LA PÂQUE DES PREMIERS-NÉS

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La Pâque est chez les Israélites un rite commémoratif de premier ordre. Elle célèbre un des plus importants chapitres de leur histoire. Elle se situe au commencement de l’année ecclésiastique des Juifs, tandis que le Jour des Expiations se place près du début de leur année civile. Elle s’associe à leur naissance comme nation. Les Ecritures déclarent qu’en ce temps particulier Dieu permit que montât sur le trône d’Egypte un Pharaon indomptable. Elles déclarent que Dieu favorisa spécialement l’accès au trône de cet homme-là, alors que d’autres personnes avaient pu y prétendre; c’était afin de manifester Sa puissance dans les plaies successives que rendraient nécessaires, opportunes, l’obstination et l’entêtement naturels de ce Pharaon. On lit en effet: « Mais voici pourquoi je t’ai fait subsister : c’est afin de montrer en toi ma puissance. » (Exode 2 : 16, Synodale). Les dix plaies envoyées sur les Egyptiens étaient des manifestations de la Justice divine qui s’opposait ainsi au traitement injuste qu’ils ont fait subir au Peuple choisi par Dieu. La dernière a rapport à notre sujet: La Pâque.

L’édit issu de Dieu stipulait que tous les premiers-nés des Egyptiens devaient mourir et que les premiers-nés des Israélites devaient rester en vie. Et il a été commandé au Peuple Elu résidant en Egypte de prendre des dispositions spéciales pour bien marquer qu’il était un peuple séparé et distinct des Egyptiens. Les Israélites devaient se procurer pour chaque famille un agneau sans défaut et l’amener à la maison le dixième jour du premier mois. Ils devaient l’entretenir et s’en occuper jusqu’au quatorzième jour, et le tuer ensuite. Son sang devait être aspergé sur la face extérieure des montants et des linteaux, tandis que sa chair devait être rôtie au feu sans qu’aucun de ses os ne fût brisé. Il devait être mangé la nuit du quatorzième jour, avec des herbes amères et du pain sans levain. Le lendemain, fortifiés par cet aliment, les Israélites devaient se mettre en marche pour sortir de l’Egypte et se rendre dans la Terre Promise, afin d’y prendre possession d’un héritage que leur promettait l’Alliance conclue avec Abraham.

L’ange destructeur passa «par-dessus»

Et il arriva ce que l’Eternel avait prédit par la bouche de Moïse. Les premiers-nés des Egyptiens moururent cette nuit-là, mais ceux du Peuple Elu furent épargnés; l’ange passa « par-dessus »eux. Ce remarquable miracle fut commémoré conformément aux instructions divines; chaque année, au temps voulu, le dixième jour du premier mois, on amenait un agneau dans chacune des maisons des Israélites ; il y en avait un par famille ou par groupe. Tout le levain était ôté de leurs demeures. Tout ce qui représentait la corruption était brûlé; le pain que l’on mangeait avec l’agneau était seulement du pain sans levain. La célébration annuelle de la Pâque durait huit jours, le premier et le huitième jour étaient de grands jours, des jours qui devaient être célébrés d’une manière particulière. A l’occasion d’une récente visite à Jérusalem [écrit en 1910, Trad.], nous nous arrangeâmes en sorte d’être là au temps de la Pâque, sachant que celle-ci est non seulement la plus ancienne institution juive, mais la fête la plus joyeuse du Peuple Elu. Cette fête commémore une des premières manifestations de la faveur divine envers les Juifs, et leur rappelle les prophéties déclarant qu’en un temps futur Dieu se manifestera en leur faveur d’une manière encore plus marquée, selon qu’il est écrit : «C’est pourquoi voici, les jours viennent dit l’Eternel, où l’on ne dira plus: L’Eternel est vivant, lui qui a fait monter du pays d’Egypte les enfants d’Israël! Mais on dira : L’Eternel est vivant, lui qui a fait monter les enfants d’Israël du pays du septentrion et de tous les pays où il les avait chassés » (Jér. 16 :14, 15). Et encore: «Voici, des jours viennent, dit l’Eternel, et j’établirai avec la maison d’Israël et avec la maison de Juda une nouvelle alliance, non selon l’alliance que je fis avec leurs pères, au jour où je les pris par la main pour les faire sortir du pays d’Egypte, mon alliance qu’ils ont rompue, quoique je les eusse épousés, dit l’Eternel. » (Jér. 31: 31, 32, Darby). Il est ici donné à entendre de nouveau que cette délivrance et cette sortie d’Egypte, au temps de la Pâque, événement le plus remarquable de l’histoire passée du Peuple Elu, seront entièrement relégués à l’arrière-plan lorsque viendra le temps propre à l’établissement avec Israël de la Nouvelle Alliance; celle-ci sera vieille dans son rapport avec la Loi et les exigences divines, mais nouvelle en ce sens qu’elle sera fondée sur des sacrifices meilleurs et aura un Médiateur meilleur, capable de faire pour Israël des choses de loin meilleures que celles que put accomplir Moïse, le Médiateur de l’Alliance du Sinaï, qui fut cependant admirable dans tous ses efforts déployés pour servir de Médiateur au peuple. C’est de ce meilleur Médiateur, et de la meilleure Alliance que Celui-ci mettra en œuvre en faveur des Israélites, que Moïse parla quand il dit: « Le Seigneur, votre Dieu, vous suscitera d’entre vos frères un prophète comme moi (mais plus grand, mon antitype) ; vous l’écouterez dans tout ce qu’il pourra vous dire; et il arrivera que toute âme qui n’écoutera pas ce prophète sera exterminée d’entre le peuple. » — Actes 3: 22, 23 (Darby); Deut. 18: 15.

