Le commencement et la fin du Millénium

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Nous faisons paraître ci-dessous une réponse que donna le pasteur Russell à un frère qui lui posa une question sur un thème qui jusqu’à aujourd’hui paraît obscur et difficile à comprendre à certains enfants de Dieu. Il s’agit du règne de mille ans de Christ et du liement de Satan pour mille ans.

Le frère qui posa la question croyait vraisemblablement que Satan ne serait pas lié entièrement avant 1915, date à laquelle tous les saints devaient être au complet au-delà du « second voile » et commencer leur règne de mille ans avec Christ. Selon cette compréhension et si cette date avait été exacte, il y aurait manifestement un décalage de 40 ans entre le commencement du règne de Christ et celui du règne de l’Eglise avec Lui.

Plus tard, le frère Russell admit que la date de 1915, pour ce qui est de l’enlèvement du dernier membre du corps du Christ, n’était pas à retenir et il déclara qu’il ne savait pas quand le dernier membre serait enlevé. Jusqu’à aujourd’hui d’ailleurs le dernier membre n’a pas été enlevé. Si l’on devait admettre que le règne de l’Eglise avec Christ ne peut commencer avant que le dernier membre ne soit uni au Seigneur dans la gloire, il y aurait à l’heure actuelle, un décalage non pas de 40 ans, mais de 110 ans, encore faudrait-il que le dernier membre soit pris cette année, ce que personne ne sait et ce qui est du reste improbable.

Le pasteur Russell avait conscience de ce décalage et il répondit d’avance aux objections que soulèvent certains enfants de Dieu à cette apparente discordance. Il fait observer dans sa réponse que Christ doit régner jusqu’à ce qu’Il ait mis tous les ennemis sous ses pieds, et il souligne l’expression jusqu’à. Selon lui, le règne de Christ doit s’exercer jusqu’à l’extermination du dernier ennemi qui est la mort, donc jusqu’à la fin de l’épreuve finale que traversera le monde. Cette opinion concorde avec les paroles exprimées par Dieu au serpent antique : « Je mettrai inimitié entre toi et la femme, et entre ta semence et sa semence. Elle (la semence de la femme, note Darby) te brisera la tête, et toi tu lui briseras le talon » (Genèse 3 : 15). Cette semence est Christ, Tête et Corps. Le Christ au complet brisera la tête de Satan qui sera détruit à la fin de l’épreuve finale (Apoc. 20 : 9, 10). L’Eglise brisera aussi la tête du serpent, selon ce qui est écrit : « Le Dieu de paix écrasera bientôt Satan sous vos pieds » (Romains 16 : 20). Dieu détruira Satan par Christ, Tête et Corps.

Selon le pasteur Russell, le règne de l’Eglise se prolongera aussi au-delà de l’âge millénaire et englobera donc toute la période de Moisson qui suivra cet âge.

En effet, d’après les Ecritures, ce sont les saints qui doivent régner avec Christ pendant mille ans, ce qui donne à penser que la durée du règne de Christ Lui-même peut être supérieure à mille ans (Apoc. 20 : 4, 6 ; Luc 1 : 33).

Il serait intéressant de développer ce sujet profondément, mais nous ne pouvons pas le faire dans un avant-propos. Nous dirons simplement qu’il n’y a pas lieu de mettre en doute la chronologie que le pasteur Russell a maintenue jusqu’à la fin de sa vie et qui est fondée sur les saintes Ecritures.

Voici donc la question, qui a été posée au frère Russell et la réponse qu’il formula :

Question. — Je comprends, d’après Apoc. 20 : 4-6, que Christ régnera mille ans, et, d’après les versets 2 et 7, que Satan sera lié pendant cette période. Si Christ commença à régner en 1878 et que Satan ne sera pas lié avant 1915, il semble que l’une de ces périodes est décalée par rapport à l’autre. De plus, les deux périodes s’étendent au-delà du septième millier d’années, qui commença selon notre chronologie biblique en automne 1872. Comment cela se fait-il ? Pouvez-vous me l’expliquer ?

