LE DÉSIR DE TOUTES LES NATIONS

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« J’ébranlerai toutes les nations ; et l’objet du désir de toutes les nations viendra ». — Aggée 2 : 7.

Le grand Messie le « Roi de gloire », a longtemps été attendu par les nations civilisées. Pendant trente-cinq siècles les Juifs L’attendirent, Le considérant comme le grand Prophète préfiguré et prédit par Moïse (Actes 3 : 22), comme le grand Roi typifié par les rois David et Salomon, comme le glorieux Sacrificateur typifié par Aaron, mais spécialement préfiguré par Melchisédec dans ses fonctions combinées de roi et de prêtre — de prêtre assis sur son trône. — Psaume 110 : 4.

Les Francs-maçons ont attendu pendant vingt-cinq siècles le même glorieux personnage qui, selon eux, serait Hiram Abiff, le grand maître Maçon dont la mort, la glorification et la future apparition leur sont continuellement rappelées par les lettres apposées sur les clefs de voûtes de leurs temples. Hiram Abiff mourut d’une mort violente, prétendent-ils, à cause de sa loyauté aux secrets divins représentés dans le Temple de Salomon. Il doit reparaître, affirment-ils, afin que le grand Temple antitypique soit achevé et accomplisse un grand service pour Israël et pour tous les peuples. Ils déclarent que sa venue est attendue pour très bientôt.

Des Chrétiens de toute nuance, dans la mesure où ils sont versés dans la Bible (l’Ancien et le Nouveau Testament) croient aussi en un grand Constructeur de Temple qui mourut à cause de Sa fidélité aux desseins divins et pour le Temple spirituel, l’Eglise des élus (1 Pierre 2 : 4, 5); ils attendent qu’Il vienne une seconde fois « en puissance et en grande gloire » pour achever le Temple, qui est Son Corps, et, par ce Temple spirituel et glorieux, bénir Israël ainsi que toutes les familles de la terre. Sa seconde Présence en gloire et en puissance, mais invisible aux hommes, est estimée pour être imminente. — Apoc. 1 : 7 ; 3 : 20.

Les Mahométans, qui adorent aussi le Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, de David, de Salomon, attendent de même la venue d’un grand Messager céleste qui doit les bénir, eux, et tous les peuples par l’établissement d’un Royaume céleste. Ils attendent Sa venue depuis des siècles. Ils croient que Son Royaume est très proche.

Le même glorieux personnage accomplira tous ces désirs, toutes ces espérances. N’est-il pas temps que tous ces peuples, craignant Dieu et espérant en Ses promesses, s’unissent dans une seule espérance, dans une même attente ? Il doit en être ainsi, car ne lisons-nous pas dans la prophétie que « l’objet du désir de toutes les nations viendra »

Nous avons bien conscience que de grandes barrières s’élèvent entre ces multitudes ; mais nous soutenons que ce sont principalement des barrières de superstition et d’ignorance. Dans le passé, ces multitudes se divisaient ; elles se calomniaient et se persécutaient les unes les autres. Si actuellement elles veulent sympathiquement se rapprocher les unes des autres, elles trouveront sûrement beaucoup d’occasions d’apprécier les espoirs et les désirs les unes des autres.

LE FONDEMENT RENDANT POSSIBLE UNE CONCORDANCE D’OPINIONS

Le fait que les Juifs, les Mahométans, les Catholiques, les Protestants et les Francs-Maçons fondent tous leur foi sur l’Ancien Testament des Saintes Ecritures, démontre qu’il existe un terrain d’entente pouvant donner lieu à la meilleure compréhension mutuelle que nous plaidons.

Tous les Chrétiens doivent accepter l’autorité des Ecritures hébraïques, parce que le fondateur du Christianisme, Jésus, et Ses porte-parole spéciaux, les Apôtres, n’enseignaient rien de contraire à la Loi et aux Prophéties. En vérité, ils citaient des passages de l’Ancien Testament pour prouver toute doctrine qu’ils avançaient. Ils déclarèrent qu’ils n’anéantissaient pas ni n’ignoraient l’Ancien Testament, mais qu’ils faisaient simplement attention à son accomplissement.

La disposition générale à se laisser guider par la superstition, par les préjugés et par le fanatisme, plutôt qu’à se reporter aux faits et à l’Ecriture, dans le passé, a été une erreur. Nous devons inverser les rôles, afin d’obtenir de bons résultats, afin de voir face à face. — Es. 52 : 8.

