Pourquoi êtes-vous les derniers à désirer le retour du Roi?

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“ Et le roi David envoya dire à Tsadok et à Abiathar, les sacrificateurs: Parlez aux anciens de Juda, en disant: Pourquoi seriez-vous les derniers à ramener le roi à sa maison, Car les paroles de tout Israël par­viennent au roi, à sa maison? Vous êtes mes frères, vous êtes mon os et ma chair; et pourquoi seriez-vous les derniers à ramener le roi. — 2 Sam. 19 : 9—12.

Dans la portion d’histoire rapportée ici se trouve une illustration frappante de la condition des choses ainsi qu’elles se passent aujourd’hui dans le monde. Le royaume d’Israël avait été jeté dans un état de confusion, d’anarchie menaçante pour avoir, été aban­donné un temps sans chef ou roi officiel, depuis la rébellion d’Absalom et les divisions qui s’étaient glis­sées dans le peuple.

Par sa ruse, Absalom était arrivé à aliéner les cœurs du peuple de son père David et avait finalement or­ganisé une révolte. David, en craignant les consé­quences, s’enfuit de la ville et du pays jusqu’au delà du Jourdain, accompagné de quelques loyaux et fidèles sujets. Une grande bataille eut lieu et aboutit à la répression des rebelles et à la mort d’Absalom, l’usur­pateur probable.

Après quoi le roi David n’essaya pas de reprendre lui-même possession du royaume, mais attendit jus­qu’à ce qu’Israël manifestât le désir de son retour.

Pendant ce temps nous savons que: “ Tout le peuple était à se disputer dans toutes les tribus d’Israël, disant: Le roi nous a délivrés de la main de nos en­nemis, et c’est lui qui nous a sauvés de la main des Philistins, et maintenant il s’est enfui du pays à cause d’Absalom; et Absalom, que nous avions oint sur nous, est mort dans la bataille, et maintenant, pourquoi gar­dez-vous le silence pour ce qui est de ramener le roi ?

Il en est ainsi aujourd’hui dans le monde. Le vrai roi de la terre n’est pas cherché pour reprendre le royaume et établir son règne de justice. L’humanité s’occupe activement de ses projets et cherche des formes de gouvernement. Elle a oint divers rois de son propre choix: en fait, ceux-ci ont mis en pratique tout ce qu’il était possible d’expérimenter comme gouverne­ment du peuple; et chaque essai a échoué. Maintenant, après six mille ans d’expérience humaine, le monde entier est à la veille d’une révolution dont il n’y a pas d’autre issue à attendre que l’anarchie.

Aux temps passés les pouvoirs civils et religieux se sont unis pour se soutenir et se défendre mutuellement. Peu importait, en ce qui concernait l’état, que sa re­ligion fût vraie ou fausse, pourvu qu’elle maintînt le peuple dans la soumission. Les pouvoirs politiques ont toujours favorisé le plus la religion qui conduisais le plus sûrement à ce résultat. Les pouvoirs ecclésias­tiques de leur côté s’attendaient, de la part de l’Etat, à des compensations; et, dans leurs jours d’influence, ils en exigeaient beaucoup. C’est ainsi que ces deux pouvoirs étaient étroitement liés. Autour de chacun d’eux se groupait toujours une aristocratie privilégiée, composée de ceux qui avaient le plus de richesse, d’intelligence ou d’instruction, ce qui maintenait constamment leur influence et leur pou­voir sociaux. Mais Dieu, qui a le pouvoir suprême, a amené par sa providence un changement dans cet état de choses; car la connaissance et la lumière en général ont pénétré dans les rangs du com­mun peuple. L’imprimerie, les écoles publiques, les journaux quotidiens, les livres multiples, les facilités de voyages et de communication si rapides et bon marché par la vapeur et l’électricité, tout cela et bien d’autres influences secondaires ont réveillé les masses du peuple et les ont mises en état de penser, de faire des projets, d’étudier, de voyager, de se meubler l’in­telligence et d’aspirer à des choses plus élevées, si­non meilleures.

Cette tendance est devenue si générale dans le peuple que les classes privilégiées de l’aristocratie qui ont depuis longtemps joui du monopole de toutes les bonnes choses, craignent de voir leur gloire les quitter tout d’un coup. Et elles peuvent bien en vérité être inquiètes; car les masses qui luttent sont déterminées à atteindre le sommet des échelons de la fortune, peu importent quelles sont les têtes à cheveux blancs des autorités qui peuvent se trouver sur leur chemin. La bataille est engagée et l’aspect menaçant des choses présage un prochain accomplissement de cette prophétie de Daniel ,,ce sera un temps de détresse tel qu’il n’y en a pas eu depuis qu’il existe une nation.” — Dan. 12: 1.

34 Mai 1904

Les Ecritures spécifient aussi le genre de détresse qui sera tel que l’animosité des masses s’exercera violemment contre les riches et les classes spéciale­ment favorisées au point de vue politique, social et religieux (Jac. 5: 1-6; Ezéch. 7: 19). Quel est l’in­telligent observateur des signes des temps qui ne remarque le développement rapide d’un bouleverse­ment semblable dans les proportions actuelles des mouvements socialistes et anarchistes, et dans leurs dispositions agressives? En vérité, la condition civile et sociale de l’humanité est épouvantable, à tout point de vue, qu’il soit d’ordre politique, social, financier ou religieux.

