« Ainsi prenez garde qu’il ne vous arrive ce qui est dit dans les prophètes : Voyez, contempteurs, soyez étonnés et disparaissez ; car je vais faire en vos jours une oeuvre, une oeuvre que vous ne croiriez pas si on vous la racontait. » – Actes 13 : 40, 41, Seg. ; Esaïe 29 : 14 ; Hab. 1 : 5.
Cette prophétie était suffisamment importante pour que deux prophètes de l’Eternel, Esaïe et Habakuk, en vinssent à la mentionner. D’après l’allusion que fit Paul à cette prophétie, lorsqu’il s’adressa aux gens de son temps, qui était celui de la fin ou de la moisson de l’Age judaïque, nous voyons qu’elle s’appliquait à ce temps-là. Etant donné que l’Age judaïque, avec sa moisson et toutes ses particularités, était, comme nous l’avons vu dans le Volume 2, au chapitre 7, un type de l’Age de l’Evangile avec sa moisson, nous percevons que cette prophétie, ainsi que les autres traits prophétiques du contexte, s’applique encore davantage et plus spécialement au temps présent, à la période de la moisson de l’Age de l’Evangile.
Comme c’était le cas durant la moisson de l’Age judaïque, il y a aujourd’hui, il faut le reconnaître, beaucoup de contempteurs de la vérité, spécialement de la vérité pour notre temps, laquelle vient maintenant à la lumière, « en vos jours », c’est-à-dire de nos jours. Néanmoins la grande oeuvre du Seigneur progresse régulièrement : le Seigneur accomplit « son oeuvre, son oeuvre étrange », Il exécute « son travail, son travail inouï », (Esaïe 28 : 21, 22). C’est vraiment une oeuvre étrange pour ceux qui ne sont pas familiarisés avec le plan de l’Eternel. Ce plan met de côté tous les plans et théories des hommes et poursuit un but qui est en opposition avec eux tous. Les gens du monde regardent et voient cette oeuvre du Seigneur. Etant dans la crainte et redoutant le résultat final, ils observent sa progression prodigieuse. Non seulement le monde, mais aussi la vaste majorité des prétendus disciples du Seigneur qui ne sont pas assez intimement liés avec Lui pour être conduits à une claire connaissance de Ses merveilleux desseins, regardent l’avenir avec une appréhension craintive et considèrent Son « étrange oeuvre » actuelle comme une innovation plutôt que comme une préparation préliminaire au règne glorieux du Prince de la Paix. Ils ne savent pas en effet que c’est « le jour de sa préparation » dont a parlé le prophète (Nahum 2 : 3) et qui doit donner lieu à l’établissement du Royaume de Christ.
Avant que ce royaume puisse être entièrement établi sur la terre, tout pouvoir et toute autorité, de quelque nature qu’ils soient et qui appartiennent à ce présent ordre de choses, doivent disparaître. En conséquence de cette préparation au Royaume de Christ qui est maintenant proche, à la porte même (voyez les Etudes des Ecritures, Vol. II, « Le temps est proche ») nous voyons les nations s’agiter et les fondements mêmes de l’entière structure de la société humaine, telle qu’elle est organisée à présent, en train d’être ébranlés. Cette société ne sait pas qu’elle a été organisée sous l’influence de Satan, « le prince de ce monde ». La grande crise qui doit survenir dans les affaires de ce monde ne règne pas encore, mais les préparatifs en vue de cette crise progressent régulièrement à la fois dans les cercles civils et ecclésiastiques. Si nous voulons être parmi ceux qui sont vraiment sages, nous appliquerons non seulement nos esprits, mais aussi nos coeurs à l’instruction de la « parole prophétique rendue plus ferme, qui brille dans un lieu obscur, jusqu’à ce que le jour ait commencé à luire » (2 Pierre 1 : 19, D), car il est écrit : « Aucun des méchants ne comprendra, mais les sages [non selon la sagesse de ce monde, laquelle périra (Esaïe 29 : 14), mais selon la sagesse empreinte de douceur qui confesse l’ignorance humaine et qui se fie seulement à la sagesse qui vient d’en haut] comprendront ». – Daniel 12 : 10.
