Bien que la providence du Seigneur semble avoir ouvert la voie au débat « Eaton-Russell » et plus tard à celui de « White-Russell » et que par ces débats elle ait favorisé la publication des Sermons dans des centaines de journaux à travers le monde, cependant le Rédacteur ne croit pas beaucoup et n’a jamais beaucoup cru aux avantages des débats. Les débats sus-mentionnés étaient précieux principalement pour ouvrir la voie à l’oeuvre de prédication par les journaux. Superficiellement, il pourrait apparaître qu’un débat est une excellente méthode de présenter la vérité au public. Cependant il ne faut pas oublier qu’il est aussi une excellente méthode de présenter l’erreur au public. Bien qu’il soit vrai que la vérité est puissante et prévaudra toujours, néanmoins « le dieu de ce monde » a aveuglé si fortement les yeux des hommes pendant dix-huit siècles que très peu d’entre eux voient encore la beauté et la force du grand divin plan de salut tel qu’il a été présenté par Jésus et les Apôtres. Par contre, on a entièrement mis dans la tête de la grande masse des humains la philosophie païenne – des théories et des superstitions soigneusement fabriquées – et celles-ci sont bien ancrées et fixées en eux dès leur enfance.
L’assistance qui écoute un débat rencontre la même difficulté qu’un jury quand il écoute les avocats des parties opposées discuter du bien-fondé d’une cause. Chaque orateur possède un certain talent et une certaine capacité et chacun produit une certaine impression. Il en est de même des lecteurs quand ils lisent ces débats. Ceux qui possèdent la vérité prendront plaisir à sa présentation, tandis que ceux qui ont été instruits et prévenus en faveur de l’erreur se réjouiront de la présentation de celle-ci.
Ajoutons à cela que les débats sont en général une sorte de guerre de mots, où chaque antagoniste cherche à détruire les arguments de l’autre et à faire valoir les siens. Dans une telle guerre de mots la vérité est désavantagée. Pourquoi ? demanderez-vous. Parce que ceux qui sont de la Vérité sont liés par la Règle d’Or non seulement dans sa lettre, mais aussi dans son esprit. Leur présentation de la Vérité doit être absolument loyale ; elle doit être faite d’une manière qui tienne compte du contexte et de son esprit. D’autre part, nos adversaires ne paraissent être tenus par aucune restriction ni par aucune contrainte. Toute espèce d’argument présenté sans se soucier de la Règle d’Or, sans avoir égard à quoi que ce soit, est considéré par eux comme permis. En vérité ils ne cessent de considérer comme une chose futile la Règle d’Or ou le fait d’exiger obéissance à la lettre et à l’esprit de la Parole inspirée. Ainsi nos adversaires ont toujours l’avantage, non pas parce que, intellectuellement, ils seraient mieux doués, mais parce qu’ils peuvent faire et font usage de moyens pour embobeliner l’esprit des auditeurs et des lecteurs. C’est une chose que les avocats de la Vérité n’osent pas faire, n’ont pas le désir de faire, aussi vrai qu’ils ont l’Esprit de Christ.
En ce qui concerne le Rédacteur, il n’a aucun désir de se livrer à de nouveaux débats. Il n’est pas en faveur du débat, étant persuadé que le débat accomplit rarement le bien, mais suscite au contraire la colère, la méchanceté, l’amertume, etc., à la fois chez les orateurs et chez les auditeurs. Il préfère placer le message de la Parole du Seigneur, oralement ou par écrit, devant ceux qui désirent l’écouter et laisser aux adversaires le soin de présenter l’erreur selon la méthode qu’ils jugent la plus appropriée et l’occasion qui s’offre à eux de l’exploiter. – Héb. 4 : 12.
Cela ne veut pas dire que le Rédacteur ne s’engagerait jamais de nouveau dans un débat public, mais cela signifie simplement que pour le persuader à engager un débat, il faudrait que l’adversaire fût une personne de grande distinction qui sache porter la chose à l’attention de tout le monde. Seule une telle considération pourrait compenser convenablement la large présentation de l’erreur qui s’ensuivrait. Autrement nous préférons simplement présenter la Vérité dans la mesure où le Seigneur nous en ouvre la voie et laisser la présentation de l’erreur et sa propagation entièrement entre les mains des autres. W.T. 5685 – 1915