Dans chaque pays la corruption gagne aussi bien les cercles civiles que les milieux ecclésiastiques; non parce que la population est réellement plus mauvaise qu’autrefois, mais parce que l’instruction est tellement plus étendue et plus générale que les tentations à la cupidité sont cent fois plus grandes que jamais aupara­vant. L’ordre social est continuellement menacé; le rapport entre le capital et le travail est sans précédent; la vraie religion, la religion de la croix, est de beau­coup rabaissée. Plusieurs de ceux qui ont commencé à réaliser le sérieux de la situation actuelle et prévu l’issue de toutes ces choses-là, s’affligent et diraient comme Jérémie, le prophète. — 8: 15-19. “ On attend la paix et il n’y a rien de bon, le temps de la guérison et voici la terreur…. O ma consolation dans ma douleur! Mon cœur est languissant au dedans de moi. . . . L’Eternel n’est-il pas dans Sion? Son Roi n’est-il pas au milieu d’elle ? ”

Il y a peu à constater dans la situation religieuse qui soit un encouragement; les disputes des croyances en conflit et leur désaccord avec les enseignements de la révélation divine sont des plus tristement mani­festes. Il résulte de cela et du réveil général actuel de l’activité mentale une incrédulité hardie et ouverte croissant dans toutes les dénominations de la ,,chré­tienté”; ce qu’il y a de vrai et de faux dans les vieux dogmes de l’homme est désavoué en fait (quoique pas admis, par crainte de l’effet produit); la tendance générale est d’ignorer la doctrine de la Bible et le fondement du salut, et d’établir plutôt la moralité comme l’espérance de la vie éternelle, aussi bien pour ceux qui croient en Christ que pour ceux qui n’y croient pas. Une proposition en harmonie avec la fierté de l’homme naturel (qui préfère toujours aller son propre chemin et qui sent que c’est “ presque assez bon”) ne peut que devenir populaire; tandis que la croix de Christ a toujours été une pierre d’achoppe­ment, sa prédication peu populaire et une cause de division pour ceux qui se heurtent contre la Parole, étant désobéissants. — 1 Pierre 2 : 8.

L’infidélité, c. a. d. l’incrédulité au sujet de la saine doctrine enseignée par le Seigneur et ses apôtres ins­pirés, siège dans les chaires et est exprimée depuis là. Elle régit les assemblées et se fraye même un chemin jusque dans la littérature des écoles du dimanche et dans les interprétations des leçons inter­nationales, etc. L’infidélité est secondée par le doute et l’agnosticisme qui combattent ensemble avec une énergie croissante contre les fondements mêmes du christianisme — la chute de l’homme et sa rédemption par le sacrifice expiatoire de Christ. Ceux-ci en discréditant ce que la Bible nous rapporte au sujet de la chute de la race en Adam et donc la nécessité de sa rédemption par Christ y substituent la théorie absolument contraire de l’évolution. Par cette dernière l’homme se serait élevé, par ses propres efforts, depuis les formes inférieures de l’animal jusqu’à atteindre maintenant un degré supérieur à celui qui ait été jamais réalisé. Ainsi il continuerait indéfiniment à progresser et n’aurait besoin ni de rédemption ni de rétablissement. — Actes 3: 19—21.

L’incrédulité amène à ce que l’on est convenu d’appeler une ,, plus haute critique” de la parole de Dieu. Par elle, les récits sacrés ont été graduellement rendus confus et ornés de façon à les adapter au degré de développement actuel des philosophies hu­maines et de la science, souvent faussement appelée de ce nom, afin de lui faire sanctionner cette idée: que la philosophie et la science du vingtième siècle auraient atteint l’apogée de leur perfection et l’es­sence de la sagesse. Elle sape sans pitié les mi­racles, les qualifie d’incroyables et ne croit qu’aux choses dont l’évidence est tangible. Elle prétend que les apôtres et les prophètes de la Bible peuvent bien avoir eu une inspiration de pensée qu’ils ont plus ou moins imparfaitement revêtue de paroles de leur propre choix. C’est pourquoi chaque lecteur indivi­duellement aurait la liberté de débrouiller des récits bibliques telles pensées qui conviendraient le mieux à ses propres conceptions de la vérité, avec les avan­tages actuels de la haute critique. Les apôtres nous disent au contraire qu’ils étaient inspirés relativement aux paroles qu’ils disaient et écrivaient et non relativement aux pensées ou aux sentiments. (Voir 2 Pierre 1 : 21; 1 Pierre 1 :12.) Cette ,,haute critique” place ainsi la Bible et ceux qui l’ont écrite au même niveau que toutes les histoires profanes et leurs au­teurs; elle dit qu’une grande partie de la Bible est une fiction et qu’il est impossible de déterminer la ligne de démarcation entre la vérité et la fiction.