Ceux qui mettent ainsi leur confiance en Dieu et qui sont assez simples de coeur pour Le prendre au mot, considèrent Son oeuvre présente à la lumière de Son glorieux plan. Ils voient la lumière à Sa lumière ; ils se rendent compte de la nécessité du grand fléau de détresse qui mettra fin à l’ambition des hommes, brisera leur orgueil et abaissera les nations jusqu’à la poussière. Ils remarquent aussi que les théories humaines sont inconsistantes, que les arguments des hommes sont faux et que tous les projets que ceux-ci ont élaborés pour relever et bénir le monde sont futiles, à mesure qu’ils les comparent avec le divin Plan des âges que Dieu est en train de mener à bien. (Voyez les Etudes des Ecritures, Vol. I). A cause de la position avantageuse et plus élevée que nous occupons comme enfants de Dieu et qui nous permet de considérer « l’oeuvre, l’oeuvre étrange » de notre temps, nous ne sommes pas du tout surpris de voir tous les systèmes des hommes chanceler avant d’être finalement renversés ; nous ne sommes pas non plus consternés de constater que leur entière destruction est certaine.
Mais que voyons-nous lorsque, du point de vue de Dieu, nous regardons « son oeuvre, son oeuvre étrange » qui s’exécute de nos jours ? Nous voyons tout d’abord ce qui nous intéresse le plus, à savoir que le Seigneur rassemble ses saints, ceux qui sont de fidèles et dévoués enfants de Dieu, et qu’Il les sépare, comme le blé l’est de l’ivraie, de la grande multitude de ceux qui ne sont enfants de Dieu que de nom (Psaume 50 : 5). Nous voyons que ces saints sont prodigieusement conduits par un chemin qu’ils ne connaissaient pas jusqu’ici et qui les rend capables de comprendre la longueur et la largeur, la hauteur et la profondeur de l’amour de Dieu, tel qu’il est manifesté dans le merveilleux divin Plan des âges.
Deuxièmement, nous voyons se lier ensemble divers groupements d’ivraie dans de grandes gerbes confessionnelles sous diverses étiquettes de noms sectaires (Matthieu 13 : 30). Troisièmement, nous voyons les cieux actuels (les puissances religieuses régnantes du monde, c’est-à-dire le Catholicisme romain et le Protestantisme) commencer à se rouler comme un livre (Esaïe 34 : 4). Cela veut dire que chacun conserve ses traits distinctifs propres, mais l’un et l’autre se rapprochent pour se reconnaître mutuellement, pour sympathiser et pour coopérer ; ils se roulent comme le fait un livre, des deux extrémités. Quiconque est plus ou moins au courant de la tendance de pensée qui prévaut dans les milieux ecclésiastiques aujourd’hui remarquera ce rapprochement des cieux. Le Protestantisme, par exemple, désire ardemment la coopération catholique romaine sur le sujet de la législation du dimanche et d’autres réformes diverses proposées et, à cette fin, il est constamment en train de rechercher les bonnes grâces de Rome. Les Presbytériens sont très désireux d’effacer de leur credo la clause qui reconnaît la Papauté comme « l’homme du péché ». Les Méthodistes parlent de la Papauté comme d’un « grand camp chrétien » et les Protestants de tout nom et de tout ordre rendent hommage à ce qu’ils aiment appeler l’église mère, étant tous apparemment inconscients du fait que l’Eternel l’appelle l’église prostituée et la mère des prostituées (Apoc. 17 : 1-5). Union ! C’est le mot d’ordre que l’on entend partout aujourd’hui à travers la prétendue Chrétienté. Dans l’union se trouve la force, disent-ils. La force pour affronter la tempête à venir, qu’ils redoutent tous, est ce dont ils sentent tous qu’ils ont besoin. Ils se rendent compte qu’en étant séparés ou seuls ils ne sont pas préparés à faire face au grand temps de détresse au sujet duquel le prophète Daniel déclare que « ce sera un temps de détresse, tel qu’on n’en aura jamais vu de pareil depuis qu’il existe des nations. » (Dan. 12 : 1). En conséquence, ils sont disposés à faire n’importe quel compromis qui leur paraisse nécessaire pour réaliser ce qu’ils appellent l’unité chrétienne. Ils veulent que le soi-disant Christianisme fasse devant le monde une imposante démonstration apparente de sa force numérique. Les Papistes ne sont pas moins soucieux que les Protestants, mais voyant l’inquiétude des Protestants, ils préfèrent se tenir en arrière et être courtisés plutôt que de prendre l’initiative de ce mouvement. Ils sont cependant tout à fait disposés, par politique, à parler maintenant des Protestants hérétiques comme de leurs « frères séparés », et les prêtres catholiques ne demandent pas mieux que de s’asseoir côte à côte sur l’estrade avec des pasteurs protestants dans des réunions religieuses.