Tous admettent que le monde a besoin de la bénédiction divine. Tous conviennent que nous avons été dans l’erreur en supposant que l’éducation et la civilisation sont seules en mesure d’assurer le bonheur des humains. Nous nous apercevons que plus la civilisation est grande, plus l’agitation est grande, que plus l’éducation est répandue, plus nombreuses sont les intentions et les occasions de profiter égoïstement des autres. Tous reconnaissent que seules les récentes inventions dans les moyens de communication, etc. et les précautions prises par notre moderne et coûteuse police rendent possible la vie dans les pays civilisés, et que, malgré cela, les meurtres sont cent fois plus nombreux qu’il y a cinquante ans. A cette époque-là, un meurtre commis aurait été raconté en détail et aurait fait l’objet de discussions pendant une année. Aujourd’hui, nous prêtons peu d’attention au nombre important de meurtres rapportés chaque jour dans les journaux. Des milliers de personnes sont exécutées, des milliers d’autres sont emprisonnées à vie ; et nous y faisons peu attention, ayant été graduellement habitués aux horreurs de la civilisation et de l’éducation actuelles.

On lutte contre ces meurtres à l’aide de l’influence de l’Eglise et des missions, des Ecoles du Dimanche, de l’Association chrétienne de jeunes gens, de tribunaux pour jeunes et de tribunaux supérieurs, et pourtant ils augmentent. On punit pour port d’armes et d’explosifs, et avec sagesse on interdit les discours incendiaires ; et ceux qui sont le mieux informés savent que la Chrétienté est comme une poudrière que quelque friction malchanceuse entre les classes de la société peut faire exploser.

TOUTES LES ESPERANCES NE SONT REELLEMENT QU’UNE

Tout en admettant que tous les humains sont imparfaits, nés dans l’iniquité et conçus dans le péché (Ps. 50 : 7), nous ne pouvons pas cependant reconnaître comme vraie la doctrine de la dépravation totale — selon laquelle il n’y a rien de bon en l’homme ou dans tous les hommes. Quiconque prie en disant : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés » devrait admettre que ceux « qui nous ont offensés », tout comme lui-même, préféreraient pratiquer la justice plutôt que le péché, si l’entourage était différent, si leurs désirs n’étaient pas portés naturellement vers le mal, si la puissance de leur volonté n’était pas tant affaiblie. Ainsi donc, les Juifs, les Mahométans, les Catholiques, les Francs-maçons, les Protestants et nous-mêmes ne désirons-nous pas tous la même chose ? Et n’admettrons-nous pas, après des siècles d’efforts dans ce sens, que Dieu seul peut nous envoyer l’aide dont nous tous, dans ce monde, avons tant besoin ? Certainement

Définissons maintenant, à partir des Saintes Ecritures que nous reconnaissons tous, ce « désir de toutes les nations ». Remarquons que ce désir est exactement ce que nous avons tous cherché et pour lequel nous avons tous prié, à savoir le Royaume de Dieu, le Royaume d’Allah. Ce Royaume s’étendra « SOUS tous les cieux » (Daniel 7 : 27). Cependant le grand Souverain qui y exercera le pouvoir sera céleste, spirituel. L’influence de ce Royaume sera bienfaisante et ennoblissante, et le résultat en sera glorieux, car la volonté de Dieu sera faite sur la terre aussi bien qu’elle est actuellement faîte dans le ciel. Les Ecritures le déclarent d’une manière précise ; elles disent que le péché et l’ignorance disparaîtront, que la connaissance et la gloire du caractère de Dieu rempliront la terre entière. Cela implique qu’un gouvernement fort exercera le pouvoir pour entraver le péché et pour libérer le genre humain de l’esclavage du péché, de l’esclavage des faiblesses héréditaires, occasionnées par la désobéissance d’Adam. Le grand Roi céleste, le Fils de David, qui accomplira ces choses selon ce qui est écrit dans la Loi et les Prophètes, aura de nombreux titres qui indiqueront différents aspects de Sa grandeur. « On l’appellera Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Père éternel [Donneur de vie], Prince de la Paix ». — Esaïe 9 6.

Il est appelé Sauveur par le Prophète Esaïe (43 : 3), car Il « sauvera de ses péchés » et de la punition pour le péché, celui qui fera partie de « Son peuple ». (Matth. 1 : 21). Quiconque, par méchanceté, ne se pliera pas à Sa juste autorité et refusera Son aide pour sortir de l’état de péché et de mort sera considéré comme « méchant » dans le propre sens du terme. A propos des gens de telle sorte, il est écrit « Les méchants seront anéantis » (1 Samuel 2 : 9).