Les anciennes croyances et confessions tombent en ruine aujourd’hui, désagrégées qu’elles sont par divers courants; les vieilles institutions qu’elles soutenaient sont fortement ébranlées et les essais multiples qui sont faits pour les raffermir en d’autres endroits se heurtent à mille objections. La foi de tous est mise à l’épreuve et il y en a plusieurs qui sont dans l’épouvante parmi ceux qui tiennent vraiment à posséder la foi, à être bien affermis dans la vérité divine. —Héb. 12: 26-28.

La chrétienté nominale a presque perdu son in­fluence sur les masses: car le réveil général de l’esprit humain a relâché les liens de la superstition et les plus ignorants commencent à réaliser qu’ils sont des hommes dignes de toutes les prérogatives humaines. Ils reconnaissent que rois et prêtres ne leur sont en rien supérieurs si non par de plus grands avantages

35 Mai 1904

 au point de vue de la fortune et de l’instruction, qui ont développé en eux les facultés communes à toute l’humanité. La doctrine, sans raison et non fondée sur les Ecritures, qui attribue des droits divins aux rois et aux prêtres et qui effraie par la menace de tourments éternels ceux qui ne reconnaissent pas ces droits, est de plus en plus discréditée. Il en est de même de bien d’autres absurdités du même genre, dont l’influence sur la grande masse de l’humanité est bien diminuée depuis que celle-ci raisonne avec justesse que comme ,,la terre est à l’Eternel avec ce qu’elle renferme” et que ,,devant Dieu il n’y a point d’acception de per­sonnes”; le paysan a les mêmes droits que le roi ou le prêtre pour jouir de ses bienfaits. Pour les foules qui s’éveillent, le seul moyen évident d’arriver à leurs fins est dans la révolte contre toutes les organi­sations existantes. Elles ne voient pas le Jubilé ou ,,temps de rétablissement” que Dieu a promis (Actes 3: 19—21). Le cœur de toutes les classes étant sous la domination de principes égoïstes; les connaissances plus vastes et le besoin de liberté ne les amèneront qu’à une agitation croissante; cela aboutira à la ter­rible crise qui (avec la permission de Dieu) consumera l’ordre social actuel. — Apoc. 7: 1-3.

C’est en considérant ce mouvement si nettement vi­sible de nos jours que tremblent les trônes et que les hommes d’état sont si perplexes lorsqu’ils recherchent les mesures politiques qui pourraient prévenir le désastre imminent. Les eaux des mers mugissent (les foules inquiètes dans l’humanité) et les montagnes (les royaumes) sont ébranlées à cause de l’emportement de la terre. — Ps. 46: 3.

Il y a des années que le prince Bismarck a attiré l’attention du Reichstag sur le fait que de grandes crises nationales arrivent à peu près tous les vingt ans; il proposait de se préparer à de telles éventualités. Plus tard encore, pour justifier une augmentation de l’armée, il énumérait le danger spécial que courait l’Allemagne placée comme elle l’est dans le centre de l’Europe, exposée à l’hostilité de la France à l’ouest et à celle de la Russie à l’est, inquiète de voir ces deux peuples se coaliser contre elle, ou sa propre po­pulation manquer de la cohésion nécessaire. Puis de nouveau Bismarck disait: “ Les pays de l’Europe ont quelque chose de plus important à considérer qu’à faire la guerre les uns contre les autres. Ils devraient s’unir pour supprimer le crime du socia­lisme.” Mais c’est plus aisé à dire qu’à faire; car le socialisme gagne chaque année rapidement du terrain en Allemagne et les nations sont loin d’être prêtes a s’unir pour quoi que ce fût. Et où est la force de résistance que les monarques appelleraient à leur aide en pareille occurrence, si les armées dont ils dépen­dent sont pénétrées de sentiments socialistes? On s’appuyait jadis sur la domination des églises lorsque celles-ci demandaient et obtenaient un respect super­stitieux pour des potentats civils ou des dignitaires ecclésiastiques. Ce moment-là est passé, et les liens de la superstition se relâchent de plus en plus. C’est en ce temps-là qu’un empereur d’Allemagne resta trois jours et trois nuits pieds nus dans la neige attendant l’absolution papale, afin que l’interdit si redouté fut levé et que son autorité dans l’empire fût rétablie par la parole du pape. Combien aujourd’hui de têtes couronnées seraient heureuses de voir ce pouvoir ec­clésiastique rétabli pour dominer l’opinion publique et soutenir l’autorité royale. Nous en avons une illustration dans le fait que l’on parle, en Allemagne, d’abolir la loi qui expulsait les jésuites. Quoique ces alliés du pouvoir papal aient été une menace pour tout bon gouvernement et aient été alternativement expulsés et rétablis à tour de rôle partout, leur in­fluence est maintenant ressentie comme nécessaire pour contenir les flots montants du socialisme et de l’a­narchie.

