La chose peut-être la plus difficile à croire pour les gens en général, à propos de Jésus, est l’affirmation de la Bible et de tous les credo orthodoxes stipulant qu’Il naquit d’une vierge, qu’Il naquit d’une manière différente du reste de la race humaine, et qu’en raison de cette naissance miraculeuse, Il fut parfait physiquement, mentalement et moralement, « saint, innocent, sans souillure, séparé des pécheurs ». D’aucuns peuvent être mus par une foi simple, enfantine, et accepter cette affirmation consignée dans les Ecritures, sur laquelle ils construisent progressivement un édifice de foi. Pour d’autres, de constitution mentale différente, la foi est quelque chose de plus difficile, et ils interrogent pour connaître la raison, la philosophie et, si possible, le processus employé pour l’exercice de la puissance divine en la circonstance, ainsi que la raison pour laquelle un miracle aussi prodigieux devait être accompli. Le sujet n’est pas seulement délicat, mais très abstrus et, de fait, rarement on pense ou on essaie de penser à la philosophie qu’il contient.
Cette question, cependant, est fondamentale. Personne ne peut bibliquement croire au Seigneur Jésus Christ sans croire à Sa naissance miraculeuse. Personne, par conséquent, ne peut être Chrétien au sens biblique sans cette foi. Tant que nous soutenions que seuls les véritables Chrétiens, les saints, seraient sauvés et que tous les autres membres de l’humanité étaient destinés aux tourments éternels, nous ressentions, et c’était assez convenable, une certaine délicatesse en mentionnant particulièrement les articles de foi nécessaires pour pouvoir être considéré par Dieu comme véritable Chrétien. Actuellement, toutefois, puisque nous voyons que seul un petit nombre de saints seront membres de l’Eglise élue, et que par ces derniers (lorsqu’ils seront glorifiés) sera accordée aux non-élus une grande bénédiction, l’occasion du rétablissement à la perfection humaine dans un Eden terrestre, nous pouvons nous sentir libres de traiter tous les sujets très franchement.
LA CROYANCE EN LA NAISSANCE MIRACULEUSE EST NECESSAIRE
Bientôt, lorsque les ténèbres et les nuées de l’ignorance, de la superstition, etc., auront disparu, et lorsqu’une claire connaissance et une claire révélation de Dieu seront gratuitement données au genre humain, tous, bien entendu, comprendront la philosophie de ce grand fait que fut la naissance immaculée de notre Seigneur. Mais actuellement cette connaissance est dissimulée parce que Dieu recherche une classe de personnes qui se confieront en Lui là où elles ne peuvent pas le comprendre, une classe de personnes qui seront disposées à marcher par la foi et non par la vue. A ces fidèles-là, remplis de confiance envers Lui, Dieu accordera des bénédictions et des privilèges spéciaux ; ils formeront l’Epouse du Rédempteur et seront cohéritiers de Son Royaume et de Sa gloire. A eux est donné de connaître quelque peu les mystères de l’arrangement divin relatif à la classe du Royaume, mystères qui sont toujours cachés au monde en général. Ils sont guidés par la révélation divine issue de la Bible, et aidés par le fait que leur esprit est éclairé par le Saint Esprit qu’ils reçoivent au moment de leur entière consécration. On peut s’attendre à ce qu’eux seuls comprennent très clairement un grand nombre des sujets importants révélés par Dieu au temps présent ; les autres doivent attendre que la nuit soit passée et que le matin de la Nouvelle Dispensation ait été introduit avec son Soleil levant, le Soleil de la Justice. En attendant, à mesure que nous nous approchons de ce glorieux jour, la lumière du début de l’aurore éclaire chaque sujet de sa clarté et permet à des esprits honnêtes, même dans le monde, de saisir comme jamais auparavant certaines doctrines et certains principes importants concernant la Vérité.
L’importance de la doctrine est reconnue par tous les credo, même si un grand nombre de ceux qui s’appuient sur le credo n’arrivent pas à voir le rapport existant entre les raisons et la nécessité de l’institution de la doctrine. L’idée erronée entretenue par certains et selon laquelle Jésus était, en même temps, le Père Céleste dans le Ciel et le Fils Céleste sur la terre, avec égalité en puissance et en gloire et « un en substance », a créé la pire confusion dans l’esprit de beaucoup de personnes. Il nous faut délaisser toutes les stupidités sur ce sujet et nous confiner aux enseignements de la Bible, directs ou indirects.
