(DANS UN TEMPS D’AFFLICTION)
Les élus de Dieu existent, quoique personne ne puisse individuellement les identifier. Ils ont un air de famille commun, bien qu’ils occupent des situations différentes dans le présent monde mauvais. Ils ont une même foi, un même but, une même pensée, bien qu’ils se livrent à des occupations différentes et qu’ils vivent en des endroits différents sur la terre. Nous les saluons au nom du Seigneur. Nous leur souhaitons la grâce, la miséricorde et la paix de Dieu, le Père, et de notre Seigneur Jésus-Christ, et nous prions pour qu’ils les obtiennent.
Bien-aimés, vous êtes connus de Dieu, bien que vous ne soyez pas reconnus par les hommes. Vous êtes disséminés de tous côtés dans le monde, en ce jour sombre et ténébreux, indistinguables aux yeux des humains, de la masse ordinaire de gens. Votre marque ou sceau divin, partout où vous vous trouvez, consiste dans la foi, dans l’obéissance et dans l’amour de la Vérité que Dieu a fait consigner dans les écrits de Moïse, des Prophètes et des Apôtres. Avec cette marque, vous êtes précieux aux yeux de l’Eternel. Votre foi Lui est très agréable; votre obéissance, vos offrandes faites de plein gré, vos sacrifices accomplis à Son service, en un temps où tout le monde L’ignore, sont comme l’odeur d’un doux parfum qui monte vers Lui et Lui sont agréables par le Souverain Sacrificateur de notre profession. Cette obéissance, ces offrandes, ces sacrifices seront rappelés, à votre grande joie, en un temps où ils paraîtront avoir été tous oubliés, et où ils paraîtront trop petits pour être mentionnés au milieu des événements qui agiteront le monde et qui se rapporteront à la seconde venue de notre Seigneur Jésus-Christ. Je vous écris à propos de notre commune affliction — commune dans un large sens. Je ne vous écris pas, comme si je vous connaissais. Je connais sans doute certains d’entre vous; mais personne ne vous connaît comme le Seigneur qui sait « ceux qui sont à lui ». Personne même ne se connaît soi-même à cet égard. Comme notre bien-aimé frère Paul l’a dit: « Je ne me juge pas moi-même », « Celui qui me juge, c’est le Seigneur ». Nous connaissons les principes d’après lesquels les hommes seront sauvés, parce qu’ils ont été révélés; mais nous ne sommes pas capables de voir infailliblement où ces principes ont été effectivement appliqués, bien que nous puissions percevoir où ils ont été mis de côté et violés. Je vous écris comme à ceux que le Seigneur aime et qui seront tous réunis en une joyeuse assemblée quand le Seigneur viendra. Je vous écris comme étant l’un des vôtres, faisant les mêmes expériences et ayant les mêmes besoins que vous. Le railleur peut par moquerie demander de quel droit je me permets de vous écrire ainsi. Je lui réponds: du droit de l’amour fraternel, du droit appartenant à tout homme qui parvient à faire usage de ses privilèges en Christ. L’amour fraternel nous conduit à nous intéresser fraternellement à toutes choses, mais particulièrement à celles qui ont rapport avec notre résidence en Dieu, avec notre position dans le temps d’épreuve actuel et avec notre espérance relativement au dessein divin qui sera sûrement accompli. Votre sort actuel est pénible à beaucoup d’égards. De temps en temps vous êtes grandement découragés, et vous êtes près de perdre tout à fait espoir dans la bonté de l’Eternel promise en Christ. Je vous écris pour vous rappeler que vous avez aussi un motif d’encouragement et de joie.
Vous vous sentez indignes du grand salut qui doit vous être donné à la révélation de Jésus-Christ. Rappelez-vous que, alors même que ceux seuls que l’Eternel estime dignes entreront dans le Royaume, une partie de cette dignité consiste dans le sentiment même de l’indignité qui vous accable. La faveur de Dieu est seulement pour ceux qui se conforment au modèle de Dieu; et d’après ce modèle nous sommes, comme Jacob l’a confessé lui-même, « trop petit(s) pour toutes les faveurs et pour toute la vérité » dont l’Eternel use envers Son peuple. (Gen. 32 : 10). Car ce que nous sommes au plus, c’est seulement des vers de terre, façonnés à l’image de Dieu, fabriqués avec Son argile et autorisés à vivre quelques années sur la surface de Sa glorieuse terre. L’homme le plus juste peut dire comme Job, que l’Eternel approuvait: « Voici, je suis une créature de rien… C’est pourquoi, j’ai horreur de moi, et je me repens dans la poussière et dans la cendre » (Job 39: 37; 42 : 6). Si un homme juste peut ressentir cet abaissement — un abaissement dans le corps mortel est très raisonnable au regard de la gloire divine — est-il étonnant que nous, qui ajoutons l’erreur à la faiblesse et le péché à la corruptibilité, ayons quelquefois le cœur brisé et l’esprit contrit? Il n’y a là rien d’étonnant, mais ne vous anéantissez pas à cause de cet abaissement, car il est agréable à l’Eternel. A ceux qui ressentent cet abaissement, Dieu a déclaré clairement plus d’une fois qu’Il les regarde avec approbation.