Les complots à la dynamite et les assassinats sont des faits journaliers. Plusieurs édits relatifs à la suppression des mouvements socialistes ont été pré­sentés en France à la Chambre des députés et y ont été favorablement accueillis. Depuis l’assassinat du président Carnot un des édits les plus énergiques a passé comme loi pour réprimer le socialisme. [Ceci eut lieu avant l’affaire Dreyfus et avant l’arrivée au pouvoir des ministères Brisson, Waldeck-Rousseau et Combes, naturellement. Entre autres déclarations d’hommes politiques français, nous ne citerons que celle émise par le grand orateur Jaurès en 1898, où il disait, dans un magistral discours, que dans dix ans, en France, les socialistes seront au gouvernail. —Rédj Des mesures semblables sont proposées aux gouvernements d’Australie [qui depuis lors est devenu un état socialiste] et d’Espagne; ce dernier, à la vé­rité, proposa à tous les gouvernements civilisés des lois communes pour la suppression des anarchistes, de leur littérature et de ceux qui leur sont sympa­thiques.

Les merveilleuses inventions de la mécanique, de ce jour où l’Eternel ,,se prépare” pour le Millénium (Nah. 2: 3), et ce qui en résulte par la manufacture a, un temps, été une grande cause do prospérité pour tout le monde. Cela donna à l’humanité entière la promesse d’immenses bénédictions futures, en lui four­nissant une augmentation de ressources et en dimi­nuant ses efforts, ses fatigues et sa peine dans ce monde. Les masses de la population réalisent à présent qu’elles rêvaient en croyant que des temps favorables étaient venus pour ne plus finir et qu’elles avaient tort de dissiper leurs biens dans de l’extravagance et de la paresse. Il y eut des individus à moins courte vue, qui, par prudence économique, en évitant ces dé­penses inutiles etc., accumulèrent un peu d’argent; ils eurent le sentiment que des machines ils pourraient faire leurs meilleurs esclaves, qu’elles réclameraient moins pour leur entretien et feraient le travail de plusieurs. C’est grâce à l’aide de leur esclaves mécaniques que tels de ces hommes sobres, tenaces et clairvoyants ont ac­quis de grandes richesses, d’immenses fortunes, et une moitié de l’humanité lutte actuellement pour les ser­vir et leur fournir encore de nouvelles machines. Lorsque les demandes auront atteint leur point cul­minant, il y aura un arrêt partout. Et puisque le cer­veau et les muscles humains ne peuvent entrer en compétition avec ces esclaves mécaniques, chacun en est dépendant, comme des millionnaires qui les dirigent

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 pour les faire travailler à leur profit. Dans ces con­ditions, rien ne peut prévenir le déclin du travail humain qui s’abaisse à un niveau de plus en plus inférieur, jusqu’à ce que l’ouvrier ordinaire inhabile vaille à peine son pain et doive être soutenu par la charité de compagnons mieux armés pour la lutte de la vie. Les muscles malhabiles sont remplacés par des aides mécaniques; bientôt même ceux qui sont habiles sentiront cette influence. Les forces intellec­tuelles appuyées par les machines et l’argent sont déjà maîtresses de la situation et l’augmentation des machines et des fortunes est inouïe. D’autre part l’humanité s’accroît rapidement et l’augmentation d’intelligence augmente le nombre des ouvriers adroits qui entrent de plus en plus en compétition les uns avec les autres pour jouir dans cette vie de biens indispensables et superflus qui ne s’acquièrent qu’en servant 035 grands propriétaires des machines, ces maîtres du monde.

Pauvre monde! C’est une mélancolique perspective, et pourtant elle est réelle; en se donnant la peine de réfléchir, on le trouvera ainsi, si rien ne survient pour amener un autre résultat en changeant les causes ou les conditions. Chacun réalise cela; mais beau­coup d’hommes étouffent la raison et la réflexion tout en cherchant de leur mieux à faire partie de l’élite de la société et à se tenir aussi loin que possible de ce qui en est la lie.

L’utopie de plusieurs est de croire à la rapide ab­sorption de l’égoïsme par l’amour dans le monde. Il n’en est malheureusement rien, la forme extérieure seule varie pour s’approprier aux circonstances qui changent; mais, sous la surface, l’égoïsme se retrouve toujours et est dans presque tous les cœurs la force motrice, le pouvoir vital. Les forces égoïstes sont si fortes, si profondément ancrées, dans l’humanité, que c’est une vaine illusion de présumer que la seule prédication de l’Evangile convertisse jamais le monde du mobile de l’égoïsme à celui de l’amour.

A vrai dire il y a quelques personnes qui ont passé par cette transformation; mais, somme toute, il n’y en a que peu, seulement un ,,petit troupeau” si différent de la grande masse de l’humanité qu’il est et a toujours été “ un peuple particulier”, zélé non pas pour son profit, mais pour de bonnes œuvres, pour la gloire de Dieu et le bien-être du prochain, sans égard souvent à son propre intérêt ou à sa propre prospérité.