La Pâque à Jérusalem

La veille de la Pâque, toutes les familles juives étaient en pleins préparatifs. Comme nous sommes arrivés après le dixième jour du premier mois, selon le calendrier juif, nous n’assistâmes pas à la sélection des agneaux destinés aux familles. Les agneaux avaient déjà été amenés dans les maisons. Nous sommes arrivés à temps, cependant, pour voir s’accomplir les divers préparatifs en vue de la Fête. Chaque chef de famille nettoyait sa maison pour la circonstance; il en inspectait tous les coins et les recoins à la recherche de vieux os où de tout ce qui se décomposait, dégageait une odeur malodorante et de tout aliment qui se gâtait; et tous ces déchets étaient brûlés. De plus, après que le nettoyage proprement dit eut lieu, on procédait à une inspection ritualiste, de pure forme. Le chef de la famille, une bougie allumée à la main et suivi par les membres de la maisonnée, inspectait la maison entière.

L’immolation et le rôtissage de l’agneau étaient tout une procédure. On promenait l’extrémité d’une baguette d’un bout à l’autre de l’animal, dans le sens de la longueur, et aussi dans le sens de la largeur chez certains qui suggéraient ainsi l’idée d’une croix, bien involontairement, car rien n était plus éloigné de l’esprit des Israélites que le fait que leur agneau représente Jésus, le Crucifié.

Les membres de la famille se rassemblaient autour d’un plat commun. Et s’ils sont nombreux ceux qui se servent actuellement de couteaux, de fourchettes et de cuillers, d’autres, parmi le peuple, paraissent vouloir préserver la coutume du vieux temps et se servent beaucoup de leurs doigts. Certains prenaient des azymes modernes, mais très nombreux étaient ceux qui mangeaient du pain sans levain préparé à l’ancienne mode et qui ressemble à d’épaisses crêpes. Ces crêpes sont plutôt dures et flexibles. Si l’on en plie une dans les doigts, elle remplace assez convenablement une cuiller; on la consomme selon l’usage, quelquefois après l’avoir trempée dans des jus, ce qui la rend particulièrement savoureuse. On mange d’une façon qui est supposée rappeler celle employée lors de la circonstance première, lorsque les Israélites mangeaient revêtus de leurs habits de voyage et prêts à partir immédiatement pour la Terre Promise. Dans chaque maison, conformément aux instructions données par Moïse, le chef de famille expliqua aux siens la signification de la fête, son origine rattachée au début de l’existence nationale juive. La manducation de l’agneau, selon la Loi, devait se faire le quatorzième jour du premier mois. Le quinzième jour suivait la fête où l’on commémorait, dans les réjouissances, la grande délivrance de la puissance de Pharaon et le passage par la Mer Rouge. Nous n’avons pas eu le privilège de rester à Jérusalem pendant les huit jours de fête. Mais le premier grand jour de cette fête vit certainement la Sainte Cité au summum de sa joie.