Mais vos péchés vous plongent dans la détresse; il est juste qu’il en soit ainsi ; mais regardez de nouveau et soyez réconfortés. Il y a un péché qui ne mène pas à la mort. Vous n’êtes pas endurcis envers l’Eternel. Vous ne courez pas dans des chemins qu’Il a interdits. Vous n’aimez pas le présent monde et vous ne courez pas avec lui dans toute son « impiété et les convoitises mondaines — la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie »(Tite 2: 12; 1 Jean 2: 16). Vous ne reniez pas Dieu et vous ne vivez pas dans une désobéissance délibérée à Ses commandements. Au contraire, vous aimez Son nom et Sa Parole; vous croyez à Ses témoignages et vous vous réjouissez de Ses institutions. Vous aimez, vous cherchez et vous attendez l’apparition de Son Fils qu’Il a promis d’envoyer. Vous vous efforcez dans toutes les affaires de la vie, autant que faire se peut, d’effectuer Sa volonté telle qu’elle est exprimée dans Ses commandements. Mais vous échouez souvent. Vous ne parvenez pas à faire ce que vous voudriez. Vous faites fréquemment des choses que vous ne voudriez pas faire; et vous vous mettez en peine à cause de cela. Il est bon de s’affliger ainsi, mais n’oubliez pas les dispositions prises en notre faveur: Christ a ôté nos péchés. Nous sommes; lavés par Son sang. Il se tient en la présence du Père, non seulement en tant que sacrifice accepté, mais comme le Souverain Sacrificateur établi sur Sa maison. Il vit désormais pour intercéder en notre faveur, conformément à la volonté de Dieu. Si nous confessons nos péchés, Il est fidèle et juste pour nous les pardonner, et pour nous purifier de toute iniquité. Si nous marchons dans la 1umière le sang de Jésus-Christ nous purifie de tout péché, Dieu nous pardonne en Christ.
Peut-être êtes-vous oppressés par un sentiment qui vous fait croire que des personnes telles que vous sont inaptes à être promues à l’honneur et à la puissance dans le Royaume de Dieu. Souvenez-vous que c’est le dessein volontaire de Dieu de procéder au choix de telles personnes, ainsi qu’il est écrit: « Parmi vous qui avez été appelés, il n’y a ni beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles. Mais Dieu a choisi les choses folles du monde » (1 Cor. 1 : 26, 27). Jésus en parle, et Il dit: « Oui, Père, il en est ainsi, parce que tu l’as trouvé bon » (Matth. 11: 26)., Il remercie même le Père d’avoir agi selon ce dessein. Il y a une raison à tout cela. Le royaume doit être établi pour la gloire de Dieu, et non pour celle de l’homme, pour les objectifs de l’Esprit, et non pour ceux de la chair. C’est pourquoi, il est nécessaire que les hommes, qui seront préparés pour l’administrer, ne soient pas orgueilleux ni hautains, mais qu’ils soient humbles, qu’ils connaissent et révèrent Dieu si profondément qu’ils trouveront plaisir à l’exalter. La bénédiction de l’homme en résultera quand même, mais la gloire à Dieu doit être rendue premièrement. Si Dieu faisait Son Choix parmi les aristocrates, Son dessein (« Je serai exalté parmi les nations » — Ps. 46: 10) ne serait pas accompli. Les aristocrates sont pleins d’eux-mêmes, mais Dieu choisit des hommes qui sont vides d’eux-mêmes, afin qu’ils puissent être remplis de Sa divinité. Les hommes pauvres, en ce jour où règne le mal, constituent la matière qui permet à Dieu de produire des vases terrestres dans lesquels Il peut déposer Son trésor éternel « afin que l’excellence de la puissance soit de Dieu et non de nous » (2 Cor. 4: 7).