Nous avons connu trop de haine et de persécutions à cause des différences existant dans nos degrés de la connaissance et exprimées dans nos différentes confessions de foi. Que cela cesse

Soyons d’un même sentiment sous le rapport de notre amour pour la justice et de notre haine de l’injustice — de l’iniquité. Cultivons une telle sympathie pour le prochain Royaume de Justice qui doit être établi par le Messie (par Celui que d’autres peuvent désigner sous un autre nom, tout comme ils peuvent donner à Son Royaume une autre appellation, mais cela importe peu) que nos caractères seront de plus en plus influencés et transformés par cette perspective prophétique. Nous sommes tous d’accord que le Royaume du Messie est proche, qu’il frappe même à la porte du monde. Dans les magnifiques inventions de notre jour, nous voyons les premières lueurs de ce Royaume, tel qu’il est décrit dans les Prophéties. Les besoins des nations corroborent aussi le fait que le Royaume est proche. La tension entre le Capital et le Travail sera bientôt à son point culminant et la rupture se produira ; l’étreinte des monopoles sera bientôt si forte que les masses seront broyées entre la meule supérieure et la meule inférieure du moulin ; notre existence sous tension est de nature à conduire bientôt notre race dans un grand asile d’aliénés ; des spécialistes disent que cela arrivera dans un siècle. Croyons à la Parole de Dieu transmise par les Prophètes du passé. Préparons nos cœurs pour accepter le Grand Roi et sachons que ceux qui seront prêts pour Son Règne auront la principale bénédiction.

«IL FAUT QU’IL REGNE, JUSQU’A…»

Selon la Bible, le Règne promis du Grand Roi ne sera pas éternel. Finalement, la domination de la terre, donnée à l’origine à Adam et perdue par lui à cause de sa désobéissance et de son incapacité à la garder après son péché, doit être restituée à ceux de la race adamique qui atteindront la perfection terrestre et auront l’approbation de Jéhovah. L’Empire du Messie sera un Empire de médiation et, selon les Ecritures, il durera un millier d’années. Nous sommes assurés que cette période sera tout à fait suffisante pour l’accomplissement de la grande œuvre de rétablissement. Notre père Adam, après avoir été condamné pour son péché et s’être vu notifier cette sentence « Mourant, tu mourras » (Gen. 2 : 17 — selon Délitzsch et la trad. anglaise), expérimenta le processus de mort pendant 930 ans. En sens opposé, sous le gouvernement du Messie qui sera Roi et Prêtre selon l’ordre de Melchisédek (Ps. 110 :4), le monde se relèvera graduellement de l’état de péché et de mort pendant une période très similaire.

Le Paradis rétabli ne sera plus simplement un jardin; mais la terre entière, comme marchepied de Dieu, sera rendue glorieuse (Esaïe 60: 13). Les promesses de Dieu faites aux enfants d’Isaac et de Jacob ne sont pas célestes ou spirituelles, mais terrestres. Dans l’Ancien Testament, depuis la Genèse jusqu’au livre de Malachie, il n’y a aucune allusion à un appel céleste ou spirituel. Si les Chrétiens sont appelés d’un appel céleste, ce n’est pas une offense faite aux Mahométans ni aux Juifs — dont les espérances ne sont pas en contradiction les unes avec les autres. Il n’y a, à cause de ce haut appel, aucune nécessité de conflit, mais au contraire d’harmonie.

«Temps de rétablissement»

Non seulement les prophéties de l’Ancien Testament prédisent que l’Eternel déversera bientôt des bénédictions sur les Juifs et sur les Gentils, sur ceux qui sont libres et sur ceux qui sont esclaves, mais la Loi typifia cet octroi de bénédictions. Pour les Juifs, chaque cinquantième année devait être une année de Jubilé — un temps de remise de dettes et de délivrance de tout esclavage. Cela nous enseigne que le Règne du Messie sera un grand temps de jubilation pour les hommes, pour tous ceux qui accepteront le gouvernement du Messie et s’y soumettront. L’annulation des dettes signifie que Dieu (par le Messie) annulera la dette contractée par le péché originel, et en délivrera Adam et sa race. Il sera alors donné à tous la possibilité de prendre un nouveau départ en vue d’obtenir la vie éternelle. La délivrance de l’esclavage pendant l’année de Jubilé typifiait la délivrance de l’homme des faiblesses héritées par suite de la chute d’Adam. Elle comprendra la résurrection des morts, l’ouverture de la grande prison mentionnée par le Prophète. — Esaïe 61: 1.