Il est aussi clairement visible qu’en cherchant une base d’union, les Chrétiens de tout nom et de tout ordre sont disposés, dans l’intérêt de ce qu’ils appellent l’unité chrétienne, à supprimer de leur credo le seul véritable fondement du Christianisme, à savoir la doctrine de la rançon. Tels sont quelques-uns des indices du roulement ou rapprochement des cieux ecclésiastiques, des puissances religieuses dominantes.
Quatrièmement, nous voyons les éléments de la terre – la société civile – se préparer à la conflagration finale prédite dans l’Ecriture en ces termes : « Les éléments, embrasés par le feu, se désagrégeront… se fondront ». (2 Pierre 3 : 10-12, Semeur) – par le feu de la fureur et de la colère humaines. Nous voyons que les nations sont irritées ; elles sont armées jusqu’aux dents et appauvrissent leurs trésors pour s’équiper en prévision des circonstances critiques pouvant se produire dans un proche avenir, tandis que les hommes d’état et les politiciens de partout voient que la situation dans les affaires civiles est extrêmement précaire et ils font tout ce qu’ils peuvent pour imaginer des voies et des moyens qui pourraient les protéger du mécontentement grandissant des masses du peuple.
Nous voyons ensuite que des hommes de toute condition de vie se liguent pour résister à d’autres hommes de sentiments opposés, de sorte que l’aspect du monde aujourd’hui est celui d’un grand champ de bataille où des armées puissantes de partis en lutte rassemblent leurs forces avec une attitude de défi et se préparent à un conflit qui ne laisse plus d’espoir. Telle est la condition de choses depuis quelques années ; le perfectionnement et l’équipement de ces organisations sera l’oeuvre de quelques années encore. Puis suivra la crise mondiale – une crise dans laquelle toutes les puissances de la lumière et des ténèbres se disputeront la supériorité. Le résultat semblera être d’abord un désastre et une ruine complète jusqu’à ce qu’au-dessus des débris de la loi et de l’ordre humains tout entiers le pouvoir et l’autorité du Prince de Paix commencent à être reconnus.
Telle est la situation de nos jours comme on la voit à la lumière des écrits des saints Apôtres et des saints Prophètes. Mais le Pharisaïsme conservateur d’aujourd’hui hoche prudemment la tête et dit : Non, ce n’est pas ainsi. Nous ne pouvons pas être à la veille d’une nouvelle dispensation, d’un nouvel âge, et d’une révolution si stupéfiante, qui engloberait la structure sociale actuelle tout entière, à la fois civile et religieuse ; car voici : « Toutes choses demeurent dans le même état que depuis le commencement de la création ». (2 Pierre 3 : 4). Et dans leur zèle pour soutenir les structures chancelantes du cléricalisme et de l’étatisme, dont les intérêts sont si étroitement liés, ils se sont rangés dans une irréductible opposition à la grande oeuvre présente de l’Eternel et à la proclamation de la vérité concernant Ses plans et Ses desseins. Comme les hérauts du dessein divin répandent partout ces nouvelles et que la grande oeuvre de l’Eternel, qui s’accomplit de nos jours et qui a en vue la destruction de l’ordre de choses actuel, est exactement conforme aux desseins révélés par l’Eternel, l’opposition s’accroît et à la fois la vérité et ses défenseurs sont méprisés et rejetés. Et, chose étrange à dire, beaucoup d’enfants de Dieu sont parmi les contempteurs ; ayant pris part à l’esprit de ce monde et étant devenus tièdes et indifférents à l’égard de la vérité de Dieu, ils ont combiné beaucoup de théories et de plans personnels, sans rapport avec la vérité, et ils ont consacré leur vie à ces desseins humains.