Non seulement cette circonstance revêtait un intérêt particulier pour les Juifs qui constituaient la majorité de la population, mais c’était aussi un temps consacré à la prière et à la fête, pour tout le monde, chez le Chrétiens grecs et arméniens et chez les Mahométans qui, ensemble, forment une partie importante de la population. Les anciennes communautés chrétiennes célèbrent toujours la mort et la résurrection de notre Seigneur à la manière de l’Eglise primitive, conformément au procédé juif de calcul de la date appropriée, procédé abandonné négligemment depuis de longs siècles par le système Catholique Romain et ses systèmes filles. Ce qui explique le fait que cette année [écrit en 1910, trad.] les Eglises Catholique Romaine, Episcopale, et Luthérienne célébrèrent le Vendredi Saint et le Dimanche de Pâques les 25 et 27 mars, tandis que la commémoration dont nous fûmes témoins eut lieu un mois plus tard, les 22 et 24 avril. Nous eûmes en conséquence le plaisir d’observer la célébration grecque et arménienne du Vendredi Saint et du Dimanche de Pâques.

La signification et l’interprétation.

Depuis trente-cinq siècles, le Peuple Elu de Dieu, obéissant au commandement divin, célèbre la « Pâque » commémorative, voyant simplement sa signification extérieure et ne comprenant pas un seul moment la véritable signification du fait grandiose qu’il commémore, savoir que cette Pâque typifiait un trait important du Programme Divin, et de grande valeur pour les Juifs et pour tout le genre humain. L’agneau qu’ils immolaient typifiait « l’Agneau de Dieu », Jésus, dont la mort constitue le Prix de Rançon pour les péchés du monde entier. Sa mort devait nécessairement intervenir avant que la promesse faite à Abraham, et par celui-ci au Peuple Elu, eût pu avoir son accomplissement. Un rachat du péché, devant avoir un effet éternel, devait être fondé sur un sacrifice meilleur que celui de l’agneau, répété chaque année. Non seulement il était nécessaire que Jésus devînt un homme afin de donner Sa vie en sacrifice pour le genre humain (pour Adam et sa race), mais il était nécessaire en outre que, ayant terminé l’œuvre du sacrifice, Jésus montât au ciel, qu’Il s’assît à la droite de l’Eternel pour être le Messie Spirituel qui, au temps voulu, accomplira en faveur du Peuple Elu toutes les gracieuses promesses qui lui sont faites. Ces promesses sont incluses dans l’Alliance traitée avec Abraham, en laquelle les Juifs espèrent et suivant laquelle l’Eternel se servira d’eux pour transmettre ses bénédictions à toutes les nations, à tous les peuples et à toutes les langues. Une condamnation ayant pour cause le péché frappait le monde: « Le salaire du péché, c’est la mort. » (Rom. 6 : 23). La peine infligée à l’homme devait être expiée avant que cette sentence de mort pût être écartée complètement et pour toujours, avant que l’homme pût être, entièrement et pour toujours, relevé de l’état de mort et ramené à la vie éternelle et à l’harmonie avec son Créateur.

En accord avec l’arrangement divin, Jésus s’offrit d’abord aux Israélites comme leur Roi. Mais les Israélites ne comprirent pas qu’Il pouvait être leur Messie, parce qu’Il n’avait ni richesses, ni armées, ni amis influents: ils le dédaignèrent, Le prenant pour un séducteur. Lorsqu’Il se déclara Fils de Dieu et leur Libérateur, ils Le prirent pour un imposteur et un blasphémateur digne de mort.

Après L’avoir condamné par leur propre tribunal, le Sanhédrin, n’ayant pas l’autorité de l’exécuter eux-mêmes, ils L’accusèrent du seul crime que le Gouverneur romain pouvait prendre en considération: la trahison à l’Empereur romain. En menaçant Pilate de l’associer dans la trahison avec Jésus, ils lui forcèrent la main et finirent par faire crucifier l’Agneau Pascal Antitypique. Jésus fut étendu sur la croix, d’une manière très semblable à celle qu’ils ont employée pour empaler leur agneau pascal afin de le rôtir.