Si nous voyons que ce grand événement est sur le point de s’accomplir, est-il nécessaire que nous nous querellions pour savoir comment il se réalisera? Etant donné qu’il offrira des bénédictions à tous ceux qui aimeront la justice de Dieu, pourquoi se disputer pour des détails? Lutterons-nous avec Dieu et contesterons-nous Ses plans et Ses promesses pour notre préjudice? Réjouissons-nous avec le Juif. Dieu a décrété de donner à la postérité naturelle d’Abraham une glorieuse part dans la grande œuvre de bénédiction du monde —au Juif d’abord, aux autres ensuite! Les Ecritures enseignent clairement que le Messie établira la Nouvelle Alliance avec Jacob, avec l’Israël naturel. Que tous ceux qui révèrent l’Eternel donnent leur assentiment à Ses arrangements! Si les Juifs doivent voir un jour que l’Alliance faite avec Abraham et confirmée par un serment avait en vue deux postérités, qu’ils en soient heureux et qu’ils se réjouissent de leur part! Si le grand Messie qui doit bientôt être révélé en puissance et en grande gloire se compose de « plusieurs membres » vivant sur le plan spirituel, qu’importe cela à Jacob, à tous ceux dont les promesses ont trait au plan terrestre d’existence? D’ailleurs il n’y a pas de place pour la jalousie de quelque manière que ce soit, car ces « Elus », qui seront sur le plan spirituel d’existence, proviendront de toutes les nations — le Juif obtiendra là aussi une place privilégiée. De plus, le petit nombre d’individus sélectionnés ou élus ne sont ni Chrétiens ni Juifs dans le sens ordinaire de ces mots, mais ce sont des individus saints, choisis par l’Eternel de toute secte, de tout parti, à cause de leur amour pour la justice et de leur fidélité dans les épreuves.

«J’ébranlerai la terre»

Le contexte nous montre que « le désir de toutes les nations » se réalisera à la suite d’un puissant ébranlement des cieux, de la terre, de la mer et de toutes les nations. Cette description est une annonce du grand temps de détresse, de l’effondrement des présentes institutions, qui doit précéder l’établissement du Royaume du Messie — du « désir de toutes les nations », comme le déclare notre texte.

Nous ne sommes pas réduits à faire des hypothèses sur l’importance de ces paroles: « J’ébranlerai les cieux et la terre, la mer et le sec »(Aggée 2: 6). Le grand théologien, St. Paul, cité ce passage de l’Ecriture dans son épître aux Hébreux (12: 26-28). Il indique que le tremblement littéral du mont Sinaï et le terrible spectacle s’offrant à la vue des Israélites, associés au temps de l’inauguration de l’Alliance de la Loi d’Israël étaient une petite image de la formidable commotion qui prévaudra dans l’antitype — lorsque la Nouvelle Alliance (de la Loi) d’Israël sera instituée au Mont de Sion, à la fin de cet âge, par l’entremise du Moïse antitypique, du Messie, de Jésus la Tête et de l’Eglise Son Corps.

Le Prophète donne à entendre que cet ébranlement sera court, rude, décisif et sera rapidement accompli. L’Apôtre explique qu’il sera si général que tout ce qui peut être ébranlé le sera et disparaîtra. En d’autres termes, tout ce qui est conçu pour faire prévaloir la justice, la vérité, l’équité et qui est de nature à constituer un expédient temporaire, sera secoué et écarté — ne sera pas autorisé à rester, car le Seigneur fera une œuvre parfaite. St. Paul donne à entendre que le Royaume que l’Eglise doit recevoir sera la seule institution qui tiendra debout dans ce temps d’ébranlement, pour la seule raison que cette «Eglise des premiers-nés, dont les noms sont écrits dans les cieux », aura l’approbation divine. Les membres de l’Eglise seront « changés en un instant,: en clin d’œil », établis d’une manière durable sur le plan céleste d’existence, à la droite de Dieu, s’assujettissant les principautés et les puissances.

«Le Prince de Paix»

En dépit du fait que le Royaume du Messie sera introduit par une période de détresse et d’anarchie universelles, au cours de laquelle sera renversée la civilisation présente et sera déracinée toute organisation humaine pécheresse et imparfaite, tout cela néanmoins conduira finalement à l’établissement de la paix la plus profonde et la plus durable. Par cette grande leçon, unique en son genre, l’humanité apprendra à connaître la futilité de ses efforts et à crier à l’Eternel pour obtenir le secours et la paix à laquelle elle aspire. C’est alors que « l’objet du désir de toutes les nations viendra ».

Faisant allusion à ce temps de détresse, le Prophète David révèle quelle sera l’œuvre de l’Eternel en ce temps-là : « Il a fait cesser les guerres jusqu’au bout de la terre ; il brise les arcs et met en pièces les lances ». Puis il annonce merveilleusement le point culminant de cet état de choses: « Tenez-vous tranquilles, et sachez que je suis Dieu: je serai exalté parmi les nations, je serai exalté sur la terre ». Le seul vrai fondement de la paix est la justice, et sur ce ferme fondement Jéhovah, par Son Oint, établira cette paix bientôt. — Ps. 46: 9, 10.

« Sermons du Pasteur Russell » Page 499, du livre anglais