C’est à ceux-là que s’adressent les paroles de notre texte : « Prenez garde qu’il ne vous arrive ce qui est dit dans les prophètes ». Quoi donc ? Que l’aveuglement et les ténèbres spirituels ne vous surprennent. « La sagesse [même] de ses sages [des docteurs en théologie instruits et honorés, des conducteurs et des représentants de la Chrétienté nominale] périra, et l’intelligence de ses intelligents se cachera [sera obscurcie – Syn.]. « Le sacrificateur et le prophète [les conducteurs et les instructeurs] ont erré par la boisson forte [étant intoxiqués par l’esprit du monde], ils sont dévorés par le vin, ils se sont égarés par la boisson forte ; ils ont erré dans [leur] vision [en prophétisant – Syn.], ils ont bronché dans le jugement [en rendant la justice – Syn.] ». C’est pourquoi ils ne peuvent pas discerner le plan et l’oeuvre magnifiques que l’Eternel accomplit de nos jours. – Esaïe 29 : 14 ; 28 : 7, Darby.
Il a vraiment de quoi être redoutable cet aveuglement spirituel qui empêche de voir la glorieuse vision du merveilleux plan des âges de Dieu, l’oeuvre de l’Eternel – « son oeuvre étrange » – qui s’accomplit de nos jours, et le glorieux résultat de cette oeuvre quand la colère de l’Eternel sera passée. Ces contempteurs de la vérité, si hautement estimés qu’ils puissent être parmi les hommes, n’arriveront pas à obtenir la récompense destinée aux fidèles vainqueurs de cet âge, qui doivent vivre et régner avec Christ pendant mille ans. – Apoc. 3 : 21 ; 20 : 6.
Méfions-nous, par conséquent, de cet esprit qui méprise l’instruction de l’Eternel, et lorsque, grâce à la providence divine, quelque instrument humain est suscité au propre temps et à la propre manière de Dieu pour annoncer le plan et l’oeuvre divins, réjouissons-nous en et soyons contents. Aucun instrument humain ne peut se glorifier de quoi que ce soit : l’oeuvre est celle de l’Eternel et l’honneur le plus grand auquel quelqu’un puisse prétendre est d’être le porte-parole de l’Eternel, Son messager. Les prophéties concernant la vérité présente étaient toutes solidement fermées et scellées jusqu’au temps de la fin (Daniel 12 : 9), et aucune sagesse ou science ne pouvait rompre ces sceaux avant que le temps fixé par Dieu fût venu. Par conséquent, puisque nous voyons maintenant l’oeuvre et le plan de l’Eternel, « relevons nos têtes et réjouissons-nous », nous souvenant que, comme le Psalmiste l’exprime, « Dieu est notre refuge et notre force, un secours dans les détresses, toujours facile à trouver. C’est pourquoi nous ne craindrons point, quand la terre [la société telle qu’elle est actuellement organisée] serait transportée de sa place, et que les montagnes [royaumes] seraient remuées et jetées au coeur des mers [quand bien même elles seraient englouties dans une mer de désordre et d’anarchie] ; quand ses eaux [les masses humaines ingouvernables] mugiraient, qu’elles écumeraient [comme nous les voyons maintenant et comme nous les versons encore plus écumer], et que les montagnes [royaumes] seraient ébranlées [par suite de la crainte, de l’effroi et de leur stabilité incertaine] à cause de son emportement ». – Psaume 46 : 1-3, Darby.
C’est avec joie que nous avons vu poindre la lumière de la vérité, et c’est une joie pour nous d’avoir le privilège de regarder s’accomplir chaque prophétie, qu’elle soit pour faire progresser la vérité ou pour accumuler et pour intensifier au plus haut point les troubles de ce mauvais jour ; car chaque pas fait en avant par la grande oeuvre de l’Eternel nous amène plus près du glorieux aboutissement, de la paix éternelle, lorsque « l’objet du désir de toutes les nations viendra » (Aggée 2 : 7, Darby) ; et nous n’en sommes plus loin.
W.T. 1487 – 1893.