Mais vous vous dites: « De pauvres et, faibles gens comme nous ne sont pas aptes à être rois et prêtres ». C’est vrai que vous ne l’êtes pas dans l’état actuel. Ce n’est pas dans l’état où vous êtes actuellement que vous serez élevés à cette position. Vous serez changés de l’état mortel à l’état immortel, et ce changement vous rendra aptes, en tout point, à la fonction que vous aurez à assumer. Il vous procurera la force, la grâce, la capacité et le contentement du cœur. Vous serez capables de vous comporter en rois, de vous maintenir tels sans fatigue, et de vous servir de la sagesse de Salomon dans le jugement de toutes les choses dont vous pourrez avoir la charge. Des aptitudes de ce genre se trouvent toutes en Dieu, qui couronnera libéralement Ses enfants des dons les plus grands le jour où ils seront glorifiés. La seule chose qu’il est nécessaire d’avoir, c’est un cœur humble, affectueux et obéissant de même qu’une volonté docile, qui peuvent seulement être développés et mis à l’épreuve par l’exercice de la foi dans un temps comme celui-ci ; et cette action peut seulement être accomplie avec succès, dans la plupart des cas, dans des conditions de pauvreté et de privations. En conséquence, votre condition modeste et votre incapacité, au lieu d’être des causes de doute, devraient vous aider à acquérir l’assurance qu’ils vous fourniront les éléments susceptibles de vous rendre qualifiés pour la gloire qui doit être révélée.
Mais d’un autre côté, vous pouvez ressentir l’obscurité revenir. Le temps est long, votre nature humaine s’affaiblit, les forces manquent, et vous avez l’impression de marcher vers les ténèbres qui bornent l’horizon de la vie naturelle tout entière en effet, les ténèbres se glisseront bien des fois dans le plus profond de votre âme, et elles vous rempliront d’une indescriptible horreur, quand vous considérerez l’immensité de l’univers, dans lequel Dieu est apparemment silencieux, et la masse presque infinie de vie manquée qui apparaît sur la terre de génération en génération. Consolez-vous aussi à cet égard; car ces ténèbres sont inséparables du plan de Dieu. Bien plus, elles lui sont indispensables. La vie humaine terrestre ne peut pas plus atteindre, sans cette expérience, la gloire qui doit être révélée, que les fruits d’un champ ne peuvent apparaître sans labour et sans hersage. C’est là une partie du plan divin. La sagesse de Dieu y est montrée de même que Son amour, car Dieu est amour. Nous découvrirons cette sagesse. En attendant, nous devons exercer la foi, sans laquelle nous ne pouvons être agréables à l’Eternel. La foi produite par l’amour peut même voir un peu maintenant, comme à la lumière des étoiles pourrait-on dire. Les ténèbres sont longues pour le monde pris dans son ensemble, mais elles sont courtes pour chaque génération. Elles ont existé sur la terre pendant des siècles, mais aucune génération ne dure des siècles. Nous ne savions rien des ténèbres le siècle passé; notre tour de les traverser n’était pas venu. Notre tour est maintenant venu, et elles nous oppriment, mais elles passeront bientôt. Quand elles seront passées, la chose que nous expérimenterons ensuite (sitôt après, selon toute apparence), même si elle paraît longuement différée, sera l’éternelle clarté solaire de la présence, de la puissance et de la gloire manifestées de Dieu. Nous saurons alors ce qui a été accompli pour nous, quand nous avons traversé les ténèbres et avons été exposés au froid de l’hiver terrestre. C’est le Père qui en a décidé ainsi pour nous dans cet intervalle de temps. Que pouvous-nous dire, sinon que: «Ta volonté soit faite»? Dieu ne nous afflige pas de bon gré. Non seulement Il ne fait pas cela avec plaisir, mais Il pourvoit à nos besoins, lorsque nous passons au travers des ténèbres. Aucun des élus de Dieu n’est laissé seul. Dieu est avec lui, et Il le guide et le fortifie de beaucoup de façons invisibles. Dieu se préoccupe de lui; Il a de la compassion pour lui; Il le châtie; Il le soutient et le prépare pour l’héritage qui est tenu en réserve pour tous les fils de lumière; ce sera un héritage où ces fils de lumière s’entretiendront les uns avec les autres dans une joie indicible, après le combat de la foi amer et prolongé qu’ils auront livré victorieusement dans les divers mauvais jours qu’ils auront connus. Ayez donc à l’esprit cette fin. Ayez à l’esprit le joyeux rassemblement des élus de l’Eternel.