Il était nécessaire que Jésus fût parfait, « saint, innocent, sans souillure, séparé des pécheurs », parce que le premier homme, Adam, l’avait été. Jésus quitta la gloire céleste qu’Il avait auprès du Père, comme Logos, et prit la nature humaine en vue précisément du rachat du premier homme Adam et, par celui-ci, de sa famille et de son domaine. Puisque le péché et l’imperfection héréditaire ont souillé et flétri tous les membres de la race d’Adam, « il n’y a point de juste, non pas même un seul » ; en conséquence « un homme ne pourra en aucune manière racheter son frère, ni donner à Dieu sa rançon », ni pour Adam ni pour n’importe quel homme. — Rom. 3 :10 ; Ps. 49 : 7, D.
Si un fils parfait était issu d’Adam, Dieu aurait pu lui faire l’offre même qu’Il fit au Logos, l’« Unique Engendré du Père ». Il aurait pu lui offrir la gloire, l’honneur et l’immortalité pour le récompenser du sacrifice de sa vie terrestre parfaite comme prix de la vie d’Adam et, de cette manière, comme prix de rançon pour la race d’Adam, etc. Mais aucun homme parfait ne put être trouvé. Dieu aurait pu faire à Gabriel ou à l’un des anges inférieurs la proposition de devenir un homme parfait et de racheter Adam et sa race. Mais au lieu de le faire, la Sagesse divine choisit de soumettre cette proposition à l’Unique Fils Engendré de Dieu, au Logos. Celui-ci accepta joyeusement d’être transféré du plan spirituel au plan humain et d’accomplir entièrement la volonté divine qui devait Lui être révélée graduellement.
Nos amis catholiques s’avancent d’un pas au-delà des Saints Ecrits en prétendant que Marie, la mère de Jésus, naquit miraculeusement, qu’elle fut parfaite et que cela était en rapport avec la perfection de Jésus. Nous ne pouvons accepter cette allégation, car aucun verset biblique ne la soutient. En outre, si Marie avait pu être miraculeusement conçue et naître exempte de la tare de l’hérédité, quelle en aurait été la nécessité, puisque Jésus pouvait tout aussi bien être mis au monde par une mère imparfaite ? Et c’est là l’assertion des Ecritures, celle dont nous discutons et qui est si difficile à comprendre pour certaines personnes bien intentionnées, et à laquelle il leur est si difficile de croire. Son importance réside dans le fait qu’un pécheur ne saurait se racheter lui-même, et que Jésus, s’Il n’était pas né miraculeusement, aurait participé aux imperfections issues d’Adam.
Le secret de cette question se trouve dans le fait (…) que toute vie provient du père, et que la mère fournit simplement la nourriture à l’organisme vivant qui vient du père, grâce à laquelle cet organisme se développe et devient une créature de la même nature que la mère, bien que sa vie provienne entièrement du père. Le mot père est ainsi synonyme de donneur de vie.
La vie divine transférée.
Il ne nous faut pas aller au-delà de ce qui est écrit. Dieu ne nous a pas révélé le processus particulier par lequel la vie, donnée à l’origine à l’Unique Engendré, au Logos, fut transférée sans qu’il y ait eu interruption dans le sein de Marie, la mère de Jésus, pour qu’elle la nourrît et la développât jusqu’à la naissance sur le plan humain d’existence. Cet événement important, nous l’acceptons pour deux raisons
1) Parce que c’est ce qu’affirme le seul Livre qui porte l’empreinte de la Révélation Divine.
