AMOUR TERRESTRE ET AMOUR CÉLESTE

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Les journalistes se rendent compte que, depuis quelques années, le monde civilisé est entré dans une époque de passions, de convoitises et de crimes. Les rédacteurs, des meilleurs journaux surtout, ayant constaté que la publication de détails tend à exciter la malice et les mauvaises passions, s’unissent pour les supprimer. Leur sagesse est d’autant plus louable que cette suppression n’est pas faite dans leur intérêt; ils connaissent les goûts dépravés des gens et constatent que plus les détails sont répugnants, plus est grand l’intérêt du public en général et son appréciation du journal, lequel répond à ses goûts.

On peut s’expliquer de différentes manières cette vague de passions et de crimes. Nos ennemis mettront sans doute cela sur le compte de nos enseignements favorisant l’idée que l’enfer de la Bible n’est pas un lieu de tourments éternels, mais la tombe ; ils diront que ces enseignements donnent libre cours aux passions humaines en enlevant le frein de la crainte. Nous leur répondrons que les vicieux ne reçoivent pas notre message, comme d’ailleurs les Ecritures le disent « Aucun des méchants ne comprendra, mais ceux qui auront de l’intelligence [de la sagesse d’en haut] comprendront ». Les méchants, les vicieux, ne sont pas assez intéressés pour découvrir ce que nous croyons ou enseignons. Leurs croyances ne sont pas édifiées sur la parole de Dieu, mais sur le poids général du prestige des dénominations.

Nous croyons fermement que la non-croyance en Dieu et en la Bible — la non-croyance à un ciel ou à un enfer quelconque — est la cause de cette vague de crimes. Depuis plusieurs décennies, nos grandes écoles, facultés, universités, se sont tournés du côté de la libre pensée par milliers. A peu près tous les influents des universités sont des libres-penseurs. L’influence de leur incrédulité, de leur non-croyance à la Bible, pénètre dans toutes les couches de la société eux-mêmes étant admis dans les plus hautes classes — en chaire, dans les cercles sociaux. Il est à remarquer que les crimes de nos jours sont commis fréquemment par des hommes et des femmes instruits dans les facultés, universités et par des gens qui, influencés par eux, ne croient pas à la Bible comme à la parole de Dieu.

Nous croyons que, à part ce que nous venons de dire, cet état de choses est particulier à nos jours. Nous vivons dans un temps de grande activité mentale de toutes manières, un temps d’efforts, d’excitation fiévreuse dans tous les sens. Les mets trop assaisonnés ainsi que les boissons aiguisent les appétits physiques et conduisent à des désirs sensuels toujours plus prononcés. Le courant est trop fort pour notre race à cause de sa faiblesse, de la dégénération opérée pendant les six mille ans. Quelle qu’en soit la philosophie, le fait reste : le monde est dans une condition fiévreuse, dans une condition d’excitation, de colère, de malice, de haine, de lutte, d’envie, d’orgueil au-delà de toute expression.

Les enfants de Dieu consacrés, quoiqu’ils ne soient pas du monde sont dans le monde, quoique nouvelles créatures, « sanctifiées en Jésus-Christ », ils ont leur trésor dans des vases de terre qui sont sujets aux mêmes passions et aux mêmes tempêtes que le monde en général. Depuis longtemps, notre opinion est que l’adversaire et les anges déchus sont, pour une bonne part, la cause de l’excitation des passions ; nous pouvons aussi être sûrs que ces esprits malfaisants sont vigilants dans leurs essais d’attraper dans leurs pièges les disciples consacrés du Seigneur. Saint Paul dit : « Nous n’ignorons pas ses desseins » (Il Cor. 2 : 11) et nous savons que la chair et le sang ne sont pas assez forts pour lutter contre « les mauvais esprits des régions célestes » (Eph. 6 :12 — St.). Le peuple de Dieu doit être sur ses gardes plus que les autres humains, quoique tous doivent être tout spécialement vigilants maintenant pour pouvoir résister aux mauvaises tendances de nos jours que tous admettent sans pouvoir en expliquer les causes.

« Garde ton coeur plus que tout ce que tu gardes»

Le secret de la force du chrétien consiste dans le fait qu’il a renoncé à sa volonté charnelle propre pour accepter celle de Christ. Il y a danger que les efforts de sa chair tendent à vaincre sa nouvelle volonté. La chair, sans qu’on s’en doute, fait croire que telle ou telle chose n’est pas mauvaise parce qu’elle est naturelle, elle insiste à ce que ses droits soient conservés ; elle fait même quelquefois croire à la « nouvelle créature » qu’elle commettrait un crime en mortifiant la chair ainsi que ses affections et des désirs. — Col. 3 : 5 ; Gal. 5 : 24.

La nouvelle créature ne peut pas se fier aux suggestions de la chair en toute chose. L’expérience lui enseigne qu’elle sera trompée et prise dans les filets si elle écoute les conseils de la chair l’homme nouveau ne doit donc se reposer que sur Dieu, sur son conseil, sur sa parole. Le raisonnement de la nouvelle créature sur n’importe quel sujet, doit être selon les lignes tracées de l’instruction divine. Elle ne doit pas avoir confiance en son propre jugement, au jugement de sa propre chair; elle ne doit pas non plus avoir confiance au jugement de son prochain qui peut être plus ou moins influencé par son esprit charnel, quand même il serait consciencieux, quand même son avis serait bon. La nouvelle créature doit voir, par la parole de Dieu, la voie qu’elle doit suivre et elle doit la suivre; elle ne doit pas en dévier car, si elle le faisait, les résultats pourraient en être très graves.

