l’exercice de notre influence ! Nous conseillons à tous de relire le Vol. 6 des Etudes des Ecritures, pages 658 à 664, en français. Il est bon que nos esprits, qui ont été purifiés, soient bien conscients de ce qui y est écrit, et en gardent le souvenir. Nous croyons que le temps qui nous reste pour achever la formation de notre caractère est court. Cette pensée devrait être gravée dans notre esprit de plus en plus, à mesure que nous voyons des membres du Corps de Christ passer les uns après les autres au-delà du voile. Cherchons par la prière et par des efforts quotidiens et même continuels à devenir en toutes choses des copies du Fils bien-aimé de Dieu, de manière que nous puissions entendre, quand notre temps viendra de passer aussi au-delà du voile, ces douces paroles du Maître « C’est bien ! »
W. T. 5973 – 1916