« Le dixième jour du Premier Mois. »

En outre, remarquons le fait que juste aux temps approprié, c’est-à-dire le dixième jour du premier mois, au cours duquel ceux qui formaient; le Peuple Elu choisissaient leurs agneaux pour la Pâque, Jésus se présenta comme Agneau de Dieu, et fut rejeté. Il se présenta au jour précis et exactement selon la manière prescrite par le Prophète Zacharie: «Voici, ton roi vient à toi; il est juste et ayant le salut (Darby), il est humble et monté sur un âne… Il annoncera la paix aux nations, et, il dominera d’une mer à l’autre, depuis le fleuve jusqu’aux extrémités de la terre (Segond). » (Zacharie 9: 9, 10). Cette prédiction se réalisa à la lettre, comme nous l’avons déjà vu. Elle s’accomplît comme le Prophète le prédit, le jour même où débuta le « double» des expériences d’Israël. Les membres du Peuple Elu furent aveuglés par un sentiment de suffisance. Ils répudièrent l’humble Roi, refusèrent de L’accepter comme Agneau et de L’accueillir dans leurs cœurs et leurs maisons. Il n’en continua pas moins à accomplir ce qui était montré dans le merveilleux type. Comme Agneau Pascal antitypique, Il mourut le quatorzième jour, en accord exactement avec le type.

Certains d’entre le Peuple Elu reçurent sur-le-champ une grande bénédiction par Lui: les Apôtres de Jésus et d’autres membres du peuple, au cœur humble, obéissant et fidèle. Ceux-là se nourrirent de l’Agneau et du pain sans levain de la grâce de Dieu qu’ils reçurent par Lui. Ils reconnurent que le Sang de Jésus était aspergé sur les « montants » et les « linteaux » du cœur des membres de la « maison de la foi ». Très peu de temps après, ils purent célébrer la mort de l’Agneau de Dieu — et les véritables disciples la commémorent toujours, comme fondement de toutes leurs espérances, joies et bénédictions, et jouissent par conséquent d’un rafraîchissement continuel que leur procure la faveur de l’Eternel, que ces disciples soient riches ou pauvres, grandement ou peu honorés dans le domaine des choses terrestres —. Ils furent acceptés par le Père le Jour de la Pentecôte, cinquante jours après que Jésus fut devenu, par sa résurrection, « la Gerbe, prémices » de moisson (Lévitique 23 :10). Le Père les accueillit pour les élever à un plan d’existence supérieur, en les engendrant du Saint Esprit et en convenant avec eux que, s’ils marchent fidèlement sur les traces de Jésus, l’Agneau de Dieu, ils auront part à Son magnifique triomphe et au Royaume Spirituel par lequel les bénédictions terrestres seront très prochainement accordées au Peuple Elu de Dieu, à Israël.

Non seulement le Messie sera le Roi des Juifs, mais, comme la prophétie de Zacharie le déclare, Son Royaume s’étendra « d’une mer à l’autre » (il englobera la terre entière). Toutes les nations reconnaîtront Sa puissance et Sa gloire; tout genou fléchira devant Lui et toute langue Le confessera, à la gloire de Jéhovah. Les Israélites accueilleront le glorieux Messie qui leur est promis lorsqu’Il se révélera en puissance et en grande gloire, à la fin de cet Age. Entre-temps, ils auront laissé passer (le reste mentionné en Esaïe 10 : 21-23 excepté) l’honneur offert à eux en premier lieu de constituer Son Epouse Spirituelle (Psaume 45:10-15). Mais Dieu avait prévu et prédit cela par la bouche des Prophètes (Esaïe 10: 22; 1 : 9). Il garda cependant caché le fait que le Royaume du Messie serait un royaume spirituel. Pas une seule promesse relative à un Messie Spirituel ne fut donnée ni dans la Loi ni dans les Prophètes. Toutes les promesses incluses dans l’Ancien Testament, de la Genèse à Malachie, sont terrestres. L’est même celle faite à Abraham et qui se lit: Tout le pays que tu vois, je le donnerai à toi et à ta postérité après toi (Genèse 13 :15; Actes 7 : 5). Israël n’a pas perdu cette promesse. Non seulement le Peuple Elu est représenté d’une manière très marquée en la Postérité Spirituelle d’Abraham, mais Abraham et tous les fidèles prophètes d’Israël seront, sous peu maintenant, établis « Princes (gouverneurs) sur toute la terre » (Psaume 45 : 17, Synodale) ; et alors la postérité d’Abraham sera relevée et constituera le canal par lequel les bénédictions divines seront dispensées à tous les peuples. « Dieu n’a point rejeté son peuple, qu’il a connu d’avance. » (Rom. 11 : 2). Il est sur le point d’accomplir pour eux toutes Ses bonnes promesses, sous Sa Nouvelle Alliance mentionnée par Jérémie (31 : 31), sous le plus grand Médiateur qu’aura cette Nouvelle Alliance et sous la sacrificature de celle-ci, une sacrificature supérieure, antitypique, symbolisée par Melchisédek (Ps. 110:4) et prédite par Malachie (3 : 1-3).