Il est inutile de discuter avec les riches possesseurs de ces esclaves de fer dont nous parlions; ils auraient le meilleur argument, celui de la discussion sur une base généralement acceptée. Voici ce qu’ils répon­draient à leurs interlocuteurs et cela avec justesse:

“ Nous agissons d’après les mêmes principes que vous; nous ne sommes pas plus égoïstes que vous; nous donnons plus que vous pour soutenir les institutions de charité ou celles pour l’instruction publique; nous payons mieux nos employés que ne peuvent le faire d’autres industriels; de même, nous payons plus d’im­pôts. Et, en vérité, comme la société est organisée, nos cerveaux et nos machines sont indispensables au bien-être de l’humanité. Vous pourriez vous passer d’autres aides, mais pas de nous; que deviendriez-vous si nous, les maîtres du monde, nous arrêtions nos ma­chines et fermions nos fabriques? Les affaires publiques seraient en désarroi. Nous ne prétendons pas faire reposer davantage nos affaires sur des principes d’amour ou de générosité que ne le font les agriculteurs ou les ouvriers. Chacun s’efforce de faire du mieux qu’il peut pour lui-même. Nous sommes dirigés aussi bien que d’autres par l’égoïsme; mais par un égoïsme bien moins étroit et bas — au contraire bien plus généreux — que celui qui pousse beaucoup de nos employés et de ceux moins heureux que nous. Il ne vous est pas possible d’éditer des lois qui entravent notre succès; car nécessairement elles nuiraient plus à d’autres qu’à nous-mêmes. Nous sommes indépendants, d’autres ne le sont pas. Aussi longtemps que l’égoïsme est reconnu comme la règle de la vie on doit nous accorder que, étant données les lois, nous sommes aussi généreux que qui que ce soit.”

Le socialisme et le nationalisme répliquent qu’il n’y a de remède qu’en menant toutes les grandes entreprises au point de vue communiste et pour le bénéfice public. Ils ne discernent pas que la course égoïste à la ri­chesse, au pouvoir et aux honneurs qui gouverne de plus en plus le monde serait, d’après leur pro­gramme, mise de côté sans être remplacée par rien qui y supplée. C’est une fantaisie chimérique de s’imaginer que, si l’ambition égoïste était anéantie, une bien­veillance faite d’amour la remplacerait pour diriger le monde. Hélas! elles sont trop peu nombreuses les familles qui reconnaissent l’amour comme la force qui les fasse agir. En vérité, nous pouvons être certains que si l’ambition égoïste avait pieds et poings liés, elle serait vite remplacée pas l’indolence chez les pauvres et les riches et non pas par l’amour, jusqu’à ce que la nécessité les forçât de permettre à nouveau l’ambition égoïste pour ne pas périr par leur fainéantise.

Les Ecritures confirment qu’il en sera ainsi, que l’anarchie en résultera finalement et que

le soulagement ne viendra qu’avec le retour du Roi.

Nous n’attendons pas le Roi comme le doux enfant de Bethléhem; nous ne l’attendons pas davantage comme ,,l’homme Jésus-Christ qui s’est donné lui-même en rançon pour tous”, mais nous attendons celui qui ,,ayant été mis à mort quant à la chair, mais rendu vivant quant à l’esprit [réveillé d’entre les morts comme un être spirituel]” est souverainement élevé, bien su­périeur à sa condition d’homme parfait, — supérieur même à sa nature spirituelle, avant qu’il se fût abaissé pour devenir homme. Dieu l’a suprêmement élevé, à la nature divine, bien au-dessus de la nature humaine, de la nature angélique et de toute autre nature. (1 Tim. 2:6; 1 Pierre 2:18; Phil. 2:6—11.) Telle est la nature, la majesté du Roi que nous attendons et dont la présence et le royaume ramèneront l’ordre sur cette terre toute de confusion: les bénédictions assurées par le propre sang précieux de notre Rédempteur lorsqu’il était homme deviendront enfin le partage de l’humanité.

Le même roi qu’Hérode et ses soldats couronnèrent d’épines et dont ils se moquèrent en le vêtant d’habits royaux, disant ,,Roi des Juifs!” ce même roi que

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 Pilate crucifia entre deux brigands et au-dessus de la tête duquel il mit l’inscription “ Jésus, roi des Juifs”, voilà le roi que nous attendons. Mais nous ne nous le représentons pas dans un corps de chair, un corps d’humiliation, corps fait pour l’expiation de nos péchés. Il vient en puissance et grande gloire, ,,l’empreinte de la personne du Père” ,,que nul homme n’a vu ni ne peut voir” (1 Tim. 6:16); celui qui fit tomber à terre Saul de Tarse, mais que ses com­pagnons ne virent pas. Ce même Jésus aimant, sym­pathisant et sage qui pleura et mourut, quoique en tout autre forme puisqu’il est ressuscité et glorifié par la puissance divine. Il a un nouvel organisme, quoique étant le même être, pas de chair mais d’es­prit, pas faible mais puissant “ semé corruptible, res­suscité incorruptible, semé en déshonneur, ressuscité en gloire” possédant “ toute puissance au ciel et surla terre.” — Voyez 1 Cor. 15: 20, 42—44, 50; Phil. 3: 10; Matth. 28: 18; Héb. 1 :2—8.

