La condition du désert est une condition de séparation d’avec les bienfaits qu’offre la civilisation ; c’est une condition de retranchement, une séparation d’avec le monde. Dans le cas de l’Eglise, nous lisons que l’Eternel lui a procuré deux ailes pour lui permettre de se réfugier dans un désert pendant 1.260 jours symboliques, soit pendant 1.260 années. Apparemment, elle entra dans la condition du désert de son propre gré, et se priva volontairement par son exil des privilèges et des avantages fournis par la société dans le monde. Elle subit un ostracisme, une séparation générale.
Dans le récit des sacrifices typiques du Jour de Réconciliation, le bouc émissaire, lisons-nous, alla au désert; mais il n’y alla pas volontairement, il y fut envoyé. Dans l’antitype, la classe des fidèles, des consacrés va au désert volontairement, tandis que les autres seront contraints de s’y rendre. Ces deux classes subiront cependant des épreuves similaires. Les épreuves de l’Eglise sont des tribulations que ses membres s’attirent en raison de leur fidélité à l’Eternel et à la Vérité. Le peuple de Dieu peut se trouver dans la condition du désert même lorsqu’il est environné par tout ce qui se trouve dans le monde. Nous sommes séparés du monde; nous sommes dans le monde, mais nous n en faisons pas partie, étant isolés.
Dans le Livre de l’Apocalypse, il est écrit que l’Eglise s’enfuit dans le désert pour 1.260 années, et que durant une période de temps similaire un grand système exerça l’autorité sur les affaires du monde. Cette période, selon notre compréhension, commença en 539 et se termina en 1799. Ce fut une période d’ostracisme, appelée la condition du désert, et non pas nécessairement de persécution. Certains ont pu entrer dans la condition du désert sans subir de persécution; sans être fusillés, sans être pendus ou avoir enduré un supplice semblable. La condition du désert ne renferme donc pas une pensée de persécution, mais simplement de séparation.
Dans un langage figuré, une ville représente l’honneur, la distinction et une position proéminente dans le monde, tandis que le désert signifie une condition contraire: on est ignoré, banni, etc. Durant les 1.260 jours symboliques, l’Eglise se trouvait dans une condition de bannissement. Les gouvernements ne firent pas attention à elle; par contre, ils vouèrent une très grande attention à l’important système qui s’éleva jusqu’à devenir cette « grande ville qui a la royauté sur les rois de la terre », la Babylone mystique. — Apoc. 17 :18.
Le retour du désert
A la fin de cette période, soit au début de l’année 1799, le monde en général parvint à une conception de l’Eglise beaucoup plus correcte, lorsque fut brisé le pouvoir de la Papauté et que le pape fut conduit prisonnier en France. Les nations comprirent alors qu’elles avaient été plus ou moins trompées quand on leur disait que le pape était le représentant de Christ. A partir de ce moment-là, la Papauté, en tant que système important, n’a pas eu le pouvoir de persécuter, mais a été contrainte de rivaliser avec les autres. La dénomination baptiste, la dénomination méthodiste et d’autres ont prospéré depuis, et le monde les a reconnues au même degré qu’il a reconnu la Papauté.
La Papauté n’est cependant pas allée au désert; c’est le Protestantisme qui est sorti de la condition du désert, pour être plus particulièrement reconnu par les gens et les gouvernements. Cet état de choses s’est continué pendant tout une période de temps, et la Bible a été acceptée d’une manière plus générale qu’auparavant. Peu après 1799, les Sociétés Bibliques commencèrent à s’organiser. Les Saints Ecrits furent portés à une positon de grande prééminence. L’Ancien et le Nouveau Testament, les deux témoins de Dieu, furent élevés jusqu’au ciel. Ceux qui défendaient la Bible sortirent pour se montrer en plein jour. Les Etudiants de la Bible et l’étude de la Bible reçurent une approbation plus grande que jamais auparavant. Les Saintes Ecritures furent imprimées et tout le monde favorisa leur étude.