Si le chrétien avance dans son développement spirituel, s’il parvient à gouverner sa chair, à apprécier l’esprit de Christ, il deviendra fort « dans le Seigneur et dans la puissance de sa force », la force de son Saint Esprit. Il deviendra plus doux, plus humble, plus patient, il aura plus d’amour fraternel, plus d’amour. Il produira ainsi les fruits de l’Esprit et croîtra dans les grâces du Saint Esprit, à la ressemblance du Maître et du Modèle. Les dangers ne sont cependant pas tous passés, car il trouvera l’adversaire et la chair prêts à l’attaquer par d’autres côtés, dans un sens tout à fait différent de celui du début lorsqu’il donna son cœur au Seigneur.

Ces dernières attaques arrivent du côté de l’amour, le plus haut point spirituel qu’on puisse atteindre. Comme nouvelle créature, le chrétien désire que son amour soit pur, saint, spirituel. Il désire que son amour pour les frères soit le même que celui qu’il a pour le Père, pour le Fils, et pour les saints anges ; mais lorsqu’il essaye de régler son amour d’après les conditions présentes, ses intentions et ses ambitions pures et saintes sont assaillies par la chair.

Non seulement les frères et sœurs apprécient comme lui les choses spirituelles, la vérité, -la- pureté, etc., mais encore, leur développement dans les fruits de l’Esprit tend à les rendre plus attrayants dans la chair aussi bien que dans l’esprit et dans les dispositions. Si donc l’amour spirituel, la confiance et la communion fraternelle augmentent, il y a un autre danger à cause de la faiblesse de la chair; il est ainsi nécessaire que chaque enfant de Dieu soit vigilant, veille dans un esprit de prière et combatte chaque intrusion de l’esprit charnel, combatte ses appétits et ses désirs. La chair doit être mortifiée, crucifiée, tuée à n’importe quel prix, afin que la nouvelle créature puisse vivre. La vie de l’un signifie la mort de l’autre. Plus tôt nous comprendrons cette grande vérité, mieux ce sera pour nous.

Affectionnez-vous aux choses d’en-haut »

Ces affections terrestres ne tendent pas toujours à la sensualité, mais elles tendent toujours à une autre direction qu’aux intérêts de la nouvelle créature. Nous avons connu des cas de forts attachements entre frères et aussi entre sœurs qui ont été à leur préjudice spirituellement. Le mal consiste dans la satisfaction d’un désir ardent de leur âme d’avoir une compagnie terrestre, quelque pur que puisse être ce désir. L’intention du Seigneur n’est pas que son peuple trouve la satisfaction de son cœur en une personne dans un sens terrestre; il désire que, dans la fidélité à sa Parole et à lui-même, nous sentions notre responsabilité individuelle, et soyons conduits individuellement près de lui, qu’en lui nous trouvions la compagnie, la joie et la paix que tout cœur vrai désire. –

Si pure que soit la satisfaction que nous cherchons dans l’amitié de la vieille créature, du vieil homme, elle est au détriment de la nouvelle nature et de son amitié spirituelle pour le Seigneur. Le fait que nous trouvons pleine satisfaction en une personne, sur des bases terrestres, est une preuve que nous n’avons pas atteint cette élévation de sentiments et d’aspirations que le Seigneur veut pour nous, ce désir que lui seul peut satisfaire.

Une amitié étroite et absorbante dans la chair, quelque pure qu’elle soit est au préjudice de la nouvelle créature dans un autre sens. Non seulement elle prouvera son manquer de juste appréciation de l’amitié, de la communion du Seigneur, mais elle montrera aussi un manque de juste appréciation de l’amitié, de la communion du corps entier de Christ qui est l’Eglise.

L’Esprit de Christ est trop large pour nous permettre de concentrer notre sympathie et notre intérêt sur une personne, à moins que cette personne ne soit le Seigneur lui-même. Quant aux autres, les membres du corps de Christ, nous devons avoir de l’intérêt pour eux tous, non seulement pour le riche, mais aussi pour le pauvre non seulement pour le sage et le noble, mais aussi pour l’ignorant; nous devons avoir de l’intérêt non pour leur chair, mais pour eux, comme nouvelles créatures en Christ. Ceux qui ont le plus de difficultés en ce qui concerne les enseignements des choses terrestres, le plus de difficultés à cause des faiblesses de la chair, sont ceux qui ont le plus besoin de nos sympathies terrestres et de notre affection, s’ils combattent de toutes leurs forces le bon combat pour vaincre leurs faiblesses.

Nous vous exhortons donc tous, comme enfants de Dieu, à mettre de plus en plus votre affection aux choses qui sont en haut et non à celles qui sont sur la terre, afin que vous puissiez être transformés, afin que vous éprouviez que la volonté de Dieu est bonne, agréable et parfaite, afin que sa volonté soit faîte en nous tous parfaitement. Sa volonté est raisonnable. Il sait de quoi nous sommes formés, il se souvient que nous ne sommes que poussière. Il désire que notre volonté soit de nous consacrer à lui, il désire que notre consécration ne soit pas faite selon la chair, mais selon l’esprit, non à une personne ou à une petite partie de l’Eglise, mais à tous ceux qui se réclament du nom de Christ et qui ont tourné leur face vers le ciel comme soldats de la croix, s’avançant vers le mont de Sion antitypique et vers l’assemblée générale de l’Eglise des premiers-nés. — Ps. 103 :14; Rom. 8 : 4; Héb. 12 : 23.

(T. G. 8-1913)