Marc 6 : 17-29.
Texte d’or : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, mais qui ne peuvent tuer l’âme ». – Matthieu 10 : 28.
Jean-Baptiste fut le dernier des prophètes et le plus grand, en ce que la faveur spéciale d’être le précurseur et l’introducteur du Messie lui fut accordée. En dehors de son privilège sous ce rapport et de sa fidélité dans la position à laquelle il fut appelé, nous voyons dans l’homme un très digne et magnifique caractère. Il renonçait à lui-même et il était dévoué à Dieu. Il était consentant .à se nourrir de sauterelles et de miel sauvage, d’être vêtu de vêtements grossiers et de faire sa demeure dans le désert, parce que le service spécial auquel il avait été appelé exigeait de vivre dans de telles conditions.
Puis, quand des multitudes, attirées par la puissance de Dieu qui se manifestait en lui, vinrent à lui de tous côtés, et quand il devint très populaire, il semble ne s’être jamais montré orgueilleux ni vaniteux. Même lorsque le Fils de Dieu vint pour être baptisé par lui, au lieu de s’enorgueillir d’un tel honneur, il recula devant cette tâche, disant : « C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et tu viens à moi ! … » Aucune pensée jalouse et aucun désir de s’élever ne paraissent avoir pénétré dans son esprit. Il voulait que sa gloire fût totalement éclipsée par la présence de celui qui était plus grand que lui – son cousin selon la chair – et au sujet duquel il se déclara indigne de délier la courroie de ses chaussures. « Il faut qu’il croisse », dit-il, « et que je diminue ». Tandis que la renommée de Jésus était en train de se répandre, le digne prophète se trouva bientôt enfermé dans le donjon d’une prison où il fut décapité sans pitié ; c’est ainsi qu’il fut récompensé par le monde pour sa fidélité à sa mission.
Ses disciples, qui étaient devenus les disciples de Jésus, l’ayant appris, vinrent, emportèrent son corps et l’ensevelirent. Puis ils allèrent le dire à Jésus. Le Seigneur compatit sans doute à la tristesse qui avait envahi les disciples, et Il frémit en son esprit comme Il le fit devant le tombeau de Lazare ; le temps durant lequel il est permis aux puissances des ténèbres d’agir n’était, en effet, pas encore arrivé à son terme et, avant qu’il ne finisse, ceux qui vivent pieusement doivent souffrir la persécution et souvent, comme ce fut aussi dans son cas par la suite, jusqu’à la mort. Manifestement la carrière de Jean était terminée. Il avait rempli sa mission et il avait démontré qu’il était digne d’obtenir une place remarquable dans la phase terrestre du Royaume de Dieu. Aussi le Seigneur ne fit-Il pas d’effort pour gêner ou influencer les puissances des ténèbres qui pendant une année avaient restreint la liberté de Jean et qui finalement lui ôtèrent la vie.
Quoique le Seigneur n’ait jamais fait obstacle d’une façon quelconque au comportement du monde soit en instruisant, soit en réprouvant ou en usant de sa puissance, mais qu’Il ait limité son ministère dans toutes ces choses à Israël, cependant, Jean, en réprimandant franchement et ouvertement le roi qui n’était pas un Israélite, mais un païen et un tyran impie et méchant, eut une conduite qui contrastait d’une façon marquée avec celle du Seigneur. Nous ne savons comment expliquer cette conduite si différente de Jean et son manque de sagesse apparent dans cette affaire ; mais il n’en est plus ainsi lorsque nous nous souvenons du caractère typique de la vie de Jean et sur lequel nous avons déjà appelé l’attention (Voir Vol. Il des E. des E., chap. VIII). En examinant la chose sous cet aspect, nous voyons le roi Hérode comme le représentant du pouvoir mondain au temps présent, Hérodias, sa femme illégitime, comme la représentante ou le type du pouvoir ecclésiastique de la Chrétienté qui recherche et désire ardemment l’union et la coopération avec les pouvoirs civils. Tel doit être l’aboutissement de l’activité qui est déployée actuellement dans les milieux tant civils qu’ecclésiastiques pour resserrer les liens d’amitié et de coopération. Jean, nous l’avons vu, était un type frappant de la véritable Eglise dans la « moisson » ou fin de cet âge. Nous, comme Jean, nous devons nous tenir à l’écart de tous ceux qui crient : « Coalition, coalition ! » (Esaïe 8 : 13, ZK) ; et par notre enseignement et notre exemple nous déclarons illégitime l’union qui est projetée et qui se fera sûrement entre l’église et les gouvernements.
Le type est vraiment frappant, et ce qui s’est accompli jusqu’ici ne l’est pas moins ; mais lorsqu’elle sera menée à son terme, cette union sera pour l’Eglise fidèle et triomphante un avertissement préalable, un signe que l’épreuve finale de fidélité est proche. De même que le comportement de Jean suscita la colère de la femme infâme qui avait le roi sous sa coupe et qui réussit ainsi à faire décapiter Jean, de même le comportement de la classe de Jean – de la véritable Eglise – suscitera la colère de l’antitype. Lorsqu’elle sera arrivée à son paroxysme, cette colère occasionnera sans doute la sombre nuit prédite par le Seigneur et le prophète Esaïe (Jean 9 : 4 ; Esaïe 21 : 12), typifiée par l’emprisonnement de Jean et durant laquelle personne ne pourra travailler dans la grande oeuvre de la « moisson ». Comme Jean ne sortit jamais de cette prison, sinon que pour entrer dans le donjon plus profond du tombeau, d’où Dieu le fera sortir en temps opportun et lui donnera la puissance et la gloire, ainsi, lorsque la nuit viendra et que les élus seront emprisonnés et mis aux fers, la seule délivrance qu’ils pourront attendre sera celle qui leur viendra par la vallée de l’ombre de la mort et qui les introduira dans le glorieux Royaume de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, auquel ils appartiennent et qu’ils servent.
W.T. 1754 – 1895.
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Pour moi tu donnas ta vie,
Pour moi ton sang fut versé,
Ton sang seul me purifie
Et lave mon noir passé.
Tu t’es donné, Jésus, pour moi,
Moi, qu’ai-je donné pour toi ?