Il n’y a pas de déclaration biblique stipulant que l’Eglise retournera dans la condition du désert. Notre allusion à une seconde « expérience de désert » se fonde sur le tableau symbolique se rapportant à notre temps, et qui nous est donné dans les épreuves subies par Elie le Prophète. Elie, représentant la véritable Eglise de Dieu, avait été un fidèle prophète pendant un certain temps. Il était impopulaire auprès de la reine Jézabel qui avait influencé le roi Achab contre lui. Le roi menaça de mort Elie qui s’enfuit au désert pour 1.260 jours, soit trois années et demie, ce qui symbolisait les 1.260 années durant lesquelles l’Eglise demeura dans la condition du désert.
A la fin des 1.260 jours, Elie revint du désert et fit une grande démonstration. Il donna en spectacle les prêtres de Baal qui avaient été favorisés par la reine Jézabel et le roi Achab. Cette manifestation résulta en une grande élévation de la Parole de Dieu et un grand écroulement des prêtres de Baal. A partir de ce moment-là, ceux-ci furent obligés de se tenir à l’écart. Le peuple dit: « Jéhovah est Dieu ».
Selon notre compréhension, cet événement, dans son ensemble, représente particulièrement la manière dont l’Eglise, en 1799, se manifesta à l’attention des rois du monde et prit position pour Dieu et pour la Bible. Elie représentait la véritable Eglise; Jézabel représentait le système papal et d’autres systèmes qui lui sont étroitement apparentés; Achab représentait les gouvernements, et le peuple d’Israël représentait le monde. La Bible s’imposa devant Jézabel, Achab et devant tout le monde. Les deux témoins furent exaltés parce que les gens y prirent garde.
La seconde épreuve d’Elle, dans le désert.
Revenons à la figure: la reine Jézabel représentait ses filles, son espèce, sa famille. Le Prophète Elie représentait le véritable Peuple de Dieu du temps présent. La reine ne le persécuta pas, mais le menaça; et il s’enfuit de nouveau au désert, mais pas, cependant, pour un temps détermine. Le peuple, en général, ne subissait pas le même genre de contrainte que précédemment. Les prêtres de Baal ne recouvrèrent plus leur influence. Elie se rendit encore une fois dans le désert, et il y fut nourri un certain temps; sa nourriture ne lui fut pas fournie par des corbeaux, comme précédemment au cours des 1.260 jours, mais c’était une nourriture spécialement préparée pour un certain temps.
Selon notre compréhension, cette nourriture spécialement préparée pour Elie, après son aventure avec les prêtres de Baal et après sa fuite de devant Jezabel, représente le Message spécial dont se nourrit actuellement le Peuple de Dieu. Après qu’Elie fut arrivé au désert, il se sentît porté au découragement. « C’est assez », dit-il, et cette expression dénote son découragement. Mais l’Eternel le fortifia et lui fournit un aliment particulier qui lui donna la force d’aller jusqu’au Mont Horeb. Cette montagne représente le Royaume de Dieu, le Royaume Messianique. Et nous croyons que, fortifiés par cette nourriture spirituelle, nous sommes maintenant amenés au temps où le Royaume doit être établi.
Lorsqu’Elie parvint au Mont Horeb, l’Eternel lui donna trois témoignages (1 Rois 19: 1-18). Le vent déchirant les montagnes représente la guerre actuelle [la première guerre mondiale, écrit en 1915, trad.]. Le grand tremblement de terre symbolise une révolution sociale qui n’eut jamais son pareil dans le monde, précédemment, et qui, nous le croyons, doit se manifester très bientôt. Cette révolution ne devait pas se produire tout au début de la guerre [il s’agit de la guerre 1914-1918, trad.], mais il se peut que la guerre se continue pendant que le tremblement de terre se développe. Ce n’était pas tout. En troisième lieu, suivit un grand feu qui consuma tout devant lui. Ce feu représente l’anarchie qui se répandra largement et qui prévaudra dans le monde, après la révolution sociale. Ensuite, après le feu, Elie entendit « un murmure doux et léger », représentant la puissance divine, qui fournira les bénédictions au monde.
W.T. 5628 — C.T.R. 1915.