Semblable à Moïse, mais plus grand

Conformément au Plan de l’Eternel, le Roi Messie sera Médiateur entre Dieu et Israël, comme antitype de Moïse ; Il sera le Sacrificateur antityque, le Roi, le Messie promis depuis longtemps. Le fait qu’Il ne sera pas dans la chair, mais qu’Il sera un Messie spirituel, accroîtra Sa gloire et Sa puissance au lieu de les amoindrir. La gloire terrestre, les Israélites l’auront : des bénédictions terrestres qui dépasseront tout ce qu’ils pourront rêver et qu’ils recevront des mains de Celui que l’Eternel a hautement élevé, Le constituant « Fils de David, Roi d’Israël ». Et, issue d’Israël, sous la Nouvelle Alliance et par le Médiateur d’Israël, une voie d’accès à Dieu sera ouverte pour tous les Gentils. C’est ainsi qu’il est écrit : « Des peuples s’y rendront en foule et diront : Venez et montons a la montagne (au Royaume) de l’Eternel, à la maison du Dieu de Jacob, afin qu’il nous enseigne ses voies, et que nous marchions dans ses sentiers. Car de Sion (le Royaume Spirituel) sortira la loi, et de Jérusalem (le Royaume terrestre d’Israël restauré) la parole de l’Eternel. » (Esaïe 2 : 3). Et il arrivera que sera privée de pluie (elle ne recevra aucune bénédiction particulière) la nation qui ne reconnaîtra pas Jérusalem comme siège du gouvernement de Dieu qui y sera alors établi. —Zacharie 14 :17.

Remarquez que ce point relatif à la bénédiction des Gentils est mentionné par le Prophète Zacharie. On lit en effet que le Messie « annoncera la paix aux nations ». Mais cette bénédiction de paix parviendra en premier lieu au Peuple Elu de Dieu, par lequel elle atteindra ensuite les Gentils. Le même principe est observé dans la sélection des Israélites Spirituels. Nous avons déjà vu que d’entre le Peuple Elu, certains — un « reste »comme le déclare le Prophète — furent prêts à accepter le Messie, et ils acceptèrent Jésus comme Tel et reçurent la bénédiction de la Pentecôte.

Ceux-là, comme nous l’avons noté, furent les Apôtres de l’Eglise Chrétienne et ses premiers représentants. Mais après avoir donné au Peuple Elu la première possibilité d’obtenir les bénédictions spirituelles, le Messie favorisa les Gentils et leur parla aussi de paix, leur offrant l’occasion de faire partie de la Postérité Spirituelle d’Abraham. C’est ainsi que l’Evangile de la Grèce, l’invitation à devenir membres associé avec le Messie, sur le plan spirituel, a été, sous la Providence divine, durant cet Age de l’Evangile, étendue aux Gentils, à ceux d’entre eux qui ont eu une oreille pour écouter et un cœur pour comprendre et obéir. Et c’est ainsi que Dieu choisit, d’entre les Juifs et les Gentils à la fois, des individus qui méritent d’être unis à Son fils, le Rédempteur. Ceux-ci ne forment qu’un « petit troupeau », comparés aux millions de ceux qui ne sont Chrétiens que de nom et dont ils sont sortis. A ce « petit troupeau » le Rédempteur déclara : « Ne crains point, petit troupeau ; car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume » (Luc 12 : 32), le Royaume qui doit bénir Israël et, par Israël, parler de paix à toutes les nations, à tous les membres de la race d’Adam, pour offrir à tous l’occasion d’être libérés de l’état de péché et de mort et de revenir à l’harmonie avec Dieu et obtenir la vie éternelle.

