Contre quoi Dieu manifesta-t-Il sa justice ? Condamna-t-Il à la mort le corps ou l’âme de l’homme ? Est-il vrai que l’âme de l’homme soit immortelle ? Si oui, comment Dieu pouvait-Il la faire mourir ?
Il est utile de définir les termes avant d’essayer de les discuter. Il faut, de plus, que la définition donnée soit appuyée par des preuves de la Bible. C’est ce que nous essaierons de faire avant de répondre à la question posée.
Immortel veut dire qui ne peut pas mourir, qui ne peut être détruit dans la mort. Ame signifie créature ou être sensible qui se meut, qui respire, qui est doué de facultés dont il se sert. Pour comprendre si oui ou non l’âme est immortelle, il est indispensable de déterminer d’abord d’après la Bible en quoi consiste l’âme. « L’Eternel Dieu forma l’homme de la poussière de la terre, il souffla dans ses narines un souffle de vie, et l’homme devint une âme vivante » (Genèse 2 7). Le mot âme est synonyme de être, créature et homme. La poussière de laquelle l’Eternel forma le corps n’était pas consciente. Il n’y avait pas de vie en elle. Après que Dieu se fut servi des éléments du sol pour former l’homme, Il souffla dans ses narines le souffle de vie qui anima le corps, mit en action les poumons, fit circuler le sang dans les artères et les veines, d’où il résulta un être sensible qui se mut, qui respira, un homme, une âme. Le corps, sans le souffle, ne constitue pas l’âme il faut l’union du souffle et du corps pour que l’âme puisse exister. Séparez le souffle du corps, l’âme cesse au même instant. Les Ecritures ne disent pas que Dieu souffla dans ce corps l’immortalité, mais simplement que l’âme résulta de l’animation du corps après qu’il eut été créé, qu’elle fut la conséquence du souffle qu’Il insuffla dans ses narines.
Prenons comme illustration une locomotive. Elle est sur la voie, sans feu dans le foyer, sans eau dans la chaudière, par conséquent sans vapeur. C’est une machine morte, disons-nous. Mais voici qu’on chauffe de l’eau. La vapeur produite est chassée dans les cylindres, le régulateur est ouvert et la machine se met en mouvement. Lâchez la vapeur, elle s’arrête.
Ainsi en est-il de l’homme. Le corps une fois formé est inanimé et inactif tant qu’il est sans souffle. Que le souffle de vie vienne à être insufflé dans ses narines et que ses organes commencent à fonctionner, l’homme devient une créature qui respire, une âme par conséquent. Cesse-t-il de respirer, il meurt.
L’homme est une âme, il ne possède pas une âme. Toute créature qui respire est une âme. Dieu appela âme vivante des animaux d’un ordre inférieur, longtemps avant la création de l’homme (Genèse 1 : 20. — L.). Toutes les créatures qui respirent sont appelées âmes par l’Eternel, comme le prouve le verset suivant : « Tu prélèveras sur les hommes de guerre, qui sont sortis à l’armée, un tribut à l’Eternel d’une âme sur cinq cents, tant des hommes que du gros bétail, et des ânes et du menu bétail » (Nombres 31 : 28 — L.). Toutes les âmes meurent de la même manière. « Car le sort des fils de l’homme et celui de la bête est pour eux un même sort ; comme meurt l’un, ainsi meurt l’autre ; ils ont tous un même souffle et la supériorité de l’homme sur la bête est nulle ; car tout est vanité. Tout va dans un même lieu, tout a été fait de la poussière et tout retourne à la poussière ». — Ecclésiaste 3 :19, 20.
En manifestant sa justice, Dieu dit à Adam « Tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal car le jour où tu en mangeras, tu mourras » (Genèse 2 : 17). Cette sentence fut prononcée contre l’homme, l’être, l’âme. S’il pouvait subsister un doute sur ceci, il se trouverait tranché par cette autre déclaration de la Bible : « L’âme qui pèche, c’est celle qui mourra » (Ezéchiel 18 : 4). « Y a-t-il un homme qui puisse vivre et ne pas voir la mort, qui puisse sauver son âme du séjour des morts ? » — Psaume 89 : 49.