L’homme s’est acquis suffisamment d’expérience pour accepter la preuve que le bien-être de tous ne dépend pas de l’égoïsme. Car, étant données les conditions actuelles d’inégalité mentale et physique, ceux dont les forces sont supérieures obtiendraient tout, tandis que les moins intelligents et les plus faibles dépendraient entièrement de la charité des premiers pour vivre. Si les différences allaient s’accentuant les ressources du monde et son gouvernement se trouveraient à la fin dans les seules mains de quelques forts intellectuels. Et même si tous les hommes étaient mentalement et physiquement parfaits et égaux, il résulterait toujours de l’égoïsme une lutte de supério­rité, grandeur, pouvoir ou avantage qui corromprait les bénédictions d’un paradis.

Ce qui est fiction en ceci a pour but, aujourd’hui, précisément de laisser les choses suivre leur cours et de permettre à tous de discerner les conséquences du laisser-aller à l’égoïsme. Les clairvoyants entrevoient déjà le résultat et y cherchent un remède dans une fausse direction. Ils désirent substituer le pouvoir de l’amour à celui de l’égoïsme chez ceux qui régissent les gouvernements et les grandes entreprises. Ils cherchent chez d’autres le caractère et les méthodes de Jésus, sans se les être jamais appropriés pour leur compte. Ils admettent la supériorité de l’amour sur l’égoïsme et aimeraient que les riches adoptassent le principe de l’amour, tandis qu’ils continueraient, pour un temps du moins, à exercer leur politique égoïste jusqu’à ce qu’à leur tour ils fussent devenus riches. Alors ils oublieraient leurs théories socialistes primi­tives; car personne n’est plus autocrate que les pau­vres soudainement enrichis.

Ils oublient que l’amour ne peut devenir un élément de vie quotidienne et de force qui contrôle sans être premièrement devenu un élément du caractère de chaque cœur pris individuellement. Ce ne sont que ceux dont les cœurs sont bien convertis au Seigneur et qui cherchent en priant à mourir à eux-mêmes, qui réalisent quel combat est nécessaire pour main­tenir cet élément fortement trempé du caractère déchu, sous le contrôle de la parole et de l’esprit de Christ, notre Rédempteur et notre modèle. D’autres ne voient pas la folie de leurs espérances lorsqu’ils cherchent à dépouiller l’égoïsme pour le remplacer par l’amour, tandis que les cœurs de la grande majorité n’ont jamais fait l’expérience personnelle de ce qu’im­plique un pareil changement. A mesure que l’humanité réalisera par d’autres expériences la folie de telles espérances et de tels efforts.

 —Un nombre croissant parlera du retour du Roi.

Ah, oui! Là est le remède et le seul remède capable de guérir radicalement la maladie de l’égoïsme, de la radier des affaires sociales, politiques et financières du monde.

C’est le droit du roi de la terre de gouverner et de prendre bientôt à lui règne et autorité pour amener l’ordre après la confusion. Quoiqu’il soit appelé le “ bon médecin” que personne ne s imagine qu’il ne fera pas souffrir lorsque, au jour de sa colère, il amputera les parties où la gangrène se sera mise, qu’il brisera des os imparfaitement soudés par le patient lui-même ou qu’il cautérisera la chair vive de tout ce qui la blesse; nous ne pouvons supposer qu’il ne donnera aucune amère médecine. Etre un bon et grand médecin vent dire qu’il n’infligera aucune souffrance sans nécessité: mais implique cependant qu’aucune souffrance ne sera épargnée pour que le traitement fasse son effet et que le malade recouvre la santé parfaite.

Il en est ainsi de la loi de Christ et de son royaume: en premier lieu, il dépouillera de tout ce qui est mal la société égoïste, coupera profondément et mettra à nu une corruption jamais réalisée aupara­vant par le malade. Ceci implique une épreuve effrayante, “ un temps de détresse tel qu’il n’y en a point eu depuis que les nations existent”. Le patient (le monde) souffrira et gémira, il préférera momentanément la maladie à la guérison et cherchera à échapper, mais il n’y réussira pas, étant lié des pieds et des mains. L’égoïsme doit être toujours mieux vu et déraciné jusqu’à ce que le malade réalise combien le péché est mauvais et coupable et combien l’égoïsme est égoïste. Alors seulement sera appliqué le baume d’amour et de justice; tout en souffrant, les malades commenceront à guérir et à se fortifier. Puis les fruits “ paisibles de justice” si rafraîchissants seront goûtés et bientôt sera acceptée sur ce chemin de la convalescence, une nourriture plus solide, celle de la ferme connaissance de la volonté parfaite de Dieu.