Réponse. — L’Eternel a manifestement disposé les choses pour que l’âge de l’Evangile se termine progressivement et que l’âge millénaire commence graduellement, de telle manière que l’un chevauche l’autre. Il l’a voulu dans quelque dessein particulier. Mais dans quel but au juste Il a disposé les choses ainsi, l’Eternel n’a pas daigné nous en informer ? Etant donné que cela concerne même l’avenir, nous pouvons supposer avec raison que ce n’est pas actuellement de la « nourriture au temps convenable pour la maison de la foi » Quand le but de Dieu sera atteint et que son dessein sera accompli, nous n’avons pas le moindre doute qu’il sera manifeste pour tous ceux du peuple de l’Eternel que sa Parole s’est accomplie avec précision. Jusqu’alors, une certaine dose de foi sera requise et attendue de ceux qui ont eu tant de preuves de la sagesse de l’Eternel et de son exactitude dans les traits de son Plan déjà accomplis. « Nous devons avoir confiance en Lui, même là où nous ne pouvons pas le suivre ». Selon toute évidence, cette question de savoir quand la période de mille ans sera

1984 – Janvier-Février-Mars – page 6

considérée comme étant pleinement commencée et pleinement finie sera discutable jusqu’à la fin de l’âge millénaire. En nous basant sur Apoc. 20 : 8, 9, nous nous attendons à ce que l’obscurité qui règne sur cette question ait quelque chose à faire avec l’épreuve finale de fidélité et d’obéissance à Dieu que subira le genre humain tout entier après avoir joui des bénédictions du rétablissement durant tout l’âge millénaire et avoir atteint la perfection à la fin de cet âge. Le manque de précision touchant la fin de la période pourrait jouer un rôle important dans l’épreuve des humains. Il est possible qu’ils croient la période du règne médiatorial de Christ terminée avant le temps fixé par Dieu, et que certains d’entre eux, incapables de supporter de retard, manifestent et exigent des représentants terrestres du Royaume que la pleine domination soit immédiatement rendue à l’homme ramené à la perfection, conformément à leur compréhension du Plan divin et de ses temps et saisons.

En agissant ainsi, ils démontreront qu’ils sont indignes d’entrer dans l’âge de la perfection, qui suivra le millénium, et ils seront détruits dans la seconde mort. Si une telle disposition d’esprit peut être pardonnée à des hommes imparfaits comme ceux d’aujourd’hui, il n’en sera pas de même de ceux qui auront été pleinement rétablis et qui auront acquis une grande expérience. Il sera en effet exigé d’eux une foi entière et une confiance inébranlable dans la sagesse, dans l’amour et dans les promesses du Créateur. Leur insuccès à manifester une foi

implicite dans le programme divin et à s’y conformer, en dépit de toutes leurs expériences, sera une preuve suffisante qu’ils sont indignes de l’existence éternelle. S’ils étaient autorisés à entrer dans la pleine liberté des fils de Dieu, ils seraient toujours exposés au péché et à ses conséquences ; or, la promesse de Dieu est qu’il n’y aura plus alors ni soupir, ni deuil, ni cri, ni souffrance ; la promesse est donc qu’il n’y aura plus de péché. Par conséquent, tous ceux qui n’auront pas développé leur caractère en plein accord avec la volonté divine et ne s’y seront pas soumis, seront considérés comme ayant joui de toutes les bénédictions et de tous les privilèges que la miséricorde divine avait à leur offrir. Le feu, c’est-à-dire le jugement du ciel, détruira du milieu du peuple de tels individus. Ils mourront de la seconde mort, étant estimés indignes de vivre éternellement.

Les Ecritures déclarent au sujet des saints, des « vainqueurs » : « Ils revinrent à la vie et régnèrent avec le Christ pendant mille ans ». On ne peut vraiment pas dire que le règne des saints commence avant que tous les « joyaux » aient été rassemblés ni avant que les temps des nations ne soient accomplis, c’est-à-dire avant 1914. Il n’est pas dit non plus que leur règne ne durera pas plus de mille ans. Après le règne de mille ans, Satan sera délié et l’épreuve mentionnée plus haut commencera ; mais le règne de Christ et de l’Eglise continuera sans aucun doute assez longtemps après les mille ans pour détruire tous ceux qui se montreront indignes dans cette épreuve finale et pour achever de cette manière l’oeuvre pour laquelle ce règne a été institué. Car, comme s’est exprimé l’apôtre : « Il faut qu’il règne jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds… Puis quand tout lui aura été soumis (les uns par la conversion, les autres par la destruction), alors le Fils lui-même sera soumis à Celui (le Père) qui lui a soumis toutes choses » (1 Cor. 15 : 25-28).

WT1910 p2739