Oh oui, le type de la Pâque et son antitype renferment de précieuses leçons et bénédictions pour le Peuple Choisi qui en bénéficiera au temps fixé par Dieu. Dieu déclare que la condition d’aveuglement et de rejet de Sa faveur, dans laquelle s’est trouvé le Peuple Elu pendant plus de dix-huit siècles, ne doit pas durer toujours, mais simplement jusqu’à ce qu’Il ait rassemblé, d’abord d’entre Israël et ensuite d’entre les Gentils, Ses associés « élus », ceux qui seront sur le plan spirituel. Ensuite, tous les Israélites seront guéris de leur aveuglement et d’abondantes bénédictions se répandront sur eux. Leur rejet et leur aveuglement comme nation ont été voulus par Dieu pour leur procurer une bénédiction nationale. Sous des conditions adverses, ils se sont maintenus ensemble comme peuple, un peuple condamné dans son ensemble, afin de recevoir miséricorde dans son ensemble. — Romains 25 : 30-32.

L’Eglise des Premiers-nés

Souvenons-nous que le danger ne planait pas sur tous les Israélites la nuit où fut mangé l’agneau pascal, mais seulement sur les premiers-nés, qui furent épargnés. Un peu plus tard, Dieu échangea les premiers-nés de toutes les familles contre une tribu entière, la tribu de Lévi. Aussi, dès lors, cette seule tribu représentait ceux qui furent sauvés lorsque l’ange destructeur « passa outre », sauvés grâce au sang de l’agneau et à leur manducation de sa chair, avec des herbes amères et du pain sans levain.

Deux types se confondent ici.

(1) Les Israélites spirituels auxquels nous avons déjà fait allusion sont en premier lieu représentés dans le type. Le Messie glorifié est leur Souverain Sacrificateur, l’antitype d’Aaron qui offrait les sacrifices, et de Melchisédek qui fut un sacrificateur assis sur son trône. Les fils d’Aaron représentaient le petit nombre de saints qui, au milieu de la mauvaise et de la bonne réputation, ont suivi leur Maître, se sacrifiant fidèlement jusqu’à la mort. Comme nous l’avons vu, les premiers de ces saints ont été appelés d’entre le Peuple Elu de Dieu. Ils formaient un nombre insuffisant, aussi le reste fut-il appelé du milieu des Gentils, et accepté, parce que ceux qui le constituaient étaient mus par une foi et une obéissance semblables à celles d’Abraham.

(2) De plus, il existe une classe de disciples de Jésus, fidèles mais moins zélés, qui ont effectué un noble service mais à qui a manqué dans une certaine mesure l’esprit de sacrifice convenable. Ils correspondent aux Lévites et sont pareillement appelés d’entre les Juifs et les Gentils.

Ces deux classes réunies, typifiées par les Sacrificateurs et les Lévites, constituent l’Eglise des Premiers-nés dont les noms sont inscrits dans les cieux (Héb. 12 : 23). Ceux-ci sont « une sorte de prémices » des créatures de Dieu (Jacques 1 : 18, Darby). Tous ensemble, choisis d’abord d’entre le Peuple Elu et ensuite d’entre les Gentils, ils furent typifiés par les premiers-nés d’Israël qui furent épargnés la nuit au cours de laquelle les premiers-nés d’Egypte furent tués. Nous voyons ainsi que cet Age de l’Evangile, allant de la première venue de Jésus jusqu’à l’établissement du Royaume Messianique, est la nuit où des ténèbres couvrent la terre (la terre civilisée) et d’épaisses ténèbres les païens. Le sang de Jésus, l’Agneau Pascal (1 Cor. 5 : 7), est aspergé sur les montants de la Maison de la Foi ; les membres de celle-ci sont sous sa protection ; ils peuvent participer au pain sans levain de la Vérité, à l’énergie et à la bénédiction fournies gratuitement par le Sacrifice, et acceptées et assimilées par le croyant.