Oui, la venue du roi de la terre signifie bien des bouleversements dans les royaumes de ce monde qui, nominalement de Dieu, sont bien sous le contrôle du prince de ce monde, de Satan ,,qui opère maintenant dans les fils de la désobéissance” (Eph. 2 : 2). Elle comprend l’ébranlement de la société d’une façon et à un degré inconnus jusqu’alors si bien que rien de ce genre ne sera plus jamais nécessaire (Héb. 12 : 26, 27). Les royaumes de ce monde seront brisés comme on brise le vase d’un potier (Esaïe 30: 12—15  Ps. 2: 9; Apoc. 2 : 27). Les cieux ecclésiastiques seront ébranlés et passeront de même que beaucoup de leurs plus brillantes étoiles. nous dit la Bible. La vraie lumière du soleil de l’Evangile sera obscurcie pour un  

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 moment, ainsi que la clarté de la lune de la loi ju­daïque, par les épais nuages de la sagesse de ce monde — “ haute critique”, .,évolution”, etc. Les flots de la mer [des foules humaines en anarchie] mugiront et feront rage. Les montagnes (royaumes) seront ébranlées, quelques-unes fondront jusqu’au ni­veau du peuple [en devenant socialistes]; et d’autres seront renversées au milieu de la mer [dans la révo­lution et l’anarchie]. C’est ainsi que sera ouverte la voie au royaume céleste. — Ps. 46.

Mais tandis que beaucoup aimeraient voir leurs ennemis liés et la société débarrassée de la plupart de ses ulcères de l’égoïsme qui menacent sa source de la vie, on semble s’apercevoir qu’un juge si juste et impartial soit obligé, pour mener la chose à bien, de dépouiller chaque individu des péchés si longtemps nourris et que cela n’aboutisse qu’au prix de bien des souffrances personnelles. Et l’on a raison: Le roi mettra en lumière ce qui est caché dans les ténèbres et reprendra aussi bien l’égoïsme et le péché publics que celui qui est individuel. “ Il fera de la droiture une règle et de la justice un niveau; et la grêle [les dures vérités] emportera le refuge de la fausseté et les eaux [de vérité ] l’abri du mensonge [et de l’erreur].         Esaïe 28:17.

,,Qui pourra soutenir le jour de sa venue Qui res­tera debout quand il paraîtra.”

Mal. 3 : 2.

La venue du roi comprendra aussi bien un examen individuel et national qu’un examen de l’église avec un jugement et un traitement en conséquence.  Qui supportera le jour de sa venue, et qui subsistera lors­qu’il se manifestera? Car il est comme un feu d’affineur, et comme la potasse des foulons ” (Mal. 3 2). Le vice sera déraciné à un degré qu’aucun réformateur terrestre n’aura encore obtenu. Le mal n’existera plus et il n’y aura plus la permission de le commettre d’aucune façon que ce soit. La seule liberté accordée sera celle de faire ce qui est bien.

Ah! ne nous étonnons plus si le nombre est si restreint de ceux qui, aujourd’hui, attendent la venue du roi et en parlent. Pour beaucoup elle signifierait le retranchement des avantages actuels qu’ils avaient sur le reste de leurs compagnons. Pour d’autres ce serait un choc atteignant leur élévation anticipée et leur soif d’honneurs plus grands parmi leurs compatrio­tes. Pour d’autres encore ce serait un arrêt mis à certaines faiblesses ou à certains péchés jusqu’ici conser­vés et nourris.

Néanmoins, le roi vient et son royaume de même, — ce royaume pour lequel Jésus apprit à son église à prier: Ton royaume vienne, ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel” Au fait, le roi et son royaume sont et les troubles actuels au sein de l’église et de l’état sont le résultat de leur influence. Quoique l’hu­manité ne le connaisse pas, c’est ce royaume de Dieu qui frappe maintenant pour préparer la chute de tous les royaumes terrestres et pour former les cœurs pour le vrai roi et son juste gouvernement. C’est ainsi que le prédit le Seigneur par la bouche du prophète. — Dan. 2 : 34—35.

Les hommes du monde ne savent rien de cela, parce que ce royaume ne vient pas avec pompe ou éclat ex­térieur, c’est pourquoi ils ne peuvent pas dire: il est ici ou il est là; ils ne réalisent rien du tout (Matth. 24 23). Mais les enfants de Dieu, éclairés par sa parole, savent qu’il a été écrit ainsi, que le jour du Seigneur viendra comme un filet sur toute la terre et que seule­ment le peuple de Dieu (son Eglise entièrement consacrée) sera dans la lumière et ne sera pas pris au dépourvu. Plusieurs fidèles ont été déçus attendant le retour du roi dans la chair; ils oubliaient que son seul but ou devenant chair fut de “souffrir la mort ” à la place de l’homme. Ceci, étant passé, il fut “souverainement élevé” et il “ne meurt plus”. Ils oublient que “si même nous avons connu Christ selon la chair, toutefois maintenant nous ne le connaissons plus [ainsi] ” et que nous devons être transformés pour “le voir tel qu’il est ” et non tel qu’il fut. Nous le connaissons maintenant comme le Roi de gloire, le même qui mourut, mais qui est mainte­nant souverainement élevé, le même que vit Saül de Tarse, être spirituel brillant d’une lumière plus éclatante que la splendeur du soleil”. — Voir Héb. 2: 9; Phil. 2 : 9; 2 Cor. 5:16; 1 Cor. 15:51; 1 Jean 3:2; Actes 26: 13-15.