La pensée que les âmes sont immortelles a son origine chez Satan, le diable. Il s’approcha d’Eve et dit : « Si vous mangez de cet arbre, vous ne mourrez certainement pas ». Jésus dénonça cette affirmation comme étant le premier mensonge qui eût été prononcé et Satan comme le père du mensonge (Jean 8 : 44). Satan a essayé d’aveugler l’humanité sur la vérité concernant le grand plan divin dans le but de la tenir éloignée de Dieu et des bénédictions qu’elle recevrait si elle lui obéissait. L’apôtre dit qu’il est « le dieu [puissant] de ce monde », c’est-à-dire du présent ordre social mauvais, et qu’il a aveuglé les esprits des hommes, afin que le glorieux évangile du Seigneur Jésus- Christ ne brillât dans leurs cœurs (2 Corinthiens 4 : 4). Depuis les jours de l’Eden jusqu’à maintenant, il a aveuglé leur intelligence en leur instillant une fausse conception du plan de l’Eternel, et la base de cet aveuglement fut surtout son premier mensonge : « Vous ne mourrez nullement ».
Toutes les fausses doctrines viennent de là. Si l’homme avait une âme immortelle, celle-ci ne pourrait être mise à mort. Dieu serait alors incapable d’exécuter son jugement contre le pécheur et la justice serait impuissante. Les Ecritures affirment pourtant que l’immortalité n’appartient de toute éternité qu’à l’Eternel « qui seul possède l’immortalité, qui habite une lumière inaccessible, que nul homme n’a vu ni ne peut voir » (1 Timothée 6 :16). L’immortalité a été donnée à Christ et sera également accordée comme récompense aux chrétiens fidèles et à aucun autre humain. Ces chrétiens qui sont et demeurent fidèles jusqu’à la mort ont la promesse de la nature divine, de l’immortalité, de la couronne de vie (2 Pierre 1 : 4 ; 1 Pierre 1 : 3, 4 ; Romains 2 : 7 ; Apocalypse 2 : 10). Il est certain qu’un homme ne recherche pas ce qu’il possède déjà. A ce sujet, l’apôtre Paul dit clairement : « à ceux qui recherchent.., l’immortalité ». Et encore : « Il faut que ce mortel revête l’immortalité » (1 Corinthiens 15 : 53. — D.). Si une âme, un homme était déjà immortel, il ne pourrait pas par la suite revêtir l’immortalité. Aucun membre de la race humaine ne deviendra jamais immortel à l’exception des chrétiens fidèles. Dieu a une récompense différente pour les autres humains obéissants.
Le fait qu’Eve fut trompée et, par cela même, conduite à enfreindre la loi de Dieu, n’altéra en aucune façon cette loi ni n’en modifia l’exécution. Adam mangea délibérément du fruit défendu et devint aussi transgresseur. — 1 Timothée 2 : 14. Après leur désobéissance à la loi de l’Eternel, Adam et Eve se cachèrent parmi les arbres de l’Eden. L’Eternel parla à Adam et lui demanda « Est-ce que tu as mangé de l’arbre dont je t’avais défendu de manger ? » Adam répondit qu’Eve lui avait donné du fruit et Eve dit que le serpent l’avait séduite. Ils étaient là tous deux devant l’Eternel, confessant leur faute. La majesté de la loi de l’Eternel ne devait pas être amoindrie. Cette loi étant immuable (Hébreux 6 : 18), il ne restait qu’à l’appliquer. L’Eternel prononça donc son jugement contre eux.dit ceci : « Il dit à la femme : J’augmenterai la souffrance de tes grossesses, tu enfanteras avec douleur, et tes désirs se porteront vers ton mari, mais il dominera sur toi. Il dit à l’homme : puisque tu a écouté la voix de ta femme, et que tu as mangé de l’arbre au sujet duquel je t’avais donné cet ordre : Tu n’en mangeras point! le sol sera maudit à cause de toi. C’est à force de peine que tu en tireras la nourriture tous les jours de ta vie, il te produira des épines et des ronces, et tu mangeras de l’herbe des champs. C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu’à ce que tu retournes dans la terre, d’où tu as été pris ; car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière ». — Genèse 3 :16 à 19.
C’est ainsi que l’homme parfait perdit la vie. Il avait reçu une demeure parfaite, la liberté, la paix, le bonheur et la vie éternelle sur la terre. Maintenant il devait mourir et retourner à la poussière, d’où il avait été pris. Dieu ne le fit pas mourir immédiatement, mais lui laissa 930 ans d’expérience pour lui permettre d’apprendre les funestes conséquences du péché. L’Eden offrait une nourriture parfaite qui aurait soutenu l’homme parfait.