Ceux qui naîtront après, de même que les Premiers-nés

Une grande erreur entretenue dans le passé par nombre d’entre nous a consisté à croire que doivent obtenir le salut seuls les Premiers-nés épargnés par la Providence divine durant cette Nuit de l’Evangile et transférés de la mort à la vie. Un coup d’œil sur le tableau, le type que nous fournit le Peuple Elu dans sa Pâque, nous indique clairement le contraire. Les premiers-nés d’Israël ne furent pas les seuls sauvés. Le récit montre que leur sombre nuit fut suivie d’un matin de bénédiction et de joie; ce fut la sortie et la délivrance de l’esclavage, non seulement pour les premiers-nés, mais pour tout Israël. Dans le type les premiers-nés devinrent Sacrificateurs et Lévites, les chefs religieux devant conduire le peuple hors des ténèbres et de l’esclavage à l’émancipation et à la lumière ; de même, l’Eglise du Messie, choisie durant cet Age de l’Evangile d’entre les Juifs et les Gentils, libérera Israël — toutes les tribus du Peuple Elu — de la puissance du péché et de la mort, au temps propre, au matin de la Nouvelle Dispensation, dans le Royaume messianique. Moïse, qui fit sortir le Peuple Elu, représentait en type ce grand Messie qui sera sur le plan spirituel et qui sous peu libérera Son peuple, les Israélites, et leur accordera toutes les bénédictions, toutes les faveurs et tous les privilèges inclus dans la promesse abrahamique, et qui dépasseront de beaucoup, sans nul doute, ce que nous avons pu supputé jusqu’ici.

Le fait que seul le Peuple choisi par Dieu ait été délivré de la servitude d’Egypte, que seuls les Israélites aient traversé la Mer Rouge à pied sec, qu’ils aient seuls été l’objet des soins providentiels divins dans le désert, ne signifie pas que le Messie bénira uniquement la postérité naturelle d’Abraham, et ce n’est pas ce qu’il y a lieu de comprendre. La bénédiction parviendra d’abord au Peuple Elu qui, à cause des Pères, est toujours aimé de Dieu et qui doit être introduit en parenté d’Alliance avec Lui. Les membres des autres nations ne sont pas compris dans le type parce que, pour pouvoir entrer en communion et en parenté avec Dieu — ce qui se fera par l’entremise du grand Médiateur, du Messie — il leur faudra devenir citoyens de Sion, membres du Peuple Choisi par Dieu.

Cette affirmation pourra étonner des Chrétiens au caractère noble, des étudiants de la Bible érudits, parce que beaucoup parmi eux ne sont pas manifestement parvenus à comprendre certains traits de la Promesse Divine, relatifs à la Nouvelle Alliance. Cette Alliance, nous est-il clairement dit, doit être traitée entre Dieu et Son Peuple Choisi, et non avec une autre nation. C’est ainsi que, conformément à l’Alliance que Dieu conclut avec Abraham et au serment qu’Il lui fit, « toutes les familles de la terre seront bénies » par l’intermédiaire d’Israël. L’établissement de la Nouvelle Alliance de la Loi avec Israël sera une bénédiction pour les autres nations, parce que l’occasion sera offerte à toutes les nations et à tous les peuples de se soumettre aux conditions de cette Nouvelle Alliance (de la Loi) qui aura pour Médiateur Celui qui est supérieur à Moïse. Se soumettre à cette Alliance signifiera se soumettre entièrement à la Loi divine telle qu’elle est exprimée dans la Loi de Moïse et dans la haute interprétation qui nous en est donnée et qui est résumée dans l’expression l’Amour est l’accomplissement de la Loi. Le Grand Messie, qui bénira donc en premier lieu le Peuple Choisi de Dieu, étendra avec plaisir Son service à toutes les nations et à tous les peuples qui se montreront disposés à accepter Ses faveurs et à se conformer aux Lois divines. C’est ainsi que, durant le règne du Messie, toutes les nations deviendront progressivement parties de la postérité d’Abraham. Et c’est de cette manière qu’à la fin du règne du Messie, la promesse faite par Dieu à Abraham trouvera son accomplissement « Je multiplierai ta postérité comme les étoiles du ciel et comme le sable qui est sur le bord de la mer. » (Gen. 22 :17). Deux postérités sont ici clairement mises en évidence :1) la Postérité spirituelle, ou Messianique, les Sacrificateurs et les Lévites antitypiques, sur le plan spirituel, symbolisés par les étoiles. 2) Israël, absorbant les obéissants de toutes les nations de la terre, par l’œuvre de médiation du Messie, sous la Nouvelle Alliance, grossira la postérité d’Abraham jusqu’à ce que, à la clôture du Royaume Messianique, tout le genre humain soit incorporé au Peuple Choisi de Dieu, qu’il en fasse partie, excepté ceux qui refuseront d’écouter le Prophète, le Sacrificateur et Roi, Celui qui sera plus grand que Moïse, et de Lui obéir ; ceux-là seront retranchés de la vie en mourant de la Seconde Mort, ce qui signifiera pour eux une destruction éternelle.

« Ce que le Pasteur Russell écrivit pour l’Overland Monthly », page 93.