Cela nous amène à une autre affliction que vous ressentez. Dans les différentes phases de votre mise à l’épreuve, vous soupirez après ce que vous n’avez jamais conçu nettement. Vous avez l’ardent désir de voir prévaloir une noble illumination parmi les hommes. Vous aimez Dieu vous-mêmes de tout votre cœur et de toute votre âme. Vous brûlez de voir les autres se réjouir en Lui et Le glorifier d’une manière sincère et intelligente. Vous avez un regard compatissant pour la condition des humains, et vous désirez avec ardeur, les larmes aux yeux même, les voir dans une condition bienheureuse. Vous soupirez, jusqu’à languir, après les délices d’une amitié sainte et intelligente dans laquelle les cœurs de vos compagnons s‘ouvriraient, avec une noble cordialité, aux grands et nobles thèmes de discussion que l’univers offre à l’esprit, au lieu d’être fortement attirés par les événements insignifiants de la vie humaine. Oh, vous êtes affligés aussi par vos propres incapacités, qui obscurcissent la vue, qui affaiblissent les mains et qui vous entraînent dans un abîme de ténèbres aussi sombre et terrible que l’habitation de Jonas dans la mer agitée par la tempête. Or il existe une consolation dans tout cela. Elle est quelque peu négative dans sa forme, mais elle est réelle; une consolation réelle se conserve bien, tandis qu’une fausse consolation finit par décevoir dans la longue carrière chrétienne. Cette consolation, c’est que ces choses ne sont pas accessibles dans la condition présente de la vie humaine, mais elles seront accessibles et réalisées dans leur absolue perfection dans le Royaume de Dieu. Reconnaître cela, c’est être encouragé. Nous nous résignons avec espoir à notre sort, endurant les rigueurs du désert, car nous savons que c’est un désert, et attendant avec confiance la terre promise à la fin de notre voyage. C’est une consolation de plus. Il ne déplaît pas au Père que vous ayez faim et soif de justice au point même d’en souffrir. Au contraire, Jésus a dit: « Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés ».
Pour finir, vous êtes affligés et peinés par les dissensions qui surgissent dans la Maison de la foi. Bon nombre d’entre vous ont été plongés dans un profond chagrin, et ont même versé des larmes. « Mes bien-aimés, ne trouvez pas étrange d’être dans la fournaise de l’épreuve ». Ce n’est pas une chose nouvelle. C’est la forme moderne d’une très ancienne et très fréquente expérience, résultant de l’excitation de divers éléments mis ensemble par la connaissance de la Vérité. Nous devons avoir confiance dans la sagesse dont Dieu a usé en permettant la réunion de ces éléments. Il a agi ainsi dès le commencement. N’en soyez pas trop affligés. Les résultats de cette permission n’altèrent pas les choses; ils éprouvent, mettent à l’essai et manifestent les choses. La Parole de l’Eternel demeure certaine au milieu des irritations, des changements et des subornations humaines. Le Seigneur Jésus, du haut des cieux paisibles où Il a été élevé, a observé pendant des siècles, les confusions, les commotions et les guerres qui ont causé des ravages parmi les hommes durant Son absence. Il les a regardées sans surprise. Il les avait prévues, et Il les a prédites. Il déclara qu’il y aurait des conflits et des divisions, que l’iniquité augmentera et, que l’amour du plus grand nombre se refroidira, que l’épreuve paraîtrait trop sévère pour certains, et que celui qui endurerait cette épreuve jusqu’à la fin serait sauvé. Pouvons-nous imaginer que de telles choses soient permises inutilement? Le siècle apostolique abondait en ces choses; est-il étonnant que nous en ayons notre part? Il n’y a qu’une seule réponse à ces questions pour un esprit éclairé, et cette réponse nous aidera à résister au milieu du mal et à tenir fermement l’espérance de l’Evangile, regardant à Christ, qui vit, nous méfiant de nous-mêmes, qui mourons. Notre vie passe rapidement; la bataille sera bientôt terminée. Soyez forts et ayez bon courage. Demeurez fermes; conduisez-vous comme des hommes. Restez attachés à la Parole en la lisant journellement. La paix de Dieu régnera alors dans votre cœur et dans votre esprit; elle vous préservera, au milieu des luttes et des tumultes, jusqu’au glorieux et divin Royaume qui apaisera tous les chagrins et chassera toutes les ténèbres pour toujours.
Votre compagnon de souffrance et de combat, votre compagnon de pèlerinage et de supplication pour l’obtention de la miséricorde de Dieu jusqu’à la vie éternelle.
W.T. 761 — 1885