Celui-ci ne serait pas mort s’il y était resté — a moins que l’Eternel ne lui eût directement repris la vie d’une manière quelconque. Mais Dieu l’en chassa, l’éloigna de la nourriture parfaite, lui laissa chercher sa subsistance parmi les ronces, les épines et les autres éléments imparfaits de la terre tels qu’ils se trouvaient au dehors. Dans cette condition l’homme perdit graduellement ses forces et s’achemina vers la mort durant 930 ans.
De bons parents, sages et intelligents, punissent leur enfant lorsqu’il a désobéi. Ils ne le châtient pas pour le plaisir de le voir souffrir, mais pour son bien, pour le discipliner et lui donner de salutaires leçons. Si l’enfant faisait toujours le bien et jamais le mal, il ne mériterait ni ne recevrait de châtiments de la part de ses parents. De même, ce que l’Eternel se propose en agissant comme Il 1e fait envers l’humanité, c’est de l’instruire, de lui faire connaître le bien et les conséquences du mal afin qu’elle apprenne à apprécier l’amour du Père céleste.
Quand Dieu condamna à mort nos premiers parents et les chassa d’Eden, Il avait déjà formé un plan pour leur bénédiction future ainsi que nous le verrons plus tard. Ce fut l’amour qui motiva la sentence de mort contre Adam. Tout ce que l’Eternel fait, il le fait par amour : « Dieu est amour ». Il agit toujours de manière à ce qu’il en résulte du bien. Pour que sa dignité et sa majesté ne pussent être contestées, il fallait que son inflexible justice se manifestât, mais tandis qu’Il prononçait son jugement, l’amour était le mobile qui le faisait agir. L’obligation de punir ses créatures dut causer de la peine à l’Eternel qui ne prend pas plaisir au mal. Cependant ayant en vue leur bénédiction finale, ainsi que leur rétablissement, Il dut éprouver de la joie à exercer sa justice dans ce but.
On peut donc comparer la manifestation de la justice à l’accord mineur du chant de la Harpe de Dieu. L’accord mineur semble être nécessaire en musique pour que l’harmonie soit parfaite.
Dans ses souffrances, Job paraît représenter l’humanité sous la condamnation. Il disait dans sa douleur : « Ma harpe n’est plus qu’un instrument de deuil » (Job 30 : 31). L’homme parfait et sa compagne, privés désormais de leur demeure parfaite, travaillant pour tirer leur subsistance d’une terre inachevée, souffrant dans leur corps et dans leur esprit de leur séparation d’avec Dieu, ont probablement pensé dans leur malheur : « Notre harpe s’est changée en instrument de deuil ». Dès lors le monde entier a été sous le poids du chagrin et il souffre et gémit encore dans la peine. L’humanité en général n’a pas apprécié la manifestation de la justice de l’Eternel, mais le chrétien qui a connaissance du plan de Dieu, qui voit et estime ses desseins en vue de la bénédiction des hommes, peut s’en réjouir et il s’en réjouit vraiment.
Pendant l’âge de l’évangile, Dieu a formé une église dont les membres sont appelés le corps de Christ (Philippiens 1 : 29 ; Colossiens 1 : 18), et aussi membres de la sacrificature royale (1 Pierre 2 : 9, 10). Au cours de leur carrière terrestre, ils sont regardés comme membres du sacerdoce qui sacrifie et dont Aaron fut une figure. Aaron et ses fils furent choisis pour servir devant l’Eternel dans les cérémonies du tabernacle dans le désert. Deux des fils ayant été frappés de mort parce qu’ils avaient offert du feu étranger, l’Eternel défendit à leur père et à leurs frères de les pleurer. Evidemment, il y a là une image qui montre que ceux qui ont connaissance du plan divin ne s’attristent pas de ce que Dieu ait condamné à mort nos premiers parents, mais qu’ils se réjouissent plutôt de cette manifestation de la justice, sachant qu’elle était nécessaire pour que s’accomplît le grand plan de la rédemption prévu par l’Eternel dès le commencement. Quand on comprend et qu’on apprécie ce plan divin, on peut vraiment s’écrier : « Tes œuvres sont grandes et admirables, Seigneur tout-puissant ! Tes voies sont justes et véritables, roi des nations ». — Apocalypse 15 : 3.
A.O.