2) Parce que nous percevons qu’un état de choses pareil est justement nécessaire pour le développement du Programme Divin tel qu’il fut prévu à l’origine, Programme que le Tout-Puissant Père aurait pu arranger différemment s’il l’avait désiré. Le point qui nous intéresse particulièrement est celui-ci :
Comment cette pure chose, cette vie du Logos, a-t-elle pu être nourrie dans le sein d’une mère impure, imparfaite, non séparée des pêcheurs? Le Prophète questionne « Comment d’un être souillé sortira-t-il un homme pur? » Et il répond: « Il n’en peut sortir aucun. » (Job. 14 : 4, Seg.). Aucun homme n’a la puissance voulue pour ce faire. Mais cette puissance est précisément celle que Dieu possède et Il prétend l’avoir exercée dans la naissance miraculeuse de Jésus. La science depuis un certain temps s’approche de très près de la solution que comporte cette question. Elle découvre qu’une créature parfaite est à même d’assimiler, pour son propre usage, les éléments de la nutrition nécessaires, profitables et sains, et de rejeter, de se passer des aliments impropres. On reconnaît de plus en plus ce principe, non seulement dans les laboratoires, mais aussi dans la vie quotidienne. Un homme bien portant peut manger presque de tout sans avoir à en souffrir. Son système rejettera les éléments impropres, empoisonnés; il s’en débarrassera et retiendra, absorbera les éléments sains dont il s’appropriera. Cette vérité concorde avec ce vieux proverbe: « Ce qui est nourriture pour l’un est poison pour l’autre. » Dans la mesure où quelqu’un est corporellement faible et dégénéré, il est susceptible d’attraper des maladies de toutes sortes. Dans la mesure où il est fort, plein de vitalité, de vigueur, son système repousse les différents microbes et bactéries. L’application de ce principe au cas de Jésus résout l’énigme; elle nous montre comment le parfait germe de vie originaire du plan spirituel pouvait s’approprier les aliments nécessaires à son parfait développement. Ainsi nous sommes aujourd’hui rendus à même, mieux que ne le fut n’importe lequel de nos ancêtres, de comprendre la philosophie de l’immaculée conception de notre Seigneur. Aujourd’hui aussi nous comprenons mieux que ces derniers la philosophie de la Réconciliation; nous pouvons d’autant mieux comprendre pourquoi il fallait que Jésus fût parfait, pourquoi aucun homme imparfait ne pouvait devenir Rédempteur.
Non un Dieu, mais un Homme.
Ainsi vu, le Rédempteur ne fut pas un simple homme dans le sens de se trouver sur un plan commun avec le reste de l’humanité imparfaite, déchue. Il fut un homme, cependant, un homme parfait, l’image de Dieu dans la chair, comme le fut Adam avant de pécher. La Loi Divine stipule « œil pour œil, dent pour dent, la vie d’un homme pour la vie d’un homme. » Et ce fut pour satisfaire les exigences de cette Loi, en faveur de l’homme, que Jésus vint. Il devint un homme. Il devint chair et habita parmi nous, parce que c’était nécessaire. Il n’était pas nécessaire qu’Il devînt Homme pour dire les paroles qu’Il exprima durant Son ministère terrestre. Il est vrai que « jamais homme n’a parlé comme cet homme»; Il parlait cependant aux gens en paraboles et en discours obscurs. « Il ne leur parlait point sans paraboles ». Les paroles de notre Seigneur auraient pu être transmises d’une manière différente. Elles ont été expliquées par les Apôtres. Sans les éclaircissements que le Seigneur donna par les Apôtres, elles demeureraient aujourd’hui obscures et incomprises. Jésus vint dans le monde, non pour être un Maître, mais pour être un Sauveur, un Rédempteur. C’est ainsi qu’il est écrit: « Tu m’as formé un corps » pour « la passion de la mort »(Héb. 10: 5; 2: 9). S’il n’avait pas été nécessaire que Jésus souffrît la mort, « le Juste pour les injustes », il ne serait pas venu dans le monde. Sa mort comme être spirituel n’aurait pas racheté l’humanité, pour la même raison que la mort des taureaux et des boucs, sous l’Alliance de la Loi, ne pouvait ôter le péché. Il était nécessaire que Jésus s’offrît comme prix de rançon pour tous. Le mot rançon, tel qu’il est employé en 1 Tim. 2: 6, signifie en Grec un prix correspondant. Et le seul prix qui pouvait correspondre à la vie de l’homme parfait qui avait péché en Eden, était la vie d’un homme parfait qui n’avait pas péché. Ce fut ce prix de rançon que Jésus donna et en raison duquel il est écrit que le Seigneur nous acheta et acheta le monde.