Une autre raison pour laquelle ce sujet est rendu obscur de telle façon que ce ne sont que ceux ayant faim et soif de vérité qui le connaissent, est la traduction du mot grec parousia traduit par “venue ” ou “avènement ”, tandis qu’il devrait être rendu par présence, car cela est la pensée (voyez les indications de la Bible, version de Lausanne). Remarquez la grande différence dans le sens des textes suivants où le mot grec parousia devrait en tout cas être rendu par présence. — Matth. 24 : 3, 27; 1 Cor. 15:23; l Thess.2: 19; 3:13; 4:15; 5:23; 2 Thess: 2:1,8; Jacq. 5:7, 8; 2 Pierre 1:16; 3:4; 1 Jean 2:28.

Il est vrai qu’il doit y avoir un domaine terrestre, on une représentation du royaume de Dieu visible aux yeux naturels de l’humanité qui en reconnaîtra aussi le gouvernement spirituel par les yeux de l’intelligence. Mais ceci n’aura lieu que plus tard ainsi qu’il est écrit: vous verrez Abraham, Isaac et Jacob et tous les pro­phètes — tous les vainqueurs du passé — assis dans le royaume de Dieu ” (Luc. 13 : 28). Le royaume in­visible sera Christ, les apôtres et tous les fidèles vain­queurs de l’âge de l’Evangile — le corps de Christ.

Tout ce qui avait besoin d’être fait pour stimuler la lutte actuelle pour les richesses et le pouvoir et pour amener l’ulcère maudit de l’égoïsme fut de lever le voile et de permettre à l’humanité de juger de ce qui l’en­tourait. Lever ce voile de l’ignorance est une chose bonne en elle-même, malheureusement l’égoïsme du cœur humain fait que cela porte de mauvais fruits. Le mauvais fruit n’est que temporaire et pas forcément général; l’esprit humain s’aiguisant, il est possible par des forces prévues, à tout le moins par la lutte pour l’argent, provoque bien des inventions qui seront toutes prêtes à être fructifiées par les bien plus abondantes bénédictions du royaume millénaire lorsque le roi et les siens auront pris toute la direction du monde.

39 Mai 1904

 Mais le Roi de gloire attend d’être prié pour assumer le pouvoir, il laisse toutes les parties de la société se briser mutuellement et s’offrir réciproquement aussi des moyens de remédier au mal; tout cela “sous le regard du roi et soumis à Sa toute – puissance”. Et lorsque tous les partis seront absolument désemparés, ma­lades, il viendra lui, le vrai médecin, apportant le “baume de Gilead”, il sera acclamé avec son royaume comme “l’objet du désir de toutes les nations” (Aggée 2 : 7). Les Juifs premièrement “se lamenteront sur lui comme on se lamente sur un [fils] unique”. Et en se révélant lui et son royaume, ils s’écrieront: Voici, c’est ici notre Dieu, nous l’avons attendu et il nous sauvera” (Zach. 12 : 10; Esaïe 5 : 9). Beaucoup de peuples iront et di­ront: Venez, et montons à la montagne (royaume) de l’Eternel, à la maison du Dieu de Jacob, et il nous ins­truira de ses voies, et nous marcherons dans ses sentiers.” — Esaïe 2 : 3.

Certainement, ceux qui savent que le roi et son royaume sont le seul et meilleur remède à toutes les misères et à tous les maux de l’humanité devraient l’annoncer à la création gémissante plutôt que de vouloir lui imposer des baumes de leur propre invention qui ne peuvent apporter aucun réel bienfait. Parlez-lui du retour du Roi. Dites-lui qu’il est le grand prophète, le grand prêtre et le grand roi. Comme prophète (Christ, la tête et son Eglise, le corps) il procurera une connaissance exacte du Seigneur qui remplira toute la terre. Comme prêtre il sera prêt à pardonner et à secourir tous ceux qui, en le connaissant, abandonneront le péché pour saisir la justice. Dites-lui que sa mort fut le prix de rachat de tous et que le retour du roi fera lier Satan et délivrer ceux qui sont ses prisonniers, à condition qu’ils acceptent la liberté des fils de Dieu selon les conditions de la nouvelle alliance. — Actes 3 : 22—23; Gal. 3:29; 1 Cor. 6;2.

“Raconte à tous cette bonne nouvelle,

Parle du temps de repos s’approchant;

Que Celui mis à la croix criminelle,

Avant bien peu doit régner puissamment.

“Apporte à tous les opprimés du monde

Le message du prochain Jubilé,

De l’âge d’or, où le bonheur abonde,

Où le salut pour tous est révélé.

“Quoique, pour un moment, la nue épaisse

Cache l’aube du ciel bleu de printemps.

Bientôt le beau soleil de la promesse

Va se lever pour rayonner mille ans.

“Mille ans ! gloire future de la terre:

C’est l’heureux jour prédit depuis longtemps;
C’est de Sion l’aurore pleine et claire,

Que les Voyants prévirent de tout temps.”