A proprement parler, l’achat n’est pas encore accompli. Le prix est déposé entre les mains de la Justice, mais non affecté au monde. Il doit être affecté ou donné à Adam et à sa race sous les arrangements de la Nouvelle Alliance qui entreront en vigueur dans le Royaume du Messie. En attendant, le mérite du sacrifice de Jésus, qui est entre les mains de la Justice, est imputé à Ses disciples, à tous ceux qui se détournent du péché et qui L’acceptent comme leur Sauveur. Après avoir accompli l’entière consécration de leur tout, ils sont engendrés du Saint Esprit. L’imputation du mérite du sacrifice de Jésus, à Ses disciples, s’effectue pendant tout cet Age de l’Evangile. Et ce ne sera pas avant que le dernier membre soit passé victorieux au-delà du voile que le Seigneur sera prêt à affecter entièrement Son sacrifice de rançon pour effacer les péchés du monde. En accord avec cette affirmation, les Ecritures nous disent que « le monde entier gît dans le méchant. » (1 Jean 5 :19, Darby). Seule l’Eglise en est actuellement délivrée. L’Apôtre déclare : « Nous (les membres de l’Eglise) étions par nature des enfants de colère, comme les autres (le sont encore).» Eph. 2: 3.
En un mot, deux saluts résulteront de la fidélité du Logos dans l’accomplissement de la volonté du Père. Le sacrifice de l’Unique exempt de souillures suffit pour les péchés du monde entier. Les membres de la classe de l’Eglise, grâce à l’imputation de Sa justice, obtiennent maintenant leur part du mérite de ce sacrifice, et sont par là même rendus capables d’être justifiés de tout péché, de se joindre au Rédempteur, dans Ses souffrances, dans Son sacrifice, et de se préparer ainsi pour participer à Sa gloire prochaine. La récompense promise à cette classe, c’est la gloire, l’honneur et l’immortalité, la nature divine, une place de loin supérieure à celle des anges, bien « au-dessus de toute domination, … de toute puissance… et de tout nom qui se peut nommer » — Ephes. 1: 21.
Le salut du monde.
Jésus ne perdit pas la nature humaine qu’Il déposa en sacrifice. La nature divine à laquelle Il fut ressuscité le troisième jour, Il ne l’obtint pas en échange contre Sa nature humaine, mais comme récompense pour Son sacrifice. Il possède encore, par conséquent, le droit à la nature humaine et, en accord avec le Plan Divin, Il se propose de le donner à toute l’humanité. C’est cela qui constituera le salut du monde.
Cependant, ce droit sera donné à ceux seuls d’entre le genre humain qui, après avoir été amenés à la connaissance de la Vérité, accepteront joyeusement et sincèrement, durant le règne du Messie, les conditions qui seront fixées par Dieu. Le relèvement de l’humanité hors du péché, de la dégradation, de la pauvreté et de la mort, à la perfection et à tout ce qui fut perdu en Adam, sera conditionné par l’obéissance aux exigences divines. L’assistance pour se relever des conditions du péché et de la mort sera fournie par le Grand Rédempteur et par Son Eglise glorifiée, Son Epouse.
Ainsi vus, le salut de l’Eglise sera bientôt achevé, dans la Première Résurrection, et le salut du monde sera alors sur le point de débuter. Tous y auront part dans une certaine mesure, mais tous ceux qui rejetteront en fin de compte la faveur divine seront détruits d’entre le peuple en mourant de la Seconde Mort (Actes 3: 23; Jude 12). Nous remarquons une autre différence entre ces deux saluts. Le premier, comme nous l’avons vu, est un salut permettant d’accéder à la nature céleste, spirituelle, par un processus de <changement », d’«engendrement du Saint Esprit», et par le sacrifice et la mort de la nature charnelle. L’autre, le salut du monde, ne s’effectuera pas par le sacrifice, par un changement de nature, mais par l’obéissance et la résurrection; la nature humaine conservée sera graduellement rétablie et amenée à la perfection chez tous ceux qui seront de bon cœur et qui obéiront. Ils obtiendront dans leur totalité les droits, les privilèges, etc., à la vie terrestre, que possède Jésus et que l’Eglise obtient seulement d’une manière considérée comme telle, par imputation, non pour les garder mais pour rendre le sacrifice de ses membres saint et agréable aux yeux de Dieu.
Ayant ces choses en vue, nous comprenons l’importance de ce grand fait que fut l’immaculée conception de Jésus qui était « saint, innocent, sans souillure, séparé des pécheurs ».
Tiré de l’ouvrage: « Ce que le Pasteur Russell écrivit pour l’Overland Monthly », page 149.